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Top albums 2012 : 100-71

Music Box 2012 1A défaut d’avoir écrit beaucoup cette année, je me rattrape avec le plus long top (commenté!) de fin d’année de l’histoire de Music Box, cent albums. La publication se fera en quatre étapes, avec pour commencer les trente derniers. Un très long playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album ainsi que d’autres morceaux.

100 Bloc Party – Four. Après des mois de drama concernant leur séparation, la sortie du quatrième album de Bloc Party n’a finalement pas intéressé grand monde. Malheureusement, il n’est pas très bon, tentant maladroitement de récupérer la fougue du premier album en y ajoutant des grosses guitares qui ne leur vont pas du tout. Leur temps est écoulé.

99 Therapy? – A Brief Crack of Light. Juste parce qu’ils sont là depuis très longtemps, refusent d’être mauvais et encore plus de se répéter.

98 A Place To Bury Strangers – Worship. Une grande déception personnelle tant leur album précédent était percutant. Ici, on a la même chose en moins bien, en moins inspiré, en plus mou. Et ce n’est même pas une bonne pub pour l’atelier de pédales d’effets DIY d’Oliver Ackermann.

97 Django Django – s/t. On essaie de nous forcer à croire qu’il y a une sorte de mouvement de nouvelle pop/rock indé, mené par Alt-J et comprenant quelques seconds couteaux comme Egyptian Hip-Hop ou Django Django, probablement l’équivalent de Menswear dans les années 90.

96 Breton – Other People’s Problems. Electro-math-rock claustro intrigant et intéressant.

95 Tribes – Baby. Vu qu’il faut inévitablement voir un peu partout les signes d’un retour de la Britpop, on sort de nulle part (enfin si, Camden, évidemment) un groupe à chansons de stade, qu’on qualifiera sans doute de post-Libertines et pré-Palma Violets. Pour l’originalité, on repassera, mais au moins ce ne sont pas les Vaccines.

94 Bad Brains – Into the Future. Pionniers du hardcore de DC ‘77, ils sont au moins autant reggae que punk. Trente-cinq ans après, la recette marche étonnamment toujours aussi bien (j’aime pas le reggae), surtout les voix stoned et psychocinglées de HR.

93 The Datsuns – Death Rattle Boogie. Parce qu’on les avait oublié, et que les néo-zélandais rockent toujours aussi fort qu’avant. Aucun génie, peu d’originalité, mais beaucoup de coeur et d’enthousiasme, alors que leurs rivaux de l’époque ne sont plus du tout au même endroit.

92 The Hives – Lex Hives. C’est un album des Hives. Il n’apporte rien, n’arrive pas à la cheville des premiers, mais cela suffit amplement pour le placer dans un top 100. Merci Randy Fitzsimmons d’écrire de bonnes chansons et de réussir à nous faire tomber dans les gimmicks à chaque fois.

91 Billy Talent – Dead Silence. Punk post-hardcore, rageux, efficace et ample,. même si un peu trop long. Merci d’être revenus parmi nous.

90 The Cast of Cheers – Family . Ne vous trompez pas, Bloc Party a juste changé de nom et s’est inspiré de Battles plutôt que de Soundgarden. Par contre, l’inspiration n’est pas toujours là non plus.

89 Lana Del Rey – Born To Die. Derrière les controverses et les coups marketing, on a une chanteuse qui s’est révélé, tout au début, touchante. Malheureusement, après Video Games/Blue Jeans, le reste est mauvais, médiocre et tellement plat qu’elle se sent obligée de raconter des conneries pour qu’on parle d’elle. Ce qui n’arrivera bientôt plus.

88 Soundgarden – King Animal. Personne n’en avait besoin, mais ils sont revenus quand même. Et bien que l’album de réunion n’arrive pas au niveau du modèle du genre (Dinosaur!), il est suffisamment décent pour ne pas être embarrassant, et compte tenu du passif du chanteur, c’était pas gagné.

87 Green Day – Uno/Dos/Tré. Exemple encyclopédique de quantité vs qualité. Les 14 meilleurs morceaux sur un simple album, et il aurait été bon, dans la première moitié de la disco du groupe. Mais là, on se retrouve avec trois albums tous trop longs, et souvent trop similaires. Uno est punkpoppesquement sympa, et au moins, on n’a que très peu de trucs prétentieux à la Jesus of Machinchose, mais on a dépassé l’indigestion.

86 The Smashing Pumpkins – Oceania. J’ai beaucoup de respect pour la vision intransigeante de Billy Corgan (et le fait qu’il est responsable d’au moins deux des meilleurs albums des 90s), mais c’est assez symptomatique de remarquer qu’on a accordé plus d’attention cette année aux ressorties de Pisces Iscariot et (surtout) de Mellon Collie and the Infinite Sadness. Ceci dit, Oceania est le meilleur album de Corgan depuis quelque temps, peut-être depuis Machina II. Mais cela ne veut pas dire grand chose…

85 Sleigh Bells – Reign of Terror. Tellement surévalué que même Pitchfork n’en parle plus. Il reste juste encore un peu de nouveauté et d’originalité pour qu’on lui laisse une chance.

84 Best Coast – The Only Place. Bethany Cosentino tente par tous les moyens de prouver qu’elle a plus d’un tour dans son sac, et elle y arrive de justesse. En virant alt-country.

83 Jessie Ware – Devotion. Chaque top de fin d’année se doit d’avoir son truc pop “différent”. Je ne trouve pas que Devotion soit vraiment extraordinaire, mais Wildest Moments = tube.

82 Alabama Shakes – Boys and Girls. De la soul music au plus pur sens du terme. Rock teinté de blues et porté par la voix fantastique de Brittany Howard.

81 Neil Young – Psychedelic Pill. Parce que Neil Young est le seul type de 67 ans capable d’appeler un album Psychedelic Pill et de mettre une grosse tablette d’ecstasy en pochette. Mais aussi parce qu’il comprend quelques excellents morceaux, notamment les 16 minutes de Ramada Inn ou de Walk Like a Giant. Il a toujours quelque chose à dire.

80 Passion Pit – Gossamer. L’équilibre entre pop, indé, hype mais pas trop hipster n’est pas facile à réaliser. Pourtant, Passion Pit l’a fait, dans un album pourtant un peu fatigant.

79 Sigur Rós – Valtari. Les islandais n’auront sans doute plus jamais la même aura qu’il y a quelques années, mais cela ne les empêche pas de sortir des albums d’une beauté subjugante.

78 Imperial Teen – Feel The Sound. Indie pop positive, harmonies vocales, chouettes chansons simples. Parfois, on n’a besoin de rien de plus.

77 Of Monsters and Men – My Head Is An Animal. Les comparaisons avec Arcade Fire sont assez justifiées, celles avec Mumford and Sons heureusement moins. Plus légers que leurs inspirations de Montréal, les islandais sortent un album aérien, positif et tout à fait recommandable, même si légèrement dérivatif.

76 The Gaslight Anthem – Handwritten. J’ai sérieusement lu qu’on les considérait comme le futur du rock ‘n roll. Si le futur du rock ‘n roll passe par Bruce Springsteen et faire croire aux gens que Hot Water Music n’a jamais existé, personellement, je ne suis pas d’accord. Heureusement, ce n’est sans doute pas leur intention du tout, ils sont trop occupés à faire sonner leur rock en col bleu le mieux possible, ce qui est tout à leur honneur.

75 Motion City Soundtrack – Go. Le fameux album de la maturité, mais qui n’est pas chiant pour autant, juste plus sérieux et maîtrisé. Frais, intelligent et agréable.

74 Glen Hansard – Rhythm and Repose. Après un Oscar et des tournées interminables (notamment en ouverture de dizaines de concerts d’Eddie Vedder), l’ex-busker dublinois sort son premier vrai album solo, qui reste en deçà de ses albums avec The Frames ou le duo mélancolique The Swell Season. Restent quelques perles parfois sublimes.

73 The K. – My Flesh Reveals Millions of Souls. Noise rock habité, puissant et très dynamique, frôlant parfois le hardcore contemporain. Pas une seule baisse d’intensité tout au long d’un premier album excellent en soi, et très prometteur.

72 Trailer Trash Tracys – Ester. Les groupes dream pop/shoegaze se comptent par dizaines cette année, et il leur faut un petit quelque chose en plus pour se faire remarquer. Dans le cas de TTT, c’est la voix sublime de Suzanne Aztoria, qui sonne intemporelle d’entrée de jeu.

71 Guided By Voices – Let’s Go Eat The Factory/Class Clown Spots a UFO/The Bears for Lunch. Après la reformation du lineup dit classique, Robert Pollard reprend sa vitesse de croisière, trois albums cette année. Comme toujours, on aurait gagné à plus de contrôle, mais on retrouve encore quelques perles indiepunk toujours trop courtes, surtout sur le troisième album.

Wishlist 2012

WishlistQuatre chroniques depuis janvier, c’est un record… Pas envie de m’étaler sur les raisons pour lesquelles je n’écris plus, mais ce n’est pas spécialement délibéré. J’ai une liste d’albums sortis cette année sur lesquels j’ai envie d’écrire, et dans un monde parfait, j’écrirais sur tout ceci :

Ceremony, The Men, Disappears, Mark Lanegan, Three Trapped Tigers, Trailer Trash Tracys, First Aid, Unsane, Spiritualized, Graham Coxon, Jack White, Death Grips, Off!, My Bloody Valentine (reissues), Best Coast, Garbage, Hot Water Music, Beach House, Crocodiles, Sigur Ros, Gaz Coombes, The Hives, Japandroids, Futire of the Left, 2:54, Pariso, Silversun Pickups, Guided By Voices, Mission of Burma, Frank Ocean, Jeff The Brotherhood, Blur (21), Screaming Females, Heavy Blanket, Motion City Soundtrack, Smashing Pumpkins, A Place to Bury Strangers, Glen Hansard, Gaslight Anthem, Poliça, Black Light Burns, Bloc Party, Sucré, The Darkness, The XX, Dinosaur Jr, Sebadoh (EP), Everyone Everywhere, Bob Mould, Of Monsters and Men, The Vaccines, Alt-J, Raveonettes, Billy Talent, Green Day, Animal Collective, David Byrne & St Vincent, dEUS, Amanda Palmer. Et y en a sûrement encore d’autres. 2012 = année de folie.

Vu qu’apparemment (et cela me fait plaisir) j’ai toujours des visites ici de personnes qui cherchent des conseils d’écoute, en voilà un paquet. Et 2012 n’est pas fini, loin de là.

(et si vous voulez absolument une chronique, vous pouvez toujours demander 🙂 )

Mon année 2011, dernière partie + playlist Spotify

Voilà, 2011, c’est (presque) terminé. Encore deux petites choses avant de clôturer cette année, la huitième de Music Box. D’abord, je n’ai absolument pas pu/voulu classer mon top 5 de l’année, qui apparaît donc ici par ordre alphabétique. Pourquoi? D’abord parce que, comme déjà écrit auparavant, je n’aime pas la compétition, les classements et les listes, mais aussi parce que chacun des cinq albums qui suivent ont tous été, à un moment donné, mon album préféré de l’année.

Ensuite, j’ai compilé un (une?) playlist Spotify avec cinquante morceaux qui résument assez bien ce qui a été cette année, pour moi. Ici aussi, les morceaux sont présentés alphabétiquement, donc le mode aléatoire est très chaudement recommandé.

Voici donc mes cinq albums préférés de l’année. See you next year!

Arctic Monkeys – Suck It And See

Oui, j’aime peut-être Arctic Monkeys un peu trop. Et alors? Je constate que depuis leurs débuts fracassants, ils n’ont jamais cessé d’évoluer, et leur quatrième album est peut-être leur plus cohérent, à la croisée des trois précédents et d’un sens mélodique inné. On n’oubliera pas d’évoquer non plus les prouesses lyriques d’Alex Turner, pour qui le cliché « meilleur parolier anglais depuis Morrissey » est probablement exact, mais sans oublier l’évolution tout aussi constante des musiciens. On connaissait déjà ce que le batteur Matt Helders était capable de faire, on découvre ici encore un peu plus les lignes de basses complexes et maîtrisées de Nick O’Malley. Puisqu’il faut trouver quelque chose, on regrettera peut-être la présence du stupide Brick by Brick, mais Arctic Monkeys n’en a jamais fait qu’à leurs têtes, et placer un tel morceau comme premier extrait de l’album quelques mois avant sa sortie, était une nouvelle tentative, réussie, de brouillage de pistes. Rarement un groupe aura été aussi bon après quatre albums (Standing on the Shoulder of Giants?), et le groupe ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. Probablement le meilleur groupe rock moderne actuel.

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The Joy Formidable – The Big Roar

J’ai écouté The Joy Formidable par curiosité, après avoir lu une comparaison avec Nirvana et My Bloody Valentine. Étrangement, la comparaison est valable : le power trio gallois alliant la puissance brute des premiers avec le maelstrom sonore des seconds. Mais ils sont bien plus que ça, que ce ne soit que grâce à la personnalité et la voix de la minichanteuse Ritsy Bryan. Un premier album très abouti, puissant et confiant, qui donne beaucoup d’espoir dans un avenir pourtant semé d’embûches. Mais ça, ils le savent probablement très bien. En attendant le syndrome du second album, le premier a bien mérité sa place cette année. Puis, Dave Grohl aime bien, qui suis-je pour le contredire?

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J Mascis – Several Shades of Why

J Mascis est un des plus fantastiques guitaristes de tous les temps, et je n’essaierai même pas d’argumenter. Il joue aussi très très fort. Quand on a su qu’il sortait un album solo majoritairement acoustique, on pouvait se poser des questions. C’était sans compter sans l’autre énorme talent de J : sa voix. Sous-évaluée derrière sa cape de guitar hero, elle est capable de transporter au moins autant d’émotions que sa Fender Jaguar. Et quand Mascis utilise ces deux talents au service de chansons superbement écrites, et parfois relevées de collaborations aussi efficace que discrètes (Kurt Vile, Ben Bridwell, Kevin Drew), on arrive sans peine à un des plus beaux albums de l’année, et un des plus chargés en émotion. Tout cela (presque) sans guitare électrique…

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Wild Flag – Wild Flag

Un nouveau groupe qui envoie toutes guitares dehors des mélodies somptueuses et des morceaux très entraînants. On ajoute à cela une alternance entre les deux vocalistes qui empêche toute lassitude, et on arrive à un des meilleurs premiers albums de l’année. Mais alors, pourquoi est-ce qu’on n’a pas encore plus parlé d’un groupe qui semble être une valeur à suivre pour l’avenir du rock? Probablement parce que même s’il s’agit du premier album de Wild Flag, ses membres ne sont pas inconnus du tout, ayant sévi dans Sleater-Kinney (Carrie Brownstein et Janet Weiss) ou encore Helium (Mary Timony). Qu’importe, Wild Flag nous a tout simplement livré un des meilleurs albums de rock de l’année. Oui, c’est sans doute assez classique, elles ne réinventent pas la roue, mais elle n’a jamais eu besoin d’être réinventée non plus. Le ton des guitares est fantastique, la batterie percutante, et comme pour Sleater-Kinney, il n’y a pas de basse mais un clavier qui ajoute une dimension supplémentaire (mais discrète) au son. Et ça fait beaucoup du bien. Rock ‘n roll is dead, right? RIGHT?

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Yuck – Yuck

Bon, je plaide coupable. I’m a child of the nineties, et tout ça, c’est exactement le piège dans lequel je peux tomber. Dinosaur Jr, My Bloody Valentine, Pavement, Teenage Fanclub et j’en passe, Yuck ne fait que recopier tout ce que leurs ainés ont fait. Suicide Policeman est la plus belle chanson qu’Elliott Smith n’a jamais écrit, Operation est quasi une reprise de Teen Age Riot. Mais ils le font si bien, avec une production lofi pourrie et une guitare Mascisesque à souhait, que je ne peux rien leur reprocher. L’avenir nous dira si leur attitude slacker et leur collection de vieilles pédales pourries ne sont que des gimmicks opportunistes, mais ici et maintenant, c’est un de mes albums préférés de l’année, et un de ceux que j’ai le plus écouté.

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Mon année 2011, troisième partie

Vingt albums pour résumer une année si riche, c’est peu. Ce n’est pas parce que j’ai très peu écrit (un « record », depuis 2003) que je n’ai rien écouté, heureusement. Beaucoup d’autres albums méritaient au moins une mention, sinon une chronique. D’abord, les EP. J’aime beaucoup les EP, parce que j’aime quand les albums sont courts, souvent. Cette année nous a amené quelques excellents EP, comme ceux de Trash Talk (six minutes de pure perfection hardcore), de Future of the Left (qui annonce un album l’an prochain), du projet de Shaun Lopez et Chino Moreno Crosses, des reformés et toujours excellents Chokebore et évidemment d’Alex Turner, dont la courte BO du film Submarine aura apporté à cette année ses moments les plus tendres. Mais on n’oubliera pas non plus les albums de Black Box Revolution (bien qu’ils n’ont pas évolué du tout), des Black Keys (idem), des Kills (idem), des écorchées vives EMA et Zola Jesus, de Battles (moins expérimentaux qu’avant, mais plus fun), des Raveonettes quand même, d’Art Brut (que ce ne soit que pour les paroles d’Eddie Argos), de dEUS et Jane’s Addiction (mieux que le précédent, mais moins bien qu’avant), de Stephen Malkmus qui se l’est jouée Pavement, de Thurston Moore qui se l’est jouée acoustique (tous deux produits par Beck) et j’en passe et certainement des meilleurs, comme Girls, dont j’ai vraiment beaucoup aimé le single Vomit, mais le reste, j’ai du mal. Ou encore Destroyer, que j’aurais certainement inclus dans le top si je l’avais écouté plus tôt. Mais bon.

(edit : et je viens de découvrir St. Vincent, trop tard…)

Ceci dit, voici la troisième partie du top 20, de 10 à 6. Prochain épisode demain avec le top 5 et la playlist Spotify très fourre-tout.

10 Iceage – New Brigade

L’autre côté du punk moderne. Contrairement à l’overdose de Fucked Up, l’album ne dépasse pas 25 minutes (12 morceaux) durant lesquelles on ne sait jamais si la balance va tomber sur le mot « post » (la reverb, les guitares angulaires) ou plutôt sur le mot « punk » (le rythme, les paroles scandées souvent inintelligibles). Je la fais tomber sur le mot fantastique, parce que ces jeunots (18 ans) danois ont réalisé le brûlot de l’année : incandescent, coruscant, très intense et hautement recommandé.

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9 Cloud Nothings – Cloud Nothings

Tiens, encore un peu de lo-fi. Cloud Nothings, c’est Dylan Baldi, un jeune homme très talentueux capable d’écrire des popsongs parfaites avec trois bouts de ficelle. Il me fait un peu penser à Harlem, l’an dernier. Très ensoleillé, l’album, forcément court, est une bien agréable bouffée d’air frais, entre morceaux enlevés un peu simples mais efficaces et superbes balades mélancoliques. On n’est pas dans l’expérimentation, bien entendu : deux accords, une pédale fuzz, une batterie sèche et une voix pas trop assurée. Mais que vouloir de plus? Réponse : un prochain album produit par Steve Albini (!) qui sort dans même pas un mois.

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8 Rival Schools – Pedals

Il aura fallu dix ans à Walter Schreifels, Ian Love, Cache Tolman et Sammy Siegler pour produire une suite à United by Fate, album culte d’un groupe qui l’était devenu suite à sa très longue pause. Contre toute attente, Petals est au moins aussi bon. Il est en tout cas plus varié, passant de moments limite pop (69 Guns) au postemohardcoremachin qui leur sied si bien (Eyes Wide Open). Terribles mélodies, production parfaite (Ian Love a passé ces dix ans à enregistrer et produire) et la voix inimitable de Schreifels pour un album court et excellent de bout en bout. Seul problème? Le guitariste Ian Love est déjà reparti. Et même si Rival Schools compte continuer en trio, rien ne sera plus jamais comme avant. Mais ces deux albums resteront pour toujours.

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7 Josh T. Pearson – Last of The Country Gentlemen

La claque de l’année. Josh T. Pearson est l’ancien chanteur/guitariste/poète maudit de Lift to Experience, et sur son premier album solo, il livre son âme. Gros cliché? Non, il livre véritablement son âme. Accompagné d’une seule guitare acoustique (et de cordes arrangés par Warren Ellis) il chante/parle en flux de conscience, en n’ayant littéralement rien à foutre. Aucune tentative de faire rimer ses phrases, aucun effort de rester bref (certaines chansons dépassent allégrement les dix minutes, dix minutes d’un type seul avec sa guitare, je répète) et aucun essai de diluer son personnage, qui apparaît comme le plus sombre pauvre type depuis le Rivers Cuomo de Pinkerton. Mais Pearson le fait avec une telle honnêteté qu’il a réussi, avec cet album, à faire avancer la science : j’ignorais qu’il était possible de rester bouche ouverte sans respirer pendant treize minutes.

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6 PJ Harvey – Let England Shake


J’ai souvent eu du mal à vraiment rentrer dans l’univers particulier de PJ Harvey, pour des raisons que je n’arrive pas vraiment à expliquer. Mais Let England Shake, qu’on le veuille ou non, est un grand album. Composé majoritairement à l’autoharpe, il évoque l’état passé, présent et futur d’Albion, ce qui lui confère un caractère intemporel. Album étrange, inhabituel, riche et dense, Let England Shake est exceptionnel, dans tous les sens du terme, et apportera quelque chose de plus à chaque écoute, récompensant ainsi l’auditeur attentif, notamment aux paroles.

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Mon année 2011, seconde partie

Chaque année apporte son lot de bonnes surprises, mais aussi de déceptions. 2011 aura vu, une fois de plus, un paquet de vieilles gloires se reformer (Soundgarden, Pulp, Suede, Stone Roses et environ trois millions d’autres) mais on attend toujours du nouveau matériel pour la plupart d’entre eux, qui se contentent de se la jouer Pixies. En ce qui concerne les vieilles gloires qui elles, ont sorti de la nouvelle musique, le bilan n’est pas très réjouissant. Red Hot Chili Peppers, Incubus, Korn, Limp Bizkit : moins on parle de leurs nouvelles productions, mieux c’est. D’autres ont été moins mauvais, mais sans plus : le retour de Blink-182 était très dispensable, et la somme de Beady Eye et de Noel Gallagher’s High Flying Birds ne vaut clairement pas Oasis. Mention encore plus spéciale à Coldplay, qui continue à réinventer le concept du c’est-pas-un-plagiat-mais-un-hommage et, naturellement, l’exploit olympique de Lulu. On aura aussi pu être déçu de tous ces groupes dont on nous promettait monts et merveilles, et qui n’auront juste tenu que le temps d’une couverture du NME, avant la sortie de leur album, évidemment. WU LYF (dont l’album n’est pas mauvais, mais…), (Viva) Brother, Frankie and the Heartstrings ou les Vaccines s’y reconnaîtront. Enfin, d’un point de vue purement personnel, je n’ai pas accroché à M83, et je ne supporte toujours pas Bon Iver, désolé.

Voici maintenant le second quart du « classement » de mes albums préférés de 2011, de 15 à 11.

15 Dum Dum Girls – Only In Dreams

J’aime beaucoup les Raveonettes, mais force est de constater que les Dum Dum Girls, produites par Sune Rose Wagner (et Richard Gottehrer, évidemment) ont dépassé le maître cette année. On a beau avoir eu ce qu’on attendait d’elles, on est positivement surpris par la relative variété de l’album, dans un contexte (shoegaze pop vaguement éthéré) assez restreint. Mention spéciale à l’hypnotique Bedroom Eyes, mais l’album, court, ne souffre d’aucun point faible. On notera aussi l’EP He Gets Me High, sorti plus tôt dans l’année et d’excellente facture également. D’ailleurs, vu que l’album n’est pas dispo sur Spotify, c’est l’EP qui est en lien ci-dessous.

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14 Fucked Up – David Comes to Life

The Shape of Punk To Come, qu’ils disaient. Le punk, en 2011, c’est ça (et les jeunes du numéro 10, on y arrive) : à savoir prendre les règles, les mettre dans une boîte, sauter dessus à pieds joints et puis la poignarder. Ce qui, finalement, n’a pas vraiment changé en 25 ans ; ce qui a changé, c’est l’application. Fucked Up a sorti un album très, très long (pas aussi long que Lulu, mais long quand même), avec aucun temps mort, et, qui plus est basé sur un concept que je pourrais vous raconter si j’avais réussi à suivre le flot incontrôlable éructé par Damian « Pink Eyes » Abraham pendant une heure et vingt minutes qui cognent fort. Trop fort, d’ailleurs, on pourrait parfois rechercher un peu d’air, et un peu de variété. Mais hey, punk rock. Green Day ce n’est pas.

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13 Beastie Boys – Hot Sauce Committee Part II

On l’aura attendu, cet album. Le trio new-yorkais n’a jamais été pressé (ce n’est jamais que leur troisième album en treize ans, si l’on exclut l’instrumental The Mix-Up), mais le cancer d’Adam Yauch a reporté l’album de plus d’un an. L’attente aura largement valu la peine : HSC2 (le 1 n’existera probablement jamais, comme ils sont drôles) est un excellent album d’un groupe qui n’aura de toute façon jamais été mauvais. Mais de là à être si bon, il y avait une marge, facilement franchie. Samples adéquats, flows inspirés, passages instrumentaux (une majorité de « vrais » instruments) tantôt secs, tantôt planants , une sorte de Sabotage du vingt-et-unième siècle (Lee Majors Come Again) et du tube (Don’t Play No Game That I Can’t Win) : il y a à boire et à manger, mais rien à jeter. Très impressionnant.

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12 Radiohead – The King of Limbs

AKA the Twitter album. Il est sorti tellement vite, 24 heures avant la date prévue, que tout le monde s’est jeté dessus pour être le premier à en parler. Sauf que tout ce petit monde s’est rendu vite compte qu’il s’agissait de l’opus le plus sombre, le plus expérimental et le moins immédiat de toute leur carrière. Les reviewers plus rapides que leur clavier en ont déduit qu’il n’y avait pas de guitare (il y en a sur chaque morceau, ou presque) et qu’il allait forcément y avoir très vite une suite, on n’allait quand même pas n’avoir que ça. Si on essaie de s’élever un peu au dessus de cet océan de médiocrité, on se rendra compte que TKOL est un album captivant, qui fonctionne comme une unité difficilement divisible, et qui comprend quelques terribles moments de brillance. Et pour ceux qui regrettent un Radiohead un peu plus traditionnel (pas celui de The Bends, quand même), le récent single Staircase/The Daily Mail est à conseiller. Pour ce qu’il est, The King of Limbs est un bon album, mais très insaisissable.

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11 Kurt Vile – Smoke Rings for My Halo

Kurt Vile rend la vie facile. Tout a l’air si simple, pour lui. On a vraiment l’impression qu’il s’assied dans un fauteuil, sort sa guitare, démarre son 4-pistes, et voilà. Springsteen/Young/Dylan post-quelque chose, version bedroom lo-fi. Superbes mélodies, un jeu de guitare aérien et une voix forcément pas trop assurée, à mi-chemin entre ces parangons du brol bricolé que sont Thurston Moore et Graham Coxon. On risque parfois de tomber dans la neurasthénie, mais peut-être qu’un jour, Kurt Vile nous fera un vrai album, bien produit et tout ça. Et on regrettera celui-ci. Très fort.

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La suite bientôt, avec en plus les oubliés de ce classement.