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Therapy? – Troublegum (1994)

folderPour des raison parfois difficiles à comprendre, certains groupes connaissent un succès important dans certains pays, et pas dans d’autres. C’est, ou du moins c’était, le cas de Therapy?, groupe nord-irlandais qui a connu, entre les années 94-98 un grand succès en Belgique, qui s’est confirmé par un beau paquet d’apparitions en festival, et en concert au quatre coins du pays (et pas seulement aux typiques Werchter/Pukkelpop/Bruxelles).

Le succès commercial commença avec cet album, leur second album complet. Par chance, il sortit en même temps que la fin de la vague grunge, ce qui poussa les média à les voir comme sauveurs du rock et trucs de genre, ce qui peut toujours être utile pour vendre des disques. Le single majeur de Troublegum, Screamager, sortit un an plus tôt (Shortsharpshock EP) et se retrouve carrément dans le top 10 anglais. L’album connut aussi un grand succès, notamment grâce aux autres singles, Nowhere, Turn, Die Laughing et Isolation.

Tout cela est très bien, mais que vaut l’album? Et bien, il est très bon. Alliant le mal-être de la période grunge à des riffs punk rock, le tout emmené par une section rythmique assez exceptionnelle, la musique de Troublegum pouvait atteindre un maximum de personnes aux oreilles pas trop bouchées. Les morceaux sont accrocheurs (oserais-je dire pop?) tout comme la voix d’Andy Cairns (le type le plus sympathique du rock). Mais la puissance, et parfois la violence ne sont pas négligées, tout au long de quatorze morceaux d’apparence assez simples (Cairns était à l’époque le seul guitariste) mais marquants. Knives, par exemple, compresse en moins de deux minutes la puissance de Black Sabbath qui se fait bastonner par Bad Brains, alors que les singles déjà cités sont un mélange parfait entre mainstream radio (enfin, pour 1994, 13 ans après les choses ont hélas changé) et rock n roll. D’autres tracks, comme Hellbelly ou Stop It You’re Killing Me apportent leur lot de riffing frénétique, et l’excellente reprise de Joy Division (Isolation) confirme les thèmes omniprésents : la solitude, le désespoir, le manque de confiance, voire la folie.

Vers la fin de l’album, Unrequited ajoute quelques accords de violon, qui seront longtemps présents dans la vie du groupe, grâce à Martin McCarrick, qui deviendra plus tard leur second guitariste. Car Therapy?, en 18 ans de carrière toujours en cours, n’aura jamais fait deux fois le même album. Troublegum n’est sans doute d’ailleurs même pas leur meilleur. Le succès commercial durera encore un album, Infernal Love, leur plus commercial (avec les singles Diane et Stories), avant que le très troublé Semi-Detached leur fasse vivre un No Code.

Therapy? – One Cure Fits All

Et de onze pour Therapy?. Ils n’ont évidemment plus rien à prouver depuis longtemps, ayant connu la gloire, puis la descente avant de se stabiliser maintenant avec une fanbase stable, et des album qui continuent à être très bons et variés.
Ceci dit, depuis le précédent album, Never Apologize Never Explain, on peut remarquer que le groupe revient à des sonorités plus heavy, assez grunge même, et One Cure Fits All assure à ce niveau, ceci dès le premier morceau (Sprung) et son riff infernal. Les morceaux ne perdent pas leur temps, et sont très straight to the point, sans trop de compromis. On regrettera juste peut-être que le groupe n’aura pas pris autant de risques que d’habitude avec cet album, qui, dans le classement de leurs meilleurs, se retrouvera sans doute dans la seconde moitié.

Le plus important finalement, est que Therapy? croit toujours en ce qu’ils font, contrairement à d’anciennes vieilles gloires du rock qui auraient mieux fait de raccrocher leurs guitares il y a bien longtemps. Andy Cairns continue à exprimer sa vision du monde via des paroles parfois sombres, mais toujours recherchées, alors que musicalement, on reste dans le très bon, puissant et très bien exécuté (notamment dans le jeu de batterie de Neil Cooper).

Une fois de plus, et c’est quand même assez rare, vivement le prochain.

Therapy? – Never Apologise Never Explain

Le temps passe très vite, c’est déjà le dixième album des Irlandais de Therapy?, qui, contrairement à ce que beaucoup croient, existent encore… Après l’explosion des albums Troublegum et Infernal Love (Stories, Screamager, Diane), le groupe a peu à peu disparu de la scène commerciale, sans doute autant du à leur évolution musicale plus expérimentale qu’à leurs déboires de maisons de disques (3 en 4 albums). Ceci dit, T? continue à sortir régulièrement des albums variés et de très bonne qualité. Dernièrement, High Anxiety revenait à un son mélodique, et cet album, Never Apologise Never Explain montre un côté plus métal, plus sombre, et très bruyant. Therapy? a perdu récémment son deuxième guitariste, et a ainsi gagné en puissance sans pour autant que ça soit au détriment de la variété musicale. De même, il semble que le groupe ait trouvé un batteur de grande qualité, en la personne de Neil Cooper. Enfin, le bassiste Michael McKeegan a plus d’espace pour s’exprimer, et sort d’un registre purement rythmique pour créer des lignes de basse impressionnantes

Rise Up, premier morceau de l’album, est aussi le premier monstre de l’album, qui ne laisse jamais de répit à l’auditeur. On y retrouve, pêle-mêle; les influences de Fugazi, Killing Joke, Sex Pistols, Helmet ainsi qu’un hommage au groupe préféré du chanteur/guitariste Andy Cairns, Ramones (Rock You Monkeys). Cairns qui impressionne aussi en tant que parolier, passant facilement du général (Perish The Thought) au particulier (Dead) en ajoutant une dose d’antimondialisme/antibushisme typique.

En définitive, encore un très bon album de Therapy?, qui ne ressemble que peu aux précédents, et tant pis pour ceux qui ont quitté le train.