Bloc Party – Intimacy

Hop là, encore un! Quelles que soit les opinions individuelles sur le filesharing, difficile de ne pas être d’accord sur ce point : des artistes qui annoncent la sortie de leur nouvel album trois jours après, c’est fantastique. C’est donc au tour de Bloc Party de s’y lancer, quelques jours après leur single Mercury. Ce dernier annonçait des influences assez dance (comme Flux avant lui), Intimacy va permettre de les vérifier. Ares commence puissamment, avec une programmation électro implacable, et la voix de Kele Okereke qui joue au ping-pong entre nos oreilles. C’est puissant, dansant, entêtant, et cela ne ressemble ni à l’indie-rock-acéré Silent Alarm ni au plus atmosphérique A Weekend In The City. Bloc Party nous prépare encore un album très spécial.

On connaissait donc déjà Mercury, et force est de constater qu’avec sa basse ronflante et son rythme endiablé, il fonctionne mieux dans le contexte de l’album qu’en single solitaire, surtout quand les cuivres font leur étrange entrée. Mais j’entends déjà la grosse question post-Kid A : elles sont où, les guitares? Pas loin. Halo rappelle les heures de Silent Alarm, mais en nettement, nettement plus puissant. Voilà un groupe qui a grandi, et qui s’est terriblement amélioré, entre autres grâce au fameux difficile second album.

Okereke conserve ses habitudes au niveau des paroles : assez cryptiques, elles demandent assez clairement qu’on leur foute la paix, comme le titre de l’album peut le confirmer. Okereke a déclaré dans une interview qu’Intimacy était son break-up album, et on peut supposer que les supputations aussi incessantes que futiles sur sa sexualité l’ont également inspiré. Bloc Party a toujours laissé la musique parler d’elle-même, et c’est tant mieux : Biko rappelle la mélancolie sous fond de delay de guitares de So Here We Are, accentuant la variété impressionante du début d’album. Les éléments électro continuent à être présents, et on peut parfois craindre qu’ils déforcent un peu le propos, les beats de Biko sont peut-être un peu trop appuyés.

Trojan Horse, quant à lui, fait la parfaite synthèse entre l’atmosphère aérée du second album, les guitares du premier (quoiqu’ici sérieusement déformées) et la touche dance de leurs dernières productions. On notera aussi une insistance à refuser les constructions classiques : on se perd parfois au sein d’un morceau pour ne pas toujours s’y retrouver, ce qui n’est pas un défaut pour autant. One Month Off ressemble à un étrange mélange entre AC/DC et eurohouse, mais ça marche, très bien même. Intimacy est clairement un album dansant (dans sa majorité), et même si cela semble bizarre, c’est tout à fait réussi.

La fin de l’album est épique. Better Than Heaven commence par rappeler Depeche Mode mais se termine dans un maelstrom sonore totalement jouissif alors que Ion Square est peut-être le meilleur morceau de leur phase (si l’on peut dire) électro, en plus d’incorporer un poème de e.e. cummings.

Bloc Party réussit ici un troisième album impressionnant, rappellant l’énergie des débuts, y ajoutant des accents électro sans perdre leur pertinence. Ils ne sont pas encore arrivés à produire leur chef d’oeuvre, mais ils peuvent le faire, ils l’ont en eux. Encore un peu de patience…

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