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The Music – Strength In Numbers

Hype. Expression aussi vide de sens qu’impitoyable. Peu de groupes considérés comme « les nouveaux Beatles/Stones/Nirvana/etc) ont pu confirmer sur la longueur, et ceux qui l’ont fait ont du évoluer ou du moins diminuer d’intensité. Oasis est pour cela un cas d’école : comment faire quand on atteint la quasi perfection dès le début. On en reparlera sans doute l’an prochain, quand Arctic Monkeys sortiront leur potentiel Be Here Now. The Music était à fond dans le hype, à l’époque : le premier album les propulsèrent comme nouveaux Stone Roses, Tony Wilson ayant exprimé à l’époque son regret de ne pas avoir pu leur faire signer un contrat.

Il est vrai que le disque était fort bon, malheureusement, comme souvent, le second ne fut pas à la hauteur. Longue pause, séjour en désintox, les clichés ont défilé, ce qui fait qu’on ne mourait pas spécialement d’impatience d’entendre le nouvel album du quatuor de Leeds.

Tant mieux : l’effet de surprise est d’autant plus grand. Parce que Strength In Numbers, même s’il n’inversera pas le réchauffement climatique, est un album tout à fait décent, avec quelques morceaux brillants.

Le morceau-titre entame l’album avec un rythme infernal et un refrain à soulever le Stade de Wembley. La voix de Robert Harvey fonctionne très bien, et a évolué en diversité, tout en gardant ce caractère fédérateur. Quand la machine tourne, The Music sonne comme une über-version des Chemical Brothers (l’album est coproduit par l’ex-Orbital Paul Hartnoll) avec une douzaine de John Squires, le tout scandé par Richard Ashcroft. On trouvera pire, comme comparaison. Fire est carrément immense, Get Through It irrésistible, et Drugs commence par la ligne de basse de Heart Of Glass, ce qui leur apporte directement toute ma sympathie.

Restons réalistes, tous les morceaux ne sont pas du même niveau, et clairement, les chansons lentes n’arrivent pas à décoller. De plus, les paroles de Harvey gagneraient à être un peu plus imagées. Un titre comme « Drugs » ne va pas inspirer grand monde. Il n’empêche, le mur du son mis en place est d’une efficacité redoutable, et serait totalement dévastateur dans une plaine de festival. De plus, malgré un sentiment d’homogénéité, les morceaux possèdent généralement un petit quelque chose, un élément individuel qui les rendent intéressants : parfois c’est le jeu de guitare (No Weapon Sharper Than Will) ou l’utilisation de l’électronique (The Last One).

Et même si Cold Blooded sonne vraiment comme une version 2008 des Stone Roses (ce qui n’est après tout pas une mauvaise chose), on ne boudera pas son plaisir : non seulement Strength In Numbers est un chouette album, mais il relance ses concepteurs dans le paysage musical contemporain, leur rendant une place qu’ils n’auraient pas du quitter.

The Music – Welcome To The North

Whoa. C’est le premier mot qui vient à l’esprit lors de l’écoute de cet album. Et il revient très souvent. The Music, jeune groupe anglais (forcément) avait déjà fait parler d’eux pour plusieurs raisons, leur arrogance typique, leur nom, leurs performances live et quand même un premier album percutant et étonnant, sorte de Stone Roses post-Chemical Brothers (mais entièrement joué sans électro). On attendait évidemment un flop de second album, si nombreux ces derniers mois. Eh bien absolument pas.

C’est aussi simple que ça, cet album est phénoménal. Les références précédents sont toujours çà, mais les morceaux ont acquis une dimension nouvelle et énorme. Le destin de The Music va immanquablement passer par des stade plein à craquer, des écrans géants et des gros citrons. Le premier single Freedom Fighters est le riff que Jimmy Page n’a pas eu le temps d’écrire, Bleed From Within ridiculise ces pauvres richards new-yorkais qui veulent faire « danser », Cessation donne la nausée tellement que le rythme est élevé, la ballade Fight The Feeling est carrément innovante et l’instrumental caché qui clôture l’album est le rêve de tout musicien, commençant comme Mogwai et incorporant 50 ans de rock en moins de 6 minutes.

Les refrains forcent les fenêtres à s’ouvrir, le chanteur Robert Harvey synthétise Perry Farrell et Bono tout en apportant son propre style, les riffs d’Adam Nutter sont les plus tranchants depuis les débuts de Tom Morello et la section rythmique inspirera des centaines de petits producteurs house médiocre. Détonnant, original, impressionnant et virtuellement parfait. Admirable.