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AC/DC – Black Ice

AC/DC est un groupe extraordinaire. Ils n’ont plus rien sorti depuis huit ans, et de toute façon, tout le monde sait très bien comment le nouvel album va sonner. Malgré ça dès que la tournée 2009 est annoncée, la vente des tickets fonctionne du tonnerre, toutes les dates étant sold out en quelques minutes, malgré un prix totalement scandaleux (mais pas autant que le marché noir sur ebay).

Black Ice accompagne la nouvelle tournée, plus que le contraire : comme les Stones, un nouvel opus des Australiens est un événement, mais paradoxalement n’intéresse pas grand monde. Et bien, c’est une erreur. non, Black Ice ne réinvente rien, et ne voit pas AC/DC se mettre à la nu-rave. Mais pour un bon disque de rock ‘n roll, c’est un putain de bon disque de rock ‘n roll.

On ne peut d’ailleurs pas avoir de doute sur la musique produite par le groupe des frères Young : le premier single (et morceau) s’appelle Rock ‘n Roll Train, et plus loin on aura Rock ‘n Roll Dream (une ballade), She Likes Rock ‘n Roll (every day, évidemment) et enfin Rockin’ All The Way. AC/DC n’a jamais fait dans le subtil, et on les en remercie chaleureusement. De toute façon, AC/DC ne parle généralement que de rock ‘n roll et de sexe, via métaphores un peu moins douteuses que d’habitude (War Machine, ce n’est pas une kalaschnikov…), même si l’état pitoyable de notre planète les inspire aussi (le morceau titre, Stormy May Day).

Malcolm Young envoie ses riffs infernaux au début de chaque morceau, comme il le fait depuis trois siècles. Mais qu’importe : dès le début, on sait que c’est AC/DC, et forcément, ce n’est que confirmé dès que Brian Johnson se lance dans un de ces numéros improbables de chant en dessous de la ceinture. La rythmique est solide (le batteur Phil Rudd est un métronome vivant, et le bassiste Cliff Williams prend parfois un peu de spotlight, comme sur Skies On Fire), et Angus Young délivre à chaque fois un très bon solo, qui ne semble jamais inutile. Il ressort même un bottleneck sur Stormy May Day.

L’album est sans doute trop long (15 morceaux, 55 minutes), et bénéficierait de la suppression de trois ou quatre morceaux un peu (trop) générico-répétitifs. Mais avec des riffs comme ceux de Big Jack, War Machine, Black Ice ou la relative agressivité de Spoilin’ For A Fight, on pardonnera tout, même le Rod Stewardesque Anything Goes.

Black Ice est meilleur que prévu : même si la formule est avérée, il fallait quand même réussir à la reprendre correctement, et seul AC/DC peut le faire. Meilleur qu’une grosse moitié de leur catalogue, il méritera d’être visité plus que trois fois lors de la mégatournée, entre Hells Bells et You Shook Me All Night Long.

AC/DC – Back In Black (1980)

ACDC_Back_in_BlackUn fait pour débuter. Back In Black est, derrière Thriller, l’album original le plus vendu de tous les temps. Et vu que l’album approche de sa fin inéluctable, il le restera. Je ne prends pas ça comme critère de qualité (le disque le plus vendu, toutes catégories confondues est le Greatest Hits des Eagles, ce qui remet les choses en perspective), mais de distribution : énormément de monde a écouté (ou en tout cas possède, ce qui est autre chose) l’album phare d’AC/DC, succès aussi énorme qu’improbable.

En 1980, AC/DC avait déjà un bon paquet de hits derrière eux, avec notamment l’album Highway To Hell, et un vocaliste exceptionnel, Bon Scott. On connaît la suite : Scott meurt, et est remplacé par Brian Johnson. Back In Black est un hommage à Bon Scott, mais beaucoup d’autres choses aussi.

L’intro mythique, pour commencer. Les cloches, simultanément hommage au chanteur mais aussi annonciatrice de chaos. Un riff, lent, lancinant, qui fait à lui tout seul qu’Angus Young a sa page dans l’encyclopédie des tous grands. AC/DC n’a jamais eu besoin de jouer fort (Iron Maiden), vite (Motörhead), ou de manière malsaine (Black Sabbath) : ils ont leur propre genre, mélange de riffs, de la voix, hmm, particulière de Brian Johnson, et les paroles plus double-entendre qu’une conversation ouija entre Freud et sa mère.

Hells Bells, le premier morceau en question est juste un riff, donc, mais quel riff. AC/DC a repris la racine du rock n roll, le blues, en y ajoutant – forcément – l’électricité et un nombre incalculable de métaphore sexuelles (You Shook Me All Night Long, Let Me Put My Love Into You (!!!) voire parfois sexistes (What You Do For Money Honey).

Mais ne reprendre que ça serait assez réducteur : au creux de l’album, un discret morceau traîne son riff monumental : Back In Black. Continuons le thème : le moment où Johnson commence à chanter est carrément un des moments les plus orgasmiques du rock ‘n roll. Et c’est bien ce qu’AC/DC a apporté : rien grand chose de complexe, ni de bien sérieux (z’avez déjà vu Angus Young?). Mais une dose maximal de plaisir et d’enthousiasme, combiné avec un sens de l’accroche inouï; et inégalé.

Oh, bien sûr, ils vivent depuis des années sur leur légende (même si on annonce un nouvel album en 2008), on parle plus de l’accessoire que de l’essentiel (les canons et les cloches, n’importe quel jeu de mot avec “balle” dedans – regardez la pochette du leur dernier dvd), mais quelle légende : AC/DC a créé, et continuera à créer, des groupes qui auront plus ou moins compris l’idéal de Angus, Malcolm, bon, Brian et les autres : rock n’ roll ain’t noise pollution. Back In Black est la référence.

Hells Bells