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Hole – Nobody’s Daughter

Dans le courant de l’année dernière, des morceaux inédits de Courtney Love se sont retrouvés sur internet. Il s’agissait d’une version quasi terminée de Nobody’s Daughter, le second album solo de Courtney Love, sous forte influence Dylanienne. Les morceaux étaient étonnants, généralement simples et majoritairement acoustiques. Mais surtout, ils étaient bien meilleurs que ce que l’on aurait pu attendre. Malheureusement, Courtney, ou son label, ou son styliste, n’était pas content du tout que ces morceaux se soient retrouvés à l’air libre, et les a directement qualifiés de démos sans rapport avec la version finale de l’album. Une de ces deux affirmations est vraie. Ce n’était absolument pas des démos, mais la version commerciale de Nobody’s Daughter est loin, bien de loin du niveau de ces morceaux.

De plus, pour une raison imbécile et commerciale, Love sort Nobody’s Daughter sous le nom de Hole, qui fut son groupe des années 90. Pourquoi pas? Oui, sauf que Courtney est le seul membre de Hole qui reste dans le groupe : elle n’a carrément pas demandé l’avis d’Eric Erlandson, Patty Schemel, Samantha Maloney ou Melissa Auf der Maur, quelques un de ses anciens compagnons. Elle les a remplacé par des musiciens inconnus, et trouvé une nouvelle muse : Micko Larkin, 23 ans, anglais et guitariste de Larrikin Love (moi non plus).

Tout était donc réuni pour un bon gros album pourri, et une nouvelle preuve que les nineties, aussi chouettes furent-elles, gagneraient à ce qu’on leur foutent la paix. Et c’est vrai qu’une bonne part de Nobody’s Daughter ne vaut pas grand chose. Nouvelle déception dès le début : le morceau-titre est totalement différent de la fuite, seul le nom reste. Comme premier morceau, il est très mal choisi : il se traîne, est trop long, trop produit (Michael Beinhorn, le Michael Bay de la production rock) et montre une Love déjà à bout de souffle, qui recherche doublement l’inspiration. Larkin a co-écrit le morceau, et est peut-être un gentil garçon, mais ne semble pas être spécialement talentueux. Il tente d’évoquer le Billy Corgan co-compositeur de Celebrity Skin pour le second morceau et premier single, Skinny Little Bitch, mais n’arrive qu’à pondre un riff assez ridicule. Mais pas autant que Love, dont les inflexions vocales sont franchement embarrassantes.

Pacific Coast Highway, une des meilleures fuites, relève largement le niveau, même si, il faut en convenir, ce n’était pas difficile. C’est aussi le premier morceau co-écrit par Billy Corgan, et même si, comme beaucoup de monde, je trouve que Corgan s’est méchamment paumé depuis, oh, dix ans, il est toujours capable d’écrire de très chouettes trucs. Même si, vu la genèse de cet album, ses compos doivent déjà avoir quelques années. Pacific Coast Highway est un peu le cousin moins séduisant de Malibu, et donne à Micko Larkin l’occasion de faire un solo de guitare. Il n’aurait pas du. Corgan co-écrit également Samantha, classique post-grunge perdu à tiroirs assez bien foutu, il faut le souligner.

Cela ne durera pas, car la seconde moitié de l’album appartient à Linda Perry. Linda Perry, ex-4 Non Blondes et responsable de quelques scies radio carrément offensives, comme le Beautiful de Christina Aguilera. Perry a commis Someone Else’s Bed, probablement pour les radios « adultes » US, For Once In Your Live, où elle offre à Love la possibilité de chanter « look what I can do » avec la voix d’une vieille perverse qui relève sa jupe devant des gamins jouant au basket dans un parc jonché de capotes usagées et de seringues sanguinolentes, et, encore pire, Letter To God. Ben oui, Courtney prend de l’âge, s’interroge sur sa vie et donc, écrit à Dieu. « I never wanted to be the person you see, Can you tell me who I am », ou pire « I always wanted to die ». Vu l’historique de la dame, elle aurait peut-être gagné à s’abstenir.

On se faisait tellement chier qu’on oubliait presque que Courtney pouvait encore faire un peu de rock, Loser Dust le rappelle. Mais devinez qui l’a écrit, Corgan ou Perry? Le dernier morceau de l’album est carrément co-écrit par Corgan ET Perry, il est donc facile de séparer les passages emmerdants des autres. Mais si on est arrivé à ce moment de l’album, on n’a plus vraiment grand chose à espérer, si ce n’est la fin. Pourtant, on a partiellement tort, car le morceau bonus (?) est carrément touché par la grâce : Never Go Hungry est le seul de l’album entièrement écrit par Love. Il est aussi le seul à ne pas être surjoué et surproduit : guitare acoustique et voix, c’est tout. Lorsque le morceau se conclut, on a retrouvé la Courtney Love de Doll Parts. Elle criait « I wanna be the girl with the most cake », maintenant c’est « I’ll never go hungry again ». Love était rageuse, puissante, énervée, exactement ce qu’elle est censée être, une force de la nature. Maintenant, elle ne l’est que très épisodiquement, préférant se ridiculiser sur scène et en dehors, écrire avec des compositeurs aussi rock ‘n roll que Susan Boyle et secouer quelques cadavres qui ne demandent que le repos éternel.

A l’écoute des « démos » et de Never Go Hungry, il apparaît clairement que la direction Hole 2.0 de Nobody’s Daughter était une grosse erreur. Love aurait du se replier sur elle-même et sortir la version originale de l’album, sans groupe minable et ballades FM. Mais elle ne pouvait/voulait probablement pas le faire. Il reste peut-être encore de l’espoir pour Courtney, qui reste une interprète et compositeur de talent (les accusations que Cobain aurait écrit Live Through This n’ont jamais été confirmées), mais on peut difficilement encore y croire.

Courtney Love – America’s Sweetheart

Courtney, Courtney, Courtney… Juste une fille sans talent qui a eu plus de chance que les autres, ou une déesse punk dans la lignée de Sid? Ou peut-être un peu des deux… Courtney Love, on aime ou on déteste. Comme Yoko, on l’a accusée de tous les maux, jusqu’à imaginer qu’elle aurait organisé, d’une manière ou d’une autre, la mort de Kurt Cobain. Résultat, même si les talents multiples de Courtney sont assez difficiles à ignorer, certaines personnes continueront à la discréditer de toute façon. Love a quand même réussi dans deux domaines, la musique bien sûr (trois albums pour Hole) et le ciné (elle était splendide dansThe People Vs. Larry Flint et Man On The Moon).

Sort maintenant son premier disque solo, après le split de Hole (dont la bassiste, Melissa Auf der Maur, vient aussi de sortir un album) et l’avortement de son projet punk (avec Kat Bjelland, ex-Babes In Toyland). On a souvent douté du talent de songwriter de Courtney : la rumeur que Cobain a écrit certains de ces morceaux ajouté au fait que son ex, Billy Corgan, a coécrit pas mal de Celebrity Skin (le 3ème Hole) a aidé à créer cette situation, et America’s Sweetheart ne fera pas taire les mauvaises langues. En effet, l’album a été coécrit avec quelques personnalités assez douteuses, telles Linda Perry (ex 4 Non-Blondes et créatrice de Pink), et Bernie Taupin, qui a composé la carrière d’Elton John. Bref, c’était mal parti. Jusqu’à ce qu’on entende le premier extrait, la rage punkoïde de Mono. Ok, ça ressemblait un peu à la plage titulaire de CS, mais bon, Courtney était de retour. Elle chante toujours aussi mal, mais elle pense ce qu’elle dit, c’est déjà ça.

L’album est assez hit-and-miss, produit un peu n’importe comment, avec des morceaux assez mal agencés, mais ce joyeux foutoir correspond pas mal au personnage. Pas mal de guitares tranchantes (dont une apparition de Brody Distillers) et une voix de plus en plus rauque : l’album est moins poli que CS. Reste quand même les gros clichés habituels, qui n’ont pas évolué depuis Doll Parts ; et des morceaux quand même fort adult-oriented rock. Déception quand même, mais bouffée d’air frais : Courtney’s back.