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Marilyn Manson – Eat Me Drink Me

Il faut bien s’en rendre compte, depuis quelques années, Brian Warner et son freak-show sont tombés en désuétude. Des albums pas folichons, beaucoup trop de reprises pas très inspirées, on était loin du personnage controversé de l’époque Antichrist Superstar (son passage aux MTV Awards est peut-être le plus grand moment de l’histoire du show). Et voilà, sans prévenir, alors que personne ne s’y attendait, il nous envoie en pleine tronche son meilleur album depuis Mechanical Animals, il y a presque dix ans. Si pas le meilleur tout court.

Nettement plus metal, nettement plus bruyant et pourtant très mélodique, Eat Me Drink Me prend par surprise, les guitares sont puissantes, passant facilement de riffs stoner à des solos classiques, avec une grosse composante industrielle, sans doute attribuable à son compère Tim Skold (ex-KMDFM). L’album ne s’attarde pas sur le caractère gothique de l’animal, ce qui devenait, à force, fatigant ; au contraire, seuls quelques claviers et violons rappellent un passé heureusement bien éloigné.

La voix de Manson reste toujours éraillée, et ceux qui ne la supportent pas ne l’apprécieront pas plus maintenant, mais on ne peut pas dire qu’il surchante, cette fois. Il l’utilise pour créer une atmosphère, un peu comme Robert Smith, dans un autre registre, même si les références à Cure sont légion. If I Was Your Vampire est heureusement bien meilleur que son titre, Red Carpet Grave sonne comme si Slash jouait une intro des Libertines avant de remplacer Tony Iommi, et They Say That Hell’s Not Hot est simplement metal, avec un jeu de guitare impressionnant. Les refrains sont mémorables, sans être pute pour autant, ça change, et tant mieux, comme on peut le remarquer dans Evidence.

Bizarrement, le single Heart-Shaped Glasses est en marge, en tant que morceau formaté radio. C’est aussi le moins bon, certainement moins intéressant que Are You The Rabbit, où Manson continue son obsession d’Alice avec des riffs, littéralement, d’enfer. Je pourrais carrément citer tous les autres titres, ce qui est une grand première pour un opus de MM, sans remplissage. Mutilation Is The Most Sincere Form Of Flattery (bon ok les titres, c’est toujours pas ça) allie rythme implacable et mantra ‘fuck you, fuck you, fuck you too’, et étrangement, on a l’impression que Manson le pense vraiment, et semble vouloir relancer une carrière jusqu’ici en déclin. Son apparence physique est aussi moins flamboyante qu’avant, sans doute un signe de refocalisation dans la musique plutôt que l’artifice.

Je n’aurais jamais cru écrire une critique positive d’un groupe qui, même au sommet de sa gloire créatrice, ne m’a jamais impressionné plus que ça. Mais je suis vaguement impressionné par Eat Me, Drink Me, comme quoi, tout arrive.

Marilyn Manson – Lest We Forget : The Best Of

Un best of ? Selon Brian Warner, alias Marilyn Manson, il faut plutôt parler de « compilation d’adieu ». Coup de pub ou pas, on verra bien, mais l’occasion est idéale pour se plonger dans la carrière d’un des artistes les plus controversés de notre époque. Le premier contact de Manson avec les médias, c’était un 96, où le groupe a clôturé les MTV Awards avec une performance inoubliable de Beautiful People où le chanteur à commencé par un speech proto-hitlérien avant de déchirer des pages de la Bible tout en hurlant… L’Amérique, évidemment, était choquée. Depuis, pas mal de choses ont changé, Manson ne cherche plus vraiment à choquer, et sa carrière touche tout doucement à sa fin…

Musicalement, le groupe incorpore plusieurs influences, du metal assez classique, du glam, de la new-wave, le tout filtré par la voix de Brian (voir le premier hit, la reprise de Sweet Dreams), mais il faut bien se rendre compte que le groupe n’aurait pas eu un tel impact sans son frontman, détesté et adulé d’égale mesure et qui se révèle être, en vrai, un gars très intelligent et sans doute assez calculateur.

Marilyn Manson a écrit une page de l’histoire musicale moderne, en défiant un establishment très très renfermé sur lui-même. Les tactiques étaient assez grossières, peu subtiles, mais ont permis d’installer une soupape de sécurité dans la société US actuelle.

Et la musique dans tout ça ? Eh bien, pas terrible, mais c’est pas vraiment ce qui importe, si ? enfin, disons juste que Lest We Forget est un très bon résumé de leur carrière du groupe, n’oublie quasi aucun morceau phare, montre l’évolution et puis le manque d’inspiration du groupe. Voilà.