Archives par mot-clé : Grinderman

Grinderman – Grinderman

Parfois, même les stars les plus aguerries, les plus connues, ont envie de retrouver l’anonymat d’un groupe, l’envie de retrouver les émotions des débuts. Bien sûr, Nick Cave n’est pas David Bowie, mais Grinderman, heureusement, n’est pas Tin Machine non plus. Composé de quatre Bad Seeds, mais animé d’intentions nettement plus organiques que leurs récents travaux (cependant excellents), Grinderman est direct, bruyant, habité, et tout à fait recommendable, nettement plus que la majorité des projets parallèles.

L’album commence avec une guitare pourrie à la Ron Asheton, et Nick Cave, dans son rôle de prophète du rock n roll. Get It On est puissant, totalement sous-produit, mais animé d’un énergie étonnante, surtout de la part de vétérans. Cave plonge ses paroles dans les tréfonds de l’âme humaine, voire dans ceux du pantalon (le très explicite No Pussy Blues). Ce même No Pussy Blues, qui après 90 secondes, se lance dans un solo de guitare fuzz à la J Mascis complètement déjanté, inattendu mais tellement rafraîchissant. Nick Cave, qui ne l’avait jamais fait auparavant, est lead guitariste ici, ce qui a causé la simplification des morceaux, pour se conformer à son style rudimentaire. Comme quoi, quelqu’un qui joue avec son coeur (et ses couilles, dirait-il sans doute) vaudra toujours mieux que 1000 Yngwie Malmsteen. Et Cave n’est pas le seul, la batterie de Jim Sclavunos et la basse de Martyn P. Casey sont le complément idéal à sa voix, et retournent les tripes dans tous les sens. Depth Charge Ethel et sa rythmique (et choeurs) très Rolling Stones peuvent le confirmer.

Iggyismes mis à part, la voix de crooner de Cave est toujours présente, comme sur l’inquiétant Electric Alice, probablement un morceau que Charles Manson analyserait dans tous les sens. La folie bruyante se calme vers le milieu de l’album, mais pas les imprécations de Nick Cave, qui peut vraiment parler de tout et de n’importe quoi, qui lirait le bottin et sonnerait très inquiétant. Honey Bee (Let’s Fly To Mars) reprend le fuzz de Mudhoney, un des seuls groupes dont l’intensité viscérale peut se rapprocher de Grinderman. Mais ici, Nick Cave imite le bruit des abeilles. La fin est plus blues que punk, mais il faut bien revenir aux origines.

Parfois cacophonique, jamais gratuit, Grinderman est une surprise, parce qu’on n’imaginait pas que ces quatre types soient à ce point capables de se remettre en question. Si seulement le nouveau Stooges pouvait être aussi puissant… On le verra dans quelques jours, en attendant, voici un des albums de l’année.