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Panic At The Disco – Pretty. Odd.

Je sais, je ne suis pas censé écrire sur Panic At The Disco, mais j’ai une bonne raison : depuis qu’ils ont supprimé le point d’exclamation dans le nom, la police du bon goût nous autorise officiellement à en parler. Ben non, c’est juste que 1) l’album n’a plus rien à voir avec ces falloutboyeries emo auxquelles le groupe été accolé et 2) il n’est pas mal du tout.

Il débute par une référence métatextuelle : « We’re sorry we’ve been gone / We were busy writing songs for you / … / You don’t have to worry / We’re still the same band. » We’re So Starving est non seulement un avertissement pertinent, mais une référence évidente à Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, intro de l’album du même titre, lui-même nouvelle référence étonnante du groupe.

En effet, non seulement Brendon Urie peut chanter comme Paul McCartney dans un bon jour, mais les références beatlesiennes période Sgt Pepper’s sont légion : trompettes, rythmes ou parfois une certaine complexité de structure. Il suffit d’écouter le début de The Piano Knows Something I Don’t Know pour s’en persuader, et quand la référence vient d’ailleurs, c’est de la britpop anglaise des années 90 (That Green Gentleman).

Mais l’album n’est ni un pastiche ni une copie sans âme : Nine In The Afternoon est terriblement catchy, She’s An Handsome Woman plein de vie, Do You Know What I’m Seeing arrive à sonner classique mais pas (trop) kitsch. On pourrait être un peu fatigué par le caractère baroque de l’ensemble, et par une certaine longueur, mais l’effort fourni est suffisamment important pour être remarqué. De plus, le bon submerge largement le reste, comme le très Beach Boys Behind The Sea fait oublier I Have Friends In Holy Spaces : trompette et ukulélé = un peu too much quand même. On est toutefois surpris par la qualité de l’écriture, qu’on attendait pas de leur part : She Had The World est vraiment bon, et c’est loin d’être le seul.

En fait, le gros point positif, c’est la folie ambiante : ils ne font rien d’attendu, de prévisible, surtout quand on pense à leurs antécédents. Behind The Sea mute en plein milieu et est suivi par un « intéressant » mais apparemment ironique Folkin’ Around. Cependant, Pretty. Odd. est long, et pas facile à digérer du premier coup, comme si (et c’est sans doute le cas) le groupe avait voulu caser le plus d’éléments possible : ça déborde un peu de partout. On ressent aussi un effet de dents de scie : le très bon cotoie l’oubliable.

Pretty. Odd. n’est pas l’album de l’année, mais, pour emprunter un terme de sport US, Panic At The Disco est clairement le Most Improved Player de la saison 2008, à défaut de son MVP.