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Black Light Burns – Cover Your Heart

Les émules de Trent Reznor se font de plus en plus nombreux. Cette fois, c’est Black Light Burns, groupe centré sur le guitariste/vocaliste Wes Borland, qui sort son nouvel album (d’abord) via internet. Comme Nine Inch Nails, différentes versions de l’album sont disponibles, allant de mp3 gratuits au coffret luxueux à 100$.

Cover Your Heart, comme son nom pourrait l’indiquer, est un album constitué majoritairement de reprises. Elles sont traitées dans un style industriel, mais plus hard que le premier album, plus sauvage. So Alive (Love And Rockets) est intense, l’étonnant Forkboy (Lard) destructeur, On The Bound (Fiona Apple) méconnaissable. Les morceaux repris sont parfois obscurs, mais d’autres sont plutôt mainstream : comme les Deftones, BLB s’essaie à une version d’un morceau de Duran Duran (Hungry Like The Wolf), et la partie « reprises » de l’album se conclut avec Search And Destroy. Ailleurs, Borland reprend brillamment (et parfois étrangement) Sisters Of Mercy, PJ Harvey, Jesus Lizard ou même son premier projet solo, l’étrange et hilarant Big Dumb Face.

L’album pourrait s’arrêter là (douze reprises), mais les sept derniers morceaux sont des instrumentaux, généralement très intéressants, extraits des sessions de Cruel Melody, et qui oscillent entre l’ambient-ish (Drowning Together Die Alone), l’indusmetalelectrotrucmachin et le schizo total (Zargon Morfoauf)

Varié, souvent puissant, parfois inattendu, Cover Your Heart est plus qu’un album d’attente entre deux albums. Il montre que la formation de Borland se diversifie, et est une force sur laquelle il faudra compter à l’heure du (vrai) second album. Histoire qu’on ne parle définitivement plus du passé.

Black Light Burns – Cruel Melody

Pas vraiment la peine de faire des blagues sur Limp Bizkit, leur pathétique vocaliste et leurs très mauvais derniers albums. Mais pour ceux qui ne seraient pas au courant, leurs deux premiers étaient généralement acceptables, en immense partie grâce au guitariste, Wes Borland, qui a inventé un son personnel, proche de la tendance nu-metal tout en s’en différenciant clairement. Son éclaboussait les premiers morceaux de Limp Bizkit : comme John Frusciante, Borland était bien meilleur que le groupe dans lequel il se trouvait.

Après une dispute myspacienne avec Fred Durst, Borland a (semble-t il définitivement) claqué la porte de Limp Bizkit, pour se concentrer sur un projet solo qu’il prépare depuis de nombreuses années. Tout d’abord sous le pseudo Big Dumb Face, dont l’hilarant album Duke Lion Fights The Terror valait bien une écoute ; ensuite en tant que Eat The Day. Ce dernier projet n’a jamais vu le jour, à cause du fait que Borland n’a pas pu trouver un vocaliste qui convienne. Il a donc décidé de se charger lui-même des voix, et de fonder ce nouveau projet : Black Light Burns, signé sur le nouveau label de Ross Robinson, I AM : WOLFPACK.

Mesopotamia montre d’emblée que Borland n’a plus grand chose à voir avec son ancien groupe : au contraire, il semble tirer une partie de son inspiration chez Trent Reznor, comme on le verra encore plus loin. Étrangement, la voix de Borland est aussi comparable à Reznor, ce qui rend Animal assez étonnant, on se croirait presque sur un bon morceau de With Teeth, et ailleurs, on se prend à imaginer ce que serait Nine Inch Nails avec le retour des guitares.

Les talents de guitariste de Borland sont mis en évidence, mais ce n’est nullement un album pour guitariste. Ce sont des morceaux de groupe, et ce dernier est plus que compétent : il comprend quand même Danny Lohner et l’énorme Josh Freese, qui démolit encore tout sur son passage à la batterie. On peut trouver des rapports avec Limp Bizkit, ce qui est logique, Borland ayant été leur principal compositeur. Mais les riffs et breaks nu-metal (enfin, façon de parler) sont employés à bon escient, et pas par pure ambition commerciale. Mark, par exemple, aurait pu être utilisé sur Significant Other, même si l’autre abruti aurait tout ruiné avec son rap inepte. Mais la composante electro (voir Stop A Bullet) éloigne définitivement Borland de ses anciens travaux. L’album se termine sur des morceaux plus expérimentaux, mais tout aussi intéressants, jusqu’au quasi ambient Iodine Sky.

L’album est assez dense, comme si Wes Borland voulait truffer ses morceaux de sons divers et variés, et ainsi prouver ses talents en tant que songwriter et vocaliste. C’est fait, car il semble que Cruel Melody ressemble vraiment à Borland : tourné vers le futur, sans renier le passé. Et un guitariste qui sait chanter, c’est suffisamment rare pour être souligné. Cruel Melody est donc un début encourageant, même si un tout petit peu dérivatif, d’un artiste qui a choisi la voie la plus difficile, mais en ce faisant, pourrait en trouver une, de voix.