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Noel Gallagher’s High Flying Birds – Noel Gallagher’s High Flying Birds

Dix ans, au moins, qu’on l’attendait. Dix ans que son auteur en parlait, généralement comme menace destinée à botter les fesses de son ptit frère, quand Big Brother n’était pas satisfait de son niveau d’implication au sein d’Oasis. Finalement, le premier album solo de Noel Gallagher sort dans des circonstances particulières, vu qu’il n’a plus de groupe. Oasis n’est plus (enfin, jusque 2015), ils sont partis former Beady Eye (au succès, disons, relatif) et Noel se retrouve, bizarrement, avec pas mal de choses à prouver. Notamment, dans un pays ou le rock ‘n roll reste traité comme une compétition, prouver que son album est meilleur que celui du frangin. Comme souvent avec ce qui provient d’Oasis, la réponse n’est pas claire. Ce qui l’est nettement plus, c’est que cet album-ci n’est peut-être pas Definitely Maybe, mais ce n’est pas Standing on the Shoulder of Giants non plus.

Qui dit album solo dit, souvent, histoire intime et acoustique. Pas avec Noel. Everybody’s on the Run, le premier morceau de l’album comprend un choeur de 100 personnes (Abbey Road, of course), des effets sonores un peu partout, et on retrouvera des cordes, des cuivres, du piano ou des percussions un peu partout sur l’album. Ce qui n’est pas spécialement étonnant de la part de l’auteur de Be Here Now, mais qui détonne largement de l’approche nettement plus rock ‘n roll de Beady Eye. On reste donc en terrain très familier, voire même un peu trop. On ne se retrouve jamais surpris, les petites touches de « nouveaute », comme l’ambiance du single The Death of You and Me sont quand même très légères.

On retiendra trois choses de l’album. D’abord, Noel restera toujours un extraordinaire compositeur. Ses heures de gloires sont derrière lui, c’est évident : entre 1994 et 1996, il était absolument incapable d’écrire une mauvaise chanson. On l’avait écrit à l’époque, mais c’est d’autant plus vrai maintenant, la compile de faces B The Masterplan explose 90% des best of de fin de carrière qu’on retrouve aujourd’hui. Même si son talent s’est un peu dilué ses dernières années, il arrive toutefois à nous sortir des perles, comme les derniers excellents morceaux d’Oasis The Importance of Being Idle ou Falling Down. Ici, bonne surprise, on en retrouve quelques uns, des classiques à la Noel. Le single Death of You and Me déjà cité, mais aussi le remuant AKA… What a Life et surtout, surtout, If I Had a Gun. Il a beau avoir une progression d’accords directement tirée de Wonderwall, il reste facilement un des meilleurs morceaux écrits par Noel ces dix dernières années ; la première arrivée du refrain est absolument somptueuse.  Malheureusement, seule une petite moitié des morceaux d’un album pourtant court (dix pistes) sont vraiment mémorables. Pas si mal, mais peut mieux faire.

Ensuite, les morceaux connus depuis l’époque Oasis et repris ici ne comptent pas spécialement parmi les meilleurs. (I Wanna Live in a Dream in My) Record Machine est aussi pénible que le titre, et le fameux Stop the Clocks (tellement fameux que le premier best of d’Oasis lui emprunte le nom) n’est pas bien terrible non plus, même s’il se termine par une note psyché qui est probablement là pour préparer le terrain du prochain album, une collaboration avec Amorphous Androgynous.

Enfin, il manque Liam. Pas partout : Noel a écrit certains morceaux autour de sa propre voix, mais il est très facile de deviner lesquelles étaient prévues pour son frère. Si Liam avait chanté Dream On ou Everybody’s on The Run, on aurait atteint une autre dimension. Mais non, pas de Liam, on doit donc se contenter de la voix tout à fait acceptable de Noel, mais qui n’est pas (toujours) celle qui était prévue pour ces morceaux.

Conséquences évidentes et somme toute assez prévisibles, Noel Gallagher’s High Flying Birds n’est pas l’album de l’année mais n’est pas non plus le nouveau Coldplay. Il n’est quand même probablement plus intéressant et mieux écrit que le Beady Eye, mais comme point de comparaison, on peut trouver mieux, et plus ambitieux : Noel Gallagher devrait pouvoir faire mieux, et va peut-être le faire avec le second album. En attendant l’évidente réunion d’Oasis, en 2015 ou avant.

Spotify : Noel Gallagher’s High Flying Birds

Noel Gallagher – The Dreams We Have As Children

Avant la déchéance d’Oasis, deux choses étaient coulées dans le béton : 1) Noel Gallagher était le seul compositeur du groupe et 2) les faces B de single étaient souvent les meilleurs morceaux. C’est à cette époque où nous emmène cet album live, uniquement disponible sous forme digitale (pour sa version complète) et qui reprend un concert de 2007 au Royal Albert Hall de Londres, où Noel était accompagné de son guitariste Gem Archer ainsi que d’un batteur.

Pour ceux qui n’ont pas suivi le Oasis pré-2000, voire les nouveaux fans (???), la setlist est intrigante. Un seul morceau date d’après 2000, on n’y retrouve au total que trois singles (dont une réinterprétation radicale) mais sept faces B et trois nouvelles reprises. Bref, un set list pour fans des débuts, particulièrement choyés. Le fait que ce sont de loin les meilleurs morceaux d’Oasis, et qu’en fait, il n’y manque pas grand chose est encore plus intéressant.

Noel commence donc par trois excellentes faces B ((It’s Good) To Be Free, Talk Tonight et Fade Away, qui ressemble toujours autant au Freedom de George Michael), suivi d’un Cast No Shadow bien sombre, avec cordes, et d’une nouvelle Bside, Half The World Away, repris en choeur par toute la salle. Quel autre artiste pourrait en dire autant? De manière assez amusante, The Importance of Being Idle (seul morceau récent) fait méchamment retomber l’ambiance, mais l’invité qui suit va inverser la tendance : Paul Weller, fidèle mentor de Gallagher, avec qui il reprendra All You Need Is Love et son propre Butterfly Collector. Rien de bien étonnant, mais c’est toujours chouette à entendre, à avoir tous ces morceaux au même endroit. Don’t Go Away et Listen Up sont réarrangés, de manière plus sombre, pour ressembler à un Masterplan étonnamment absent. Sad Song, bizarrement, est nettement moins sombre que la version orginale.

Déjà tout à fait honorable, le show va prendre de la hauteur avec le toujours émouvant Slide Away, la version « Ryan Adams » de Wonderwall et bien sûr, l’inévitable mega hit de Noel, Don’t Look Back In Anger. Seul faux pas du concert, sa reprise des Smiths, There Is A Light That Never Goes Out. Noel n’est pas Morrissey, l’intention était bonne, mais l’exécution déjà moins. Enfin, Married with Children complète le set comme il terminait Definitely Maybe, toujours aussi doucement stupide.

Cet album live est une bonne initiative (surtout que les bénéfices vont au Teenage Cancer Trust), et à le mérite de constituer une sorte de best of des non-hits d’Oasis, chantés par un type qui ne chante pas trop mal et qui est surtout nettement moins irritant. Sympa, donc.