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Top albums 2014

Pas besoin d’introduction, voici la liste de mes albums préférés de l’année. Comme toujours, pas la peine de chercher l’explication du « classement », relativement aléatoire, surtout vers le bas de la liste. Il y a certainement encore des oublis, n’hésitez pas à me le faire savoir 🙂 Ma shortlist faisait 82 albums, je l’ai réduite à 80 plutôt que l’étendre à 100.

Transgender Dysphoria Blues

1 Against Me! – Transgender Dysphoria Blues
2 White Lung – Deep Fantasy
3 Perfect Pussy – Say Yes to Love
4 La Dispute – Rooms of the House
5 Sharon Van Etten – Are We There
6 Cloud Nothings – Here And Nowhere Else
7 J Mascis – Tied to a Star
8 Bass Drum of Death – Rip This
9 Ex-Hex – Rips
10 The Hotelier – Home, Like Noplace Is There
11 Ty Segall – Manipulator
12 Chumped – Teenage Retirement
13 TV On The Radio – Seeds
14 St. Vincent – St. Vincent
15 Allo Darlin’ – We All Come From The Same Place
16 Iceage – Plowing Through the Fields of Love
17 Real Estate – Atlas
18 The New Pornographers – Brill Bruisers
19 Alain Johannes – Fragments and Wholes Volume 1
20 Death From Above 1979 – The Physical World
21 Manic Street Preachers – Futurology
22 Damon Albarn – Everyday Robots
23 Ariel Pink – Pom Pom
24 Shellac – Dude Incredible
25 The Raveonettes – Pe’ahi
26 Merchandise – At The End
27 First Aid Kit – Stay Gold
28 Jack White – Lazaretto
29 2:54 – The Other I
30 Damien Rice – My Favourite Faded Fantasy
31 Karen O – Crush Songs
32 Weezer – Everything Will Be Alright In The End
33 The Rentals – Lost in Alphaville
34 Bob Mould – Beauty and Ruin
35 Thurston Moore – The Best Day
36 Aphex Twin – Syro
37 Bored Nothing – Some Songs
38 The World is A Beautiful Place and I Am No Longer Afraid To Die – Between Bodies
39 Thee Oh Sees – Drop
40 EMA – Future’s Void
41 Goat – Commune
42 The Men – Tomorrow’s Hits
43 Cheatahs – Cheatahs
44 Paws – Youth Culture Forever
45 Crosses – Crosses
46 Earthless and Heavy Blanket – In a Dutch Haze
47 Johnny Foreigner – You Can Do Better
48 Parquet Courts – Sunbathing Animal
49 Parkay Quarts – Content Nausea
50 Lower – Seek Warmer Climes
51 Tweens – Tweens
52 Off! – Wasted Dreams
53 Plague Vendor – Free to Eat
54 Priests – Bodies and Control and Money and Power
55 Girlpool – Girlpool
56 Morrissey – World Peace Is None Of Your Business
57 Lykke Li – I Never Learn
58 Mogwai – Rave Tapes
59 Alt-J – This Is All Yours
60 Hold Steady – Teeth Dreams
61 Blood Red Shoes – Blood Red Shoes
62 The Wytches – Annabel Dream Reader
63 The Lawrence Arms – Metropole
64 Jonah Matranga – Me and You Are Two
65 Lana Del Rey – Ultraviolence
66 The Orwells – Disgraceland
67 Trash Talk – No Peace
68 Swans – To Be Kind
69 Smashing Pumpkins – Momuments To An Elegy
70 The History of Apple Pie – Feel Something
71 Fucked Up – Glass Boys
72 Odonis Odonis – Hard Boiled Soft Boiled
73 Bombay Bicycle Club – So Long, See You Tomorrow
74 Presidents of the United States of America – Kudos to You
75 Temples – Sun Structures
76 Interpol – El Pintor
77 Maximo Park – Too Much Information
78 Warpaint – Warpaint
79 Stephen Malkmus and the Jicks – Wig Out at Jagbags
80 Foo Fighters – Sonic Highways

Voilà, c’est terminé pour cette année, et aussi pour Music Box. Plus de onze ans après, force est de constater que le site a perdu son éventuelle utilité, et moi la motivation nécessaire. Je continuerai sans doute à créer des playlists Spotify avec les nouveautés, voire des tops annuels, mais le peu que je fais actuellement, c’est fini. Ceci dit, je mettrai toujours à jour mes pages Facebook, Twitter et Tumblr (voir la colonne de droite) avec l’actu qui m’intéresse, et si j’ai envie de recommencer à écrire des bonnes vieilles chroniques comme avant, je trouverai où le faire 🙂

Merci de m’avoir suivi au long de ces années durant lesquelles tout aura changé dans le milieu (Facebook, Soundcloud, Spotify, tout ça n’existait évidemment pas) et d’avoir bien compris qu’on n’a vraiment besoin de personne pour déterminer si un album est bien ou pas : il suffit de l’écouter.

Septembre 2014

Nouveau mois, nouveau retard accumulé, on ne traîne pas et on plonge dans les sorties du mois de septembre, en commençant par mon album du mois ou plutôt mes deux albums…

Aphex Twin SyroAphex TwinSyro. Retour impressionnant pour Richard D James avec un album étrangement accessible mais très complet : pas une seconde n’est perdue, pas une mesure n’aura été réfléchie. Je ne peux pas prétendre avoir totalement écouté ni compris Syro, tant chaque écoute ajoutera une couche de complexité à un album dense, mais pourtant plus facilement accessible que Drukqs, par exemple. Le dernier morceau de l’album, piano et bruits d’oiseaux, est une merveille contemplative totalement organique.

Death From Above - The Physical WorldDeath From Above 1979The Physical World. La première vie du duo basse/batterie canadien fut courte mais terriblement intense. Aucune idée de la durée de leur seconde vie, mais une chose est sûre après une seule écoute de The Physical World : DFA79 est tout aussi vital en 14 qu’en 04. En fait, l’album est probablement meilleur : conscients que l’effet de surprise ne se reproduira pas, Grainger et Keeler n’ont rien perdu en énergie, mais y ont ajouté recherche mélodique poussée (voix, refrains) et inventivité multipliée (quelques plans assez cinglés, comme le riff de Gemini ou l’intro du morceau-titre). On ne peut qu’espérer qu’ils ne vont pas se consumer aussi rapidement que lors de leur précédent passage parmi nous…

et la suite…

Alt-JThis Is All Yours. Le passage obligé et difficile du second album a été bien négocié par Alt-J, qui avait de toute façon bien compliqué sa pop-folk bizarre dès le début. Ils ont donc gagné le droit de simplifier un peu les structures tout en gardant leurs caractéristiques, comme les multiples harmonies vocales et une production à mi-chemin entre l’électro et le rock traditionnel. Leur succès m’étonne quand même, mais c’est assez mérité.

Andy CairnsFuck You Johnny Camo. Second album solo pour le vocaliste/guitariste de Therapy? Andy Cairns, en édition limitée et uniquement dispo sur leur site. En fait, il s’agit d’un album l’accompagnant en tournée et consistant de morceaux de Therapy? arrangés en solo acoustique, et une poignée de nouveaux morceaux.

Julian Casablancas and the VoidzTyranny. Alors que l’extraordinaire intérêt provoqué par les Strokes voici maintenant trop longtemps s’est transformé en vague curiosité polie, Julian tente de se réinventer après un premier album solo très synthés 80s et tout autant polarisant. Tyranny est une brave tentative, certes, mais il est aussi virtuellement inécoutable. Interminable, souffrant d’une production incompréhensible (sa voix est souvent déformée et toujours enfouie dans un mix infâme), il passe tellement rapidement d’une idée à une autre que les morceaux ne ressemblent pas à grand chose. Il y a pourtant un excellent album là-dedans : les bonnes idées fourmillent mais n’ont jamais le temps de se développer.

GoatCommune. L’onde de choc du premier album est maintenant passée, et c’est carrément sur Sub Pop que se retrouvent les suédois à l’histoire (fictive?) fascinante. Structures bizarres, rythmes tribaux, effusions de guitares jouées par un Jimi Hendrix chamanique, c’est toujours intéressant mais sans doute moins percutant que dans le passé, nouvelle familiarité oblige.

The History of Apple Pie Feel Something. Piège du second album difficilement abordé par le combo pop-shoegaze qui livre un disque « comme le premier mais moins bien », ce qui le rend donc malheureusement inutile bien que non dénué de qualités.

InterpolEl Pintor. Le mythe du « retour en forme » entoure le quatrième album d’Interpol et leur premier en tant que trio. Interpol a définitivement gagné le droit de retrouver ses racines, après quelques tentatives peu fructueuses d’extension musicale. Mais malheureusement, il est impossible d’égaler Turn on the Bright Lights même pour ceux qui l’ont créé. Courageuse tentative, cependant : les meilleurs morceaux de l’album (Ancient Ways, Tidal Wave, All the Rage Back Home) se laissent écouter sans problème.

Karen OCrush Songs. Premier album solo pour Karen des Yeah Yeah Yeahs (et de The Moon Song). En fait, il s’agit d’une collection de démos très lofi enregistrés au cours des années, et dont le sujet est rendu très explicite par le titre. Très court, l’album ne laisse jamais le temps aux idées brillantes de Karen de s’exprimer correctement, ce qui est finalement le principe des premières démos de morceaux dont on ne connaîtra jamais ce qu’elles auraient pu donner au final. On conservera donc un album forcément très intime, parfois magnifiquement poignant (Rapt) mais par définition peu accompli. La notion de « premier album solo » doit donc être prise avec des pincettes.

ShellacDude Incredible. Il ne faut même pas essayer de trouver Shellac sur Spotify : Steve Albini va venir chez vous, se moquer de votre collection de disques et puis crever les pneus de votre voiture. Achetez donc Dude Incredible et vous pourrez écouter un album de Shellac 100% dégraissé, avec des morceaux très carrés et straight to the point. On pourrait peut-être y trouver une allusion à Game of Thrones, un riff de ZZ Top et une version ralentie de Osama Bin Laden de Against Me, mais une fois de plus, Steve Albini me fait peur.

The VinesWicked Nature. Craig Nicholls sait écrire de chouettes mélodies, mais quelqu’un aurait vraiment du lui dire qu’un double album de vingt-deux morceaux n’était pas une bonne idée du tout, surtout qu’il n’y a que deux types de chansons ici : le truc fuzzy quiet-loud à la Nirvana et la ballade psyché-champis. Mais comme l’album est moins pénible que le Casablancas, il fallait que j’en parle.

Thom YorkeTomorrow’s Modern Boxes. Comme pour In Rainbows, on parlera plus de la forme que du fond : le second album solo de Thom Yorke est sorti via téléchargement bittorrent payant, ouvrant peut-être la voie à d’autres initiatives novatrices. Quant à la musique, elle ne surprend pas : c’est bien Thom Yorke et ses jouets électro, dans un mode encore plus poussé que précédemment. Ceux qui regrettent pourront trouver un peu de Pyramid Song dans Guess Again, et reconnaître que la voix réverbérée fait toujours son petit effet, sinon, c’est synthétique, calme et introspectif.

The Smashing PumpkinsAdore. Billy Corgan continue l’autoglorification de son passé, avec une ressortie spectaculaire d’Adore, l’album le plus controversé du groupe (qui n’en était d’ailleurs plus vraiment un, s’il l’a seulement jamais été). Quand il est sorti, c’était un peu comme Kid A quelques années plus tard. Un switch musical quasi total vu comme une sorte de suicide commercial. Mais là où Kid A a reboosté Radiohead, Adore a retrospectivement enterré les Pumpkins. Mais ce n’est pas la faute de l’album : courageux, terriblement travaillé et parfois somptueux, Adore mérite l’attention et la récompensera maintes fois. Fidèle à son habitude, Corgan ne lésine pas sur les bonus : l’album remasterisé est présent en stéréo et mono, on retrouvera aussi trois disques remplis de démos et d’inédits ainsi qu’un album live. Tout cela n’est évidemment pas essentiel, mais Adore l’est bien : un album d’une rare beauté d’un artiste à jamais mal compris.

Oasis(What’s the Story) Morning Glory? Autre album a connaître les joies de la ressortie, Morning Glory est le sommet commercial absolu d’Oasis. On pourra débattre sans fin sur la question de quel album est le meilleur (Definitely Maybe, pour moi) mais Morning Glory est un monument. Noel Gallagher pille sans honte le patrimoine commun de la musique britannique, mais en sort un album qui y prendra aisément place. Il possède la marque des grands disques : ses meilleurs morceaux sont cachés loin des singles maintes fois entendus. Hey Now mais surtout Morning Glory représentent le sommet du groupe et surtout d’un Liam qui n’aura jamais été capable de retrouver cette rage Johnny Rottenesque. L’édition spéciale n’apporte rien à l’album lui-même, mais a le grand mérite de compiler toutes les faces B, qui sont souvent d’un niveau stratosphérique. Il est impossible de parler de cette période du groupe en oubliant Rockin’ Chair, Talk Tonight, Acquiesce ou The Masterplan, et on a également la surprise (la seule) de découvrir un mix alternatif de Champagne Supernova qui sonne totalement…  beatlesque. Le troisième disque reprend quelques démos et morceaux lives pour faire bonne figure, mais les deux premiers sont absolument obligatoires.

QueenLive at the Rainbow 74. On a beaucoup parlé des inédits avec Michael Jackson qui sortiront officiellement dans quelques semaines, mais en attendant, Queen nous propose une tranche d’histoire, avec un double album enregistré à Londres en 74 (pendant deux concerts à huit mois d’intervalle) soit avant Bohemian Rhapsody, et même avant Sheer Heart Attack : Killer Queen n’apparaît qu’en version embryonnaire. La setlist est donc bien différente des lives classiques à la Wembley 86 et c’est une bonne chose : aucun hit ici, mais du hard rock à tendance déjà grandiose et marquée par les effusions spectaculaires de Brian May et Freddie Mercury.

Des extraits de tout ça et bien plus encore dans la playlist Spotify, et on se retrouve dans un mois, si possible un peu plus tôt…

Top albums 2012 : 1-20 et playlist Spotify

MB2012Avec un peu de retard, voici la dernière partie de mes cent albums préférés de 2012. Elle est accompagnée d’un long playlist Spotify reprenant un extrait de chaque album (sauf les rares qui ne font pas partie du catalogue Spotify) ainsi que des extraits de singles, EP ou albums hors du top 100. Le playlist est très long (110 morceaux, sept heures) et classé par ordre alphabétique, donc shuffle mode chaudement recommandé. Sans plus attendre…

20 Allo Darlin’ – Europe. Allo Darlin’ tourne autour d’Elizabeth Morris, Australienne résidant à Londres, et qui aurait pu être la chanteuse de Belle and Sebastian dans un univers parallèle. Indie pop parfois twee mais jamais prétentieuse, la musique d’Allo Darlin’ est douce, intemporelle et marquée par la superbe voix, l’ukulele mais aussi les paroles de Morris : “They could name a star after you and you’d still be complaining” est peut-être mon vers préféré de l’année. Elle a aussi un certain talent de conteuse, comme Tallulah le montre, et oui, c’est une référence à un autre groupe australien émigré à Londres, The Go-Betweens. Europe est une boîte contenant un rayon de soleil à ouvrir autant de fois qu’on en a envie.

19 And You Will Know Us By The Trail of Dead – Lost Songs. Trail of Dead ont retrouvé la mémoire, et se sont souvenu qu’ils sont un groupe punk aux influences prog et non le contraire.Sans nécessairement revenir à la rage de Madonna, Lost Songs est nettement plus direct et percutant que leurs derniers albums. On y ajoute une bonne dose de thèmes socio-politiques et on obtient un album dense et intense, peut-être un peu trop. Mais c’est leur meilleur album depuis un paquet d’années.

18 The XX – Coexist. Etrange album. Médiocre de prime abord, il requiert impérativement une écoute attentive, un risque démesuré dans une époque de consommation Kleenex effrénée. Mais avec un bon casque, seul, dans le noir, les couches superposées de main de maître par Jamie Smith se confondent, s’alliant aux douces basses et guitares ainsi qu’aux voix séparées ou simultanées de Romy Madley-Croft et d’Oliver Sim, qui chante d’ailleurs nettement mieux. Mais aussi, il fait part belle au silence, instrument à part entière. Pari difficile pour The XX, et son faible impact (comparé à leur début) semble jouer en leur défaveur. Mais je pense qu’ils l’ont réussi.

17 Swans – The Seer. Une des expériences auditives de l’année. Oppressant, puissant, très long (deux heures), des morceaux dépassant les vingt voire trente minutes, un groupe qui existe depuis plus de trente ans. Tout cela ne devrait pas fonctionner, et pourtant. Entre drones, explosions sonores, une batterie qui sonne comme des mitraillettes ou rend nauséeux et la voix étrange et inquiétante de Michael Gira, Swans a réussi un des meilleurs albums de l’année, et peut-être le plus intrigant. Quelques accalmies (le chant clair de Karen O sur Song for a Warrior) éclaircissent un ciel sombre et orageux, qui caractérisent un album qui pourrait être la bande originale d’un film d’horreur particulièrement malsain.

16 Sharon Van Etten – Tramp. En plus d’avoir une voix fantastique, Sharon Van Etten est aussi un auteur-compositeur fantastique, excellant de la même manière dans les morceaux acoustiques (Give Out) que dans ceux joués par un groupe entier (des National, Walkmen notamment). Très personnel tout en restant accessible, élégant et émouvant, parfois très intense (All I Can), Tramp hantera les moments sombres de personnes déprimées aux goûts musicaux avérés. Who the fuck is Lana Del Rey?

15 First Aid Kit – The Lion’s Roar. Deux jeunes soeurs suédoises, qui écrivent et chantent comme si elles avaient vécu plusieurs vies. Les chansons sont belles sans tirer sur la corde pathétique, et semblent ne pas avoir d’âge. Emmylou est une des plus belles chansons d’amour jamais écrites, point final. Espérons que leur songwriting continuera à évoluer.

14 Ceremony – Zoo. Après des débuts full hardcore, Ceremony soigne l’emballage, dépasse les deux voire trois minutes mais reste très intense, en clignant vers Mudhoney et Pixies.

13 Bad Books – II. Kevin Devine et Manchester Orchestra. 50% folk, 50% rock, 100% indie. Qui a besoin des reformations de Grandaddy ou Pavement quand on a de telles compositions et un flair mélodique rare.

12 Screaming Females – Ugly. Screaming Females, c’est surtout Marissa Paternoster, étrange hybride entre J Mascis et Carrie Brownstein, une guitariste très inventive à la voix particulièrement expressive. Mais elle sait aussi écrire de bonnes chansons, et s’entourer d’une section rythmique solide (d’autant plus que Steve Albini est derrière la console). La voix tourne autour de la guitare et inversement, en suivant des méandres et détours souvent étranges et inattendus, qu’on pourrait même parfois rapprocher de System of a Down en moins bourrin (Tell Me No). On regrettera peut-être la relative longueur de l’ensemble (53 minutes) mais l’inventivité compense amplement.

11 The Men – Open Your Heart. Second album en deux ans chez Sacred Bones Records, Open Your Heart élargit énormément la palette des Hommes. Toujours intense mais moins agressive, incoporant des éléments de krautrock, surfrock, psyché, post-punk et j’en passe (country?), leur musique passe la vitesse supérieure. La voix n’est pas toujours mise en avant, et quelques morceaux sont majoritairement voire totalement instrumentaux. De plus, The Men montre qu’ils sont encore capable de progresser, pour potentiellement atteindre des sommets. En attendant, Open Your Heart est déjà fantastique en soi.

10 Ty Segall – Twins. C’est peut-être seul qu’il est le meilleur. Comme si McCartney écrivait pour Mudhoney. Aucune idée de ce qu’il va faire en 2013 (se calmer? espérons que non), mais Ty Segall n’a aucune limite.

9 Melody’s Echo Chamber. Second des trois albums de ce top produits par Kevin Parker (Tame Impala), MEC est le projet de la chanteuse française Melody Prochet. La production de Parker est assez proche de ce qu’il fait pour son propre projet et pour Pond, mais les chansons de Prochet ont des influences plutôt dream pop. L’union des deux créent un son intéressant, plus dynamique de la dream pop “classique” mais moins psyché/out there que Tame Impala. L’album est très joli, très réussi et assez marrant quand Prochet chante en français. Une réussite de plus pour Kevin Parker, mais il n’est pas le seul à en être responsable.

8 Dinosaur Jr. – I Bet On Sky. De toutes les reformations qu’on a connu ces dernières années, celle de Dinosaur Jr est certainement la plus réussie, d’autant plus qu’elle était fort improbable. I Bet On Sky est leur album le plus tranquille, préférant les mélodies et rythmes mid-tempo aux brûlots punkoïdes joués à très haut volume. Ils se permettent même d’expérimenter (légèrement) avec des claviers. Mais quelle que soit la forme qu’elles prennent, les chansons de J Mascis restent inoubliables, grâce à sa voix et à son jeu de guitare inégalables. Stick a Toe In est bourrée d’émotion, Watch the Corners un chef d’oeuvre de maîtrise. On notera encoren la seule grosse accélération, Pierce the Morning Rain mais aussi les deux morceaux de Lou Barlow, surtout Recognition, probablement sa meilleure pour Dinosaur Jr. depuis leur retour. Vivement le nouvel album de Sebadoh en 2013. Encore un excellent album pour le trio, dont la seconde carrière est sans problème aussi réussie que la première, bien qu’assez différente.

7 Goat – World Music. La légende entourant ce groupe est assez barrée, ils sont censés venir d’un bled suédois perdu où se passent plein de choses bizarres comprenant des rituels vaudous et de la musique traditionnelle en perpétuelle évolution. Quoiqu’il en soit, World Music est bien cinglé en tant que tel, à la croisée de chemins entre rock, metal et afrobeat, le tout dans une esthétique punkoïde. Unique.

 6 Chromatics – Kill For Love. Qui a dit que l’album était mort? Chromatics prouve exactement le contraire, avec un opus de 77 minutes à la séquence absolument parfaite, qui le rapproche plus du déroulement d’un film que d’un album court comme on en a vu pas mal cette année. Il commence avec la meilleure reprise de Neil Young que je connaisse : Hey Hey My My, ici simplement renommée Into The Black, sans percussion mais avec une guitare répétitive sous delay ainsi que la voix de Ruth Radelet qui fait penser à celle de Nico. Ensuite, on retrouve quelques morceaux plutôt postpunk/synthpop qui précède un milieu d’album assez instrumental, tout en ambiances feutrées. Birds of Paradise est magnifique, avec ses craquements de vinyl intemporels, tout comme le lancinant Dust To Dust. Il se termine avec The River, pendant qu’on imagine les crédits défiler. En accordant une telle importance à la construction de l’album, mais aussi en soignant le fond, Chromatics réalise un des plus beaux albums de l’année.

5 Tame Impala – Lonerism. Second album pour Tame Impala, projet solo de Kevin Parker aussi impliqué cette année dans les albums de Pond et Melody’s Echo Chamber. Mais Lonerism est un niveau au-dessus de tout cela. Génie moderne, Parker s’inspire des meilleures heures du rock psychédélique des années 60 à nous jours pour sortir un album phénoménal, inventif et brillant. Même si Lonerism sonne souvent comme la suite de Tomorrow Never Knows chanté par le Lennon de A Day in the Life, il n’est pas dérivatif pour autant, et comprend son lot de mélodies et de rythmes qui claquent. Les mélodies laissent parfois la place aux textures, ambiances et bruits ambiants, et comprend aussi quelques longueurs, mais l’essence même de l’objectif parfaitement atteint de Parker, passe par une certaine répétition et abstraction. Il est difficile de penser qu’il pourra un jour surpasser cet album, mais s’il y arrive…

4 Japandroids – Celebration Rock. Rarement un album aura aussi bien porté son titre. Commençant et se clôturant sur des feux d’artifice, Celebration Rock l’est exactement, une fête célébrant la vie et le rock ‘n roll, tout au long de huit morceaux. Peut-être que rien n’est inventé, mais qu’importe : le duo Japandroids a capturé l’essence du rock comme peu d’artistes avant eux, et ils ont eu l’extrême intelligence de faire un album court, histoire de ne pas se répéter où de baisser d’intensité. Parfait de bout en bout, il contrebalance le mal être exprimé dans d’autres albums au sommet de ce top 100. Et c’est ça aussi, le rock, une somme de contradictions irrésolvables, mais cohabitantes.

3 Deftones – Koi No Yokan Meilleur album des Deftones? Nouveau White Pony? Ou juste un groupe dans sa zone de confort, une fois de plus? Probablement tout et rien à la fois. Après plus de vingt ans de carrière, sept albums et plus ou moins tous leurs contemporains oubliés, Deftones occupe une place à part dans le paysage musical actuel. Après avoir rénové le metal aux côtés de Korn et de Ross Robinson, ils l’ont plus ou moins quitté, ou en tout cas l’ont truffé d’influences 80s et d’une intensité romantique qui font généralement défaut dans le genre. Cependant, même si c’est sans doute l’album le moins metal du groupe, il n’est pas sans moments furieux, comme l’intro nu-metallesque de Gauze (intro suivie d’une voix mielleuse à souhait et d’un refrain Cure meets Smiths) ou d’entrée de jeu le riff bulldozer de Swerve City. Mais une fois de plus, tout est une question d’atmosphère, d’ambiance et de finesse, notamment dans l’habillage sonore précieux de Frank Delgado ou dans la basse de Sergio Vega, qui occupe maintenant sa vraie place au sein du groupe. Les morceaux montent en puissance, descendent, explosent et se calment, souvent en quelques minutes. Tout cela est lié par la voix de Chino Moreno qui, aussi cliché que cela puisse paraître, chante de mieux en mieux. Personne ne pourrait élever Entombed ou Tempest à ce niveau, entre murmures et hurlements. Rosemary représente peut-être la quintessence d’un album dont le seul reproche que je peux lui faire est son dernier morceau, un poil en deçà de ce qui précède. Mais ce n’est qu’un détail, lorsqu’on arrive à un tel niveau. Poignant, puissant, beau et intense, Koi No Yokan n’est pas mon album de l’année tout simplement parce que je savais qu’il serait mon préféré.

2 Cloud Nothings – Attack On Memory. En échangeant une pop-rock indé très lofi pour une production Albini et une ambiance, disons-le, grunge, Dylan Baldi a montré sans aucun effort qu’il n’avait pas à rougir de la comparaison avec Kurt Cobain. Comme lui, il sait écrire une pop song parfaite sans en avoir peur, comme lui il peut devenir enragé quasi sur commande. L’album déjà annoncé pour 2013 pourrait être celui de l’explosion d’un des plus grands talents contemporains.

1 Metz – Metz Je me suis parfois demandé ce qu’aurait été In Utero enregistré avant Nevermind, à savoir l’intensité violente et sans compromis de Cobain sans les sensibilités pop ni l’arrière-goût du succès. Et j’aime penser que cet album aurait pu vaguement ressembler à Metz. Sans aucune concession, parfois proche du noise rock, le premier album du trio (ben oui) claque fort, très fort, autant que les meilleures heures de Shellac (ben tiens) ou de Drive Like Jehu. Chaque morceau, chaque seconde ne tient que sur un fil, comme si la vie du groupe en dépendait (ce qui est apparemment le cas lors de leurs concerts). Si Dylan Baldi en est le pendant pop, alors Metz représente la partie disto/overdrive/big muff de Cobain (et de tous ceux qui venaient avant lui, devinez chez qui Metz est signé?). J’aurais même pu encore sortir le mot qui commence par G.