R.E.M. – Collapse Into Now

Retour en forme, renaissance, etc etc. Dès qu’un groupe d’un certain âge (trente ans, quand même) se rappelle à notre souvenir, on ressort toujours les mêmes métaphores ou allusions sorties de scribes en manque d’inspiration. En parlant d’inspiration, est-ce que R.E.M. en a jamais manqué? Sans doute, au début des années 2000, par exemple. Mais Accelerate, sorti en 2008, était ce retour en grâce, sous la forme d’un album à 200 à l’heure, dont l’énergie palliait sans problème à un certain manque de variété. On attendait donc, une fois de plus, le quinzième album du trio d’Athens avec un mélange de curiosité et, peut-être d’excitation. Force est de constater que même si R.E.M. ne livrera probablement plus de chefs d’oeuvre, Collapse Into Now est de très bonne facture, et peut facilement prendre place dans la première partie de leur discographie.

Tout R.E.M. est là : les guitares parfois crunchy, parfois simplement mélodiques, la voix chaude et incomparable de Michael Stipe, et même la mandoline, qui vient refaire un tour sur la classique mais émouvante ballade Oh My Heart. Oui, une ballade, celles qui manquaient parfois à AccelerateCollapse Into Now est plus varié, alternant donc de brûlots rock (Discoverer et All The Best qui entament l’album), de passages mid-tempo plutôt introspectifs (Überlin, It Happened Today qui bénéficie des choeurs très Into the Wild d’Eddie Vedder) et de morceaux tendres et/ou poignants (Oh My Heart donc, ou l’introspectif Blue, où Patti Smith vient reprendre le rôle qu’elle tenait sur E-Bow The Letter).

Chiche en remplissage, Collapse Into Now ne s’écroule (désolé) jamais : les morceaux plus anecdotiques ont toujours quelque chose de remarquable, comme la brievété de That Someone Is You, le refrain classique du premier single Mine Smell Like Honey (mais de quoi parle-t-il?) ou le primitivisme bienvenu d’Alligator Aviator Autopilot Antimatter, sur lequel Peaches apporte un peu de bordel bienvenu. Les esprits chagrins diront que les morceaux sont peut-être trop moyens pour que l’album connaisse une chute de niveau. On ne les écoutera pas plus que ça. De plus, l’excellente séquence de l’album fait qu’on ne s’embête jamais. Enfin, Blue, comme évoqué plus haut, conclut très brillamment un album relativement simple et immédiat par cinq minutes sombres, durant lesquelles Stipe parle et inquiète, Smith chante sur un (oui, un) Cendrillon qui a perdu ses chaussures, avant que Mike Mills reprenne le thème du premier morceau de l’album, Discoverer, histoire de boucler la boucle.

Alors, non, Collapse Into Now ne sera pas le meilleur album de 2011, ni le plus aventureux. Mais R.E.M., en refusant d’être mauvais, continue sa troisième (au moins) renaissance, et reste un des groupes dont on ne veut jamais qu’il se sépare, un de ces groupes pour qui il y aura toujours une place. Cette place est n’est peut-être aussi importante qu’en 1984, 1991 ou 1996, mais elle est toujours là, et y restera. Dans ces temps troublés, cela fait le plus grand bien.

Spotify : R.E.M. – Collapse Into Now (avec deux morceaux live en bonus)

 

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