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Institute – Distort Yourself

En 1994, le grunge était mort. Tous ses illustres représentants allaient progressivement s’en éloigner, laissant la place à quelques petits malin, qui vont tenter de secouer la cadavre de Kurt Cobain jusqu’à ce qu’il s’effrite totalement. Bush était de ceux-là. Un des rares groupes anglais à avoir connu un grand succès aux States, Bush a copieusement copié les formules classiques quiet/loud, ce qui, couplé à la gueule d’ange du chanteur Gavin Rossdale, leur a permis d’atteindre une étonnante renommée. Après quatre albums pénibles, et aussi originaux qu’un best of de Creed, Bush se sépare, Gavin Rossdale se marie avec la future megastar Gwen Stefani, et se retrouve sans job (si ce n’est quelques seconds rôles ciné amusants).

Mais bon, Gavin s’est sans doute dit qu’il fallait bien faire quelque chose de son temps, et a téléphoné à son copain Page Hamilton (Helmet), pour lui proposer ses services.

Et voilà le (moins) beau Gavin de retour, avec Institute, qui possède un line-up assez intéressant sur papier : Chris Traynor (Helmet, Orange 9mm) à la guitare, Cache Tolman (CIV, Rival Schools) à la basse et donc Page Hamilton derrière la console. Comme tous les « supergroupes » récents, la question est : plus Bush ou plus Helmet ?

Clairement, les premiers morceaux ne laissent aucun doute : les riffs lancinants mid-tempo de Traynor et la basse dominante de Tolman (qui a sans doute pas mal écouté Sunn O))) )se réfèrent à Helmet, plus qu’au grunge-pop de Bush (qui, soit dit en passant, avec un nom pareil, à quand même bien fait de se séparer). La voix de Rossdale fonctionne bien, du moins si on réussit à la dissocier de son ancien groupe, et on se rend compte que Distort Yourself n’a pas l’air mauvais du tout. Bon, les paroles ne sont pas bien terribles, les huit premiers morceaux sont basés sur le même tempo (mais Helmet, universellement reconnu, a basé tout leur carrière sur ce tempo), mais ça aurait pu être bien pire (comme la couverture le pressentait).

Le groupe ose même les ballades, avec plus ou moins de réussite, mais au moins elles ont le mérite de ne pas tout foutre en l’air. Gwen Stefani aurait pu rester dans le studio de Pharrell, ses backing vocals sur Ambulance n’étant pas très crédibles.

Ceci dit, l’album souffre d’un sérieux manque d’intérêt dans sa seconde moitié, mais je le répète, c’est bien mieux qu’on n’aurait pu le penser. Espérons qu’ils vont évoluer comme un vrai groupe, ils pourraient vraiment devenir intéressants.