Archives par mot-clé : Muse

Muse – The Resistance

Battre le fer tant qu’il est chaud, c’est ce que fait Muse depuis dix ans. Tournées incessantes, passages répétés en festival, cinq singles par album, et donc cinq albums studio (+ les dvd live) en dix ans. Grâce à tout cela, Muse est devenu probablement le plus gros groupe UK, et un des plus grands du monde (le monde, évidemment, ne comprend pas la grande île au large de l’Atlantique). Malheureusement, et c’est souvent le cas (voir récemment Kings of Leon), le succès populaire va de pair avec une méchante chute de qualité et de créativité. Black Holes and Revelations, l’album de la consécration, était probablement le moins bon, et les moments sympas (le surprenant comeback single Supermassive Black Hole) étaient dominés par le grand n’importe quoi (Knights of Cydonia) ou pire, le vraiment horrible (Starlight).

On ne pouvait donc pas s’attendre à grand chose de ce Resistance, surtout que les titres et le concept ne poussaient pas vraiment à l’optimisme, la parano politique du guitariste-miauleur Matthew Bellamy étant vite lassante. Les deux morceaux avant-coureurs n’ont pas aidé : United States of Eurasia commence comme une bête ballade, avant de « s’inspirer », une fois de plus, de Queen, alors que Uprising fait encore plus fort, plagiant facilement une dizaine de morceaux connus, une habitude chez Muse. Mais bon, si on est de bonne humeur, on peut aller chercher quelques éléments sympas, comme le refrain étonnant et très catchy du morceau-titre, l’intro musclée de Unnatural Selection (la suite est moins fun) ou l’assez carré MK Ultra.

Malheureusement, The Resistance est surtout le véhicule de l’ego de Bellamy, guitariste hors pair qui néglige ses guitares pour se focaliser ici sur le piano et le pompeux. Undisclosed Desires est totalement infâme, sorte de saloperie RnB rejetée par Boyz II Men en 1995 alors que I Belong To You (avec son piano cabaret parisien) se termine par un Bellamy qui ne trouve rien de mieux que de chanter un bout du Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, en français. Ce qui donne, en gros, « riiiiipooooonza ma tendwessseeeeuuu ». C’est mignon. L’album se termine avec la fameuse symphonie dont Bellamy parle depuis des années, et qu’il a eu la funeste idée de terminer. Enfin, soyons honnêtes : ce n’est pas mauvais, l’orchestre assure, mais on ne voit pas trop l’intérêt de ces dix minutes qui ne vont nulle part, et qui sont loin d’être le morceau épique promis.

Difficile de haïr The Resistance, qui est plus plat que le précédent. Au moins, il était très facile de détester Starlight ou Invincible, ici, on écoute une fois, on soupire et on passe son chemin. Vraiment dommage pour un groupe qui était prometteur, qui a sorti un très bon album, mais qui se perd en chemin depuis maintenant trop longtemps.

Muse – Origin Of Symmetry (2001)

MuseoriginofsymemtryalbumcoverMuse, de manière assez surprenante, est devenu un groupe majeur en Europe, et a même réussi à s’exporter avec succès. Cela peut s’expliquer par le caractère assez… mou du dernier album, mais en 2001, ils ont sorti un très bon opus, un des meilleurs des années 00, du rock british, etc etc, le tout en sortant de l’ombre de Radiohead, dans lequel s’était enfermé le premier album, Showbiz.

Origin Of Symmetry ne fait pas de concessions, contrairement au Muse que l’on connaît actuellement (Starlight???). Deux des trois premiers morceaux durent plus de six minutes, et comprennent, dans le désordre, des voix élastiques, des claviers tordus, un jeu de guitare très intrigant ainsi qu’une section rythmique très puissante. New Born commence calmement, avec un piano, avant de littéralement exploser avec une guitare filtrée bruyantissime. La basse de Chris Wolstenholme, arme secrète de Muse, enfonce le clou très fort. Le morceau est complexe, mais moins que Space Dementia qui sonne exactement comme son titre le fait croire. Avec les effets spéciaux des vieilles séries de SF. Et, évidemment, un break de piano music-hall. Forcément…

La première moitié de l’album est une usine à hits (enfin, hits, dans un monde utopique). Hyper Music est porté par un riff machiavélique plus lourd que Sabbath, alors qu’on pardonnera facilement l’emprunt de la ligne de basse de Sexy Boy (Air) : Plug-In Baby est parfait, le riff vaut bien le top 10 des meilleures intros de tous les temps. En plus, même si le morceau parle d’une guitare, les Freudiens ont quelque chose à se mettre sous la dent. Citizen Erased? On recommence, riff de folie, ligne de basse qui tue, batterie puissante, et ce n’était que l’intro : quand le morceau démarre, la terre tremble. Mais comme ça dure 7 minutes 19, elle a le temps de se refaire une santé, avant de définitivement s’écrouler sur elle-même. Jouissif, et un des rares albums où les claviers sont supportables. Les voix aigües, c’est limite, mais bon, on passe. Quoique Micro Cuts, c’est un petit peu over the top quand même.

Il faut attendre le neuvième morceau pour avoir un peu de calme, avec le flamenquesque Screenager. Le bizarre continue, avec Darkshines qui pourrait sortir d’un western façon Robert Rodriguez, avant que l’inattendue reprise de Feeling Good, euh, surprenne. Megalomania finit l’album dans le calme, mais un calme menaçant.

Peu, très peu de déchets dans Origin Of Symmetry qui sera très certainement toujours la quintessence de Muse, tout en étant vraiment un très bon album. Alors, que Muse devienne n’importe quoi, fasse des shows à la U2 période Pop, cela n’a pas trop d’importance, quand on sait que quoi qu’il arrive, on aura toujours Origin Of Symmetry pour se souvenir. Leur BloodSugarSexMagik, en quelque sorte.
 

Plug-In Baby
 

Muse – Absolution

Troisième album studio pour le trio anglais, et si ce n’est pas celui qui les propulsera là où se trouve Coldplay maintenant, c’est à désespérer de tout.

Leur premier album, Showbiz, contenait de très bons moments (Sunburn, Muscle Museum, Uno, Unintended entres autres) mais avait catégorisé le chanteur/guitariste Matt Bellamy comme suiveur de Radiohead, comme Chris Martin (Coldplay) avant lui.

Leur deuxième album allait changer la donne. Origin of Symmetry était à la hauteur de leurs ambitions, grandiloquent et grandiose sans verser dans le prétentieux. Après cela, Muse sortait simultanément un DVD accompagné d’une BO sous forme de double CD (live et raretés) et surtout leur meilleur single à ce jour, le double Dead Star / In Your World.

Et puis ce troisième album. Longtemps appelé The Small Print(ce titre figure d’ailleurs sur l’album), il était censé refléter la part joyeuse de Muse, et leur côté Abba. Mais puis les rois du pétrole anglo-américains envahirent l’Irak, et Bellamy refléta son état d’esprit dans l’album, qu’il qualifia d’apocalyptique. Et il le renomma Absolution.

L’album commence par une courte intro réminiscente des claquements des bottes d’une armée anonyme, quelque part dans le monde. Quand cette intro se transforme en Apocalypse Please, on comprend que cet album serait chargé. Ce morceau, et par extension tout l’album, et lourd, puissant et fin en même temps, une fusion que seuls les plus grand sont capables de faire. Bellamy maîtrise sa voix, et ne sera plus jamais comparé à un clone de Thom Yorke. Il est pour cela accompagné du batteur Dom Howard et surtout de l’inventif bassiste Chris Wolstenholme, qui forment une des meilleures sections rythmiques actuelles.

Absolution apporte ce qui manquait à Origin of Symmetry : une concentration, et une sorte de retenue. Là où Symmetrypartait dans tous les sens, souvent à bonne fin d’ailleurs (Space Dementia est le meilleur exemple), cet album a un sens, un but. Et est de ce fait, beaucoup plus précis, plus dirigé.

L’album est aussi étonnamment varié : les morceaux évoluent, partent dans plusieurs directions mais sont toujours contrôlés par les trois musiciens, maîtres de leur art, comme Radiohead dans leurs meilleurs jours. Les influences sont là, étonnantes, dans le jeu de pianiste de Bellamy, classique, music-hall, flamenco (sans parler de sa guitare, le jeu le plus flamboyant depuis Brian May), Muse est une synthèse compacte du rock 2003.

Notons encore la puissance phénoménale de Stockholm Syndrome, le space rock de Hysteria (qui aurait peu, avec ses effets vocaux dingues, se retrouver sur Symmetry, c’est effectivement le morceau le plus vieux de l’album), et cette fin magistrale qu’est Ruled by Secrecy. Il n’y a pas un point faible sur tout l’album, à un tel point que c’est presque invraisemblable. Peut-être le meilleur album depuis Songs for the Deaf de Queens of the Stone Age, voire OK Computer, de Radiohead, il y a déjà 8 ans.