Beatallica – Sgt Hetfield’s Motorbreath Pub Band

L’art du pastiche est aussi méconnu que difficile. À ne pas confondre avec la parodie (imitation comique ou ridicule), le pastiche est défini comme l »‘imitation d’un style, d’une forme d’art ». Dans le monde du rock, quelques personnalités ont brillamment réussi dans cette discipline, citons Frank Zappa ou Weird Al Jankovic (qui a lui-même superbement pastiché Zappa). Sum 41 aussi, mais ils ne l’ont pas fait exprès.

Ce qui nous amène à Beatallica, qui, comme leur nom l’indique très bien, se spécialisent en reprises des Beatles dans le style de Metallica. Décrire ne sert pas à grand chose, il faut vraiment l’entendre pour comprendre. Le groupe est actif depuis le début de la décénnie, et a déjà sorti deux EP, distibués à l’époque gratuitement sur leur site Internet, et créant un phénomène online. Des problèmes juridiques sont apparus, provenant des représentants des Beatles qui n’ont pas apprécié le traitement de l’oeuvre. Les membres survivants des deux groupes ont supporté le groupe, qui en a même tiré une certaine publicité, ce qui leur permet de sortir aujourd’hui leur premier album physique.

Dès le titre de l’album (qui est aussi le premier morceau), on comprend leurs intentions, et chacune des treize (comme sur Sgt’s Pepper!) pistes suivent la même logique : bases de paroles des Beatles, modifiées avec des clins d’oeil à Metallica et au métal en général et pimentées par des tonnes de musicales à Metallica. Revol-Oooh-Tion est une version trash de Revolution et je vais juste citer quelques titres, ce qui sera plus clair : Blackened The USSR, Helvester of Skelter, Leper Madonna, And Justice For All My Loving, Sandman (Enter Sandman + Taxman). Et encore, Everybody’s Got Something To Hide Except for Me and My Lightning et I Wanna Choke your Band n’ont pas été repris ici.

C’est excellent, et pas seulement d’un point du vue humoristique : le chanteur reprend les tics vocaux d’Hetfield a la perfection, mais sans exagération; musicalement, tout est très bien exécuté, c’est plus du travail de pro que de potaches à la recherche d’un quart d’heure de gloire youtubesque. Certains morceaux arrivent même à atteindre des niveaux étonnants : Ktulu (He’s So Heavy) traîne sa carcasse pendant presque huit minutes, créant un morceau de bravoure très intéressant, et qui ne pâlit pas en comparaison aux immenses modèles, tandis que Hey Dude arrive à faire l’impossible : rendre Hey Jude et Nothing Else Matters intéressants, avec des paroles hilarantes.

Pour cela, et pour la liberté d’expression au sens large, Beatallica est extraordinaire, et alors qu’on attend toujours les remasters officiels des Beatles et un le premier album non pourri de Metallica en dix ans, on écoutera ça avec un large sourire.

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