Kings Of Leon – Only By The Night

K

Trop, trop tôt, trop vite. Only By The Night arrive à peine un an après Because Of The Times, qui a vu les trois frères et cousin du Tennessee devenir un groupe alliant reconnaissance critique et succès populaire. On s’en rend compte dès la première écoute : c’est trop tôt. Malheureusement, on peut voir pourquoi l’album sort maintenant : il fallait battre le fer tant qu’il était (très) chaud.

Because Of The Times, malgré son haut rendement en décibels et mélodies, comprenait des prémices d’une certaine facilité, qu’on pouvait perfidement qualifier de U2isation. On pouvait espérer que ce n’était pas le cas, et que Kings Of Leon avait bien le droit d’écrire des mélodies faciles. Et puis, la voix de Caleb Followill pouvait, semble-t-il, rendre n’importe quoi passionnant. Peut-être, mais Only By The Night va un peu loin, et manque tout simplement de bons morceaux.

Closer et Crawl entament très bien l’album, entre paysages sonores intenses et agressivité retenue, mais le single Sex On Fire est le premier signe que quelque chose ne tourne pas trop bien. Oh, le morceau est chouette (la ligne de basse est terrible, comme souvent chez KoL), mais il est juste trop évident. La suite déroule : des tics vocaux irritants alors que Caleb Followill a une voix extraordinaire, des mélodies recyclées et des tempos bien trop consensuels. De même, les paroles parfois (rarement) politiquement engagées sonnent assez faux, surtout à côté, justement, d’un Sex On Fire lamentablement littéral.

Use Somebody est dégoulinant de bonnes intentions, fort éloignées de l’attitude qu’on attendait de la part de Kings Of Leon, et qui s’est peut-être envolée avec leurs nouvelles coupes de cheveux tellement sexy. Mais ils arrivent encore à sauver tout ça avec un bridge tellement Pixies qu’on imagine (pas trop longtemps) Caleb crâne rasé avec 120 kilos de trop. C’est cela qui permet à Only By The Night de ne pas trop s’enfoncer. Pour chaque décision étrange, chaque hook formaté, chaque exagération vocale, on aura une ligne de basse monstrueuse, une guitare ingénieuse et un moment de bravoure vocale. Le problème, c’est qu’avant on ne devait pas attendre ces moments, ils nous sautaient directement à la gueule.

Tout cela est donc acceptable, mais jusqu’à un certain point. Revelry a tout ce qu’on ne voulait pas avoir chez Kings Of Leon : des fins de vers énervantes, des paroles bidon, un arrangement kitschissime. Mais en milieu de concert, avec les lumières tamisées et les GSM dressés, ça marchera bien, évidemment. 17 (devinez de quoi ça parle?) commence comme un … chant de Noël, avec les cloches et tout ça. Même pas drôle. On touche ici à ce qui est à ce jour la grande faiblesse des albums de Kings of Leon : la difficulté de produire une seconde moitié aussi bonne que la première. Le piano de Notion ne fait rien pour changer ça, et on aurait vraiment espéré que le groupe attende un peu et écrive de meilleurs morceaux avant de revenir si vite.

Only By The Night ne doit pas signer l’arrêt de mort d’un excellent groupe, juste tirer le signal d’alarme. Les quatre Kings Of Leon ont deux routes devant eux. L’une est large, fréquentée, pavée de lumières claires (et de filles nues, mais de toute façon toutes leurs routes sont pavées de filles nues) et les emmènera vers la mégastarification, l’autre leur offrira la possibilité de sortir leur grand album, leur chef d’oeuvre. Mais Only By The Night est déjà leur quatrième : ils n’auront plus de droit à l’erreur. Il est temps qu’ils nous montrent ce qu’ils ont dans les tripes, mais qu’ils attendent deux bonnes années.

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