The Horrors – Primary Colours

Comme 2009 s’achève à grands pas, il était temps d’enfin écouter un des albums de l’année, selon moults websites et magazines, histoire de voir si cela en vaut vraiment la peine (contrairement à Animal Collective ou Grizzly Bear, dont je peine vraiment à voir l’intérêt). The Horrors, c’était un groupe garage assez protopunk, mais maintenant, ils ont découvert Joy Division. Leur second album, Primary Colors, est donc censé nous renvoyer direct à l’époque de Tony Wilson, de l’Haçienda, de Factory. En avait-on besoin?


Non, mais cela n’empêche pas qu’on a toujours besoin d’un bon album. Primary Colors est définitivement de ceux-là. Mirror’s Image commence discrètement, avec un motif lancinant répété pendant presque cinq minutes. Mais c’est le mix synthés/basse/batterie qui emmène Three Decades qui donne l’illusion : The Horrors est totalement sous influence, oui, mais sous bonne influence. Après deux morceaux relativement tranquilles, la basse fuzz et les synthés très dreamy de Who Can Say ne laissent plus aucun doute : si c’est un pastiche, il est vraiment bon. Autant se détendre, et laisser son esprit critique, pour une fois, au vestiaire. C’est aussi un peu de Jesus and Mary Chain que les Anglais rappellent ici, il semble probable que leur collection musicale n’a jamais connu l’avènement du mp3. On pourra quand même regretter la quasi-grandiloquence d’un groupe qui, clairement, ne se prend pas pour n’importe qui, surtout dans le chef du vocaliste, vite irritant. On tentera aussi bien que possible de leur pardonner, surtout si leurs guitares sont toujours aussi mybloodyvalentinesques.


En parlant de la joyeuse troupe de Kevin Shields, Do You Remember pourrait faire penser à un Only Shallow un peu moins cinglé, mais avec le même genre de motif insidieux. On se demande pourquoi, et comment, mais bizarrement, ça marche. New Ice Age apporte même un peu d’arrogance punk et de rythme dans un album qui pouvait parfois menacer de se traîner : il n’en n’est rien, The Horrors ont nettement plus de trucs dans leur manche qu’on aurait pu le croire. Ils vont même « emprunter » le Come Together de Spiritualized pour I Can’t Control Myself, et rappeler Echo & The Bunnymen juste après (Primary Colours). Ce sont les huit minutes du premier single Sea Within a Sea qui clôturent l’album, et qui constituent le morceau de bravoure de l’album.


Un rythme progressif, organique, l’arrivée de claviers et/ou de guitares en feedback, la voix, d’abord lointaine : le morceau débute assez tranquillement, et ne semble pas vraiment évoluer en presque trois minutes. Pourtant, des nappes de synthés suivies d’une basse seule signalent un renversement du morceau, qui acquiert des éléments acidhouse en chemin pour partir dans un fête électro-organique qui pourrait presque rappeler MGMT dans leurs moments les plus classieux (s’il y en a). Replacé dans son contexte, à savoir le premier morceau d’un groupe qui était encore connu comme une bande de corbeaux à la Cramps, il garde son caractère impressionnant, et résume assez bien un album qui devrait être considéré comme un premier album d’un groupe étonnant, dont l’évolution est imprévisible. Album de l’année comme le dit le NME, peut-être pas (même si on peut facilement voir pourquoi le magazine anglocentré les a choisi), mais Primary Colours vaut quand même la peine de se retrouver dans les sempiternelles listes de décembre.

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