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Juin 2013

La saison des festivals bat son plein, c’est pourquoi on n’a pas eu beaucoup de sorties majeures ce mois-ci, et il y en aura encore moins les deux prochains. Ceci dit, c’est le mois qui a été choisi par une myriade de labels indés pour caser des albums plus excellents les uns que les autres : 2013 est déjà une grande année.

Cet article est un peu différent des précédents : vu l’abondance des sorties, le retard accumulé et le fait que la partie déjà écrite me semble mauvaise, j’ai choisi un style plus rapide, avec moins de longues phrases que plus personne ne semble lire de nos jours.

Album du mois : Queens of the Stone Age… Like Clockwork.

Like ClockworkLeur premier en six ans, il a pourtant été reçu de manière mitigée, sans doute parce que certains attendaient beaucoup plus de bourrinage à la Songs for the Dead (album que j’aime beaucoup, ceci dit). Certains (les mêmes?) se sont aussi sentis floués par les special guests qu’on entend/distingue à peine (Grohl, Reznor, Lanegan, etc). Tout ce monde là est totalement passé à côté d’un album varié, sans temps mort et d’une grande créativité. Oui, Queens of the Stone Age a toujours été le projet de Josh Homme (comme Nine Inch Nails pour Trent Reznor) et c’est très bien comme ça.

Mentions très spéciales : Surfer BloodPythons. Il aurait peut-être été mon album du mois sans ça. Groupe rock aux influences pop, Surfer Blood nous ramène à une époque insouciante, aux alentours de l’album bleu de Weezer. Mais aussi Smith WesternsSoft Will (psychétastique), These New PuritansFields of Reeds (sans exagérer, le Kid A de 2013), Eleanor FriedbergerPersonal Record (dans mon utopie, elle serait Beyoncé), PalmsPalms (Isis + Chino Moreno, rien à dire de plus), City and ColourThe Hurry and the Harm (c’est beau, triste, mais beau), Camera ObscuraDesire Lines (c’est beau, et moins triste), I Is AnotherI Is Another (dream team emopostmachin entre Ian Love et Jonah Matranga), Sigur RósKveikur (plus musclé que d’habitude, tant mieux) ou encore Boards of CanadaTomorrow’s Harvest (bande originale d’un film irréalisable). Ah, et Electric Soft ParadeIdiots, toujours impeccables.

Ce mois-ci a aussi vu la sortie d’albums de quelques unes de mes découvertes récentes : DeafheavenSunbather (shoegaze metal?), Aye NakoUnleash Yourself (punk féministe), Bass Drum of Death – Bass Drum of Death (lofi garage machin) ou encore HaustNo (punk hxc norvégien).

Et on doit aussi parler de quelques gros trucs sortis en juin, comme Black Sabbath13 (étrangement décent), Kanye WestYeezus (meilleur que Random Access Memories), Miles Kane – Don’t Forget Who You Are (la vie sans Alex Turner semble bien se passer), Beady EyeBE (Dave Sitek ne remplace pas l’absence de bons morceaux), CSSPlanta (idem), Jimmy Eat WorldDamage (passé, peut-être, mais toujours impeccable), Stone GossardMoonlander (guitariste de Pearl Jam avec des morceaux meilleurs que le dernier Pearl Jam), Sons of the Sea – Compass EP (alias Brandon Boyd avec des morceaux meilleurs que le dernier Incubus).

Une fois de plus, désolé pour le caractère « liste » de cet article, mais c’était ça où 90 000 caractères publiés fin 2016. Si j’ai oublié quelque chose, merci de me le faire remarquer en commentaire (Andrew Stockdale c’est volontaire, et Guitar Wolf m’a assez déçu).

Voici l’habituel playlist Spotify (30 morceaux, shuffle mode recommandé) avec une grande majorité de ces albums dedans, mais aussi quelques morceaux d’albums à venir plus tard (Arctic Monkeys, Nine Inch Nails, The Strypes). On se revoit dans un mois, achetez des vinyles et ne regrettez jamais rien.

Brandon Boyd – The Wild Trapeze

It’s evolution baby. Mouais, mais parfois, les groupes qui changent leur son le font juste par manque d’inspiration, ou par facilité commerciale. Incubus a commencé comme groupe funk-rock-punk-metal-tordu, avec Fungus Amongus (1995) et le juste un peu moins bizarre S.C.I.E.N.C.E. (1997). Leur dernier album, Light Grenades (2006), ne ressemblait absolument plus à ça, entre morceaux rock ramollis, pastiches de Police et ballades saccharinées pour séries TV d’ados mormons. Entre les deux, on peut voir une réelle évolution, et quelques très bon moments, dont le fantastique Make Yourself (1999).

Brandon Boyd a suivi le même chemin, de l’ado troublé aux dreads peu fraîches au trentenaire sex symbol pas trop malgré lui. Son album solo aurait pu être un truc produit par Timbaland, histoire de larguer définitivement ses copains de fumette pour connaître la gloire, la vraie, celle de Gwen Stefani quand elle a viré son groupe ska. Ben non, bizarrement. Brandon a tout fait tout seul, joué de tout, rameuté le producteur des Flaming Lips Dave Fridmann et monté la distortion à 11. Pas que l’album est le retour au « nu-metal » des débuts, juste qu’il a ce feeling lo-fi, comme si Boyd l’avait monté tout seul, dans sa chambre, avec des boîtes à oeufs mal collées au mur. Résultat : son meilleur album depuis Make Yourself.

L’album est tellement bizarrement enregistré qu’on a cru, lors de la sortie digitale, qu’il y avait eu un problème de mastering, à la Death Magnetic. Boyd a lui-même réagi et confirmé que ce son tordu était intentionnel, car il avait voulu arriver à l’opposé d’un album trop (bien) produit. Etonnant, mais cela marche, surtout que les mélodies ne sont jamais gratuitement détruites par ce procédé, le but n’était pas nécessairement de faire un album difficile d’accès. D’ailleurs, quelques unes des meilleures mélodies pondues par Boyd se trouvent ici : les refrains de Revenge of the Spectral Tiger ou A Night Without Cars auraient pu, dans un autre contexte, faire un plus gros tube que Drive. Mais non, Boyd les garde pour un album discret, et en profite pour taper des solos de guitare franchements tordus, histoire de ne pas faire si accessible que ça. Même chose pour le premier single, Runaway Train, qui part après une minute dans un trip tribal accompagné d’instruments bizarres probablement trouvés dans un fond de grenier quelque part à LA.

Reste que Courage and Control pourrait bien l’être quand même, ce tube, avec une mélodie parfaite et une voix à arracher des larmes au plus cynique de ses critiques. En fait, il y a plus d’accroches mélodiques dans ces 3″52 que dans les deux derniers albums d’Incubus. Brandon est peut-être le vrai talent du groupe, qui l’eût cru? Enfin All Eyes Avow est le truc le plus bordélique sorti du cerveau marijuané de Boyd depuis Take Me To Your Leader, et ça, c’est quand même quelque chose.

The Wild Trapeze fourmille d’idées, on pourrait même trouver que certains morceaux en ont trop : Boyd donne parfois l’impression d’être Michael Jackson chez Hamley’s, et veut toucher un peu à tout. De même, comme tout album solo, premier de surcroît, tout n’est pas du même niveau. Mais c’est son album, il en fait ce qu’il veut, et il a bien raison. Grâce à ça, le prochain album d’Incubus pourrait bien être excitant, et ça, c’est une sacrée surprise.