Brandon Boyd – The Wild Trapeze

It’s evolution baby. Mouais, mais parfois, les groupes qui changent leur son le font juste par manque d’inspiration, ou par facilité commerciale. Incubus a commencé comme groupe funk-rock-punk-metal-tordu, avec Fungus Amongus (1995) et le juste un peu moins bizarre S.C.I.E.N.C.E. (1997). Leur dernier album, Light Grenades (2006), ne ressemblait absolument plus à ça, entre morceaux rock ramollis, pastiches de Police et ballades saccharinées pour séries TV d’ados mormons. Entre les deux, on peut voir une réelle évolution, et quelques très bon moments, dont le fantastique Make Yourself (1999).

Brandon Boyd a suivi le même chemin, de l’ado troublé aux dreads peu fraîches au trentenaire sex symbol pas trop malgré lui. Son album solo aurait pu être un truc produit par Timbaland, histoire de larguer définitivement ses copains de fumette pour connaître la gloire, la vraie, celle de Gwen Stefani quand elle a viré son groupe ska. Ben non, bizarrement. Brandon a tout fait tout seul, joué de tout, rameuté le producteur des Flaming Lips Dave Fridmann et monté la distortion à 11. Pas que l’album est le retour au « nu-metal » des débuts, juste qu’il a ce feeling lo-fi, comme si Boyd l’avait monté tout seul, dans sa chambre, avec des boîtes à oeufs mal collées au mur. Résultat : son meilleur album depuis Make Yourself.

L’album est tellement bizarrement enregistré qu’on a cru, lors de la sortie digitale, qu’il y avait eu un problème de mastering, à la Death Magnetic. Boyd a lui-même réagi et confirmé que ce son tordu était intentionnel, car il avait voulu arriver à l’opposé d’un album trop (bien) produit. Etonnant, mais cela marche, surtout que les mélodies ne sont jamais gratuitement détruites par ce procédé, le but n’était pas nécessairement de faire un album difficile d’accès. D’ailleurs, quelques unes des meilleures mélodies pondues par Boyd se trouvent ici : les refrains de Revenge of the Spectral Tiger ou A Night Without Cars auraient pu, dans un autre contexte, faire un plus gros tube que Drive. Mais non, Boyd les garde pour un album discret, et en profite pour taper des solos de guitare franchements tordus, histoire de ne pas faire si accessible que ça. Même chose pour le premier single, Runaway Train, qui part après une minute dans un trip tribal accompagné d’instruments bizarres probablement trouvés dans un fond de grenier quelque part à LA.

Reste que Courage and Control pourrait bien l’être quand même, ce tube, avec une mélodie parfaite et une voix à arracher des larmes au plus cynique de ses critiques. En fait, il y a plus d’accroches mélodiques dans ces 3″52 que dans les deux derniers albums d’Incubus. Brandon est peut-être le vrai talent du groupe, qui l’eût cru? Enfin All Eyes Avow est le truc le plus bordélique sorti du cerveau marijuané de Boyd depuis Take Me To Your Leader, et ça, c’est quand même quelque chose.

The Wild Trapeze fourmille d’idées, on pourrait même trouver que certains morceaux en ont trop : Boyd donne parfois l’impression d’être Michael Jackson chez Hamley’s, et veut toucher un peu à tout. De même, comme tout album solo, premier de surcroît, tout n’est pas du même niveau. Mais c’est son album, il en fait ce qu’il veut, et il a bien raison. Grâce à ça, le prochain album d’Incubus pourrait bien être excitant, et ça, c’est une sacrée surprise.

3 réflexions sur « Brandon Boyd – The Wild Trapeze »

  1. « Boyd donne parfois l’impression d’être Michael Jackson chez Hamley’s, et veut toucher un peu à tout. »
    Merci Denis 😀 😀 😀

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