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Mai 2013

Devinez quoi, mon album du mois, c’est pas Daft Punk. Pas que je n’aime pas spécialement Daft Punk, surtout le premier album et leur live, que je trouve excellent dans le genre. Mais je ne n’ai pas grand chose à faire du disco, du funk, de Pharrell Williams post-2006 (environ) et des vieux types qui racontent leur vie sous fond de bande originale de film érotique du vendredi soir. Je reconnais que le pastiche est souvent excellent, on s’y croirait, mais je n’ai aucune envie de m’y croire, je veux y être.

Mikal Cronin - MCIIJ’ai eu du mal à le nommer, mon album du mois. Ce n’est pas Savages. Leur album (Silence Yourself) frôle aussi le pastiche et aurait pu être fait plus ou moins à n’importe quelle année suivant le vingt-troisième anniversaire de Ian Curtis, mais ce n’est pas une mauvaise chose, tant les musiciennes sont excellentes et l’ambiance suffocante. Mais cette impression de supériorité arty est un peu irritante, tout comme les paroles « polarisantes » de Camille « Jehnny Beth » Bertomier. Mais pour un premier album, il est très abouti, mais à l’image de sa pochette : monochrome.

Ce n’est pas Vampire Weekend non plus, même si Modern Vampires of the City est très bon, probablement leur meilleur. Les paroles d’Ezra Koenig sont intelligentes sans enfoncer le clou sur leur intelligence, et la recherche sonore de Rostam Batmanglij ne semble connaître aucune limite. Mais je le trouve inégal, des morceaux extraordinaires (Step, Ya Hey) côtoient l’ordinaire sans beaucoup de relief (Obvious Bicycle est étrangement placé comme premier morceau). Mais personne ne fait ce que Vampire Weekend font, et ils le font encore mieux qu’avant.

Et ce n’est pas The National. Pourtant, Trouble Will Find Me est irréprochable de raffinement musical, avec une voix phénoménale et même parfois un peu d’humour. Mais ses qualités sont aussi son principal défaut : c’est exactement ce qu’on attendait de The National, et après High Violet, il fallait faire mieux, ce qui était probablement impossible.

Non, mon album du mois, c’est Mikal CroninMCII. Fidèle collaborateur de Ty Segall (vous savez, celui qui a placé trois albums dans mon top 30 2013 et qui en a encore au moins deux à venir cette année), Cronin est aussi/surtout un excellent songwriter pop-rock, capable de transformer mélodies et émotions en pépites lo-fi de trois minutes. L’album n’est pas impressionnant en tant que tel, il semble juste tellement facile que c’en est irréel, quasi tous les musiciens de cet article vendraient leur carrière pour écrire comme Cronin. Et même si ce n’est sans doute par le « meilleur » album de ce mois-ci, c’est mon préféré.

En mai, on a aussi eu le premier album de MS MR (Secondhand Rapture), un an après leurs débuts. Je ne sais pas pourquoi Wikipedia les comparent à Lana Del Rey, parce que c’est nettement mieux. La scène post-punk de Copenhague se porte toujours très bien, comme le prouve Vår, offshoot de Lower et Iceage, notamment. Dans No One Dances Like My Brothers, Vår troque la violence claustrophobique de ces derniers contre des synthés atmosphériques, des percussions militaires et la voix d’un jeune Robert Smith. Fascinant. La carrière de Primal Scream est faite de hauts et de bas, personne ne pourra le démentir. Malgré quelques longueurs et une pochette invraisemblable, More Light tombe dans la bonne catégorie, c’est même une excellente surprise de la part d’un groupe dont on n’attendait pas grand chose. Et qu’est-ce qu’on attend d’un nouvel album de The Fall, alors? Même si le lineup est stable depuis quelques années, il souffle le chaud (Your Future Our Clutter) et le froid (Ersatz GB). Ici aussi, bingo, parce que Re-Mit est tout à fait recommandable.

Déception par contre pour Alice in Chains. The Devil Put Dinosaurs Here est le second album depuis que William DuVall a remplacé vocalement Jerry Cantrell, ce dernier ayant endossé le rôle de Layne Staley (j’insiste) mais il semble nettement en deçà de Black Gives Way To Blue, la faute aux tempos trop similaires et aux morceaux beaucoup trop unidimensionnels. C’est loin d’être un mauvais album, mais le problème, c’est qu’il ne sert à rien. L’influence d’Alice in Chains est évidente chez Kylesa, mais leur sixième album est nettement plus ambitieux, varié et intéressant. Ultraviolet part un peu dans tous les sens, mais quand on a tellement d’idées, il est difficile de se contenir. Si je l’avais écouté une semaine de plus, il aurait peut-être été mon album du mois.

Beaucoup d’idées chez la famille DuPree d’Eisley et leur quatrième album, Currents. Inattendu et étonnant, l’album fait la part belle aux changements de rythmes et arrangements ambitieux (ce qui ne veut pas nécessairement dire chiants). C’est aussi un album qui s’enrichit au fur et à mesure des écoutes, une très belle réalisation. Il nous reste encore à parler de Public Service Broadcasting, dont le mix d’instrumentation live (pas mal de banjo), d’électro et de samples de vieux films d’information publique me font penser à The Avalanches (dont l’unique album a maintenant presque treize ans) via Kraftwerk (Inform – Educate – Entertain). On a aussi, comme tous les mois, un album de Mark Lanegan, cette fois avec le multi-instrumentiste anglais Duke Garwood (Black Pudding). Si vous écouteriez le ténébreux Mark lire le bottin (et qui ne le ferait pas?), c’est pour vous. Et puis, le cas Fauve. Wu Lyf à la française, hype prétentieux sans substance ou collectif révolutionnaire émouvant et existentiel. J’avoue, je ne me suis pas encore décidé (dois-je nécessairement l’être?), mais leur EP Blizzard ne peut pas laisser indifférent. Ne parlez juste pas de « slam ».

Beaucoup de choses à venir en juin, notamment le retour de Queens of the Stone Age et une impressionnante série de sorties indés très attendues (Splashh, Deap Vally, Surfer Blood, Smith Westerns, Black Sabbath *rires*). Et même s’il a décidé de signer chez Columbia, qui sait quand Trent Reznor va nous balancer le nouveau Nine Inch Nails?

Playlist Spotify mai 2013 juste ci-dessous, à dans un mois! (et n’oubliez pas le Tumblr)

Daft Punk – Alive 2007

Je ne suis pas fan de Daft Punk, même si j’ai pas mal apprécié le premier album, tout en détestant Human After All. De même, je me demandais l’intérêt de sortir un album live pour de la musique qui n’est quand même pas techniquement « jouée live ». Comme j’avais tort.

Alive 2007 est une véritable bombe, même pour quelqu’un qui préférerait être pendu par les pieds au sommet de l’Atomium à me retrouver dans une boîte technohouse. Les deux artistes démolissent leurs propres morceaux, les réarrangent et les boostent à coups de basses et d’effets sonores, et ce dès le début, avec une intro monstrueuse : des samples ping-pong de Robot Rock (ROBOT!) et Human After All (HUMAN!) avant que le vrai début de Robot Rock emmène Bercy dans une transe d’une heure et demie. Tous les hits y passent, des Around The World et Da Funk des débuts à un mashup ultime One More Time/Aerodynamic, en passant par Rollin’ And Scratchin’ + Alive, comme si c’était 1997.

On pourra toujours reprocher quelques longueurs, mais c’est de la house, et la basse énorme et les beats dévastateurs (Prime Time Of Your Life) compensent largements. Le rappel, étrangement placé en cd bonus d’édition limitée (mais il est vrai, relativement dispensable), reprend One More Time en y ajoutant Together et Music Sounds Better With You, des projets parallèles des deux robots.

Un des rares albums live essentiels, et plus terre à terre, une véritable tuerie.

Daft Punk – Human After All

Encore un petit voyage dans le temps, cette fois, en 1997. Cette année-là, Daft Punk fit connaître la fameuse French Touch, à partir d’un très bon album (Homework) et d’un single qui révolutionna pas mal de choses dans le milieu (Da Funk, qui n’a pas pris une ride). 5 ans après, Discovery (ou Verydisco ?) s’inspire, pêle-mêle, de Prince, Gary Numan, ELO pour un album remarquable, même si peu modeste et parfois excessif (le solo à la Steve Vai d’Aerodynamic, par exemple).
Il y a environ trois mois, Human After All trouvait son chemin sur certains endroits exclusifs d’Internet, avant de se répandre comme traînée de poudre. Consensus général ? C’est un faux. Il est impossible que Daft Punk fasse un album si mauvais, si répétitif, si peu inspiré. Et puis, la « vraie » version apparut. Réaction ? Eh merde.C’était vraiment Human After All. Fatigant, répétitif à outrance (ok, c’est de l’acid, et alors ?), entendu et réentendu (voix vocodées ? oui. Fausse guitare et vrais synthés ? bien sûr. Répétition en boucle du refrain, avec un faux-vrai accent français ? soupir…).
On peut toujours chercher une explication dans sa production, plus rigide et moins flashy que Discovery, les 15 jours d’enregistrement, la signification derrière le titre, mais les riffs horribles de Robot Rock, et la platitude d’une bonne moitié des morceaux sont hélas inexcusables. On sauvera peut-être Brainwasher, avec intro vaguement inspirée de Black Sabbath (Iron Man) et l’auto-ironique (on l’espère) Technologic.
Sinon, Human After All est une énorme déception, et quand on voit ce que Richard D James (Aphex Twin) arrive à faire avec son projet Analord…