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Oceansize – Frames

Fait : Oceansize est un des meilleurs groupes rock du Royaume-Uni. Peut-être le meilleur, avec les autres Mancuniens d’Amplifier. Deux albums, un EP, tous excellents. C’est maintenant l’heure du troisième album, sans trop de pression commerciale. La musique d’Oceansize n’est pas à proprement parler anti-commerciale, mais les morceaux sont longs (de 6″32 à 10″40), sans recherche particulière de refrain. Mais c’est tellement bon. En fait, Frames est proche de la perfection dans ce qu’ils font. tout est extrêmement bien exécuté, chaque instrument prend une place importante, les voix sont bien chantées, et le ton reste poignant, malgré que la musique peut sembler fort technique.

Commemorative 9/11 T-Shirt entame l’album par un long motif guitare/piano, avec que chaque instrument rentre dans la danse, dont la voix, après 3 minutes 30. Difficile de faire mieux, et au moins aussi difficile de mettre des mots sur quelque chose qui doit être écouté, vécu. Si on soit trouver un point de comparaison, on peut penser à Mogwai. Comme les Écossais, Oceansize aime abuser des effets et des variations de volume ; mais eux le font de manière plus progressive, moins brusque, mais au final, tout aussi puissamment. Unfamiliar est là pour le prouver. Oceansize accorde aussi beaucoup d’importance au chant : Only Twin en est d’autant plus chargée émotionnellement; ainsi qu’aux petits trucs musicaux qui font varier et évoluer les morceaux, comme le double bass drum à la fin de Trail Of Fire ou les cordes de Savant, qui lui confèrent un sentiment classique, presque intemporel.

La fin de l’album apporte encore plus de variété, avec l’instrumental expérimental An Old Friend Of The Christies, le schizophrène Sleeping Dogs And Dead Lions (batterie drum and bass, hurlements à la Deftones) ou enfin Frame, un des rares morceaux qui peut être qualifié non péjorativement d’emo.

Alors, que dire d’un tel album? Le groupe s’est peut-être enfermé dans un style musical très personnel, qui ne laisse que peu de place à l’accessibilité. Mais il est tellement bien fait, aussi bien techniquement qu’émotionnellement, qu’on ne peut que l’admirer.

Oceansize – Everyone into Position

L’an dernier, au Pukkelpop, Oceansize passait le temps entre deux morceaux à insulter d’autres groupes, à l’affiche ou pas (Muse, Placebo, The Darkness). Arrogance caractérisée, mais eux, au moins, ont les morceaux pour appuyer leurs dires. Everyone Into Position est leur second album, fait suite au EP Music For Nurses (2004) et est, clairement, un des meilleurs albums de 2005.

Si Charm Offensive, le premier morceau de l’album, était humain, on l’aurait enfermé dans un asile et mis sous lithium. La musique, simple de prime abord, devient un maelström de prog rock non prétentieux, et la voix passe de doucerette, à mélodique et à complètement schizo comme personne n’a su le faire depuis Mike Patton. Et on se met à se souvenir de Faith No More, qui un jour devra bien être considéré comme un des groupes des plus influents du rock comtemporain.

La folie qui habite Oceansize est effectivement très pattonienne, on retrouve même un peu de Fantômas par-ci par-là. A Homage to a Shame résume bien tout ça, un morceaux complètement à la masse, mais qui laisse pantois quant à la vision musicale du groupe de Manchester, qui s’approche du génie. Heaven Alive est le morceau calme choisi comme single, soit, il reste un des morceaux les plus cinglés qu’on peut écouter en radio.

Et quand Oceansize se calme, ça devient Music for a Nurse, où le groupe quitte provisoirement ses tendances schizometal pour embrasser le fantôme de Sigur Rós, et avec lui celui de Kevin Shields. La dynamique quiet/loud revient au galop plus loin sur l’album, et c’est alors les Pixies (qui, soit dit en passant, feraient peut-être mieux de disparaître de nouveau, avant qu’ils ne viennent jouer à la foire aux puces de Ciney) qui se rappellent à notre souvenir, avec, tiens, un autre chanteur un peu déjanté sur les bords.

Ceci dit, Oceansize réussit l’exploit d’être accessible tout en étant très ambitieux. Leur musique est aboutie, complexe sans être opaque, et on peut espérer que le groupe persévèrera dans cette voie, en sachant que le succès commercial ne sera sans doute jamais au rendez-vous. Bon, j’y retourne, car cet album n’a définitivement pas dévoilé tous ses secrets. Fabuleux.