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Janvier 2013

Plutôt que de ne rien écrire et de tout balancer fin de l’année, tout en oubliant la moitié de ce qui est sorti, j’ai eu l’idée d’écrire une sorte de récapitulatif mensuel, accompagné d’un playlist des morceaux marquants du mois + de ce qui sortira le mois suivant. J’y ai pensé un peu tard pour faire janvier à temps, mais bon, je fais janvier maintenant, février dans quelques jours, et puis ça sortira en fin de chaque mois. Je prévois aussi une possibilité de rattrapage pour ce que j’aurai évidemment oublié. Soit. Janvier 2013.

Il fut un temps où janvier était un mois dépourvu de sorties intéressantes. Ce n’est plus le cas maintenant, tant d’albums sortent qu’il faut bien les caser quelque part. Et l’année dernière, un des tous meilleurs albums de 2012, Attack on Memory, est sorti en janvier. On ne rigole plus avec janvier, donc. Par contre, décembre… Soit, encore.

La plus grosse sortie de janvier est sans doute Opposites, de Biffy Clyro. Absolument énormes en UK, ce qui n’était pas gagné du tout vu la bizarrerie de leurs trois premiers albums, ils tentent depuis de rester cohérents tout en devenant accessibles. Opposites est très casse-gueule, car c’est un double album. Comme à chaque fois (ou presque?) on aurait pu supprimer quelques morceaux et gagner en compacité, mais rien n’est mauvais, chaque piste se serait battue pour garder sa place. On regrettera peut-être le fait qu’ils n’ont pas trop profité du concept pour varier et évoluer musicalement, prendre un peu plus de risques, quoi. Opposites est quand même très bien, et Biffy Clyro est peut-être le seul groupe rock mainstream (et à succès, n°1 UK) crédible à l’heure actuelle.

THOAP

Mais mon album préféré (je ne parle plus de « meilleur », ça n’a aucun sens) est Out of View, de The History of Apple Pie. Un peu comme The Joy Formidable (on en reparle juste après), les très googlables THOAP ont sorti quelques morceaux depuis 2011, et maintenant enfin leur premier album, un fantastique mélange de mélodies pop dans un océan de guitares fuzz jouées par des musiciens qui regardent sans doute trop souvent leurs chaussures. La voix gentiment sucrée de Stephanie Min fonctionne parfaitement dans un album fun et adorable, même si légèrement anachronique. J’hésite juste entre See You et Mallory comme single de l’année. Pas du mois, de l’année.

The Joy Formidable, donc, ont sorti leur second album, et cela fait du bien d’enfin entendre des nouveaux morceaux. Wolf’s Law est un second album tout ce qui est de plus classique, le groupe qui continue sur la même lancée, en raffinant l’écriture. Rien à jeter, mais il ne me semble pas qu’il aura le même impact que The Big Roar, et qu’il permettra au groupe d’accéder à ce qui semble être leurs désirs, le statut de groupe sinon de stade, de grosses salles. Mais ils ont joliment progressé dans les mélodies comme le montrent Silent Treatment ou le cinématique (presque) final The Turnaround, sans oublier des morceaux plus directs comme Cholla ou le New Orderesque This Ladder is Ours. Et The Maw Maw Song, complètement cinglé.

On retiendra aussi le premier album solo de l’ex-Girls Christopher Owens, court album-concept autour d’une certaine Lysandre (oui, Lysandre est un prénom masculin, mais bon, c’est une française – c’est pour rire, hein). Romantique à souhait, l’album est construit autour d’un thème vaguement médiéval que l’on entend à plusieurs reprises le long d’un album qui sert plutôt d’introduction à Christopher Owens en tant qu’artiste solo. Je ne serais pas surpris d’avoir un nouvel album d’ici décembre.

Dans la catégorie indie, on n’oubliera pas Yo La Tengo, avec un Fade presque trop parfait, Everything Everything en mode arty ou Unknown Mortal Orchestra (II) confirmant le talent particulier de Ruban Nielson, peut-être le Kevin Parker de 2013. On a aussi Tegan and Sara (Heartthrob) qui se la jouent (très bien) synthpop, les révisionnistes indie Foxygen, les énergiques, entraînants et sans aucune honte (solos de guitare! trompette! cowbell!) Free Energy (Love Sign) et Parquet Courts, que j’ai découvert grâce à la ressortie de Light Up Gold, sorti tellement intimement en 2012 qu’on peut dire qu’il est vraiment sorti cette année (oui, ça m’arrange). Pensez Pavement avec la tension de Wire.

Un peu plus bruyant, le grand retour de Tomahawk et son all-star band (Mike Patton, John Stanier, Duane Denison et Trevor Dunn) pour un Oddfellows un peu moins tordu que d’habitude, qui rappelle même parfois Faith No More (conséquence de la tournée de réunion?). Bad Religion a sorti son seizième (seizième!) album (True North), mais j’ai surtout accordé de l’attention au gang surf/punk bordélique FIDLAR ainsi qu’à California X, nouveau groupe sludge/punk qui vient du même endroit que J Mascis et le prouve avec brio.

Vous pouvez écouter des extraits de tout cela dans ce playlist Spotify, avec en plus le premier extrait du futur album de Paramore (Now) et le premier morceau solo de Kim Deal (qui vient d’un 7″).

À dans quelques jours pour parler ce qui s’est passé en février.

Tomahawk – Anonymous

Mike Patton est un homme aux multiples facettes, et est probablement l’artiste qui s’est le plus souvent retrouvé dans ces pages, quasi à chaque fois avec des projets différents. Cette fois, c’est encore plus étrange : le troisième album de Tomahawk, qui reste son projet rock le plus conventionnel, ne ressemble pas du tout aux deux précédents, et tenderait même plus, mais pas exactement, vers l’expérimental Fantômas.

Le concept est simple et étrange, comme souvent chez Patton : Anonymous, fidèle à son titre, reprend des morceaux traditionnels des Indiens d’Amérique, ceux qu’on doit appeler là-bas Native Americans pour faire dans le politiquement correct. Patton vocalise plutôt qu’il ne chante, en scat, en onomatopées vocodées mais parfois aussi presque normalement, mais c’est une fois de plus John Stanier qui casse la baraque.

Non content d’être la force motrice derrière l’album de Battles, un des incontournables de 2007, l’ex-batteur de Helmet imprime tout sa science du rythme parfait, passant de beats simples et constructifs aux rythmes syncopés à couper le souffle. Le tout sans voler la vedette à l’ambiance de l’album, tout en sérénité ambiante profonde, qui rappelle parfois Dead Can Dance. Ou à une occasion, System Of A Down : les sources sont ici, et même si un simple album de reprises ne peut pas permettre d’expliquer la culture musicale de plusieurs peuples pendant des centaines d’années, au moins Tomahawk aura réussi à démontrer son influence.

De plus, malgré une évidente bizarrerie et quelques libertés prises, textuellement et musicalement (le très heavy Sun Dance le prouve), Anonymous reste tout à fait écoutable et est en fait une bonne surprise car moins fermé que ce que Patton a souvent tendance à faire, comme le récent Moonchild. Bonne surprise, et bon album.