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Supergrass – Diamond Hoo Ha

C’est un grand classique du hype, tous les éléments sont rassemblés. Un groupe qui a déjà de la bouteille (douze ans depuis leur premier single, quand même), dont le dernier album était très introspectif, et aux antipodes des sensibilités pop-rock auxquelles il nous avait habitué. Ajoutons-y quelques troubles d’ordre privé et inissons avec un morceau s’appellant The Return Of Inspiration, et la conclusion est limpide : Supergrass is back. Alors? Not quite.

Oui, les guitares reviennent en force, et avec elles une envie indéniable d’écrire des morceaux rapides, enlevés et moins sérieux. Pour cela, ils choississent un ton assez seventies, assez glam. Pourquoi pas, mais une fois de plus, la route vers l’enfer est pavée, etc etc. D’abord, les morceaux sont quand même moins solides qu’avant. Oui, le BITE ME de Diamond Hoo Ha Man est jouissif, mais le gimmick s’efface vite, comme les effets de guitare qui deviennent vite répétitifs.

C’est dommage, parce qu’ils sont toujours capables d’écrire de très bons morceaux pop, comme un Ghost Of A Friend dylanesquement chanté, ou le mouvementé Whiskey And Green Tea. Et c’est encore plus dommage, parce que Diamond Hoo Ha (c’est quoi ce titre, en plus?) est le moins bon album du ‘Grass jusqu’ici, dans une discographie très recommandable qui a atteint l’excellence (In It For The Money, un des meilleurs albums British des 90s). Ici, on voit juste un groupe qui en a envie, certes, mais qui peine à se renouveler, à (re)trouver sa place. Ce qui n’est pas bon du tout.

Supergrass – Road To Rouen

Il a fallu quatre albums pour que Blur se défasse de son étiquette de groupe populaire pour passer la vitesse supérieure, avec leur excellent album éponyme. Blur faisait suite au fameux The Great Escape, pas mauvais en soi mais trop proche de leur précédent, Parklife.

Supergrass a un peu déçu avec Life On Other Planets, album plein de bonnes intentions et mélodies mais trop formaté, trop proche de leur production habituelle. Difficile à dire si le groupe a suivi l’exemple de Blur, mais Road To Rouen marque définitivement une grosse cassure pour le groupe, juste après leur compilation anniversaire Supergrass is 10. C’est d’ailleurs la seule comparaison valable entre les deux groupes : là ou Blur lorgna vers l’indie US (surtout Pavement), Supergrass revisite les atmosphères psychédéliques, entre Pink Floyd et The Beatles.

L’étrangement titré Tales Of Endurance Part 4, 5 and 6 semble bizarre a la première écoute, mais très vite, on se rend compte qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un des meilleurs morceaux jamais joués par le groupe. Faisant irrémédiablement penser aux guitares traînantes de Wish You Were Here, le morceau s’articule autour d’une superbe ligne mélodique, qui se découvre peu à peu, se fait oublier avant de revenir en force.

St Petersburg est de loin le single le plus mélancolique, néanmoins battu par le superbe Roxy, ballade emmenée par un mellotron évidemment très Beatles. Le tout est très subtil, mais semble parfois un peu brouillon, comme démonté dans Road To Rouen, aux influences bizarrement Talking Heads. Kick In The Teeth est la seule concession au son classique Supergrass, alors que les deux morceaux de fin (Low C et Fin) terminent un album court, mais qui n’a sans doute pas fini de dévoiler toutes ses surprises.

Supergrass surprend, encore plus qu’avec leur troisième cd (Supergrass). C’est sans doute une bonne chose, même si on ne sent pas toujours le groupe très à l’aise par rapport à leur nouvelle incarnation. Gaz Coombes, quant à lui, montre que sa voix est vraiment superbe, et le groupe a progressé en tant que musiciens, mais on n’est pas convaincus à 100% du résultat. Ceci dit, il faut une grosse dose de courage pour évoluer de la sorte, et ce n’est pas donné à tout le monde de réussi une réinvention avec brio. On se demande ce qui va se passer maintenant, ce qui est sans doute la chose la plus excitante apportée par Road To Rouen (le jeu de mots craint, ceci dit).

Supergrass – Supergrass Is 10

Déjà dix ans… Dix ans depuis ce clip montrant trois ados hirsutes faisant les cons sur une plage anglaise, scandant des paroles optimistes… Depuis, Supergrass est moins jeune, mais bien meilleur aussi. Ces dix ans ont fait du groupe l’un des meilleurs du Royaume-Uni, tout au long d’une carrière comprenant quatre albums d’indie pop mélodique, parfois remuante, parfois tendre, mais presque toujours irréprochable. Le groupe a vieilli sans devenir idiot et inutile, et il sont plus que jamais relevants, à l’heure où la relève de la pop anglaise repose entièrement sur les (très) frêles épaules de Pete Doherty. Et c’est sans parler du live, où ils sont absolument excellents.

Cet album, un vrai best of plutôt qu’une compilation de singles fait la part belle aux deux premiers opus (le très bon début I Should Coco, et le fantastique In It For The Money) : Alright bien sûr, mais aussi les classiques Lenny, Caught By The Fuzz, les immenses Sun Hits The Sky et Richard III (mais où est In It For The Money?), le passage vers la maturité avec les magnifiques Moving et Grace, LA pop-song parfaite. On rajoute à tout ça deux inédits de bonne facture, même si plutôt anecdotiques, et on obtient un concentré parfait (21 morceaux) d’un groupe excellent, à qui on souhaite une carrière aussi longue qu’une de leurs idoles, Neil Young. Une des compiles de l’année, sans aucun doute.