Archives par mot-clé : Nirvana

Septembre 2013

Comme chaque année, des tonnes de sorties en cette rentrée scolaire et musicale. On ne traîne donc pas.

Arctic Monkeys - AMMon album du mois, et probablement de l’année à moins qu’Arcade Fire désamorce le piège du double album, c’est Arctic MonkeysAM. Je sais que je le fais à chaque fois, mais sincèrement, je le pense, et cette fois je ne suis pas le seul, compte tenu des reviews unanimement en faveur de leur cinquième album. Je ne sais pas si c’est leur meilleur, mais c’est en tout cas leur plus travaillé, leur plus précis et, avec Humbug, leur plus étonnant, mettant au point un son différent tout en étant toujours typiquement Monkeys, probablement la marque des grands.

Un son différent à chaque album, c’est aussi un trait quasi systématique des Manic Street Preachers. Rewind the Film ne comprend quasi pas de guitare électrique et semblait destiner à rejoindre Lifeblood sur le podium de leurs albums « mal compris », mais non : il est excellent, varié, très intelligent, quasi sans baisse de niveau et prouve qu’un « vieux » groupe peut encore étonner en innovant. Et ce n’est pas fini : le « post-punk » Futurology est censé sortir l’an prochain.

Je termine mon trio du mois avec Janelle Monáe, dont le second album The Electric Lady est une merveille d’inventivité, et, probablement, de génie. Elle passe d’un genre à l’autre avec une aisance remarquable, sans ennuyer ou se répéter une seconde. Incroyable.

Septembre a aussi vu le retour discographique semi-surprenant de Nine Inch Nails, qui s’est distingué cet été par son light show aussi spectaculaire que les sautes d’humeur de Trent Reznor. Hesitation Marks semblait être un retour aux sources pour NIN, c’est en fait un album différent des autres, une fois de plus. Sans doute l’album le plus synthétique de Reznor, il puise son inspiration un peu partout, dans les BO de films qu’il a récemment composé avec Atticus Ross, dans la synthpop des années 80 (l’invraisemblable Everything) ou la pop/RnB contemporaine (Satellite, All Time Low). La grande variété de l’album en empêche par définition sa cohérence : Hesitation Marks n’est pas un grand album de NIN, mais c’est un de mes préférés.

On avait laissé Kings of Leon en mauvaise posture, suite à un album simplement mauvais et quelques troubles personnels. Sans arriver au sommet des premiers albums, Mechanical Bull se défend très bien, et joue même parfois la carte de la relative variété, lorgnant du côté de Queens of the Stone Age (comme tout le monde) et de Sly and the Family Stone. Tout en usant et abusant du combo arpèges/pédales de délai, évidemment. Pete Doherty, quant à lui, est toujours en mauvaise posture, et c’est donc encore plus étonnant de remarquer que le troisième album de Babyshambles, Sequel to the Prequel, est bon et ordonné. Certes, Doherty n’est pas seul, mais c’est évidemment son esprit très libre qui plane au-dessus de douze morceaux passant du punk au dub en passant par deux ou trois compos qui auraient nettement plus marqué les esprits si l’autre guitariste était Carl Barât. Mais bon, ça aussi, c’est fini. Qu’importe, c’est sans doute leur meilleur album.

Chvrches, composé d’ex-Twilight Sad et Aereogramme ainsi que de l’excellente chanteuse Lauren Mayberry fait de l’électro accessible, jamais agressive, recherchée et intelligente. The Bones of What You Believe rappelle les meilleures heures de la new wave, passées sous un filtre indé. Toujours en Écosse, vous vous rappelez de Glasvegas? Il y a déjà six ans sortait leur premier album qui augurait d’un futur intéressant. Un second album en forme de suicide commercial plus tard, Glasvegas se retrouve sans label et auto-produit (maladroitement) un troisième album (Later… When the TV Turns to Static) qui est censé leur ressembler, jusqu’à l’accent à couper au couteau du chanteur James Allen. Il passera probablement inaperçu, mais il n’est pas dénué de qualités, même si la voix peut fatiguer bien vite. Encore dans la catégorie « vous vous souvenez de », MGMT. Un des plus gros suicides commerciaux de ces dernières années, Congratulations a totalement enterré l’immense succès d‘Oracular Spectacular, six pieds sous terre. MGMT tente de trouver une place entre les deux : on ne peut pas/veut pas/sait pas écrire des trucs catchy comme avant, mais on veut quand même que Pitchfork nous aime bien. Ce qui marche plus ou moins, parfois.

On a beaucoup parlé de London Grammar, à qui la presse a déjà donné le Mercury Prize de l’année prochaine. Leur album If You Wait est une sorte de mix entre The XX et Daughter, sublimé par la voix enfumée de Hannah Reid et est juste assez discret pour être très bien accueilli. En parlant de discrétion, Mazzy Star le fait toujours très bien. Le duo composé de Hope Sandoval et de David Roback a atteint un statut de groupe culte suite à leur long hiatus (17 ans!) maintenant terminé et leur fantastique Fade Into You, une des plus belles chansons des années 90. Seasons of Your Day se comporte comme si rien n’avait changé, la voix éthérée de Sandoval, une instrumentation simple et efficace, une production légère, et une musique qui a parfois tendance à se placer en fond sonore, comme si elle n’était pas vraiment là.

Le crew Odd Future/OFWGKTA a peut-être dépassé son quart d’heure de gloire, avec les récentes sorties en demi-teinte de Tyler, The Creator et Earl Sweatshirt. Le plus gros succès du groupe vient de Frank Ocean, qui s’en est relativement détaché, tout comme The Internet, composé de Matt Martians et du DJ attitré d’Odd Future, Syd tha Kyd. Et là, surprise : Syd sait chanter, et elle le fait même très bien. Feel Good n’est pas un album parfait et le groupe devrait encore s’améliorer, mais Dontcha est digne des meilleures productions laidback de Pharrell. Une bonne surprise.

Après quelques mois de retard et un paquet de singles, le premier album de Splashh peut enfin sortir, et est conforme aux attentes, un sympathique retour à l’indie rock des années 90, tant UK (My Bloody Valentine, Jesus & Mary Chain) que US (Pixies). Rien de nouveau, peut-être, mais la production psyché/garage à souhait empêche Comfort d’être bêtement considéré comme une copie carbone de ses glorieux prédécesseurs. S’ils se mettent à écrire des bonnes chansons mémorables, leur second album pourrait être énorme. The Strypes se sont fait connaître par leurs concerts énergiques, endiablés et anachroniques : ces très jeunes gamins jouent comme s’ils vivaient dans un univers parallèle où « RnB » n’a jamais changé de sens. Alors oui, c’est entraînant et paradoxalement original, le guitariste a un ratio âge/prouesses techniques impressionnant, mais les chansons sont évidemment très typées (notamment au niveau des paroles qui auraient déjà été ridicules en 1961), et l’album (Snapshot) souffre d’un évident manque de variété. Ce qui s’est passé avec Yuck est assez étrange : le frontman Daniel Blumberg est parti, et le guitariste Max Bloom l’a remplacé au chant. En résulte un second album (Glow and Behold) moins percutant mais tout aussi appréciable, rappelant plutôt le shoegaze que le proto-grunge, pour ceux qui aiment bien les bêtes étiquettes. Mais on dirait vraiment un autre groupe. Joanna Gruesome rejoint Yuck dans la catégorie des noms pourris, mais aussi un peu dans les influences, très 90s. Mais Joanna Gruesome est moins carré et nettement plus fun. Même si pas aussi fun que le premier album (Run Fast) de The Julie Ruin, le nouveau groupe totalement extatique de Kathleen Hanna.

Ce mois-ci, on a Placebo, aussi. Loud Like Love sonne comme Placebo depuis dix ans, des rimes fatiguées (gay/Champs-Élysées/communiqué/superhighway), deux ou trois morceaux passables, rien de mauvais mais rien de bien utile non plus. Quelque part entre admirable (de longévité) et pathétique mais au moins, pas de dubstep. Balance and Composure cogne beaucoup plus fort, et est aussi nettement plus intense que le trio de Molko, au moins eux ne font pas semblant. Parfois limite pop-punk, parfois carrément emocore, The Things We Think We’re Missing est peut-être l’album rock du mois : rien que le fait qu’on pense encore à faire ce genre de musique, ça fait beaucoup de bien. Et la voix du chanteur me fait penser à Roddy Idlewild. C’était bien, Idlewild, au début. Encore un échelon au-dessus niveau intensité et pur volumé sonoré, Touché Amoré. Leur truc, ce sont des cocktails molotov à base de puissance pure et de sentiments à fleur de peau, mais cette fois, ils augmentent la longueur des morceaux (de 1 à 2/3 minutes, en gros) et améliorent leurs compositions.

Le Ty Segall du mois, c’est Fuzz, qui ne pouvait pas mieux porter son nom. Segall chante et joue de la batterie, c’est Charlie Moothart qui est cette fois à la guitare. Musicalement, c’est évidemment solide, mais les morceaux partent parfois dans tous les sens et auraient peut-être bénéficié d’un peu plus d’attention et d’édition. Mais Segall est probablement en train de travailler sur sept autres albums alors que j’écris péniblement ces lignes. Vista Chino, c’est Kyuss. Enfin, c’est Kyuss sans Josh Homme et sans les problèmes de justice causés par ce dernier. Donc, Vista Chino, Peace. Musicalement, ils ressemblent plus à Kyuss qu’aux Deftones (mon dieu, que c’est drôle) : guitares stoner comme au bon vieux temps (même si elles sont l’oeuvre du guitariste belge Bruno Fevery), Brant Bjork à la batterie, Nick Oliveri à la basse quand il prend la peine de venir jouer, et évidemment la voix de John Garcia. Un peu comme les Foo Fighters, c’est un peu étrange de voir Queens of the Stone Age avoir un tel succès actuellement mais voilà, heureusement, « Kyuss » vit toujours.

Quant à Lou Barlow, il a récupéré deux groupes, car c’est maintenant Sebadoh qui sort son premier album en quatorze ans. De nouveau lo-fi, Defend Yourself renoue avec l’essence du groupe tout en étant malheureusement/forcément trop inégal. Girls Against Boys revient également à notre meilleur souvenir, avec un EP cinq titres (The Ghost List) qui laisse augurer de bien bonnes choses. Et en parlant d’EP, celui de Fishboy (IMAVOLCANO), complètement cinglé mais tellement catchy, vaut le détour. Brandon Boyd continue son chemin en parallèle d’Incubus avec l’album de Sons of the Sea, le projet qu’il forme avec le mégaproducteur/multi-instrumentiste Brendan O’Brien (je pense que Brandon et Brendan aurait été un meilleur nom, mais qu’est-ce que j’en sais, moi). L’album est solide sans être extraordinaire, mais il a au moins l’avantage de ne pas être automatiquement comparé à Make Yourself. Par contre, ce n’était pas une bonne idée de sortir quatre des meilleurs morceaux de l’album en EP voici quelques semaines…

Pour terminer, on n’oubliera certainement pas deux boxsets de grande qualité. D’abord, Sound System de The Clash, soit leurs cinq albums studio (ne leur parlez jamais de Cut the Crap) et trois disques de démos, raretés et morceaux live. Sans aucun doute le document définitif d’un des groupes les plus importants de l’histoire du rock ‘n roll. Ce qui est aussi, n’en déplaise à certains, le cas de Nirvana. Leur dernier album, In Utero, fête ses vingt ans avec un remaster, l’ajout de démos et du concert Live and Loud. Mais surtout, il ajoute une nouvelle version de l’album, un mix complémentaire inédit réalisé par Dave Grohl, Pat Smear, Krist Novoselic et Steve Albini. Parfois très surprenant, il offre une vision différente et probablement plus proche de ce que le groupe voulait avant que Geffen ne foute la merde pour vendre des disques. Au risque de paraître révisionniste, je pense préférer ce nouveau mix.

Ah oui, et si quelqu’un veut m’expliquer Haim, je suis prêt, quand vous voulez.

Trente-deux morceaux dans le playlist Spotify, avec quelques ajouts de morceaux d’albums à venir, comme Jake Bugg ou le nouveau projet de Bertrand Cantat, Détroit.

Enjoy!

Nirvana – Live At Reading


Des concerts légendaires, il y en a eu quelques uns, des albums live aussi. La prestation de Nirvana au festival anglais de Reading, en 1992 peut maintenant prétendre à ces deux catégories. À ce moment, Nirvana était en pleine préparation d’In Utero, et la tournée européenne qui les emmena en Angleterre fut moins mouvementée que celle de l’année suivante, qui se termina par une overdose de Cobain à Rome. Résultat, ce concert, bootleggé à maintes reprises mais donc seulement officiellement sorti cette année, reprend l’intégralité de Nevermind (sauf Something In The Way), des extraits de Bleach et Incesticide, deux reprises (les classiques protogrunge The Money Will Roll Right In de Fang et D7 des Wipers) et des futurs morceaux d’In Utero, notamment Tourette’s et All Apologies. Le setlist est donc totalement irréprochable, débutant avec Breed et étalant classique sur classique, des morceaux qui ont gardé, presque vingt ans après, toute leur puissance et pertinence. On peut d’ailleurs remarquer le relatif manque de cohérence du setlist, qui alterne sans s’en soucier morceaux assez hard et d’autres plutôt lents, parfois en 5 minutes (About a Girl – Tourette’s – Polly). De même, Smells Like Teen Spirit est juste balancé en plein milieu, sans être mis en avant pour un sou.

Musicalement, on n’est pas censé s’attendre à ce que le groupe soit techniquement parfait, c’est bien une pure énergie punk qui les animait. Alors, oui, Cobain rate quelques notes, mais si quelqu’un retient cela de l’écoute de l’album, je le plains de toutes mes forces. Il en profite pour lancer quelques antisolos fantastiques ; même s’il est bon ton de critiquer Nirvana pour 36 raisons, c’est en fait futile et totalement stupide, Cobain était un génie, et comme tous les génies, il a effectivement volé quelques trucs à ses prédecesseurs (« Talent borrows, genius steals », disait Oscar Wilde). Novoselic et Grohl tiennent la baraque avec une section rythmique surpuissante et précise. Novoselic n’est plus vraiment actif dans le milieu musical (il est animateur social et politicien à Seattle) mais bien sûr, Dave Grohl allait devenir une icone à son tour, grâce au succès public des Foo Fighters (au départ son projet solo) et surtout son statut de batteur fantastique au sein de Queens of the Stone Age (Songs for the Deaf) et récemment Them Crooked Vultures.

Live at Reading est un témoignage fabuleux d’un groupe qui fut un des plus importants de l’histoire du rock, dont les influences se font toujours ressentir actuellement. Il souffre toutefois d’un défaut assez stupide : la durée du concert original (1h25) ne permettant pas de le caser sur un cd (et aurait été trop court pour un double), on a décidé de couper les interventions entre les morceaux, donnant l’impression (pas désagréable mais fausse) d’un concert sans pause, mais aussi créant quelques incohérences. Pire, leur tout premier single, Love Buzz, est carrément passé à la trappe. Même s’il n’existait sans doute pas de solution parfaite pour le cd, il est étonnant de constater que le concert complet n’est pas disponible en téléchargement légal, mais uniquement sur le DVD. Autrement dit, pour avoir légalement le concert complet, il faut acheter le dvd et passer un petit bout de temps (si l’on possède les compétences techniques) à extraire les pistes audio pour en faire, par exemple, des mp3. Et après, on s’étonne…

Nirvana – Nevermind (1991)

folderChaque génération a son moment. Voici le mien. Nirvana n’est pas le meilleur groupe de tous le temps, a pas mal plagié à droite et à gauche, mais a réussi à toucher profondément un nombre incalculable d’adolescents de l’époque, pour qui la première vision du clip de Smells Like Teen Spirit restera un des moments les importants de leur vie.

C’est, on le sait, Smells Like Teen Spirit qui ouvre Nevermind. Que dire qui n’a pas été dit et redit, de l’intro légendaire (peut-être, mais sans doute pas, empruntée à Boston), aux paroles qui exprimaient l’angoisse, la peur à la perfection en passant par la brutalité de la production, crue, minimaliste. Derrière les fûts, pour la première fois chez Nirvana, un certain Dave Grohl, qui deviendra ironiquement un plus grande star que Kurt Cobain l’aura été de son vivant. Parce que, qu’on le veuille ou non, Nirvana, c’est Cobain.

Il n’était peut-être pas un grand chanteur, ni un virtuose de la guitare. Mais il a réussi à faire passer ses sentiments, son âme, à travers de son oeuvre, et peu de musiciens auront réussi à la faire à ce point. La ligne mélodique de Come As You Are est un bon exemple : extrêmement simple, augmentée par un leger effet, elle reste une des mélodies les plus reconnaissables des années 90. C’est d’ailleurs cet effet qui donne un étrange sentiment de malaise, amplifié par le chant décharné de Cobain.

Nevermind n’est pas loin d’être l’album parfait. Il n’y a en tout cas rien à jeter, et plus de quinze ans après, il sonne toujours très frais. Le génie, car génie il y a eu, de Cobain a été d’allier musique puissante, aux influences punk/metal/hardcore à une sensibilité pop : on se souvient des morceaux de Nirvana parce que les mélodies rentrent en tête et n’y sortent plus jamais, en tout cas pour Nevermind. Oui, il s’est fortement inspiré, pour ne citer qu’eux, des Pixies. Mais, aussi immense puisse être la bande de Black Francis, Nirvana était le groupe du peuple. Et lls auront réussi à amener un type de musique peu commerciale à ce peuple, qui en redemandera pendant des années.

Nevermind comporte toute une série de morceaux cinglants, et assez violents, même si tout est relatif : il est probable qu’il aura servi de porte d’accès aux influences de Cobain, comme Black Flag ou Hüsker Dü. Reste que l’album est somme tout assez modéré, à l’exception de Territorial Pissings : Cobain changera tout ça avec le suivant (et dernier) In Utero. Breed allie à la perfection les considérations punk et pop, les yeah yeah yeahs du refrain rappelant une des autres influences majeures de Cobain , les Beatles. Sur le plan des paroles, les psys amateurs pouvaient déjà s’y donner à coeur joie, comme sur Lithium : “I found my friends / They’re in my head / I shaved my head / But I’m not sad”.

L’album se clôture avec Something In The Way, musicalement calme mais atmosphériquement intense, et résumant somme toute bien Nevermind : un disque dense, qui n’a pas nécessairement besoin d’exprimer sa violence pour la faire ressentir. Tous les thèmes présents ici seront redéfinis pour In Utero, où l’âme de Cobain sera définitivement mise à nu. Les prémices du chef d’oeuvre de Kurt Cobain sont ici, et resteront à jamais inoubliables.

Breed
 

Nirvana – Sliver : The Best Of The Box

Moins on parle de cet album, mieux c’est. Je ne fais pas partie du hate club de Courtney Love, mais bon, quand même… Cet album est une compilation 1 CD du boxset de raretés qui est sorti il y a pile un an. Les meilleurs morceaux n’ont même pas été sélectionnés, et les seuls avantages de l’album sont la pochette, apparemment choisie par la fille de Kurt et Courtney, et trois inédits, dont le plus intéressant est Spank Thru, issu d’une des premières démos du groupe, la légendaire Fecal Matter. Mais bon, pas de quoi en faire un plat, surtout que le son est atroce. Les fans ont déjà le coffret, et on se demande à qui profite Sliver. Enfin, non, ça, on le sait…

Nirvana – With the Lights Out

Tout au long d’une courte carrière, Nirvana a accumulé les performances radio obscures, les inédits divers et variés, jamais sortis officiellement. Des firmes de CD douteuses, puis plus démocratiquement Internet ont permis de publier ces raretés (grâce au coffret Outcesticide, huit albums de raretés, mais jamais sorti officiellement et pâtissant d’une qualité sonore très moyenne), mais la sortie officielle d’un coffret était prévu depuis longtemps (décembre 2001). Des démêlés juridiques opposant les membres survivants (Dave Grohl et Krist Novoselic) à Courtney Love ont repoussé la sortie du coffret, jusqu’à ce lundi.

Trois albums et un DVD le composent, c’est forcément moins qu’Outcesticide, mais on profite d’une qualité de mastering professionnelle et d’une sélection plus qualitative que quantitative. With The Lights Out est arrangé de manière chronologique, commençant par un morceau d’histoire : une reprise (très brouillonne) de Heartbreaker (Led Zeppelin) capté lors de leur tout premier concert, en 1987. Le reste du coffret oscille entre prestations radio d’originaux souvent inédits et de reprises (quatre reprises de Leadbelly, une du Velvet, et quelques autres) à la qualité sonore fort variable, démos, faces B et autres raretés. Le tout est plus que satisfaisant, car on y trouve pas mal de perles, dont l’excellent Sappy/Verse Chorus Verse et le légendaire I Hate Myself And I Wanna Die, où la prose ironique de Cobain atteint son paroxysme. Certains morceaux sont par ailleurs totalement inédits, et même si parfois, on ne dépasse pas le stade de l’anecdote voire du limite écoutable (le coffret fait de temps en temps penser aux Anthologies des Beatles), la qualité est souvent présente. De même, les morceaux solos acoustiques de Cobain (certains enregistrés très sommairement dans sa chambre) sont souvent très chargés émotionnellement, et l’auditeur s’en trouve parfois limite gêné par tant d’intimité.

On assiste aussi à la naissance de certains morceaux connus : les démos de Drain You, Aneurysm, Heart-Shaped Box entre autres, et surtout celle Smells Like Teen Spirit, comparée plus loin avec le mix de Butch Vig ; et le coffret se termine sur la dernière session d’enregistrement du groupe, à Rio (en découlera le « nouveau » morceau You Know You’re Right, présent sur leur best of et ici en version acoustique), quelques mois avant le suicide de Kurt Cobain, icône d’une génération, songwriter extraordinaire, personnalité irremplacable et irremplacée du monde artistique contemporain. Á conseiller à tous les amateurs, mais pour les autres, ça reste tout de même dans le domaine de la curiosité.