Incubus – Light Grenades

Ceci ne me rajeunit clairement pas, mais Light Grenades est le sixième album des Californiens d’Incubus, qui, en une bonne dizaine d’années, ont connu, et survécu à la vague nu-metal qui nous a infligé des grands noms du rock comme Limp Bizkit, Linkin Park ou Mudvayne (qui?). Ils ont survécu de la meilleure manière qui soit, en laissant la musique évoluer. Après des débuts tonitruants, avec notamment l’excellent S.C.I.E.N.C.E., le groupe a connu un certain succès commercial grâce, en grande partie, à une radio-friendlisation de leur musique. L’album de 2004 (A Crow Left Of The Murder) avait compliqué un peu la tendance, en montrant que ce qu’Incubus faisait de mieux, c’était des pop songs enfermés dans des instrumentations assez complexes. Light Grenades confirme tout cela, et est aisément leur album le plus abouti à ce jour.

L’album débute par l’étrange Quicksand, plus une pièce ambient/spacerock qu’un morceau en soit, qui se termine là où A Kiss To Send Us Off débute. Ce dernier est un bon morceau rock, dont le refrain emprunte gentiment les accords de World Wide Suicide de Pearl Jam, une des références majeures du groupe, en terme de trajectoire de carrière.

Le plus gros hit du groupe était la ballade Drive, c’est sans doute pour cela que le groupe (ou Sony?) a inclus un morceau qui pourrait égaler ce succès, deux même. Dig n’est pas vraiment extraordinaire, Love Hurts est déjà beaucoup mieux (malgré les paroles un peu Myspace), mais elles remplissent bien leur rôle, tout en détonnant un peu avec le reste de l’album, comme le premier single, le fantastique Anna Molly. Brandon Boyd n’est pas un chanteur exceptionnel, mais il sait jouer de ses qualités, comme sur ce morceau, influencé juste ce qu’il faut par The Police croisé avec un peu de prog rock.

On peut en profiter pour signaler l’excellence musicale du groupe, dont chaque membre réussit à se démarquer sans jamais se mettre en avant et assombrir le groupe en tant que tel. La section rythmique est très solide (euphémisme), le guitariste Mike Einziger joue de ses pédales d’effet juste ce qu’il faut, et DJ Chris Kilmore apporte vraiment un plus, ce qui n’est pas le cas de tous les DJ rock (autre euphémisme). Et après la seconde ballade (Love Hurts, donc), Light Grenades est carréménet les 2 minutes 20 les plus rapides et violentes de la carrière du groupe, un pur concentré d’énergie. Franchement, ça fait du bien de les voir faire du full on rock, comme quoi, évolution ne veut pas toujours dire ramollissement (non, je n’ai rien dit, même pas cité un autre groupe californien qui aurait sorti un double album cette année). Earth To Bella clôture la première partie de l’album, : début calme, et bridge limite Mogwai.
La suite est plus complexe, parfois expérimentale, mais jamais très difficile d’accès. En fait, la première partie a servi à attirer l’auditeur, et la seconde réussit à les conserver. On retiendra surtout l’excellent Rogues et le bizarre Pendelous Threads. La seconde partie d’Earth To Bella clôture en beauté ce superbe album, d’un groupe aux ressources étonnantes, et dont la carrière semble de plus en plus intéressante.

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