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Top albums 2012 : 1-20 et playlist Spotify

MB2012Avec un peu de retard, voici la dernière partie de mes cent albums préférés de 2012. Elle est accompagnée d’un long playlist Spotify reprenant un extrait de chaque album (sauf les rares qui ne font pas partie du catalogue Spotify) ainsi que des extraits de singles, EP ou albums hors du top 100. Le playlist est très long (110 morceaux, sept heures) et classé par ordre alphabétique, donc shuffle mode chaudement recommandé. Sans plus attendre…

20 Allo Darlin’ – Europe. Allo Darlin’ tourne autour d’Elizabeth Morris, Australienne résidant à Londres, et qui aurait pu être la chanteuse de Belle and Sebastian dans un univers parallèle. Indie pop parfois twee mais jamais prétentieuse, la musique d’Allo Darlin’ est douce, intemporelle et marquée par la superbe voix, l’ukulele mais aussi les paroles de Morris : “They could name a star after you and you’d still be complaining” est peut-être mon vers préféré de l’année. Elle a aussi un certain talent de conteuse, comme Tallulah le montre, et oui, c’est une référence à un autre groupe australien émigré à Londres, The Go-Betweens. Europe est une boîte contenant un rayon de soleil à ouvrir autant de fois qu’on en a envie.

19 And You Will Know Us By The Trail of Dead – Lost Songs. Trail of Dead ont retrouvé la mémoire, et se sont souvenu qu’ils sont un groupe punk aux influences prog et non le contraire.Sans nécessairement revenir à la rage de Madonna, Lost Songs est nettement plus direct et percutant que leurs derniers albums. On y ajoute une bonne dose de thèmes socio-politiques et on obtient un album dense et intense, peut-être un peu trop. Mais c’est leur meilleur album depuis un paquet d’années.

18 The XX – Coexist. Etrange album. Médiocre de prime abord, il requiert impérativement une écoute attentive, un risque démesuré dans une époque de consommation Kleenex effrénée. Mais avec un bon casque, seul, dans le noir, les couches superposées de main de maître par Jamie Smith se confondent, s’alliant aux douces basses et guitares ainsi qu’aux voix séparées ou simultanées de Romy Madley-Croft et d’Oliver Sim, qui chante d’ailleurs nettement mieux. Mais aussi, il fait part belle au silence, instrument à part entière. Pari difficile pour The XX, et son faible impact (comparé à leur début) semble jouer en leur défaveur. Mais je pense qu’ils l’ont réussi.

17 Swans – The Seer. Une des expériences auditives de l’année. Oppressant, puissant, très long (deux heures), des morceaux dépassant les vingt voire trente minutes, un groupe qui existe depuis plus de trente ans. Tout cela ne devrait pas fonctionner, et pourtant. Entre drones, explosions sonores, une batterie qui sonne comme des mitraillettes ou rend nauséeux et la voix étrange et inquiétante de Michael Gira, Swans a réussi un des meilleurs albums de l’année, et peut-être le plus intrigant. Quelques accalmies (le chant clair de Karen O sur Song for a Warrior) éclaircissent un ciel sombre et orageux, qui caractérisent un album qui pourrait être la bande originale d’un film d’horreur particulièrement malsain.

16 Sharon Van Etten – Tramp. En plus d’avoir une voix fantastique, Sharon Van Etten est aussi un auteur-compositeur fantastique, excellant de la même manière dans les morceaux acoustiques (Give Out) que dans ceux joués par un groupe entier (des National, Walkmen notamment). Très personnel tout en restant accessible, élégant et émouvant, parfois très intense (All I Can), Tramp hantera les moments sombres de personnes déprimées aux goûts musicaux avérés. Who the fuck is Lana Del Rey?

15 First Aid Kit – The Lion’s Roar. Deux jeunes soeurs suédoises, qui écrivent et chantent comme si elles avaient vécu plusieurs vies. Les chansons sont belles sans tirer sur la corde pathétique, et semblent ne pas avoir d’âge. Emmylou est une des plus belles chansons d’amour jamais écrites, point final. Espérons que leur songwriting continuera à évoluer.

14 Ceremony – Zoo. Après des débuts full hardcore, Ceremony soigne l’emballage, dépasse les deux voire trois minutes mais reste très intense, en clignant vers Mudhoney et Pixies.

13 Bad Books – II. Kevin Devine et Manchester Orchestra. 50% folk, 50% rock, 100% indie. Qui a besoin des reformations de Grandaddy ou Pavement quand on a de telles compositions et un flair mélodique rare.

12 Screaming Females – Ugly. Screaming Females, c’est surtout Marissa Paternoster, étrange hybride entre J Mascis et Carrie Brownstein, une guitariste très inventive à la voix particulièrement expressive. Mais elle sait aussi écrire de bonnes chansons, et s’entourer d’une section rythmique solide (d’autant plus que Steve Albini est derrière la console). La voix tourne autour de la guitare et inversement, en suivant des méandres et détours souvent étranges et inattendus, qu’on pourrait même parfois rapprocher de System of a Down en moins bourrin (Tell Me No). On regrettera peut-être la relative longueur de l’ensemble (53 minutes) mais l’inventivité compense amplement.

11 The Men – Open Your Heart. Second album en deux ans chez Sacred Bones Records, Open Your Heart élargit énormément la palette des Hommes. Toujours intense mais moins agressive, incoporant des éléments de krautrock, surfrock, psyché, post-punk et j’en passe (country?), leur musique passe la vitesse supérieure. La voix n’est pas toujours mise en avant, et quelques morceaux sont majoritairement voire totalement instrumentaux. De plus, The Men montre qu’ils sont encore capable de progresser, pour potentiellement atteindre des sommets. En attendant, Open Your Heart est déjà fantastique en soi.

10 Ty Segall – Twins. C’est peut-être seul qu’il est le meilleur. Comme si McCartney écrivait pour Mudhoney. Aucune idée de ce qu’il va faire en 2013 (se calmer? espérons que non), mais Ty Segall n’a aucune limite.

9 Melody’s Echo Chamber. Second des trois albums de ce top produits par Kevin Parker (Tame Impala), MEC est le projet de la chanteuse française Melody Prochet. La production de Parker est assez proche de ce qu’il fait pour son propre projet et pour Pond, mais les chansons de Prochet ont des influences plutôt dream pop. L’union des deux créent un son intéressant, plus dynamique de la dream pop “classique” mais moins psyché/out there que Tame Impala. L’album est très joli, très réussi et assez marrant quand Prochet chante en français. Une réussite de plus pour Kevin Parker, mais il n’est pas le seul à en être responsable.

8 Dinosaur Jr. – I Bet On Sky. De toutes les reformations qu’on a connu ces dernières années, celle de Dinosaur Jr est certainement la plus réussie, d’autant plus qu’elle était fort improbable. I Bet On Sky est leur album le plus tranquille, préférant les mélodies et rythmes mid-tempo aux brûlots punkoïdes joués à très haut volume. Ils se permettent même d’expérimenter (légèrement) avec des claviers. Mais quelle que soit la forme qu’elles prennent, les chansons de J Mascis restent inoubliables, grâce à sa voix et à son jeu de guitare inégalables. Stick a Toe In est bourrée d’émotion, Watch the Corners un chef d’oeuvre de maîtrise. On notera encoren la seule grosse accélération, Pierce the Morning Rain mais aussi les deux morceaux de Lou Barlow, surtout Recognition, probablement sa meilleure pour Dinosaur Jr. depuis leur retour. Vivement le nouvel album de Sebadoh en 2013. Encore un excellent album pour le trio, dont la seconde carrière est sans problème aussi réussie que la première, bien qu’assez différente.

7 Goat – World Music. La légende entourant ce groupe est assez barrée, ils sont censés venir d’un bled suédois perdu où se passent plein de choses bizarres comprenant des rituels vaudous et de la musique traditionnelle en perpétuelle évolution. Quoiqu’il en soit, World Music est bien cinglé en tant que tel, à la croisée de chemins entre rock, metal et afrobeat, le tout dans une esthétique punkoïde. Unique.

 6 Chromatics – Kill For Love. Qui a dit que l’album était mort? Chromatics prouve exactement le contraire, avec un opus de 77 minutes à la séquence absolument parfaite, qui le rapproche plus du déroulement d’un film que d’un album court comme on en a vu pas mal cette année. Il commence avec la meilleure reprise de Neil Young que je connaisse : Hey Hey My My, ici simplement renommée Into The Black, sans percussion mais avec une guitare répétitive sous delay ainsi que la voix de Ruth Radelet qui fait penser à celle de Nico. Ensuite, on retrouve quelques morceaux plutôt postpunk/synthpop qui précède un milieu d’album assez instrumental, tout en ambiances feutrées. Birds of Paradise est magnifique, avec ses craquements de vinyl intemporels, tout comme le lancinant Dust To Dust. Il se termine avec The River, pendant qu’on imagine les crédits défiler. En accordant une telle importance à la construction de l’album, mais aussi en soignant le fond, Chromatics réalise un des plus beaux albums de l’année.

5 Tame Impala – Lonerism. Second album pour Tame Impala, projet solo de Kevin Parker aussi impliqué cette année dans les albums de Pond et Melody’s Echo Chamber. Mais Lonerism est un niveau au-dessus de tout cela. Génie moderne, Parker s’inspire des meilleures heures du rock psychédélique des années 60 à nous jours pour sortir un album phénoménal, inventif et brillant. Même si Lonerism sonne souvent comme la suite de Tomorrow Never Knows chanté par le Lennon de A Day in the Life, il n’est pas dérivatif pour autant, et comprend son lot de mélodies et de rythmes qui claquent. Les mélodies laissent parfois la place aux textures, ambiances et bruits ambiants, et comprend aussi quelques longueurs, mais l’essence même de l’objectif parfaitement atteint de Parker, passe par une certaine répétition et abstraction. Il est difficile de penser qu’il pourra un jour surpasser cet album, mais s’il y arrive…

4 Japandroids – Celebration Rock. Rarement un album aura aussi bien porté son titre. Commençant et se clôturant sur des feux d’artifice, Celebration Rock l’est exactement, une fête célébrant la vie et le rock ‘n roll, tout au long de huit morceaux. Peut-être que rien n’est inventé, mais qu’importe : le duo Japandroids a capturé l’essence du rock comme peu d’artistes avant eux, et ils ont eu l’extrême intelligence de faire un album court, histoire de ne pas se répéter où de baisser d’intensité. Parfait de bout en bout, il contrebalance le mal être exprimé dans d’autres albums au sommet de ce top 100. Et c’est ça aussi, le rock, une somme de contradictions irrésolvables, mais cohabitantes.

3 Deftones – Koi No Yokan Meilleur album des Deftones? Nouveau White Pony? Ou juste un groupe dans sa zone de confort, une fois de plus? Probablement tout et rien à la fois. Après plus de vingt ans de carrière, sept albums et plus ou moins tous leurs contemporains oubliés, Deftones occupe une place à part dans le paysage musical actuel. Après avoir rénové le metal aux côtés de Korn et de Ross Robinson, ils l’ont plus ou moins quitté, ou en tout cas l’ont truffé d’influences 80s et d’une intensité romantique qui font généralement défaut dans le genre. Cependant, même si c’est sans doute l’album le moins metal du groupe, il n’est pas sans moments furieux, comme l’intro nu-metallesque de Gauze (intro suivie d’une voix mielleuse à souhait et d’un refrain Cure meets Smiths) ou d’entrée de jeu le riff bulldozer de Swerve City. Mais une fois de plus, tout est une question d’atmosphère, d’ambiance et de finesse, notamment dans l’habillage sonore précieux de Frank Delgado ou dans la basse de Sergio Vega, qui occupe maintenant sa vraie place au sein du groupe. Les morceaux montent en puissance, descendent, explosent et se calment, souvent en quelques minutes. Tout cela est lié par la voix de Chino Moreno qui, aussi cliché que cela puisse paraître, chante de mieux en mieux. Personne ne pourrait élever Entombed ou Tempest à ce niveau, entre murmures et hurlements. Rosemary représente peut-être la quintessence d’un album dont le seul reproche que je peux lui faire est son dernier morceau, un poil en deçà de ce qui précède. Mais ce n’est qu’un détail, lorsqu’on arrive à un tel niveau. Poignant, puissant, beau et intense, Koi No Yokan n’est pas mon album de l’année tout simplement parce que je savais qu’il serait mon préféré.

2 Cloud Nothings – Attack On Memory. En échangeant une pop-rock indé très lofi pour une production Albini et une ambiance, disons-le, grunge, Dylan Baldi a montré sans aucun effort qu’il n’avait pas à rougir de la comparaison avec Kurt Cobain. Comme lui, il sait écrire une pop song parfaite sans en avoir peur, comme lui il peut devenir enragé quasi sur commande. L’album déjà annoncé pour 2013 pourrait être celui de l’explosion d’un des plus grands talents contemporains.

1 Metz – Metz Je me suis parfois demandé ce qu’aurait été In Utero enregistré avant Nevermind, à savoir l’intensité violente et sans compromis de Cobain sans les sensibilités pop ni l’arrière-goût du succès. Et j’aime penser que cet album aurait pu vaguement ressembler à Metz. Sans aucune concession, parfois proche du noise rock, le premier album du trio (ben oui) claque fort, très fort, autant que les meilleures heures de Shellac (ben tiens) ou de Drive Like Jehu. Chaque morceau, chaque seconde ne tient que sur un fil, comme si la vie du groupe en dépendait (ce qui est apparemment le cas lors de leurs concerts). Si Dylan Baldi en est le pendant pop, alors Metz représente la partie disto/overdrive/big muff de Cobain (et de tous ceux qui venaient avant lui, devinez chez qui Metz est signé?). J’aurais même pu encore sortir le mot qui commence par G.