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Mars 2014

Cloud Nothings - Here and Nowhere ElseMieux vaut tard que jamais? J’espère que c’est le cas, voici ma sélection d’albums sortis le mois dernier.
Comme en 2012, on a peut-être déjà l’album de l’année, avec Cloud Nothings. Dylan Baldi a réduit son groupe à trois membres, dont un batteur incroyable. Here And Nowhere Else réussit à être encore meilleur que Attack on Memory, plus précis, plus agressif aussi. On pourra toujours regretter la phase power-pop hyper mélodique du début de sa carrière, mais c’est comme ça que Baldi écrit, album après album, sa place dans l’histoire du rock indé.

Ensuite, on a Perfect Pussy, qui pousse le post-rock féministe de Savages à son paroxysme. Ici, pas de Joy Divisionisme, mais une musique joué très fort, très vite, et enregistrée à l’arrache. L’album (Say Yes to Love) est douloureusement intense et très court. Les 4 morceaux live attachés en bonus tracks sont tout aussi vitaux que ce qui précèdent, et montrent l’énergie phénoménale de Meredith Graves, icone en pleine ascension.

Difficile de facilement dégager une troisième place, donc je mettrai en même temps Blood Red Shoes, Johnny Foreigner et La Dispute. Blood Red Shoes aurait déjà du conquérir le monde depuis longtemps, mais pour une raison ou une autre, ce n’est pas le cas. Comme pour In Time to Voices, il manque peut-être un petit quelque chose à Blood Red Shoes pour vraiment exploser, mais si c’est pour finir comme Biffy Clyro, alors, qu’ils continuent à faire (très bien) ce qu’ils font actuellement.

Johnny Foreigner, groupe méconnu pour la plupart mais culte pour les autres, plus avisés, sort peut-être aussi son meilleur album, ironiquement – bien sûr – titré You Can Do Better, plein de mélodies, de paroles et références géniales et de la magie que seule la musique peut procurer. Des vies ont été changées grâce à ces gens.

Ce qui est d’ailleurs sans doute le cas de La Dispute, groupe post-emocore machin qui case beaucoup, beaucoup de mots dans leurs chansons. Pas facile à écouter mais musicalement magnifique, Rooms of the House est marqué par l’intensité sincère de Jordan Dreyer qui tape dans le mille à chaque fois, et pénètre très loin dans l’esprit et dans le coeur des auditeurs encore en vie.

Et ce n’est pas fini pour mars, faible en « grosses » sorties, mais riche au point de vue de la qualité. The Men ont sorti leur cinquième album (Tomorrow’s Hits) en cinq ans, toujours de plus en plus loin du punk des débuts vers un rock ‘n roll classique mais efficace, alliant doowop, punk, blues, cuivres et un songwriting précis. Solos de guitare!

Eagulls (Eagulls) devrait probablement être plus haut sur cette liste, mais il faut bien avouer que ce revival post-punk/shoegaze commence être un peu passé. Ce qui est bien dommage, parce qu’ils sont très bons.

Sinon, on a encore Tokyo Police Club (Forcefield) et leur indie pop gentille et tout et tout, probablement nettement plus intéressante que les Strokes, mais bon, le hype, tout ça… On peut aussi parler de Skaters (Manhattan, sic), une sorte de Strokes (oui, encore) dissonnant et influencé par The Clash période London Calling, mais qui sonne souvent aussi chiant que les Vaccines. Real Estate, par contre, continue dans l’indé pop classe et immaculé (Atlas) tandis que Hold Steady (Teeth Dreams) fait du Hold Steady, mais en mieux que la dernière fois. Santé.

Pour finir, il faut que je parle de Jonah Matranga, l’artiste à la discographie la plus confuse depuis Prince (il aimerait la référence). Cette fois, son dernier album, de nouveau financé par Kickstarter sort sous « Jonah’s Onelinedrawing », référence à son prénom et à son alias solo le plus connu. S’éloignant de la folk de son dernier album majeur And, Me And You Are Two tape un peu dans tous les sens, ajoutant quelques touches d’électro ou de piano à la sensibilité exacerbée du chanteur de Far, I Is Another, New End Original, etc etc. Free est sa déclaration d’indépendance, et You’re What When Right un de plus jolis morceaux qu’il ait écrit.

N’oubliez pas non plus les ressorties de deux albums majeurs du « rock alternatif » des années 90, Troublegum et Infernal Love de Therapy? Le premier est le plus connu, et certainement un des tous meilleurs de la décennie, le second est celui de la liberté créative. La suite de leur carrière allait se révéler plus difficile, car ils n’auront plus jamais connu un tel succès commercial, malgré une longue série d’albums de très bonne facture. Sans surprise, mais très complète, la ressortie remasterise les albums d’origine et ajoute toutes les faces B, et pour Troublegum les EP ShortSharpShock, Opal Mantra, Face the Strange et quatre démos inédites.

La playlist Spotify reprend tout cela et quelques morceaux d’album à venir, dont Jack White ou First Aid Kit (:coeuraveclesdoigts:)

See you next… month?

Top albums 2012 : 100-71

Music Box 2012 1A défaut d’avoir écrit beaucoup cette année, je me rattrape avec le plus long top (commenté!) de fin d’année de l’histoire de Music Box, cent albums. La publication se fera en quatre étapes, avec pour commencer les trente derniers. Un très long playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album ainsi que d’autres morceaux.

100 Bloc Party – Four. Après des mois de drama concernant leur séparation, la sortie du quatrième album de Bloc Party n’a finalement pas intéressé grand monde. Malheureusement, il n’est pas très bon, tentant maladroitement de récupérer la fougue du premier album en y ajoutant des grosses guitares qui ne leur vont pas du tout. Leur temps est écoulé.

99 Therapy? – A Brief Crack of Light. Juste parce qu’ils sont là depuis très longtemps, refusent d’être mauvais et encore plus de se répéter.

98 A Place To Bury Strangers – Worship. Une grande déception personnelle tant leur album précédent était percutant. Ici, on a la même chose en moins bien, en moins inspiré, en plus mou. Et ce n’est même pas une bonne pub pour l’atelier de pédales d’effets DIY d’Oliver Ackermann.

97 Django Django – s/t. On essaie de nous forcer à croire qu’il y a une sorte de mouvement de nouvelle pop/rock indé, mené par Alt-J et comprenant quelques seconds couteaux comme Egyptian Hip-Hop ou Django Django, probablement l’équivalent de Menswear dans les années 90.

96 Breton – Other People’s Problems. Electro-math-rock claustro intrigant et intéressant.

95 Tribes – Baby. Vu qu’il faut inévitablement voir un peu partout les signes d’un retour de la Britpop, on sort de nulle part (enfin si, Camden, évidemment) un groupe à chansons de stade, qu’on qualifiera sans doute de post-Libertines et pré-Palma Violets. Pour l’originalité, on repassera, mais au moins ce ne sont pas les Vaccines.

94 Bad Brains – Into the Future. Pionniers du hardcore de DC ‘77, ils sont au moins autant reggae que punk. Trente-cinq ans après, la recette marche étonnamment toujours aussi bien (j’aime pas le reggae), surtout les voix stoned et psychocinglées de HR.

93 The Datsuns – Death Rattle Boogie. Parce qu’on les avait oublié, et que les néo-zélandais rockent toujours aussi fort qu’avant. Aucun génie, peu d’originalité, mais beaucoup de coeur et d’enthousiasme, alors que leurs rivaux de l’époque ne sont plus du tout au même endroit.

92 The Hives – Lex Hives. C’est un album des Hives. Il n’apporte rien, n’arrive pas à la cheville des premiers, mais cela suffit amplement pour le placer dans un top 100. Merci Randy Fitzsimmons d’écrire de bonnes chansons et de réussir à nous faire tomber dans les gimmicks à chaque fois.

91 Billy Talent – Dead Silence. Punk post-hardcore, rageux, efficace et ample,. même si un peu trop long. Merci d’être revenus parmi nous.

90 The Cast of Cheers – Family . Ne vous trompez pas, Bloc Party a juste changé de nom et s’est inspiré de Battles plutôt que de Soundgarden. Par contre, l’inspiration n’est pas toujours là non plus.

89 Lana Del Rey – Born To Die. Derrière les controverses et les coups marketing, on a une chanteuse qui s’est révélé, tout au début, touchante. Malheureusement, après Video Games/Blue Jeans, le reste est mauvais, médiocre et tellement plat qu’elle se sent obligée de raconter des conneries pour qu’on parle d’elle. Ce qui n’arrivera bientôt plus.

88 Soundgarden – King Animal. Personne n’en avait besoin, mais ils sont revenus quand même. Et bien que l’album de réunion n’arrive pas au niveau du modèle du genre (Dinosaur!), il est suffisamment décent pour ne pas être embarrassant, et compte tenu du passif du chanteur, c’était pas gagné.

87 Green Day – Uno/Dos/Tré. Exemple encyclopédique de quantité vs qualité. Les 14 meilleurs morceaux sur un simple album, et il aurait été bon, dans la première moitié de la disco du groupe. Mais là, on se retrouve avec trois albums tous trop longs, et souvent trop similaires. Uno est punkpoppesquement sympa, et au moins, on n’a que très peu de trucs prétentieux à la Jesus of Machinchose, mais on a dépassé l’indigestion.

86 The Smashing Pumpkins – Oceania. J’ai beaucoup de respect pour la vision intransigeante de Billy Corgan (et le fait qu’il est responsable d’au moins deux des meilleurs albums des 90s), mais c’est assez symptomatique de remarquer qu’on a accordé plus d’attention cette année aux ressorties de Pisces Iscariot et (surtout) de Mellon Collie and the Infinite Sadness. Ceci dit, Oceania est le meilleur album de Corgan depuis quelque temps, peut-être depuis Machina II. Mais cela ne veut pas dire grand chose…

85 Sleigh Bells – Reign of Terror. Tellement surévalué que même Pitchfork n’en parle plus. Il reste juste encore un peu de nouveauté et d’originalité pour qu’on lui laisse une chance.

84 Best Coast – The Only Place. Bethany Cosentino tente par tous les moyens de prouver qu’elle a plus d’un tour dans son sac, et elle y arrive de justesse. En virant alt-country.

83 Jessie Ware – Devotion. Chaque top de fin d’année se doit d’avoir son truc pop “différent”. Je ne trouve pas que Devotion soit vraiment extraordinaire, mais Wildest Moments = tube.

82 Alabama Shakes – Boys and Girls. De la soul music au plus pur sens du terme. Rock teinté de blues et porté par la voix fantastique de Brittany Howard.

81 Neil Young – Psychedelic Pill. Parce que Neil Young est le seul type de 67 ans capable d’appeler un album Psychedelic Pill et de mettre une grosse tablette d’ecstasy en pochette. Mais aussi parce qu’il comprend quelques excellents morceaux, notamment les 16 minutes de Ramada Inn ou de Walk Like a Giant. Il a toujours quelque chose à dire.

80 Passion Pit – Gossamer. L’équilibre entre pop, indé, hype mais pas trop hipster n’est pas facile à réaliser. Pourtant, Passion Pit l’a fait, dans un album pourtant un peu fatigant.

79 Sigur Rós – Valtari. Les islandais n’auront sans doute plus jamais la même aura qu’il y a quelques années, mais cela ne les empêche pas de sortir des albums d’une beauté subjugante.

78 Imperial Teen – Feel The Sound. Indie pop positive, harmonies vocales, chouettes chansons simples. Parfois, on n’a besoin de rien de plus.

77 Of Monsters and Men – My Head Is An Animal. Les comparaisons avec Arcade Fire sont assez justifiées, celles avec Mumford and Sons heureusement moins. Plus légers que leurs inspirations de Montréal, les islandais sortent un album aérien, positif et tout à fait recommandable, même si légèrement dérivatif.

76 The Gaslight Anthem – Handwritten. J’ai sérieusement lu qu’on les considérait comme le futur du rock ‘n roll. Si le futur du rock ‘n roll passe par Bruce Springsteen et faire croire aux gens que Hot Water Music n’a jamais existé, personellement, je ne suis pas d’accord. Heureusement, ce n’est sans doute pas leur intention du tout, ils sont trop occupés à faire sonner leur rock en col bleu le mieux possible, ce qui est tout à leur honneur.

75 Motion City Soundtrack – Go. Le fameux album de la maturité, mais qui n’est pas chiant pour autant, juste plus sérieux et maîtrisé. Frais, intelligent et agréable.

74 Glen Hansard – Rhythm and Repose. Après un Oscar et des tournées interminables (notamment en ouverture de dizaines de concerts d’Eddie Vedder), l’ex-busker dublinois sort son premier vrai album solo, qui reste en deçà de ses albums avec The Frames ou le duo mélancolique The Swell Season. Restent quelques perles parfois sublimes.

73 The K. – My Flesh Reveals Millions of Souls. Noise rock habité, puissant et très dynamique, frôlant parfois le hardcore contemporain. Pas une seule baisse d’intensité tout au long d’un premier album excellent en soi, et très prometteur.

72 Trailer Trash Tracys – Ester. Les groupes dream pop/shoegaze se comptent par dizaines cette année, et il leur faut un petit quelque chose en plus pour se faire remarquer. Dans le cas de TTT, c’est la voix sublime de Suzanne Aztoria, qui sonne intemporelle d’entrée de jeu.

71 Guided By Voices – Let’s Go Eat The Factory/Class Clown Spots a UFO/The Bears for Lunch. Après la reformation du lineup dit classique, Robert Pollard reprend sa vitesse de croisière, trois albums cette année. Comme toujours, on aurait gagné à plus de contrôle, mais on retrouve encore quelques perles indiepunk toujours trop courtes, surtout sur le troisième album.

Playlist Spotify : Therapy?

Avant d’entamer les premières chroniques de l’année, voici une nouvelle playlist Spotify, cette fois dédiée à un seul groupe, actif depuis maintenant vingt-trois et qui n’a jamais sorti de mauvais album tout en évoluant/changeant de style quasiment à chaque fois : Therapy?

Leur treizième album, A Brief Crack of Light sort chez Blast Records le 6 février, et est précédé par le single Living in the Shadow of the Terrible Thing, qui occupe la vingt-sixième et dernière place de la playlist qui reprend les points forts de toute la carrière des nord-irlandais, de leurs débuts rave-metal (Innocent X, Nausea) au succès commercial (Stories, Diane, Screamager) avant l’expérimentation diverse et variée, sur chaque album, en fait.

Therapy? aura aussi usé quelques labels (et, heureusement, pas le contraire), ce qui fait que deux albums (et non des moindres) manquent à l’appel de Spotify. J’ai remplacé des morceaux choisis de Semi-Detached et de Suicide Pact – You First (pas assez, hélas) par des versions live présentes sur les albums Music Through a Cheap Transistor – The BBC Sessions et We’re Here To the End.

26 morceaux, donc, et une sélection très subjective et assez rapide, j’aurais pu sans trop de problème en changer les deux tiers sans perdre en qualité.

Une dernière remarque : les albums de Therapy? se retrouvent, sur Spotify, chez Therapy et Therapy? Pas facile de s’y retrouver, sans compter que chez Therapy, on retrouve des tonnes de pistes new age à deux balles. Mais bon, on prend Spotify tel qu’il est.

Playlist : Music Box vs Spotify : Therapy? (2012)

PS : vous pouvez trouver d’autres playlists Spotify sur le profil de Music Box : des playlists similaires consacrées aux Manic Street Preachers et aux Foo Fighters, ainsi que des playlists trimestrielles pour 2010 et 2011.

Therapy? – Crooked Timber

Il y a très peu de groupes qui font une carrière sans faute. On finit toujours par se ramollir (au mieux), par tenter de se réinventer (Radiohead étant l’exception confirmant la triste règle) ou pire, par devenir totalement inutile et embarrassant (chaussures compensées + grosses lunettes, guitariste à bonnet? Eux.). Le douzième album de Therapy? est un de leurs tous meilleurs, tout en étant, comme souvent, différent de ce qu’ils ont fait auparavant.

Therapy? est un de mes groupes préférés, que je suis depuis pas mal d’années, et qui ne m’ont jamais vraiment déçu. Cependant, les deux derniers albums (Never Apologize Never Explain et One Cure Fits All), tout en étant largement décents, n’apportaient que peu au canon des irlandais. Trois ans après, il fallait sans doute se réinventer, et c’est ce que le groupe a fait, notamment en invitant Andy Gill à la production. Gill, influence majeure de pas mal de monde s’inspirant de son groupe Gang Of Four, a réussi à insuffler une nouvelle dynamique à Therapy? Le groupe sonne très soudé, avec une mention très spéciale à la basse de Michael McKeegan. C’est simple : la basse est l’instrument majeur d’un album à la rythmique aussi impeccable que dévastatrice.

On le remarque d’entrée de jeu avec The Head That Tried To Strangle Itself, ou la dynamique (oui, je me répète) du power trio est poussée à son maximum. Therapy? n’a jamais semblé aussi tight depuis le départ de Martin McCarrick. Il faut donc souligner la place du batteur Neil Cooper : non seulement il rappelle parfois Fyfe Ewing, le légendaire premier cogneur de fûts du groupe, mais il complète McKeegan à la perfection. Reste le dernier membre, Andy Cairns, dont la guitare est donc fatalement parfois en retrait. Ce qui ne l’empêche pas d’envoyer des riffs dantesques et une guitare rythmique idéale. Enfin, Cairns profite du caractère novateur des structures des nouveaux morceaux pour tenter quelques nouvelles choses avec sa voix. Certains diront qu’il chante enfin, je dirai simplement qu’il évolue…

Après le morceau d’intro, suivent carrément deux des meilleurs morceaux jamais enregistrés par T?. Enjoy The Struggle possède une rythmique totalement inouïe alors que Clowns Galore rappelle carrément leurs débuts, et Teethgrinder. Peut-être même en mieux, c’est dire. Cairns est rageur, expédie des solos courts limite industriels, et T?, au risque de me répéter, n’a plus sonné comme ça depuis quelques années. Mais Crooked Timber est assez varié, malgré l’approche bassique (oui, j’ai fait mieux) de l’album : Exiles est étrangement atmosphérique, comme si T? se retrouve signé par Factory Records il y a 25 ans, alors que Crooked Timber commence par une intro au glockenspiel ultramélodique, avant que la basse de McKeegan ne balaye littéralement tout ce qui passe.

On se s’ennuie pas : I Told You I Was Ill pastiche leur tout premier album en ce qui concerne le son de la batterie, pendant que Cairns joue son crooner sur un accord des Ramones. Wow quoi. Somnanbulist et Blacken The Page ramènent un peu le groupe vers leurs influences punk (mais c’est pas Shameless non plus). En fait, c’est tellement varié que s’il n’y avait pas la voix de Cairns, on se demanderait pendant tout l’album de qui il s’agit, surtout avec le morceau suivant. Magic Mountain est 1) un instrumental de dix minutes 2) le truc le plus étrange jamais sorti par T? 3) un morceau qui ne leur ressemble pas 4) un morceau qui ne ressemble à personne d’autre. Parfois un peu répétitif, mais l’intention était là. Enfin, Bad Excuse for Daylight amène un peu de mélodie sur une couche grasse de basse, et clôture un album qui demande qu’on le réécoute immédiatement.

Mon album préféré de 2009 jusque maintenant. Et en plus, il sort en vinyl.

Therapy? – Music Through A Cheap Transistor : The BBC Sessions

Malgré onze albums, quelques tubes alternatifs et des années de tournées incessantes, Therapy? n’aura jamais réussi à obtenir le succès ou le repect qu’ils méritent. Ces dernières années, ils se sont fait jeter deux fois de leur maison de disques, et ont de plus en plus de mal à financer leurs tournées, heureusement toujours réussies. C’est donc assez logiquement qu’ils tentent de diminuer leurs frais : cette compilation de sessions radio est tout d’abord sortie via téléchargement internet en février, avant d’atterir maintenant en version physique. Qu’on pense ce qu’on veut du groupe et de ses récents albums, cette compilation est irréprochable. Enfin si : pour des raisons de droits et de conflits entre labels, elle ne couvre que la période 91-98, omettant donc les huit dernières années du groupe.

Comme le titre l’indique, elle reprend l’intégralité des sessions BBC, ce qui signifie donc son irréprochable et petite pensée pour John Peel, un des premiers à supporter le groupe, dès leurs débuts, en Irlande du Nord. Dès le début, on est soufflé par la puissance des premiers morceaux : ils étaient nettement plus trash à leurs débuts, comme le prouve une version énorme d’Innocent X et de Meat Abstract, reliés par un break de batterie époustouflant de Fyfe Ewing. L’année suivante, ils ajouteront à la violence pure de leurs morceaux une composante mélodique qui ne va que s’amplifier avec le temps : Teethgrinder le prouve, même s’il semble sortir tout droit d’un Kill Em All enregistré par des bons musiciens. Étrangement, le groupe aura joué assez peu de hits lors des sessions : pas de Stories, de Nowhere ou de Diane, mais des versions affolantes de Knives, Screamager, Church Of Noise ou Trigger Inside et son riff straight from hell. De plus, nombre de raretés voire d’inédits se retrouvent sur la compile, comme l’instrumental final et chaotique High Noon.

Fantastique témoignage d’un groupe trop souvent méconnu, cette compilation laisse espérer une suite, et surtout un successeur studio à One Cure Fits All. Entre temps, Therapy? reste d’une puissance monstrueuse sur scène, leur terrain de jeu, leur église.