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Top albums 2014

Pas besoin d’introduction, voici la liste de mes albums préférés de l’année. Comme toujours, pas la peine de chercher l’explication du « classement », relativement aléatoire, surtout vers le bas de la liste. Il y a certainement encore des oublis, n’hésitez pas à me le faire savoir 🙂 Ma shortlist faisait 82 albums, je l’ai réduite à 80 plutôt que l’étendre à 100.

Transgender Dysphoria Blues

1 Against Me! – Transgender Dysphoria Blues
2 White Lung – Deep Fantasy
3 Perfect Pussy – Say Yes to Love
4 La Dispute – Rooms of the House
5 Sharon Van Etten – Are We There
6 Cloud Nothings – Here And Nowhere Else
7 J Mascis – Tied to a Star
8 Bass Drum of Death – Rip This
9 Ex-Hex – Rips
10 The Hotelier – Home, Like Noplace Is There
11 Ty Segall – Manipulator
12 Chumped – Teenage Retirement
13 TV On The Radio – Seeds
14 St. Vincent – St. Vincent
15 Allo Darlin’ – We All Come From The Same Place
16 Iceage – Plowing Through the Fields of Love
17 Real Estate – Atlas
18 The New Pornographers – Brill Bruisers
19 Alain Johannes – Fragments and Wholes Volume 1
20 Death From Above 1979 – The Physical World
21 Manic Street Preachers – Futurology
22 Damon Albarn – Everyday Robots
23 Ariel Pink – Pom Pom
24 Shellac – Dude Incredible
25 The Raveonettes – Pe’ahi
26 Merchandise – At The End
27 First Aid Kit – Stay Gold
28 Jack White – Lazaretto
29 2:54 – The Other I
30 Damien Rice – My Favourite Faded Fantasy
31 Karen O – Crush Songs
32 Weezer – Everything Will Be Alright In The End
33 The Rentals – Lost in Alphaville
34 Bob Mould – Beauty and Ruin
35 Thurston Moore – The Best Day
36 Aphex Twin – Syro
37 Bored Nothing – Some Songs
38 The World is A Beautiful Place and I Am No Longer Afraid To Die – Between Bodies
39 Thee Oh Sees – Drop
40 EMA – Future’s Void
41 Goat – Commune
42 The Men – Tomorrow’s Hits
43 Cheatahs – Cheatahs
44 Paws – Youth Culture Forever
45 Crosses – Crosses
46 Earthless and Heavy Blanket – In a Dutch Haze
47 Johnny Foreigner – You Can Do Better
48 Parquet Courts – Sunbathing Animal
49 Parkay Quarts – Content Nausea
50 Lower – Seek Warmer Climes
51 Tweens – Tweens
52 Off! – Wasted Dreams
53 Plague Vendor – Free to Eat
54 Priests – Bodies and Control and Money and Power
55 Girlpool – Girlpool
56 Morrissey – World Peace Is None Of Your Business
57 Lykke Li – I Never Learn
58 Mogwai – Rave Tapes
59 Alt-J – This Is All Yours
60 Hold Steady – Teeth Dreams
61 Blood Red Shoes – Blood Red Shoes
62 The Wytches – Annabel Dream Reader
63 The Lawrence Arms – Metropole
64 Jonah Matranga – Me and You Are Two
65 Lana Del Rey – Ultraviolence
66 The Orwells – Disgraceland
67 Trash Talk – No Peace
68 Swans – To Be Kind
69 Smashing Pumpkins – Momuments To An Elegy
70 The History of Apple Pie – Feel Something
71 Fucked Up – Glass Boys
72 Odonis Odonis – Hard Boiled Soft Boiled
73 Bombay Bicycle Club – So Long, See You Tomorrow
74 Presidents of the United States of America – Kudos to You
75 Temples – Sun Structures
76 Interpol – El Pintor
77 Maximo Park – Too Much Information
78 Warpaint – Warpaint
79 Stephen Malkmus and the Jicks – Wig Out at Jagbags
80 Foo Fighters – Sonic Highways

Voilà, c’est terminé pour cette année, et aussi pour Music Box. Plus de onze ans après, force est de constater que le site a perdu son éventuelle utilité, et moi la motivation nécessaire. Je continuerai sans doute à créer des playlists Spotify avec les nouveautés, voire des tops annuels, mais le peu que je fais actuellement, c’est fini. Ceci dit, je mettrai toujours à jour mes pages Facebook, Twitter et Tumblr (voir la colonne de droite) avec l’actu qui m’intéresse, et si j’ai envie de recommencer à écrire des bonnes vieilles chroniques comme avant, je trouverai où le faire 🙂

Merci de m’avoir suivi au long de ces années durant lesquelles tout aura changé dans le milieu (Facebook, Soundcloud, Spotify, tout ça n’existait évidemment pas) et d’avoir bien compris qu’on n’a vraiment besoin de personne pour déterminer si un album est bien ou pas : il suffit de l’écouter.

Octobre – décembre 2014

Cette fois je bats des records, même pour moi, et je n’en suis pas fier. Mais bon, quand je me suis rendu compte que je serais encore plus en retard que d’habitude pour octobre, je me suis dit que j’allais mettre novembre avec. Et comme rien grand chose de nouveau ne sort en décembre… Voici donc le dernier (et très chargé) trimestre 2014, le prochain article, ce sera le top de l’année.

Un album du mois (parce qu’il fallait bien en piocher un) et le reste en ordre alphabétique + compiles et playlist Spotify à la fin.

Bass Drum of Death

Bass Drum of Death – Rip This. Je ne connais pas personnellement John Barrett, tambour de la mort en chef, mais je me demande s’il en veut à Royal Blood de lui avoir dérobé le trophée officieux de nouvelle sensation rock de l’année. Je n’ai rien contre le duo de Brighton, mais Bass Drum, c’est carrément autre chose, amplis sur 11, riff qui défonce tout et rythmique impitoyable. C’est surtout le gros pas en avant depuis le précédent album qui est impressionnant de maîtrise et de musicalité, comme un Cloud Nothings qui prend la voie la plus rapide entre les points A et B. Énorme.

Allo Darlin’ – We All Come From The Same Place. Leur précédent album Europe avait été un de mes préférés de cette année-là, et son successeur prend le même chemin, toujours grâce à une superbe voix, des mélodies douces-amères et une utilisation régulière mais parcimonieuse de l’ukulélé. Le groupe se permet même quelques sorties de leur zone de confort, comme le duo (avec le guitariste) Bright Eyes et son solo de guitare rock garage. Un peu plus abrasif donc, mais toujours superbe et adorable.

Bored Nothing – Some Songs. On pourra difficilement reprocher à quelqu’un d’avoir exactement la même voix qu’une autre personne (sauf Scott Stapp). Donc on ne dira rien sur Fergus Miller, qui vient de Melbourne, qui aime enregistrer des morceaux lo-fi probablement dans sa chambre, et qui sonne exactement comme Elliott Smith. Les morceaux eux-mêmes y ressemblent parfois, mais pas seulement : les synthés de l’intro de We Lied font quasi new wave alors que d’autres morceaux plus charnus peuvent faire penser à un autre artiste aux débuts solo lo-fi et un nom en Nothing… Fergus Miller a le droit d’avoir son propre nom, ceci dit : sa musique parle d’elle-même.

ChumpedTeenage Retirement. Pop-punk énergique terriblement fun, comme un Johnny Foreigner plus direct et rapide. Les influences semblent évidentes, mais l’album est tellement bon (de bout en bout!) qu’on s’en fiche complètement.

Détroit La Cigale. L’album live à chaque tournée, tradition française à laquelle ne coupe pas Détroit, à savoir Bertrand Cantat, Pascal Humbert et une série de musiciens de tournée. La setlist reprend presque tout l’album ainsi que des greatest hits de Noir Désir, mais ne parvient pas, du moins sur disque, à captiver ni même à émouvoir. Cantat fait beaucoup d’efforts, notamment en allongeant certains morceaux, mais cela dessert plutôt l’album, qui manque très étrangement d’intensité.

Ex-Hex – Rips. C’est le nouveau projet de Mary Timony, qui avait déjà donné ce nom à un album solo. Ici, elle continue ce qu’elle faisait chez les regrettés Wild Flag, à savoir du punk rock poppy et mélodique, avec des acrobaties guitaristiques bien senties. On appréciera beaucoup les harmonies girl band (How You Got That Girl), et même si l’album n’est pas très varié, ce qu’il fait est excellent.

Foo FightersSonic Highways. La critique fut rude pour le dernier album des FF, qui ont certainement visé beaucoup plus haut que leur talent. L’album est peut-être bien leur moins bon, se traînant systématiquement en longueur sans raison valable, et pâtissant de paroles tellement littéralement inspirées de l’expérience vécue par Dave Grohl (8 morceaux partiellement écrits et enregistrés dans 8 studios différents) qu’elles en sont ridicules. Mais la série TV est passionnante si l’histoire du rock vous intéresse, ce qui est probablement le cas.

GirlpoolGirlpool. Quinze minutes de pop-punk féministe détonnant et explosif.

Iceage Plowing Through the Fields of Love. Toujours aussi mystérieux et captivants, les (plus aussi) jeunes danois augmentent leur palette sonore mais les nouveaux instruments prennent une couleur malsaine et inquiétante, ce qui est exactement l’impression que l’on a du frontman Elias Bender Ronnenfelt, 2/3 rock star auto-destructrice, 1/3 Pete Doherty.

Alain Johannes – Fragments and Wholes Vol 1. Multi-instrumentaliste au CV équivalent à l’ego la bonne volonté de Dave Grohl, Johannes nous présente son second album (qui sera apparemment bientôt suivi d’un second volume) plus varié que Spark, mais tout aussi excellent. On comprend aisément l’influence énorme qu’il aura eu (et a toujours) sur, par exemple, Queens of the Stone Age : penser le contraire serait une hérésie. Les morceaux sont directs, sans perdre de temps sur des arrangements artificiels (oui, je pense encore à Sonic Highways), et quand il rappelle le génie maudit d’Elliott Smith (Pebble Tears), on fond.

Mark Lanegan BandPhantom Radio. Après avoir surtout aidé les autres (Soulsavers, Isobel Campbell, Queens of the Stone Age), Lanegan pense plutôt à lui ses dernières années : Phantom Radio est son troisième album en trois ans. Et même s’il ne fera pas beaucoup pour confirmer sa légende, il reste éminemment écoutable, grâce à la voix de Dark Mark, forcément, mais aussi à la multi-instrumentation d’Alain Johannes, qui joue de 23 instruments différents sur l’album, si Wikipedia dit vrai. Mais j’ai quand même préféré son album à lui.

Johnny Marr – Playland. Il est lancé, Johnny, à peine un an après son premier (enfin, plus ou moins) album solo, voici déjà un second. Et bien que l’intention est louable et que Johnny me semble toujours sympathique, Playland est juste un album compétent, avec quelques bons morceaux mais rien de bien transcendant, la faute notamment à une voix trop passe-partout.

MogwaiMusic Industry 3 Fitness Industry 1. Comme de coutume avec les Ecossais, un EP suit la sortie d’un album, cette fois l’excellent Rave Tapes. L’EP est un paquet surprise de remixes, de morceaux sans doute pas assez intéressants pour se retrouver sur l’album et de Teenage Exorcists, morceau totalement atypique avec chanteur et refrains limites pop. Mais ce qui est dingue, c’est que même si c’est le truc le plus pop jamais fait par Mogwai, c’est excellent.

Thurston MooreThe Best Day. Toujours pas de nouvelles concernant un éventuel retour de Sonic Youth, mais ce ne semble pas concerner Thurston Moore, même si c’est sa vie privée qui mit un terme (momentané?) au groupe alternatif le plus important de tous les temps (selon l’orthodoxie). Après Chelsea Light Moving, c’est maintenant un album solo relativement direct que sort Moore. Enfin, par direct, je veux dire que les morceaux semblent avoir des couplets et des refrains, c’est juste qu’ils ont des sortes de solo de guitare dissonants et infinis, seul le bien nommé Detonation ne semble pas s’éterniser. L’appréciation de l’album dépendra donc fort logiquement de celle que l’auditeur a de Thurston lui-même.

Ariel Pink Pom Pom. Je me suis lancé dans l’écoute de cet album avec un esprit certes ouvert, mais quand même influencé par les conneries qu’Ariel Pink peut raconter en interview. Mais il faut bien avouer qu’il connaît son chemin autour d’un morceau, et son talent de composition et d’arrangement est proche du génie. Génie cinglé, qui devrait la fermer plus souvent qu’à son tour, et écouter les gens qui lui ont sans doute dit que son album est 30 bonnes minutes trop long, mais génie quand même. Un peu comme Kanye…

Rancid – Honor Is All We Know. Oui, on sait exactement ce qu’on va avoir, mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. S’ouvrant par la déclaration d’intention Back Where I Belong, le huitième album de Rancid est un album de ska/punk classique, c’est tout, c’est un peu limité mais c’est bien quand même.

Damien RiceMy Favourite Faded Fantasy. Huit ans après le magnifique 9, le triste troubadour irlandais revient avec un album, disons, magnifique et triste. Toujours au fil du rasoir, sa voix tient à peine sur une instrumentation aux multiples textures, même si le style de production de Rick Rubin menace parfois de tout écraser et y arrive d’ailleurs à certains moments, malheureusement. Les morceaux sont étonnamment longs : quatre morceaux (sur huit) font plus de six minutes et deux dépassent les huit, mais Rick et Damien arrivent à mettre tellement de passion (et d‘instruments divers et variés) qu’on ne peut pas s’ennuyer, si l’on a un coeur, du moins. Damien Rice a réussi à démontrer que la vie était absurde et l’amour toujours douloureux. Une fois de plus.

Savages et Bo NingenWords To The Blind. Elles ne se la jouent pas faciles, les 4 Savages. Après un premier album encensé (fort justement) par la critique, elles appuyent leur côté arty avec cette collaboration avec les expérimentalistes japonais Bo Ningen. Les 37 minutes commencent par des poèmes murmurés en japonais et français, et progressivement la tension augmente, pendant que les musiciens semblent jouer sept morceaux différents en même temps. Et c’est après une bonne dizaine de minutes hésitantes que le chaos s’installe, dirigé de main de maître par Fay Milton à la batterie. Le morceau ne se calmera jamais vraiment, Jehnny Beth arrivera un peu à chanter vers la fin. Etrangement pour un project censé être intense, on n’est jamais vraiment captivé, ni dérangé par une expérience free-form assez classique, finalement.

The Smashing Pumpkins – Monuments to an Elegy. Corgan raconte toujours autant de conneries en interview, est encore bien facile à gérer (il ne reste maintenant plus que Jeff Schroeder avec lui, la batterie a été prise en charge sur l’album par Tommy Lee) mais il semble avoir compris qu’il devait faire plus simple musicalement. Monuments est ainsi l’album de Corgan le plus facile à écouter depuis bien longtemps, neuf morceaux dépassant rarement les 4 minutes et, sauf exceptions, basés sur une structure classique guitare/section rythmique. Maintenant, il est probable que Corgan retournera à ses passions prog-rock sur son prochain album, prévu en 2015, mais en attendant, il fait mieux que rappeler les gloires passées.

2:54 – The Other I. Évolution plutôt que révolution pour les deux soeurs Thurlow, version real life de déesses goth sortant tout droit de The Wicked and The Divine. Moins dark wave et plus à l’aise, les compos sont toujours poignantes et intimes, avec de jolies lignes de guitare et une batterie très sèche. Point positif important, il est consistant de bout en bout et conçu comme un vrai album, avec deux faces et tout et tout.

TV On The Radio – Seeds. TVOTR est probablement maintenant le plus gros vrai groupe indé du monde, depuis que The National remplit l’O2 de Londres et qu’Arcade Fire est… ce qu’Arcade Fire est maintenant. Mais c’est mérité, même si on pourra les qualifier de groupe de producteurs (le CV de Dave Sitek va bientôt rivaliser celui de Pharrell), TVOTR a probablement réalisé le meilleur album indé-post-pop-machin de l’année, avec carrément de la disto guitare comme on faisait avant, et un Lazerray qui va faire découvrir les Ramones à quelques barbus aux grosses lunettes. Careful You est un des meilleurs morceaux de 2014.

U2 – Songs of Innocence. On va tenter de passer outre la grandiose stupidité de la distribution de l’album pour se concentrer sur le contenu. Mais ce n’est pas gagné : la pub Apple le single The Miracle (of Joey Ramone) est l’antithèse exacte de ce que Joey représente toujours, et la collection de ballades qui suit est aussi passionnante qu’un album de Coldplay sans les éventuels moments de brillance momentanée. On peut difficilement reprocher à un groupe approchant les 40 ans d’existence de manquer d’inspiration, ou à Bono d’avoir perdu une bonne partie d’émotion dans sa voix. Mais on peut par contre reprocher à U2 leur volonté têtue de nous imposer le contraire, contre tout évidence.

WeezerEverything Will Be Alright In The End. Ce que Weezer a du se taper à chaque sortie d’album depuis plus de dix ans est terriblement injuste : la barre était placée tellement haute par l’album bleu et Pinkerton que même de bons disques comme Maladroit ou l’album vert ont été injustement démolis. Bon, évidemment, la suite était moins glorieuse, mais à part l’infâme Raditude, chaque Weezer avait quelques morceaux sympas dessus. Rien de tout cela ici : on a peut-être bien vraiment (vraiment) le meilleur Weezer depuis Pinkerton. Pas qu’il soit parfait, aussi amusant soit-il, Back to the Shack est irritant, par exemple. Mais je n’y croyais pas : non seulement Weezer sort un album excellent, mais le morceau co-écrit par Justin Hawkins est tout à faire appréciable.

The World Is A Beautiful Place And I’m No Longer Afraid To Die – Between Bodies. Le nouvel album est une collaboration avec l’artiste spoken world Christopher Zizzamia, les rendant encore plus proches de Touché Amoré (en nettement moins violent) ou La Dispute (en moins poignant). Il me semble, mais ce n’est que mon avis, qu’ils ont un peu perdu de leur puissance en chemin, le long de ces 28 minutes liées thématiquement.

Compiles et ressorties


David Bowie
Nothing Has Changed. Quelques mois après son retour très réussi, Bowie sort sa compilation la plus complète, ou plutôt ses compilations : trois versions différentes avec tracklist et pochettes variées. On s’intéressera à la version la plus longue, sur trois CD. Le premier commence par l’inédit Sue, revisite les meilleurs moments de The Next Day et choisit soigneusement les perles des quinze dernières années de l’artiste, notamment ses collaborations avec les Pet Shop Boys (Hallo Spaceboy) ou Nine Inch Nails (I’m Afraid of Americans) tout en incluant des extraits de son album « perdu » Toy. Le second disque s’attaque à sa période de gros succès commercial (Let’s Dance, China Girl, Under Pressure, « Heroes ») alors que le troisième tape dans le mille à chaque fois, avec des morceaux fondateurs comme The Jean Genie, Moonage Daydream, Life on Mars?, Space Oddity ou encore Changes). Faisant son boulot jusqu’au bout, il comprend aussi des vieux machins comme In the Heat of the Morning (repris par The Last Shadow Puppets, ils fichent quoi, eux?) ou son premier single Liza Jane, crédité à Davie Jones and the King Bees. Un résumé efficace mais pas sans failles (il est où, Suffragette City?) de quelqu’un qui est probablement le plus important artiste solo de l’histoire du rock.

dEUS – Selected Songs 1994-2014. Autre compile saisonnière, voici trente morceaux extraits de tous les albums de dEUS tant singles que deep cuts. Comme toujours, on pourra pinailler sur l’absence de certains morceaux (Put the Freaks Up Front, Sister Dew pour ne parler que de The Ideal Crash) mais comme intro à un groupe complexe et en flux constant depuis vingt ans, il y a bien pire.

FugaziFirst Demo. Une page d’histoire redécouverte chez Dischord Records et un rappel plein d’espoir : Fugazi n’a jamais annoncé sa séparation.

Manic Street Preachers – The Holy Bible 20. Money money money, mais c’est toujours bien chouette d’avoir toutes les faces B au même endroit, de profiter de morceaux live de l’époque et de maintenant, ainsi que d’avoir un remaster de la version originale et du fameux mix US de Tom Lord-Alge, qui a les préférences du groupe. Mais évidemment, l’album en lui-même est un des tout grands chefs d’oeuvre du vingtième siècle.

PixiesDoolittle 25. Money money money, mais c’est toujours bien chouette d’avoir toutes les faces B au même endroit, de profiter des Peel Sessions (dont certains inédits) et de découvrir une partie du processus créatif avec des démos parfois assez différentes du résultat final. Mais évidemment, l’album en lui-même est un des tout grands chefs d’oeuvre du vingtième siècle.

SoundgardenEcho of Miles : Scattered Tracks Across the Path. Depuis les premières mentions de la sortie d’une compile de raretés de Soundgarden, ils se sont reformés, sont partis en tournée, ont sorti un best of, un album studio et ont ressorti leur album phare Superunknown. Maintenant elle peut enfin sortir, et l’attente valait la peine : trois cd remplis de faces B, de reprises et de bizarreries diverses et variées, dont des vraies nouveautés.

Il y avait aussi des albums pour Neil Young et Pink Floyd, mais un manque de temps (et d’envie, surtout) m’a empêché de les écouter. Neil Young fait encore plus ou moins tout et son contraire : après A Letter Home enregistré avec des moyens des années 40,  Storytone sort en version orchestrale et solo acoustique. Quant à Pink Floyd (The Endless River) ils ne m’ont jamais trop intéressé, même quand Roger était encore là, même quand Syd était encore là, finalement. Alors, maintenant… Dites-moi quand même si j’ai tort.

(oui, j’ai oublié Parquet Courts/Parkay Quarts).

Playlist Spotify avec extraits de ces albums + d’albums à venir (Sleater-Kinney!), on se revoit dans quelques jours pour mon top 2015 (quand 2014 sera fini, on ne sait jamais.)

Juillet / Août 2014

Avec un retard malheureusement habituel encore plus important, voici ma sélection d’albums sortis en juillet et août 2014, période traditionnellement creuse en matière de sorties, même si on est maintenant dans une période ou tout peut arriver plus ou moins n’importe quand à ce niveau-là. Pas de complications artistiques en ce qui concerne mon texte, juste mon album du mois et une liste commentée alphabétisée de ce qui a attiré mon attention pendant ces deux mois.

Ty Segall Manipulator

Ty SegallManipulator. Que dire de plus sur Ty Segall? Ce type est tellement génial que son bassiste est lui-même un auteur/guitariste fantastique. Et même si tous ses albums précédents valent le déplacement, Manipulator est peut-être son meilleur. C’est en tout cas son album le plus construit, le plus travaillé. Attention, on est ici bien loin de la surproduction, mais Segall a apporté un peu plus de soin au produit fini qui est quand même son septième album depuis 2008 et compte 17 morceaux en une petite heure : il reste très, très prolifique et passe d’un genre à l’autre, tout en étant, finalement, toujours dans son propre genre.

Biffy ClyroSimilarities. C’est maintenant une tradition pour le trio écossais, après chaque album sortent les faces B associées, compilées sur un album au titre évocateur (l’album s’appelant Opposites). Ceux dont la direction mainstream prise par Biffy voici déjà quelques années rebutent ne trouveront pas spécialement leur bonheur ici, on ne peut pas vraiment parler de grande différence musicale. Maintenant, la quasi absence d’intérêt commercial leur ont peut-être permis de lâcher prise sur des morceaux moins contrôlés et assez solides.

DZ DeathraysBlack Rat. On risque de se demander à quoi ils servent, maintenant que Death From Above 1979 est de retour parmi les vivants, mais en attendant, on profite de cet album plus mélodique et un peu moins in your face que le précédent (comme le DFA, en somme).

Earthless & Heavy Blanket – In A Dutch Haze. Attention ovni. Earthless prête sa section rythmique epoustouflante (Mike Eginton et Mario Rubalcaba) aux deux guitaristes de Heavy Blanket (Graham Clise et un certain Joseph Mascis) le temps d’un concert unique aux Pays-Bas. En découle cet album instrumental d’une heure, sans aucune pause mais sans une seule seconde d’ennui. Les musiciens jouent ensemble avec une précision phénoménale, Rubalcaba créant un canevas infini sur lequel Mascis peut poser sa créativité débordante.

FKA twigs – LP1 J’ai une grosse impression qu’on veut rejouer la hype (méritée, pour moi) autour de The XX avec cette altpop contemporaine chuchotée et hyperproduite. Très bien produite, cependant, et la voix de Tahliah Barnett est carrément surnaturelle. Cela me semble fort léger, mais bon, c’est sans doute moi.

The Gaslight AnthemGet Hurt. Ce n’est pas la première fois que j’émets des doutes sur ces braves gens, mais là, ça commence à bien faire. Ce qui devait être leur No Code (selon eux) est en fait un album plat et transparent.

The Icarus LineAvowed Slavery. Slave Vows était un album remarquable de 2013, et les inédits compilés ici (c’est le mois de compiles d’outtakes avec jeu de mot dans le titre) le sont aussi.

The Last InternationaleWe Will Reign. Histoire sympa que celle de ce duo engagé qui a tellement plu à Brad Wilk (Rage Against the Machine, Audioslave, Black Sabbath) qu’il a demandé de les rejoindre. Sa frappe monolithique est reconnaissable, mais le groupe est bon même sans lui. Malgré quelques morceaux musclés (Killing Fields, assez RATM), leur son est plutôt folky et très bien chanté. Merci Brad pour la découverte, et vive le communisme.

Manic Street Preachers – Futurology. Quand on est fan d’un groupe depuis longtemps, ce n’est pas toujours gloire et beauté. Au mieux, on est content qu’ils existent toujours et que leurs concerts, à défaut de leurs albums, soient toujours extraordinaires (Pearl Jam), au pire, on regarde ailleurs en étant vaguement gêné (je ne cite personne, mais fans de U2, je pense à vous). Les Manics, c’est autre chose. Chaque album aura été différent, pas nécessairement fantastique et parfois médiocre, mais on ne s’est jamais ennuyé. Et au fond, on espérait qu’un jour, le nouvel album ne serait pas juste « bon pour un vieux groupe » mais carrément excellent. Devinez quoi? C’est arrivé! Sans problème leur meilleur album depuis « longtemps » (je ne me mouille pas), Futurology chope des influences krautrock, synthrock européen, Simple Minds pré-succès pour un album cohérent, pas évident et passionnant de bout en bout. Les highlights sont nombreux, de l’évident single Walk Me To The Bridge à l’auto-caustique The Next Jet to Leave Moscow, en passant par l’exercice de style vocal à la Holy Bible Misguided Missile, deux instrumentaux menaçants et les collaborations de Georgia Ruth Williams, Green Gartside et Nina Hoss (le fantastique Europa Geht Durch Mich).

J Mascis – Tied To A Star. Suite logique de Several Shades of Why, Tied to a Star voit Mascis en mode détendu (enfin, en a-t-il jamais été autrement?), avec encore moins de guitare électrique et Cat Power qui vient chantonner sur l’oxymore sonore Wide Awake. C’est évidemment très beau, parce que c’est J Mascis.

Merchandise – At The End. Un peu comme The Men en plus intéressant, Merchandise continue sa métamorphose progressive. Ils ont commencé par balancer des albums en téléchargement gratuit, et maintenant ils sortent de vrais disques sur un vrai label qui se révèle être leur évidente maison : 4AD. Carson Cox ne sonne plus totalement comme Morrissey (même si, Looking Glass Waltz) mais la guitare rappelle tout de même souvent Johnny Marr. Mais depuis quand serait-ce une mauvaise chose? Intense et aérien, At The End sonne comme un album perdu dans une époque qui ne lui convient pas…

Morrissey – World Peace Is None Of My Business. Steven Patrick Morrissey… Celui qui annule des tournées plus vite qu’il ne critique la famile royale anglaise et qui a passé la moitié de son autobiographie à raconter en détails un procès insupportablement emmerdant a recommencé. Il avait l’habitude de blâmer les échecs commerciaux de ses différents albums, tant solo qu’avec The Smiths, sur le manque d’entrain de ses différents labels, et il vient donc de recommencer. Quelques semaines après sa sortie, il est effectivement impossible d’acheter World Peace en digital, ou de le streamer : Morrissey a interdit son désormais ex-label de le faire. Ce qui est dommage, parce que l’album, très Morrissey niveau paroles, est varié, intelligent, touchant et toujours très bien chanté, même si évidemment assez prétentieux et parfois inutilement long. Il faudrait quand même qu’il touche terre un de ces jours, mais est-ce qu’il serait encore alors Morrissey?

The New PornographersBrill Bruisers. Après les excellents albums des membres Dan Bejar (Destroyer), et Neko Case, le « supergroupe » emmené par AC Newman repart pour un bien joli album d’indie pop expansive et très variée, notamment grâce à ses différents vocalistes. Les trois morceaux (dont un ancien) de Bejar donnent vraiment envie à d’un nouveau Destroyer.

PennywiseYesterdays. Jim Lindberg est revenu au bercail, et Pennywise en profite pour sortir un album de morceaux écrits en 1989. On sait exactement ce qu’on va avoir sur l’album, et on l’a.

The Raveonettes – Pe’ahi. Même si le duo danois exilé depuis longtemps aux USA écrit toujours des pop songs 60s dans un emballage shoegaze, ils ont produit et sorti leur album seuls, en total contrôle. Plus varié en terme d’instrumentation, l’album est aussi un peu moins tendu, même si les thèmes abordés sont toujours fort personnels et parfois violents. Probablement leur meilleur album depuis Lust Lust Lust, et cette fois, c’est vrai.

The Rentals – Lost in Alphaville.  Lorsque Matt Sharp a quitté Weezer peu après Pinkerton, ce fut fatal pour le groupe, qui s’est séparé immédiatement (ben quoi?). Heureusement, Sharp a continué son projet The Rentals, en changeant régulièrement de musiciens au fil des années. C’est notamment avec l’ami de Jack White Patrick Carney qu’il se rappelle à notre bon souvenir avec cet excellent album de pépites pop parfaites.

Rise Against – The Black Market. Produit comme le dernier Alkaline Trio par Bill Stevenson, l’album (déjà leur neuvième) est percutant, puissant notamment grâce à la voix de Tim McIllrath. Excellent punk mélodique moderne, pour mettre des étiquettes.

The Wytches – Annabel Dream Reader On recommence encore, une fois de plus, à parler de l’avenir du rock, qui est soit en résurrection (si l’on en croit le succès de Royal Blood) soit mort (si l’on écoute les conneries du cadavre vaguement animé Gene Simmons). The Wytches tentent de donner raison à la première possibilité, et pour ce faire, ils adaptent le punk crampsien des excellents 80s Matchbox B-Line Disaster avec le second album d’Arctic Monkeys, en passant par Jack White et des guitares surf. Quand c’est bordélique, c’est assez chouette (Burn Out the Bruise).

“Weird Al » Yankovic – Mandatory Fun. Le marketing énorme autour de l’album (une semaine avec une nouvelle vidéo chaque jour) a permis à ce bon vieux Al d’enfin atteindre la première place du classement Billboard US. Je suis bien content pour lui, surtout qu’il est toujours aussi marrant dans ses parodies toujours très zeitgeist : Fancy devient Handy (les talents d’Al le bricoleur), Royals Foil (les divers usages du papier alu) ou Blurred Lines Word Crimes (la grammaire défaillante des internautes contemporains). Mais c’est surtout dans les pastiches que Yankovic excelle : ceux des Foo Fighters (avec plein de pré-refrains) et de Pixies (avec les backing vox de Kim Deal, cette fois par Amanda Palmer) sont absolument parfaits. Maintenant, pas certain qu’on va l’écouter plus d’une fois.

C’est fini pour ce mois-ci, ou pour les deux derniers mois en fait. J’essaie de faire un plus plus rapide pour un mois de septembre bien intéressant aussi, mais c’est comme ça chaque mois, maintenant. Playlist avec un peu de (presque) tout, et même encore plus.

Enjoy!

Top 100 Albums 2013

Comme d’habitude, il y a certainement eu des oublis, des albums qui sont placés plus haut ou plus bas qu’ils ne devraient, mais j’avoue ne pas avoir accordé énormément d’attention à la précision du classement, le 91e pourrait être 23e et ainsi de suite. Une fois de plus, ce ne sont que mes albums préférés. Il y a beaucoup de listes comme celle-ci, mais celle-ci est la mienne.

La playlist Spotify reprenant un morceau de chaque album est à la fin (écoutez-la en lecture aléatoire, please), et n’hésitez pas non plus à aller écouter celle de MDEIMC, reprenant ses morceaux préférés de l’année, il n’y a rien à jeter. Let’s go.

100 Haust – No. Punk hargneux norvégien à riffs rendu amusant par mes recherches menant à www.haust.no.
99 Jagwar Ma – Howlin. Si les Stone Roses ne sortent jamais de troisième album, c’est leur faute.
98 Eisley – Currents. La famille DuPree switche (parfois) les guitares pour des rythmes plus dansants, tout en conservant les plus belles harmonies que vous entendrez cette année (Haim qui?)
97 Splashh – Comfort. Dans ce classement, il y aura quelques groupes qui auraient vraiment bien aimé qu’on soit en 1993 et pas en 2013 et qui ont un autel avec des photos de Kevin Shields et de J Mascis dessus. Voici le premier. Désolé (pas désolé, en fait) mais c’est mon classement.
96 Johnny Marr – The Messenger. Parce que c’est Johnny Fuckin Marr, c’est tout.
95 The History of Apple Pie – Out of View. Shoegaze pop adorable, juste arrivé quelques années trop tard pour Lost in Translation.
94 Bass Drum of Death. Guitare, batterie, garage.
93 Phoenix – Entertainment. Merci Daft Punk d’avoir sorti l’album la même année…
92 Public Service Broadcasting – Inform Entertain Educate. Curieux, intéressant, fascinant même si probablement éphémère. Ils me rappellent un peu The Avalanches en moins cinglé. C’est quand vous voulez, au fait, The Avalanches.
91 Camera Obscura – Desire Lines. Toujours là quand on en a besoin, toujours excellent.
90 I Is Another – I Is Another. Premier album/EP du duo Ian Love/Jonah Matranga, criminellement trop court.
89 Paul McCartney – New. On parle du retour de Bowie, mais New est le meilleur album de Macca depuis bien longtemps.
88 Touché Amoré – Is Survived By. Oui, c’est plus mélodique et moins intense qu’avant. Mais c’était le seul moyen.
87 Bad Religion – True North. Un des meilleurs albums de Bad Religion, et c’est le seizième. Si on me demandait par quoi commencer BR, je dirais True North.
86 Front Bottoms – Talon of the Hawk. Comme MDEIMC l’explique très bien, duo folk-dance-pop-punk, ce qui sonne bien mieux qu’il n’y paraît.
85 Potty Mouth – Hell Bent. Post-Riot Grrrl punk rock comme on n’en faisait plus. Cool.
84 Tegan & Sara – Heartthrob. Les sœurs Quin expérimentent avec des sonorités plus modernes sans sombrer dans la dance pop FM.
83 Milk Music – Cruising Your Illusion. Le successeur de l’incendiaire EP Beyond Living ne pouvait être qu’un ton en dessous, mais ce n’est quand même pas mal du tout, juste plus Neil Young que J Mascis.
82 Rival Schools – Found. Après avoir de nouveau perdu Ian Love, un des seize groupes de Walter Schreifels retrouve son fameux second album « perdu » et lui offre une véritable sortie.
81 California X. J’ai déjà parlé de J Mascis?
80 Purling Hiss – Water on Mars. Maintenant, on peut enfin parler de descendants de Nirvana plutôt que d’imitateurs. Parfait exemple de fuzz pop homogène.
79 Deap Vally – Sistrionix. White Stripes féministes revendicatrices, moins homogènes mais avec 100% de déclarations stupides en moins.
78 Mudhoney – Vanishing Point. Mudhoney = Sub Pop. Et avec eux, un album qui personnifie parfaitement ce qu’a toujours été Mudhoney. Pas leur plus expérimental, mais pas leur moins bon non plus.
77 Suede – Bloodsports. Des groupes qui se reforment et sortent un nouvel album, ce n’est pas si fréquent. Quand l’album en question soutient la comparaison avec le reste de leur discographie, c’est encore plus rare et mérite d’être souligné.
76 Drenge. J’imagine qu’on doit dire que c’est une sorte d’équivalent anglais des Black Keys, mais ça serait assez stupide, Drenge semble vraiment aimer leur musique pour ce qu’elle est.
75 Hunx and His Punx – Street Punk. Fun + punk + revendications sociales. What’s not to like?
74 Babyshambles – Sequel to the Prequel. Alors qu’on l’avait totalement oublié, Pete Doherty sort le meilleur album de Babyshambles et probablement son album le plus concentré. Pendant ce temps, il est où Carl? Il attend le coup de fil?
73 The Knife – Shaking the Habitual. Leur spectacle (plutôt que concert) aura bien fait parler de lui cette année, mais l’album qui l’accompagne n’est pas mal du tout, juste beaucoup trop long et trop bizarre. Mais est-ce que c’est vraiment une mauvaise chose?
72 Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest. Détenteur du titre de buzz marketing de l’année jusqu’à Reflektor. Un album dense, riche, cinématique.
71 City and Colour – The Hurry and the Harm. Dallas Green, mélancolique à souhait. C’est beau, c’est triste, c’est nécessaire.
70 Jimmy Eat World – Damage. Finalement, ce n’est pas une mauvaise chose que Jimmy Eat World n’a jamais connu un énorme succès commercial : ils sont toujours excellents.
69 White Denim – Corsicana Lemonade. Rencontre du rock psyché 60s et du math rock, avec une touche de classic et southern.
68 Joanna Gruesome – Weird Sister. À cause de Google, il faut trouver des noms de groupe aussi percutants/pourris que possible. On en a un quelques uns cette année, mais aucun aussi amusant que ce combo gallois indie-punk éclectique. Et ça marche.
67 Pearl Jam – Lightning Bolt. Toujours capables de remplir des salles n’importe où en Europe en un clin d’œil, Pearl Jam sort son dixième album qui a l’infinie vertu d’être bien meilleur que le précédent.
66 David Bowie – The Next Day. L’immense buzz autour de sa sortie a probablement troublé la relative objectivité du jugement, mais The Next Day est quand même le meilleur Bowie depuis un certain temps.
65 Nine Inch Nails – Hesitation Marks. L’album le plus inégal de l’année?
64 Chelsea Light Moving. La meilleure manière de ne pas regretter Sonic Youth (voir aussi Body/Head).
63 Bleached – Ride Your Heart. Fuzzpop indé, deux soeurs, Haim qui?
62 Yo La Tengo – Fade. 45 minutes d’indiepop (trop) parfaite.
61 Yuck – Glow and Behold. Loin de couler le groupe, le départ du frontman Daniel Blumberg a modifié leur modus operandi en gagnant en textures ce qu’ils ont perdu en énergie.
60 Bored Nothing – Bored Nothing. Délicatesse indé, quelque part entre Pavement et Elliott Smith.
59 Palms – Palms. Isis + Deftones. Exactement.
58 Franz Ferdinand – Right Thoughts Right Words Right Action. Tentative relativement maladroite de se souvenir du premier album, mais avec des moments de brillance.
57 Diarrhea Planet – Rich Beyond Your Wildest Dreams. Folie furieuse avec plein de guitares.
56 The Men – New Moon. Chaque année, un nouvel album de The Men, et dans un autre style. Ici, les chansons de feu de camp et le rock n’ roll Springsteenesque. Je comprends rien à ces gens, mais ils sont forts, très forts.
55 The Strokes – Comedown Machine. Zéro promo pour un album que je n’attendais pas mais qui se révèle être bien plus intéressant qu’Angles. Le meilleur album sur lequel Casablancas a chanté cette année.
54 Daughter – If You Leave. Indiepop délicalement triste, tristement délicate, qui ne pouvait provenir que de chez 4AD.
53 Smith Westerns – Soft Will. Encore beaucoup de délicatesse pour un bel album. Le genre de groupe que l’on garde secret, rien que pour soi.
52 Wavves – Afraid of Heights. Il porte bien son titre, cet album.
51 Aye Nako – Unleash Yourself. Kathleen Hanna est responsable d’une certaine partie de ce top 100, et c’est pas fini (tip pour 2014 : Perfect Pussy). Punk rock 4 ever, etc
50 Sigur Rós – Kveikur. Apparemment leur album rock. C’est un album de Sigur Rós.
49 Kylesa – Ultraviolet. Les puristes n’aiment pas que Kylesa semble devenir « mainstream » Les puristes sont cons.
48 Pity Sex – Feast of Love. Shoegazy indie punk. Oui, encore.
47 Neko Case – The Worse Things Get… Le titre est bien plus long que ça, Fiona Apple-style, mais il est surtout excellent, frôlant la perfection dans la case singer-songwriter accessible. Et quelle voix…
46 The Wonder Years – The Greatest Generation. Les Menzingers de cette année. Punk rock intelligent et intense.
45 Mazzy Star – Seasons of Your Day. Rien n’a changé pour Mazzy Star, malgré le temps qui a bien passé autour d’eux. Ce qui donne une raison de plus pour s’y replonger.
44 Chvrches – The Bones of What You Believe. Pop music incontournable dans mon utopie.
43 Eleonor Friedberger – Personal Record. Personnel, oui mais aussi heureusement accessible et très bien écrit. Dans l’utopie mentionnée juste au-dessus, When I Knew = Get Lucky.
42 Superchunk – I Hate Music. Ouais, et moi je déteste ces vieux groupes qui sortent des albums qui insultent leur histoire.
41 Grant Hart – The Argument. L' »autre » ex-Hüsker Dü. Et un album très dense, qui part dans tout les sens mais qui ne cesse jamais d’être brillant.
40 The Bronx – The Bronx (IV). Putain de punk rock.
39 Pissed Jeans – Honeys. Putain de punk rock, l’autre côté de la pièce.
38 Los Campesinos! – No Blues. Pas de blues, non, plutôt l’écrasement de ce qui sert de coeur, lentement, douloureusement, délicieusement.
37  Ty Segall – Sleeper. Son Sea Change. Tellement brillant qu’on le prend comme acquis.
36 Détroit – Horizons. Bertrand Cantat (Noir Désir) et Pascal Humbert (Sparklehorse) chantent la misère et un rayon de soleil éphémère.
35 Motörhead – Aftershock. Ceux qui disent que Motörhead fait toujours la même chose n’ont jamais écouté Motörhead. Ceux qui écoutent Motörhead savent, même si ça dépasse l’entendement, que leur vingt-et-unième album est un de leurs meilleurs.
34 Cheatahs – Extended Plays. Oui, techniquement c’est une compile de deux EPs. Mais l’album n’a quand même plus dix ans à vivre, alors, autant tout célébrer. Notamment une autre excellente tranche d’indie shoegaze machin.
33 Merchandise – Totale Nite. D’ailleurs, en parlant de formats, on fait quoi de ça? 5 morceaux, mais une durée d’album (court, certes).  Un des espoirs de 2013 qui a choisi la voie très difficile, avec brio et suicide commercial.
32 Alkaline Trio – My Shame is True. Don’t call it a comeback, they’ve been there for years. Mais ça faisait longtemps quand même, un tel album.
31 Future of the Left – How to Stop Your Brain in an Accident. leur meilleur album à ce jour, et ça veut dire quelque chose.
30 These New Puritans – Field of Reeds. En fait l’album est bien meilleur que ça, mais je n’aime pas danser, encore moins sur de l’architecture.
29 Swearin’ – Surfing Strange. Altpunk, lofi, pédale fuzz, fille qui chante. Comme 20% de ce top 200, c’est chouette 🙂
28 Kurt Vile – Wakin on a Pretty Daze. Ou l’esthétique slacker poussé à son paroxysme, il n’a pas pensé à couper certains morceaux en deux ou en trois. C’est pas grave.
27 Best Coast – Fade Away. Grosse surprise pour moi, je ne m’y attendais pas mais Bethany et le type barbu ont sorti leur meilleur disque à ce jour. Techniquement un EP, mais voilà. Ma liste, etc.
26 Fuzz – Fuzz. Encore un petit tour pour Ty Segall, cette fois à la batterie. Plus stoner que grungy, toujours excellent.
25 Manic Street Preachers – Rewind the Film. Encore une grosse surprise, je n’écoute plus les Manics que par habitude, mais là ils sortent un album différent, roots sans être chiant, varié et plein d’espoir. Ils sortiraient un album post-punk en 2014, maintenant je les attends au tournant.
24 Janelle Monáe – The Electric Lady. Vous vous rappelez de l’utopie? Dedans, elle est Beyoncé.
23 FIDLAR – FIDLAR. Putain de punk rock.
22 Fuck Buttons – Slow Focus. Electro hautement imaginative et dérangeante.
21 Kanye West – Yeezus. Grosse prise de risque pour une superstar de ce calibre, inspiré autant par Death Grips (que j’ai honteusement oublié dans ce top 100) que par son invraisemblable mégalomanie. Mais l’album est complètement pourri par une misogynie crasse et inexcusable.
20 The Icarus Line – Slave Vows.  Post-hardcore et proto-punk, en même temps.
19 Iceage – You’re Nothing. Post-punk à couper au couteau, augmenté en cours d’année par un 7″ et le bouleversant projet parallèle Vär (un autre oubli)
18 The Julie Ruin – Run Fast. Kathleen Hanna reprend son alias, en fait un vrai groupe, ressort les guitares, garde les claviers, et rend heureux.
17 Speedy Ortiz – Major Arcana. La chanteuse Sadie Dupuis faisait partie d’un cover band de Pavement qui s’appelait Babement. Rien que pour ça, il faut écouter cet album.
16 The Thermals – Desperate Ground. Assaut punk rock direct, rageux et inspiré.
15 Surfer Blood – Pythons. Et dire qu’un jour, c’était la place de Weezer.
14 Waxahatchee – Cerulean Salt. Personnel, authentique, touchant et excellent, Katie Crutchfield oscille entre alt folk et fuzz rock pour faire vibrer tout ce qui peut encore vibrer. Elliott Smith n’est jamais très loin.
13 Nick Cave and The Bad Seeds – Push the Sky Away. Nick Cave me fait toujours peur, mais quel talent. Carrément un de ses tout meilleurs albums.
12 Thee Oh Sees – Floating Coffin. Punk, garage, psyché, etc etc. Rock.
11 The National – Trouble Will Find Me. Joie et bonne humeur toujours au rendez-vous, mais qu’est-ce que c’est beau.

10 Parquet Courts – Light Up Gold. Je ne sais pas si le comeback de Pavement en 2010 a eu une quelconque influence sur Parquet Courts, mais s’ils ont un descendant direct, ce sont eux.

09 Queens of the Stone Age – … Like Clockwork. Très injustement critiqué pour des raisons stupides (trop de « ballades », des guests invisibles, le Josh Homme show), … Like Clockwork est effectivement bien différent que, oh, Songs for the Deaf, mais si vous n’avez pas changé en dix ans, c’est votre problème, pas le leur.

08 Mikal Cronin – MKII. Autrefois connu comme bassiste du Ty Segall band, il devrait sortir de cette (fantastique) ombre grâce à un talent d’auteur/compositeur/multi-instrumentiste hors du commun.

07 Savages – Silence Yourself. Sérieux à faire passer The National pour Me First and the Gimme Gimmes, Savages allie intensité glaciale, rythmes no-wave et agenda socio-politique chargé.

06 Deafheaven – Sunbather. Un album post-genre, qui ne cherche pas la comparaison, et pour cause : une telle union de puissance sonore et mélodique n’a que rarement été produite auparavant.

05 John Grant – Pale Green Ghost. Des histoires sordides, glauques et autobiographiques qui initient l’ère du songwriter contemporain, qui utilise les outils électroniques avec la même évidence que la guitare acoustique. Et une voix extraordinaire.

04 My Bloody Valentine – mbv. La couleur de la pochette était un indice : Kevin Shields est le Docteur, voyage dans le temps et va chercher des sons du futur pour les mélanger avec ceux de son glorieux passé. Ce qui explique pourquoi il a fallu 22 ans pour que l’album sorte : pour Shields, seulement quelques mois se sont écoulés.

Reflektor

03 Arctic Monkeys – AM. Cinq albums, cinq réussites majeures. Celui-ci est plus introverti, plus contrôlé et sans la moindre seconde superflue.

02 Vampire Weekend – Modern Vampires of the City. On l’espérait plus ou moins secrètement et on l’a eu. Un album d’un grand raffinement et d’une extrême intelligence mélodique de la part du groupe indé le plus important au monde.

01 Arcade Fire – Reflektor. Parce qu’il est difficile de vraiment parler d’indé en ce qui concerne Arcade Fire, qui pourrait atteindre un jour le niveau de popularité U2. En attendant, profitons-en : dans ses excès de longueur et de densité, Reflektor est un album magique, presque sans temps mort, qui justifie à lui seul le concept d’album qui semblait voué à disparaître.


Playlist
Spotify de 93 morceaux / 6 heures ci-dessous, mode aléatoire très fortement recommandé. À l’année prochaine!

Septembre 2013

Comme chaque année, des tonnes de sorties en cette rentrée scolaire et musicale. On ne traîne donc pas.

Arctic Monkeys - AMMon album du mois, et probablement de l’année à moins qu’Arcade Fire désamorce le piège du double album, c’est Arctic MonkeysAM. Je sais que je le fais à chaque fois, mais sincèrement, je le pense, et cette fois je ne suis pas le seul, compte tenu des reviews unanimement en faveur de leur cinquième album. Je ne sais pas si c’est leur meilleur, mais c’est en tout cas leur plus travaillé, leur plus précis et, avec Humbug, leur plus étonnant, mettant au point un son différent tout en étant toujours typiquement Monkeys, probablement la marque des grands.

Un son différent à chaque album, c’est aussi un trait quasi systématique des Manic Street Preachers. Rewind the Film ne comprend quasi pas de guitare électrique et semblait destiner à rejoindre Lifeblood sur le podium de leurs albums « mal compris », mais non : il est excellent, varié, très intelligent, quasi sans baisse de niveau et prouve qu’un « vieux » groupe peut encore étonner en innovant. Et ce n’est pas fini : le « post-punk » Futurology est censé sortir l’an prochain.

Je termine mon trio du mois avec Janelle Monáe, dont le second album The Electric Lady est une merveille d’inventivité, et, probablement, de génie. Elle passe d’un genre à l’autre avec une aisance remarquable, sans ennuyer ou se répéter une seconde. Incroyable.

Septembre a aussi vu le retour discographique semi-surprenant de Nine Inch Nails, qui s’est distingué cet été par son light show aussi spectaculaire que les sautes d’humeur de Trent Reznor. Hesitation Marks semblait être un retour aux sources pour NIN, c’est en fait un album différent des autres, une fois de plus. Sans doute l’album le plus synthétique de Reznor, il puise son inspiration un peu partout, dans les BO de films qu’il a récemment composé avec Atticus Ross, dans la synthpop des années 80 (l’invraisemblable Everything) ou la pop/RnB contemporaine (Satellite, All Time Low). La grande variété de l’album en empêche par définition sa cohérence : Hesitation Marks n’est pas un grand album de NIN, mais c’est un de mes préférés.

On avait laissé Kings of Leon en mauvaise posture, suite à un album simplement mauvais et quelques troubles personnels. Sans arriver au sommet des premiers albums, Mechanical Bull se défend très bien, et joue même parfois la carte de la relative variété, lorgnant du côté de Queens of the Stone Age (comme tout le monde) et de Sly and the Family Stone. Tout en usant et abusant du combo arpèges/pédales de délai, évidemment. Pete Doherty, quant à lui, est toujours en mauvaise posture, et c’est donc encore plus étonnant de remarquer que le troisième album de Babyshambles, Sequel to the Prequel, est bon et ordonné. Certes, Doherty n’est pas seul, mais c’est évidemment son esprit très libre qui plane au-dessus de douze morceaux passant du punk au dub en passant par deux ou trois compos qui auraient nettement plus marqué les esprits si l’autre guitariste était Carl Barât. Mais bon, ça aussi, c’est fini. Qu’importe, c’est sans doute leur meilleur album.

Chvrches, composé d’ex-Twilight Sad et Aereogramme ainsi que de l’excellente chanteuse Lauren Mayberry fait de l’électro accessible, jamais agressive, recherchée et intelligente. The Bones of What You Believe rappelle les meilleures heures de la new wave, passées sous un filtre indé. Toujours en Écosse, vous vous rappelez de Glasvegas? Il y a déjà six ans sortait leur premier album qui augurait d’un futur intéressant. Un second album en forme de suicide commercial plus tard, Glasvegas se retrouve sans label et auto-produit (maladroitement) un troisième album (Later… When the TV Turns to Static) qui est censé leur ressembler, jusqu’à l’accent à couper au couteau du chanteur James Allen. Il passera probablement inaperçu, mais il n’est pas dénué de qualités, même si la voix peut fatiguer bien vite. Encore dans la catégorie « vous vous souvenez de », MGMT. Un des plus gros suicides commerciaux de ces dernières années, Congratulations a totalement enterré l’immense succès d‘Oracular Spectacular, six pieds sous terre. MGMT tente de trouver une place entre les deux : on ne peut pas/veut pas/sait pas écrire des trucs catchy comme avant, mais on veut quand même que Pitchfork nous aime bien. Ce qui marche plus ou moins, parfois.

On a beaucoup parlé de London Grammar, à qui la presse a déjà donné le Mercury Prize de l’année prochaine. Leur album If You Wait est une sorte de mix entre The XX et Daughter, sublimé par la voix enfumée de Hannah Reid et est juste assez discret pour être très bien accueilli. En parlant de discrétion, Mazzy Star le fait toujours très bien. Le duo composé de Hope Sandoval et de David Roback a atteint un statut de groupe culte suite à leur long hiatus (17 ans!) maintenant terminé et leur fantastique Fade Into You, une des plus belles chansons des années 90. Seasons of Your Day se comporte comme si rien n’avait changé, la voix éthérée de Sandoval, une instrumentation simple et efficace, une production légère, et une musique qui a parfois tendance à se placer en fond sonore, comme si elle n’était pas vraiment là.

Le crew Odd Future/OFWGKTA a peut-être dépassé son quart d’heure de gloire, avec les récentes sorties en demi-teinte de Tyler, The Creator et Earl Sweatshirt. Le plus gros succès du groupe vient de Frank Ocean, qui s’en est relativement détaché, tout comme The Internet, composé de Matt Martians et du DJ attitré d’Odd Future, Syd tha Kyd. Et là, surprise : Syd sait chanter, et elle le fait même très bien. Feel Good n’est pas un album parfait et le groupe devrait encore s’améliorer, mais Dontcha est digne des meilleures productions laidback de Pharrell. Une bonne surprise.

Après quelques mois de retard et un paquet de singles, le premier album de Splashh peut enfin sortir, et est conforme aux attentes, un sympathique retour à l’indie rock des années 90, tant UK (My Bloody Valentine, Jesus & Mary Chain) que US (Pixies). Rien de nouveau, peut-être, mais la production psyché/garage à souhait empêche Comfort d’être bêtement considéré comme une copie carbone de ses glorieux prédécesseurs. S’ils se mettent à écrire des bonnes chansons mémorables, leur second album pourrait être énorme. The Strypes se sont fait connaître par leurs concerts énergiques, endiablés et anachroniques : ces très jeunes gamins jouent comme s’ils vivaient dans un univers parallèle où « RnB » n’a jamais changé de sens. Alors oui, c’est entraînant et paradoxalement original, le guitariste a un ratio âge/prouesses techniques impressionnant, mais les chansons sont évidemment très typées (notamment au niveau des paroles qui auraient déjà été ridicules en 1961), et l’album (Snapshot) souffre d’un évident manque de variété. Ce qui s’est passé avec Yuck est assez étrange : le frontman Daniel Blumberg est parti, et le guitariste Max Bloom l’a remplacé au chant. En résulte un second album (Glow and Behold) moins percutant mais tout aussi appréciable, rappelant plutôt le shoegaze que le proto-grunge, pour ceux qui aiment bien les bêtes étiquettes. Mais on dirait vraiment un autre groupe. Joanna Gruesome rejoint Yuck dans la catégorie des noms pourris, mais aussi un peu dans les influences, très 90s. Mais Joanna Gruesome est moins carré et nettement plus fun. Même si pas aussi fun que le premier album (Run Fast) de The Julie Ruin, le nouveau groupe totalement extatique de Kathleen Hanna.

Ce mois-ci, on a Placebo, aussi. Loud Like Love sonne comme Placebo depuis dix ans, des rimes fatiguées (gay/Champs-Élysées/communiqué/superhighway), deux ou trois morceaux passables, rien de mauvais mais rien de bien utile non plus. Quelque part entre admirable (de longévité) et pathétique mais au moins, pas de dubstep. Balance and Composure cogne beaucoup plus fort, et est aussi nettement plus intense que le trio de Molko, au moins eux ne font pas semblant. Parfois limite pop-punk, parfois carrément emocore, The Things We Think We’re Missing est peut-être l’album rock du mois : rien que le fait qu’on pense encore à faire ce genre de musique, ça fait beaucoup de bien. Et la voix du chanteur me fait penser à Roddy Idlewild. C’était bien, Idlewild, au début. Encore un échelon au-dessus niveau intensité et pur volumé sonoré, Touché Amoré. Leur truc, ce sont des cocktails molotov à base de puissance pure et de sentiments à fleur de peau, mais cette fois, ils augmentent la longueur des morceaux (de 1 à 2/3 minutes, en gros) et améliorent leurs compositions.

Le Ty Segall du mois, c’est Fuzz, qui ne pouvait pas mieux porter son nom. Segall chante et joue de la batterie, c’est Charlie Moothart qui est cette fois à la guitare. Musicalement, c’est évidemment solide, mais les morceaux partent parfois dans tous les sens et auraient peut-être bénéficié d’un peu plus d’attention et d’édition. Mais Segall est probablement en train de travailler sur sept autres albums alors que j’écris péniblement ces lignes. Vista Chino, c’est Kyuss. Enfin, c’est Kyuss sans Josh Homme et sans les problèmes de justice causés par ce dernier. Donc, Vista Chino, Peace. Musicalement, ils ressemblent plus à Kyuss qu’aux Deftones (mon dieu, que c’est drôle) : guitares stoner comme au bon vieux temps (même si elles sont l’oeuvre du guitariste belge Bruno Fevery), Brant Bjork à la batterie, Nick Oliveri à la basse quand il prend la peine de venir jouer, et évidemment la voix de John Garcia. Un peu comme les Foo Fighters, c’est un peu étrange de voir Queens of the Stone Age avoir un tel succès actuellement mais voilà, heureusement, « Kyuss » vit toujours.

Quant à Lou Barlow, il a récupéré deux groupes, car c’est maintenant Sebadoh qui sort son premier album en quatorze ans. De nouveau lo-fi, Defend Yourself renoue avec l’essence du groupe tout en étant malheureusement/forcément trop inégal. Girls Against Boys revient également à notre meilleur souvenir, avec un EP cinq titres (The Ghost List) qui laisse augurer de bien bonnes choses. Et en parlant d’EP, celui de Fishboy (IMAVOLCANO), complètement cinglé mais tellement catchy, vaut le détour. Brandon Boyd continue son chemin en parallèle d’Incubus avec l’album de Sons of the Sea, le projet qu’il forme avec le mégaproducteur/multi-instrumentiste Brendan O’Brien (je pense que Brandon et Brendan aurait été un meilleur nom, mais qu’est-ce que j’en sais, moi). L’album est solide sans être extraordinaire, mais il a au moins l’avantage de ne pas être automatiquement comparé à Make Yourself. Par contre, ce n’était pas une bonne idée de sortir quatre des meilleurs morceaux de l’album en EP voici quelques semaines…

Pour terminer, on n’oubliera certainement pas deux boxsets de grande qualité. D’abord, Sound System de The Clash, soit leurs cinq albums studio (ne leur parlez jamais de Cut the Crap) et trois disques de démos, raretés et morceaux live. Sans aucun doute le document définitif d’un des groupes les plus importants de l’histoire du rock ‘n roll. Ce qui est aussi, n’en déplaise à certains, le cas de Nirvana. Leur dernier album, In Utero, fête ses vingt ans avec un remaster, l’ajout de démos et du concert Live and Loud. Mais surtout, il ajoute une nouvelle version de l’album, un mix complémentaire inédit réalisé par Dave Grohl, Pat Smear, Krist Novoselic et Steve Albini. Parfois très surprenant, il offre une vision différente et probablement plus proche de ce que le groupe voulait avant que Geffen ne foute la merde pour vendre des disques. Au risque de paraître révisionniste, je pense préférer ce nouveau mix.

Ah oui, et si quelqu’un veut m’expliquer Haim, je suis prêt, quand vous voulez.

Trente-deux morceaux dans le playlist Spotify, avec quelques ajouts de morceaux d’albums à venir, comme Jake Bugg ou le nouveau projet de Bertrand Cantat, Détroit.

Enjoy!