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Guns N’ Roses – Chinese Democracy

Non, je ne reviendrai pas sur la genèse de l’album, les treize ans et treize millions de dollars nécessaires à sa production : tout le monde en a parlé, et l’info est disponible partout. Je vais uniquement m’intéresser à Chinese Democracy, sixième album de Guns ‘N Roses (dont Axl Rose est le seul membre fondateur restant), qui sort ce 23 novembre. Oui, c’est tout à fait incroyable, mais franchement, on s’en fiche : ce qu’on veut savoir, c’est ce qu’il vaut, et si Axl Rose nous a donné le bâton ultime avec lequel il adore se faire frapper.

Une bonne partie des morceaux sont connus de longue date, pour avoir été joués en concert ou pour s’être retrouvés « par hasard » sur internet. Maintenant, on a enfin entre les mains le produit fini, et il commence par un choc, un avertissement. Chinese Democracy, le morceau, débute lentement, par un bruit de fond, puis par quelques accords de Buckethead et un megariff industrieux avant qu’Axl ne pousse un cri primal, qui rappelle immanquablement le premier morceau d’Appetite For Destruction, Welcome To The Jungle. Shackler’s Revenge revendique aussi ces influences industrielles, et lorgne bizaremment vers le Tanzmetall, avec un Axl enfouissant sa voix sous des couches d’effets. So far, peut-être pas so good, mais en tout cas, ça va.

Comme si. Better commence à inverser la tendance, avec deux refrains débordant de saccharine mais une vraie mélodie. Probablement le hit de l’album, il nous ramène à l’époque du rock FM, dans laquelle Axl Rose vit sans doute toujours. Mais il manquait un élément majeur du rock FM, le piano. Ouaip, un piano qui ficherait la honte à Elton John, et qui est responsable de l’intro du déjà légendaire Street of Dreams. Si jamais (et c’est pas gagné) des terroristes se trouvent vraiment à Guantanamo, alors je conseille à Barack Obama de faire passer ce morceau (et les suivants) en boucle avant de fermer la prison, Ben Laden, Al Zawahiri, tout le monde serait retrouvé en trois minutes. C’est pire que Nothing Else Matters.

Il semble qu’en treize ans, Axl n’a écouté personne qui aurait pu donner un avis critique. A la place, Rose compile et empile les excès et le mauvais goût manifeste, comme If The World qui commence sympathiquement avant de devenir une mauvaise ballade des derniers jours de Faith No More, ou encore There Was A Time (dont l’abréviation est ô combien adéquate) qui dure au moins cinq minutes de trop (« it was a long time for me / it was a long time for you / it was a long time for anyone », on a attendu treize ans pour ça?)

Bien sûr, la voix d’Axl occupe toujours le premeir plan. Elle est trafiquée une fois sur trois, et quand elle ne l’est pas, on est parfois surpris du fait qu’elle a relativement bien passé les années. Ceci dit, le multitrack systématique fait qu’on se sent vite agressé par une vingtaine d’Axl prépubères qui nous hurlent dans les oreilles. Pas toujours une bonne idée. Musicalement, malgré le fait qu’il se soit entouré d’excellents musiciens, on ne peut pas dire que cela vole très haut. Rose a payé Bryan « Brain » Mantia à prix d’or, tout ça pour qu’il rejoue à l’identique les parties de Josh Freese (!), ou pire, pour le remplacer par une boîte à rythmes. Niveau guitares, Axl en a engagé cinq, qui jouent d’ailleurs sur quasi tous les morceaux. Oui, ça veut donc dire que parfois, on a trois lead guitaristes (Buckethead, Ron « Bumblefoot » Thal et Robin Finck) et deux rythmiques (Richard Fortus et Paul Tobias) en même temps. Même chose pour la batterie, ou Brain et Frank Ferrer sont crédités simultanément.

Cette longue liste de dramatis personae (et encore, je passe les claviers) est symptomatique : Chinese Democracy a été tellement difficile à enregistrer qu’il ressemble plus à un énorme patchwork de copiés/collés de studios (sept personnes sont crédités pour Pro-Tools) qu’à un album cohérent de vrai groupe. Mais on le sait, le « Guns ‘N Roses » actuel, c’est juste Axl Rose. Encore pire : l’album est tellement produit qu’il est parfois difficile d’entendre qui joue quoi. En d’autres termes, Axl a réussi à faire jouer Buckethead comme n’importe quel autre guitariste, ce qui est vraiment dommage. Les passages où il est vraiment reconnaissable sont trop peu nombreux, mais se retrouvent facilement parmi les meilleurs de l’album.

Chinese Democracy est aussi bien trop long. OK, il a fallu treize ans blah blah mais quand même, les morceaux de six minutes, les albums de 71, c’est limite. Surtout quand certains passages sont étendus inutilement, comme l’intro de Riad N’ The Bedouins, pourtant un des meilleurs morceaux ici (compte tenu de la chute vertigineuse des espérances). Et quand on se demande ce que Rose peut encore sortir de son chapeau pour nous faire marrer/pleurer, il ne trouve rien de mieux qu’une collaboration avec un autre vieux type semi-oublié, Sebastian Bach. Ce dernier avait décrit Sorry comme un morceau doom metal avec un beat grind, il est donc encore plus cinglé que Rose. Même si le refrain a effectivement une certaine puissance. Dans le même ordre d’idées, l’album est souvent surproduit et bourrés d’artifices divers et variés. Exemple, There Was A Time. On a un orchestre, un choeur, des percussions tribales, des cordes de BO ciné, un break hip-hop, une backing track à l’envers (sans doute pour Charlie Manson), un solo de guitare et Axl. Et ce, durant les vingt premières secondes : après c’est moins sobre. Rose a sans doute voulu caler le plus de trucs possible, mais c’est très vite fatigant, comme l’est aussi la sur-représentation des ballades.

Si l’album a un point positif, c’est de nous rappeller ce que c’était, les fameuses ballades « de l’époque ». « And III will loooooove you babyyyyy aaalwayyyyys », de ces braves gens de Bon Jovi, remember? Messieurs K. Cobain et L. Staley y ont donné leur vie, mais ce putain de cadavre est toujours en train de frétiller, et Dr Axl Frankenstein a tenté de le faire marcher. Catcher In The Rye (quelle insulte) y réussit peut-être, je ne veux pas me prononcer, ignorant totalement ce qu’est une bonne ballade rock FM, si seulement ça existe. Mais en tout cas, c’est loin d’être un bon morceau. La tendance ne se démentira pas, avec une grande partie des morceaux comprenant au moins un passage lent, souvent au piano, avec un Axl vraiment triste (peut-être n’aime-t-il pas le Dr. Pepper). This I Love serait ridicule, s’il ne venait pas d’un vieux type paranoïaque et psychopathe. Là, c’est juste pathétique.

Dommage, car la fin de l’album comprend son lot de passages sympathiques à aller chercher, comme dans IRS, Scraped, Madagascar ou Prostitute. Mais la folie mégalo mal placée de Rose ne permet jamais à un seul morceau, à une seule simple mélodie de se développer tranquillement. Ok, Axl Rose n’a jamais voulu être calme, et cela lui a réussi dans le passé. Chinese Democracy, malgré tout, déçoit (forcément) mais montre une image sans doute fidèle de son géniteur. Si seulement l’album portait son seul nom, je suis sur que les choses seraient très différentes. Malheureusement, Chinese Democracy est un album de Guns N’ Roses, doit être jugé comme tel, et se plante. Avec panache, certes, mais il se plante.

Guns N’ Roses – Appetite For Destruction (1987)

GunsnRosesAppetiteforDestructionalbumcoverLe hasard aura été impressionnant : le premier album tiré au sort aura été le début de Guns N’ Roses, un album qui a lancé une frénésie de culottes mouillées et de vêtements infâmes. Mais, aussi étrangement que ça puisse paraître, c’est un assez bon disque.

En effet, Axl Rose, on ne va pas trop l’envier. Il était déjà sérieusement ridicule à l’époque, à crier sa reprise de McCartney en mini short moulant, et maintenant, il ressemble à un vieux maquereau proche de la faillite. Mais je défie qui que ce soit d’écouter Welcome To The Jungle de ne pas vouloir se lever, crier et lancer son poing en l’air, dans le faux plafond. Un des meilleurs premiers morceaux d’album de tous les temps, Welcome To The Jungle a tout, le début – une intro progressive et percutante -, le riff, le caractère introductif, et une fin, brutale et parfaite. Le chant craie sur tableau de Rose ne gêne même pas, c’est dire.

Il n’y avait pas que le rouquin : Slash et Izzy Stradlin furent le duo parfait, l’alliance d’un soliste exceptionnel (It’s So Easy) à un maître ès-riffs (My Michelle), il n’en fallait pas plus pour faire d’Appetite For Destruction un album à guitare majeur, même si celle-ci reste fort classique. La majorité de l’album est puissant, exubérant, et fait pour remplir des stades (ou interroger des Irakiens). Paradise City, qui commence assez mal avec des synthés qui étaient déjà ringards à l’époque finit en quasi speedmetal, et c’est comme ça que le groupe est le meilleur.

Maintenant, c’est bien tout ça, mais il reste une moitié d’album assez douteuse, on va dire. La talkbox d’Anything Goes, les bruits d’ébats de Rocket Queen : déjà à l’époque, personne n’osait dire à Axl qu’il déconnait. Et Sweet Child O’ Mine, c’est très chouette (et frustrant) quand on apprend la guitare, mais le morceau est presque aussi gênant qu’un mauvais Disney.

Il reste deux faits : Appetite for Destruction reste le meilleur album du groupe (enfin, jusqu’à Chinese Democracy, bien sûr) et fait toujours son petit effet, même s’il est encore un peu surévalué. Mais surtout, sans ce type d’album, comment aurait-on pu, du côté de Seattle, changer la face du monde? Pour avoir Poutine en Russie, il a fallu avoir Staline. Action/réaction (et mauvaise foi).

Allez, sérieusement, c’est marrant, mais bon, on a grandi depuis. Au suivant (Bob Dylan – Blood On The Tracks, on va déjà moins rigoler).

Welcome To The Jungle


PS : pour les commentaires insultants, allez y, mais avec une bonne
orthographe, ok? Sinon vous passez vraiment pour des cons.