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Janvier 2014

Une nouvelle année qui commence assez doucement, musicalement parlant. Je n’ai écouté qu’une poignée d’albums ce mois-ci, n’hésitez pas à me faire savoir si j’ai oublié quelque chose qui vaut la peine d’en parler.

Transgender Dysphoria Blues

Album du mois, sans l’ombre d’un doute, c’est Transgender Dysphoria Blues d’Against Me!, attendu depuis longtemps et qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne déçoit pas. Enfin, il décevra peut-être ceux qui préfèrent la version rock carré/Butch Vig de New Wave/White Crosses, voire les imbéciles qui ont un problème avec l’identité de la chanteuse Laura Jane Grace. Mais ils ont tous tort, parce que TDB est un album d’une puissance extraordinaire mais qui reste accessible : Black Me Out est peut-être le meilleur morceau pop-punk du groupe (pop dans le sens « mélodie qui rentre dans la tête et qui ne sort pas »), FUCKMYLIFE666 est tout ce que le titre n’est pas, et Osama Bin Laden As the Crucified Christ rappelle la violence corrosive des Manic Street Preachers période Holy Bible, un étrange mais exact point de comparaison qui se retrouve ailleurs sur l’album, notamment quand la voix de Grace rejoint étrangement celle de Nicky Wire, un bassiste qui porte des robes sur scène et qui a écrit « I wish I have been born a girl instead of what I am » en 1998… Il va falloir faire très fort pour le déloger, il est déjà numéro 1 de 2014 pour moi.

Janvier a aussi vu la sortie du second album de Warpaint, quatre ans après The Fool. Warpaint est un album précis, hypnotique, éthéré qui pâtit des défauts de ses qualités : si vous avez le malheur de ne pas lui accorder 100% de votre attention, il n’existe plus. Si vous le faites, par contre, les détails musicaux arrivent au niveau de Kid A en version discrète et subtile, mais toujours sur fil du rasoir. Toujours dans la catégorie subtil, Mogwai n’a, semble-t-il, plus aucune envie de faire plein de bruit. Directement inspiré du dernier album Hardcore Will Never Die But You Will et leur bande originale de la série française Les Revenants, Rave Tapes possède peut-être un peu plus d’électronique mais plus grand chose de la dynamique quiet-LOUD qui caractérisait le groupe voici déjà un paquet d’années. Mais ce qui a toujours fait la force de Mogwai, c’est sa précision diabolique dans la recherche mélodique, déjà dans de vieux morceaux comme Cody. Si l’on tient ça en compte, Rave Tapes est un bon album de Mogwai, une évolution tranquille d’un groupe peut-être un peu trop confortable.

J’ai toujours eu l’impression que les Dum Dum Girls (enfin, Girls, Dee Dee est toute seule en fait) sont plus confortables dans le format EP que LP.  Too True, le troisième album, ne me fera pas changer d’avis : les quelques excellents morceaux auraient fait un fantastique EP, sur tout un album, les répétitions stylistiques sont trop flagrantes. Pour ce que ça vaut, l’album m’a juste donne envie d’écouter Lust Lust Lust et Is This It. En parlant des Strokes, je ne pense pas vraiment me tromper en disant que Drowners, malgré la référence à Suede, a beaucoup écouté Julian et ses « copains ». Parce que tout y est, les guitares post-punk, la batterie qui sonne comme une boîte à rythme, la voix louche, les refrains à tomber. C’est évidemment nettement mieux que The Vaccines, mais c’est aussi tellement dérivatif (le logo du groupe reprend les drapeaux US et UK, comme si ce n’était pas évident). Mais on ne peut pas dire que c’est mauvais, évidemment.

Nettement moins Pitchfork-y, mais aussi beaucoup plus authentique, le premier album en huit ans du trio punk The Lawrence Arms, Metropole. Et il est très bien, pas la peine d’en parler, il faut juste écouter. Et on n’oubliera pas non plus Stephen Malkmus, qui, même s’il n’a clairement pas envie d’écrire pour Pavement, n’a pas non plus envie de raccrocher. Son nouvel album avec les Jicks (Wig Out at Jagbags) est plus ou moins ce qu’on attend d’un album de Malkmus, mélodique mais bordélique, parfois génial, parfois trop étrange.

Pas vraiment de quantité en janvier, mais l’album d’Against Me m’a tellement marqué que je n’ai probablement pas pris le temps de chercher. Je me rattraperai peut-être en février. Voici le tout petit playlist, à dans un mois!

Mon année 2011, seconde partie

Chaque année apporte son lot de bonnes surprises, mais aussi de déceptions. 2011 aura vu, une fois de plus, un paquet de vieilles gloires se reformer (Soundgarden, Pulp, Suede, Stone Roses et environ trois millions d’autres) mais on attend toujours du nouveau matériel pour la plupart d’entre eux, qui se contentent de se la jouer Pixies. En ce qui concerne les vieilles gloires qui elles, ont sorti de la nouvelle musique, le bilan n’est pas très réjouissant. Red Hot Chili Peppers, Incubus, Korn, Limp Bizkit : moins on parle de leurs nouvelles productions, mieux c’est. D’autres ont été moins mauvais, mais sans plus : le retour de Blink-182 était très dispensable, et la somme de Beady Eye et de Noel Gallagher’s High Flying Birds ne vaut clairement pas Oasis. Mention encore plus spéciale à Coldplay, qui continue à réinventer le concept du c’est-pas-un-plagiat-mais-un-hommage et, naturellement, l’exploit olympique de Lulu. On aura aussi pu être déçu de tous ces groupes dont on nous promettait monts et merveilles, et qui n’auront juste tenu que le temps d’une couverture du NME, avant la sortie de leur album, évidemment. WU LYF (dont l’album n’est pas mauvais, mais…), (Viva) Brother, Frankie and the Heartstrings ou les Vaccines s’y reconnaîtront. Enfin, d’un point de vue purement personnel, je n’ai pas accroché à M83, et je ne supporte toujours pas Bon Iver, désolé.

Voici maintenant le second quart du « classement » de mes albums préférés de 2011, de 15 à 11.

15 Dum Dum Girls – Only In Dreams

J’aime beaucoup les Raveonettes, mais force est de constater que les Dum Dum Girls, produites par Sune Rose Wagner (et Richard Gottehrer, évidemment) ont dépassé le maître cette année. On a beau avoir eu ce qu’on attendait d’elles, on est positivement surpris par la relative variété de l’album, dans un contexte (shoegaze pop vaguement éthéré) assez restreint. Mention spéciale à l’hypnotique Bedroom Eyes, mais l’album, court, ne souffre d’aucun point faible. On notera aussi l’EP He Gets Me High, sorti plus tôt dans l’année et d’excellente facture également. D’ailleurs, vu que l’album n’est pas dispo sur Spotify, c’est l’EP qui est en lien ci-dessous.

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14 Fucked Up – David Comes to Life

The Shape of Punk To Come, qu’ils disaient. Le punk, en 2011, c’est ça (et les jeunes du numéro 10, on y arrive) : à savoir prendre les règles, les mettre dans une boîte, sauter dessus à pieds joints et puis la poignarder. Ce qui, finalement, n’a pas vraiment changé en 25 ans ; ce qui a changé, c’est l’application. Fucked Up a sorti un album très, très long (pas aussi long que Lulu, mais long quand même), avec aucun temps mort, et, qui plus est basé sur un concept que je pourrais vous raconter si j’avais réussi à suivre le flot incontrôlable éructé par Damian « Pink Eyes » Abraham pendant une heure et vingt minutes qui cognent fort. Trop fort, d’ailleurs, on pourrait parfois rechercher un peu d’air, et un peu de variété. Mais hey, punk rock. Green Day ce n’est pas.

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13 Beastie Boys – Hot Sauce Committee Part II

On l’aura attendu, cet album. Le trio new-yorkais n’a jamais été pressé (ce n’est jamais que leur troisième album en treize ans, si l’on exclut l’instrumental The Mix-Up), mais le cancer d’Adam Yauch a reporté l’album de plus d’un an. L’attente aura largement valu la peine : HSC2 (le 1 n’existera probablement jamais, comme ils sont drôles) est un excellent album d’un groupe qui n’aura de toute façon jamais été mauvais. Mais de là à être si bon, il y avait une marge, facilement franchie. Samples adéquats, flows inspirés, passages instrumentaux (une majorité de « vrais » instruments) tantôt secs, tantôt planants , une sorte de Sabotage du vingt-et-unième siècle (Lee Majors Come Again) et du tube (Don’t Play No Game That I Can’t Win) : il y a à boire et à manger, mais rien à jeter. Très impressionnant.

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12 Radiohead – The King of Limbs

AKA the Twitter album. Il est sorti tellement vite, 24 heures avant la date prévue, que tout le monde s’est jeté dessus pour être le premier à en parler. Sauf que tout ce petit monde s’est rendu vite compte qu’il s’agissait de l’opus le plus sombre, le plus expérimental et le moins immédiat de toute leur carrière. Les reviewers plus rapides que leur clavier en ont déduit qu’il n’y avait pas de guitare (il y en a sur chaque morceau, ou presque) et qu’il allait forcément y avoir très vite une suite, on n’allait quand même pas n’avoir que ça. Si on essaie de s’élever un peu au dessus de cet océan de médiocrité, on se rendra compte que TKOL est un album captivant, qui fonctionne comme une unité difficilement divisible, et qui comprend quelques terribles moments de brillance. Et pour ceux qui regrettent un Radiohead un peu plus traditionnel (pas celui de The Bends, quand même), le récent single Staircase/The Daily Mail est à conseiller. Pour ce qu’il est, The King of Limbs est un bon album, mais très insaisissable.

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11 Kurt Vile – Smoke Rings for My Halo

Kurt Vile rend la vie facile. Tout a l’air si simple, pour lui. On a vraiment l’impression qu’il s’assied dans un fauteuil, sort sa guitare, démarre son 4-pistes, et voilà. Springsteen/Young/Dylan post-quelque chose, version bedroom lo-fi. Superbes mélodies, un jeu de guitare aérien et une voix forcément pas trop assurée, à mi-chemin entre ces parangons du brol bricolé que sont Thurston Moore et Graham Coxon. On risque parfois de tomber dans la neurasthénie, mais peut-être qu’un jour, Kurt Vile nous fera un vrai album, bien produit et tout ça. Et on regrettera celui-ci. Très fort.

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La suite bientôt, avec en plus les oubliés de ce classement.