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Top 100 Albums 2013

Comme d’habitude, il y a certainement eu des oublis, des albums qui sont placés plus haut ou plus bas qu’ils ne devraient, mais j’avoue ne pas avoir accordé énormément d’attention à la précision du classement, le 91e pourrait être 23e et ainsi de suite. Une fois de plus, ce ne sont que mes albums préférés. Il y a beaucoup de listes comme celle-ci, mais celle-ci est la mienne.

La playlist Spotify reprenant un morceau de chaque album est à la fin (écoutez-la en lecture aléatoire, please), et n’hésitez pas non plus à aller écouter celle de MDEIMC, reprenant ses morceaux préférés de l’année, il n’y a rien à jeter. Let’s go.

100 Haust – No. Punk hargneux norvégien à riffs rendu amusant par mes recherches menant à www.haust.no.
99 Jagwar Ma – Howlin. Si les Stone Roses ne sortent jamais de troisième album, c’est leur faute.
98 Eisley – Currents. La famille DuPree switche (parfois) les guitares pour des rythmes plus dansants, tout en conservant les plus belles harmonies que vous entendrez cette année (Haim qui?)
97 Splashh – Comfort. Dans ce classement, il y aura quelques groupes qui auraient vraiment bien aimé qu’on soit en 1993 et pas en 2013 et qui ont un autel avec des photos de Kevin Shields et de J Mascis dessus. Voici le premier. Désolé (pas désolé, en fait) mais c’est mon classement.
96 Johnny Marr – The Messenger. Parce que c’est Johnny Fuckin Marr, c’est tout.
95 The History of Apple Pie – Out of View. Shoegaze pop adorable, juste arrivé quelques années trop tard pour Lost in Translation.
94 Bass Drum of Death. Guitare, batterie, garage.
93 Phoenix – Entertainment. Merci Daft Punk d’avoir sorti l’album la même année…
92 Public Service Broadcasting – Inform Entertain Educate. Curieux, intéressant, fascinant même si probablement éphémère. Ils me rappellent un peu The Avalanches en moins cinglé. C’est quand vous voulez, au fait, The Avalanches.
91 Camera Obscura – Desire Lines. Toujours là quand on en a besoin, toujours excellent.
90 I Is Another – I Is Another. Premier album/EP du duo Ian Love/Jonah Matranga, criminellement trop court.
89 Paul McCartney – New. On parle du retour de Bowie, mais New est le meilleur album de Macca depuis bien longtemps.
88 Touché Amoré – Is Survived By. Oui, c’est plus mélodique et moins intense qu’avant. Mais c’était le seul moyen.
87 Bad Religion – True North. Un des meilleurs albums de Bad Religion, et c’est le seizième. Si on me demandait par quoi commencer BR, je dirais True North.
86 Front Bottoms – Talon of the Hawk. Comme MDEIMC l’explique très bien, duo folk-dance-pop-punk, ce qui sonne bien mieux qu’il n’y paraît.
85 Potty Mouth – Hell Bent. Post-Riot Grrrl punk rock comme on n’en faisait plus. Cool.
84 Tegan & Sara – Heartthrob. Les sœurs Quin expérimentent avec des sonorités plus modernes sans sombrer dans la dance pop FM.
83 Milk Music – Cruising Your Illusion. Le successeur de l’incendiaire EP Beyond Living ne pouvait être qu’un ton en dessous, mais ce n’est quand même pas mal du tout, juste plus Neil Young que J Mascis.
82 Rival Schools – Found. Après avoir de nouveau perdu Ian Love, un des seize groupes de Walter Schreifels retrouve son fameux second album « perdu » et lui offre une véritable sortie.
81 California X. J’ai déjà parlé de J Mascis?
80 Purling Hiss – Water on Mars. Maintenant, on peut enfin parler de descendants de Nirvana plutôt que d’imitateurs. Parfait exemple de fuzz pop homogène.
79 Deap Vally – Sistrionix. White Stripes féministes revendicatrices, moins homogènes mais avec 100% de déclarations stupides en moins.
78 Mudhoney – Vanishing Point. Mudhoney = Sub Pop. Et avec eux, un album qui personnifie parfaitement ce qu’a toujours été Mudhoney. Pas leur plus expérimental, mais pas leur moins bon non plus.
77 Suede – Bloodsports. Des groupes qui se reforment et sortent un nouvel album, ce n’est pas si fréquent. Quand l’album en question soutient la comparaison avec le reste de leur discographie, c’est encore plus rare et mérite d’être souligné.
76 Drenge. J’imagine qu’on doit dire que c’est une sorte d’équivalent anglais des Black Keys, mais ça serait assez stupide, Drenge semble vraiment aimer leur musique pour ce qu’elle est.
75 Hunx and His Punx – Street Punk. Fun + punk + revendications sociales. What’s not to like?
74 Babyshambles – Sequel to the Prequel. Alors qu’on l’avait totalement oublié, Pete Doherty sort le meilleur album de Babyshambles et probablement son album le plus concentré. Pendant ce temps, il est où Carl? Il attend le coup de fil?
73 The Knife – Shaking the Habitual. Leur spectacle (plutôt que concert) aura bien fait parler de lui cette année, mais l’album qui l’accompagne n’est pas mal du tout, juste beaucoup trop long et trop bizarre. Mais est-ce que c’est vraiment une mauvaise chose?
72 Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest. Détenteur du titre de buzz marketing de l’année jusqu’à Reflektor. Un album dense, riche, cinématique.
71 City and Colour – The Hurry and the Harm. Dallas Green, mélancolique à souhait. C’est beau, c’est triste, c’est nécessaire.
70 Jimmy Eat World – Damage. Finalement, ce n’est pas une mauvaise chose que Jimmy Eat World n’a jamais connu un énorme succès commercial : ils sont toujours excellents.
69 White Denim – Corsicana Lemonade. Rencontre du rock psyché 60s et du math rock, avec une touche de classic et southern.
68 Joanna Gruesome – Weird Sister. À cause de Google, il faut trouver des noms de groupe aussi percutants/pourris que possible. On en a un quelques uns cette année, mais aucun aussi amusant que ce combo gallois indie-punk éclectique. Et ça marche.
67 Pearl Jam – Lightning Bolt. Toujours capables de remplir des salles n’importe où en Europe en un clin d’œil, Pearl Jam sort son dixième album qui a l’infinie vertu d’être bien meilleur que le précédent.
66 David Bowie – The Next Day. L’immense buzz autour de sa sortie a probablement troublé la relative objectivité du jugement, mais The Next Day est quand même le meilleur Bowie depuis un certain temps.
65 Nine Inch Nails – Hesitation Marks. L’album le plus inégal de l’année?
64 Chelsea Light Moving. La meilleure manière de ne pas regretter Sonic Youth (voir aussi Body/Head).
63 Bleached – Ride Your Heart. Fuzzpop indé, deux soeurs, Haim qui?
62 Yo La Tengo – Fade. 45 minutes d’indiepop (trop) parfaite.
61 Yuck – Glow and Behold. Loin de couler le groupe, le départ du frontman Daniel Blumberg a modifié leur modus operandi en gagnant en textures ce qu’ils ont perdu en énergie.
60 Bored Nothing – Bored Nothing. Délicatesse indé, quelque part entre Pavement et Elliott Smith.
59 Palms – Palms. Isis + Deftones. Exactement.
58 Franz Ferdinand – Right Thoughts Right Words Right Action. Tentative relativement maladroite de se souvenir du premier album, mais avec des moments de brillance.
57 Diarrhea Planet – Rich Beyond Your Wildest Dreams. Folie furieuse avec plein de guitares.
56 The Men – New Moon. Chaque année, un nouvel album de The Men, et dans un autre style. Ici, les chansons de feu de camp et le rock n’ roll Springsteenesque. Je comprends rien à ces gens, mais ils sont forts, très forts.
55 The Strokes – Comedown Machine. Zéro promo pour un album que je n’attendais pas mais qui se révèle être bien plus intéressant qu’Angles. Le meilleur album sur lequel Casablancas a chanté cette année.
54 Daughter – If You Leave. Indiepop délicalement triste, tristement délicate, qui ne pouvait provenir que de chez 4AD.
53 Smith Westerns – Soft Will. Encore beaucoup de délicatesse pour un bel album. Le genre de groupe que l’on garde secret, rien que pour soi.
52 Wavves – Afraid of Heights. Il porte bien son titre, cet album.
51 Aye Nako – Unleash Yourself. Kathleen Hanna est responsable d’une certaine partie de ce top 100, et c’est pas fini (tip pour 2014 : Perfect Pussy). Punk rock 4 ever, etc
50 Sigur Rós – Kveikur. Apparemment leur album rock. C’est un album de Sigur Rós.
49 Kylesa – Ultraviolet. Les puristes n’aiment pas que Kylesa semble devenir « mainstream » Les puristes sont cons.
48 Pity Sex – Feast of Love. Shoegazy indie punk. Oui, encore.
47 Neko Case – The Worse Things Get… Le titre est bien plus long que ça, Fiona Apple-style, mais il est surtout excellent, frôlant la perfection dans la case singer-songwriter accessible. Et quelle voix…
46 The Wonder Years – The Greatest Generation. Les Menzingers de cette année. Punk rock intelligent et intense.
45 Mazzy Star – Seasons of Your Day. Rien n’a changé pour Mazzy Star, malgré le temps qui a bien passé autour d’eux. Ce qui donne une raison de plus pour s’y replonger.
44 Chvrches – The Bones of What You Believe. Pop music incontournable dans mon utopie.
43 Eleonor Friedberger – Personal Record. Personnel, oui mais aussi heureusement accessible et très bien écrit. Dans l’utopie mentionnée juste au-dessus, When I Knew = Get Lucky.
42 Superchunk – I Hate Music. Ouais, et moi je déteste ces vieux groupes qui sortent des albums qui insultent leur histoire.
41 Grant Hart – The Argument. L' »autre » ex-Hüsker Dü. Et un album très dense, qui part dans tout les sens mais qui ne cesse jamais d’être brillant.
40 The Bronx – The Bronx (IV). Putain de punk rock.
39 Pissed Jeans – Honeys. Putain de punk rock, l’autre côté de la pièce.
38 Los Campesinos! – No Blues. Pas de blues, non, plutôt l’écrasement de ce qui sert de coeur, lentement, douloureusement, délicieusement.
37  Ty Segall – Sleeper. Son Sea Change. Tellement brillant qu’on le prend comme acquis.
36 Détroit – Horizons. Bertrand Cantat (Noir Désir) et Pascal Humbert (Sparklehorse) chantent la misère et un rayon de soleil éphémère.
35 Motörhead – Aftershock. Ceux qui disent que Motörhead fait toujours la même chose n’ont jamais écouté Motörhead. Ceux qui écoutent Motörhead savent, même si ça dépasse l’entendement, que leur vingt-et-unième album est un de leurs meilleurs.
34 Cheatahs – Extended Plays. Oui, techniquement c’est une compile de deux EPs. Mais l’album n’a quand même plus dix ans à vivre, alors, autant tout célébrer. Notamment une autre excellente tranche d’indie shoegaze machin.
33 Merchandise – Totale Nite. D’ailleurs, en parlant de formats, on fait quoi de ça? 5 morceaux, mais une durée d’album (court, certes).  Un des espoirs de 2013 qui a choisi la voie très difficile, avec brio et suicide commercial.
32 Alkaline Trio – My Shame is True. Don’t call it a comeback, they’ve been there for years. Mais ça faisait longtemps quand même, un tel album.
31 Future of the Left – How to Stop Your Brain in an Accident. leur meilleur album à ce jour, et ça veut dire quelque chose.
30 These New Puritans – Field of Reeds. En fait l’album est bien meilleur que ça, mais je n’aime pas danser, encore moins sur de l’architecture.
29 Swearin’ – Surfing Strange. Altpunk, lofi, pédale fuzz, fille qui chante. Comme 20% de ce top 200, c’est chouette 🙂
28 Kurt Vile – Wakin on a Pretty Daze. Ou l’esthétique slacker poussé à son paroxysme, il n’a pas pensé à couper certains morceaux en deux ou en trois. C’est pas grave.
27 Best Coast – Fade Away. Grosse surprise pour moi, je ne m’y attendais pas mais Bethany et le type barbu ont sorti leur meilleur disque à ce jour. Techniquement un EP, mais voilà. Ma liste, etc.
26 Fuzz – Fuzz. Encore un petit tour pour Ty Segall, cette fois à la batterie. Plus stoner que grungy, toujours excellent.
25 Manic Street Preachers – Rewind the Film. Encore une grosse surprise, je n’écoute plus les Manics que par habitude, mais là ils sortent un album différent, roots sans être chiant, varié et plein d’espoir. Ils sortiraient un album post-punk en 2014, maintenant je les attends au tournant.
24 Janelle Monáe – The Electric Lady. Vous vous rappelez de l’utopie? Dedans, elle est Beyoncé.
23 FIDLAR – FIDLAR. Putain de punk rock.
22 Fuck Buttons – Slow Focus. Electro hautement imaginative et dérangeante.
21 Kanye West – Yeezus. Grosse prise de risque pour une superstar de ce calibre, inspiré autant par Death Grips (que j’ai honteusement oublié dans ce top 100) que par son invraisemblable mégalomanie. Mais l’album est complètement pourri par une misogynie crasse et inexcusable.
20 The Icarus Line – Slave Vows.  Post-hardcore et proto-punk, en même temps.
19 Iceage – You’re Nothing. Post-punk à couper au couteau, augmenté en cours d’année par un 7″ et le bouleversant projet parallèle Vär (un autre oubli)
18 The Julie Ruin – Run Fast. Kathleen Hanna reprend son alias, en fait un vrai groupe, ressort les guitares, garde les claviers, et rend heureux.
17 Speedy Ortiz – Major Arcana. La chanteuse Sadie Dupuis faisait partie d’un cover band de Pavement qui s’appelait Babement. Rien que pour ça, il faut écouter cet album.
16 The Thermals – Desperate Ground. Assaut punk rock direct, rageux et inspiré.
15 Surfer Blood – Pythons. Et dire qu’un jour, c’était la place de Weezer.
14 Waxahatchee – Cerulean Salt. Personnel, authentique, touchant et excellent, Katie Crutchfield oscille entre alt folk et fuzz rock pour faire vibrer tout ce qui peut encore vibrer. Elliott Smith n’est jamais très loin.
13 Nick Cave and The Bad Seeds – Push the Sky Away. Nick Cave me fait toujours peur, mais quel talent. Carrément un de ses tout meilleurs albums.
12 Thee Oh Sees – Floating Coffin. Punk, garage, psyché, etc etc. Rock.
11 The National – Trouble Will Find Me. Joie et bonne humeur toujours au rendez-vous, mais qu’est-ce que c’est beau.

10 Parquet Courts – Light Up Gold. Je ne sais pas si le comeback de Pavement en 2010 a eu une quelconque influence sur Parquet Courts, mais s’ils ont un descendant direct, ce sont eux.

09 Queens of the Stone Age – … Like Clockwork. Très injustement critiqué pour des raisons stupides (trop de « ballades », des guests invisibles, le Josh Homme show), … Like Clockwork est effectivement bien différent que, oh, Songs for the Deaf, mais si vous n’avez pas changé en dix ans, c’est votre problème, pas le leur.

08 Mikal Cronin – MKII. Autrefois connu comme bassiste du Ty Segall band, il devrait sortir de cette (fantastique) ombre grâce à un talent d’auteur/compositeur/multi-instrumentiste hors du commun.

07 Savages – Silence Yourself. Sérieux à faire passer The National pour Me First and the Gimme Gimmes, Savages allie intensité glaciale, rythmes no-wave et agenda socio-politique chargé.

06 Deafheaven – Sunbather. Un album post-genre, qui ne cherche pas la comparaison, et pour cause : une telle union de puissance sonore et mélodique n’a que rarement été produite auparavant.

05 John Grant – Pale Green Ghost. Des histoires sordides, glauques et autobiographiques qui initient l’ère du songwriter contemporain, qui utilise les outils électroniques avec la même évidence que la guitare acoustique. Et une voix extraordinaire.

04 My Bloody Valentine – mbv. La couleur de la pochette était un indice : Kevin Shields est le Docteur, voyage dans le temps et va chercher des sons du futur pour les mélanger avec ceux de son glorieux passé. Ce qui explique pourquoi il a fallu 22 ans pour que l’album sorte : pour Shields, seulement quelques mois se sont écoulés.

Reflektor

03 Arctic Monkeys – AM. Cinq albums, cinq réussites majeures. Celui-ci est plus introverti, plus contrôlé et sans la moindre seconde superflue.

02 Vampire Weekend – Modern Vampires of the City. On l’espérait plus ou moins secrètement et on l’a eu. Un album d’un grand raffinement et d’une extrême intelligence mélodique de la part du groupe indé le plus important au monde.

01 Arcade Fire – Reflektor. Parce qu’il est difficile de vraiment parler d’indé en ce qui concerne Arcade Fire, qui pourrait atteindre un jour le niveau de popularité U2. En attendant, profitons-en : dans ses excès de longueur et de densité, Reflektor est un album magique, presque sans temps mort, qui justifie à lui seul le concept d’album qui semblait voué à disparaître.


Playlist
Spotify de 93 morceaux / 6 heures ci-dessous, mode aléatoire très fortement recommandé. À l’année prochaine!

Juin 2013

La saison des festivals bat son plein, c’est pourquoi on n’a pas eu beaucoup de sorties majeures ce mois-ci, et il y en aura encore moins les deux prochains. Ceci dit, c’est le mois qui a été choisi par une myriade de labels indés pour caser des albums plus excellents les uns que les autres : 2013 est déjà une grande année.

Cet article est un peu différent des précédents : vu l’abondance des sorties, le retard accumulé et le fait que la partie déjà écrite me semble mauvaise, j’ai choisi un style plus rapide, avec moins de longues phrases que plus personne ne semble lire de nos jours.

Album du mois : Queens of the Stone Age… Like Clockwork.

Like ClockworkLeur premier en six ans, il a pourtant été reçu de manière mitigée, sans doute parce que certains attendaient beaucoup plus de bourrinage à la Songs for the Dead (album que j’aime beaucoup, ceci dit). Certains (les mêmes?) se sont aussi sentis floués par les special guests qu’on entend/distingue à peine (Grohl, Reznor, Lanegan, etc). Tout ce monde là est totalement passé à côté d’un album varié, sans temps mort et d’une grande créativité. Oui, Queens of the Stone Age a toujours été le projet de Josh Homme (comme Nine Inch Nails pour Trent Reznor) et c’est très bien comme ça.

Mentions très spéciales : Surfer BloodPythons. Il aurait peut-être été mon album du mois sans ça. Groupe rock aux influences pop, Surfer Blood nous ramène à une époque insouciante, aux alentours de l’album bleu de Weezer. Mais aussi Smith WesternsSoft Will (psychétastique), These New PuritansFields of Reeds (sans exagérer, le Kid A de 2013), Eleanor FriedbergerPersonal Record (dans mon utopie, elle serait Beyoncé), PalmsPalms (Isis + Chino Moreno, rien à dire de plus), City and ColourThe Hurry and the Harm (c’est beau, triste, mais beau), Camera ObscuraDesire Lines (c’est beau, et moins triste), I Is AnotherI Is Another (dream team emopostmachin entre Ian Love et Jonah Matranga), Sigur RósKveikur (plus musclé que d’habitude, tant mieux) ou encore Boards of CanadaTomorrow’s Harvest (bande originale d’un film irréalisable). Ah, et Electric Soft ParadeIdiots, toujours impeccables.

Ce mois-ci a aussi vu la sortie d’albums de quelques unes de mes découvertes récentes : DeafheavenSunbather (shoegaze metal?), Aye NakoUnleash Yourself (punk féministe), Bass Drum of Death – Bass Drum of Death (lofi garage machin) ou encore HaustNo (punk hxc norvégien).

Et on doit aussi parler de quelques gros trucs sortis en juin, comme Black Sabbath13 (étrangement décent), Kanye WestYeezus (meilleur que Random Access Memories), Miles Kane – Don’t Forget Who You Are (la vie sans Alex Turner semble bien se passer), Beady EyeBE (Dave Sitek ne remplace pas l’absence de bons morceaux), CSSPlanta (idem), Jimmy Eat WorldDamage (passé, peut-être, mais toujours impeccable), Stone GossardMoonlander (guitariste de Pearl Jam avec des morceaux meilleurs que le dernier Pearl Jam), Sons of the Sea – Compass EP (alias Brandon Boyd avec des morceaux meilleurs que le dernier Incubus).

Une fois de plus, désolé pour le caractère « liste » de cet article, mais c’était ça où 90 000 caractères publiés fin 2016. Si j’ai oublié quelque chose, merci de me le faire remarquer en commentaire (Andrew Stockdale c’est volontaire, et Guitar Wolf m’a assez déçu).

Voici l’habituel playlist Spotify (30 morceaux, shuffle mode recommandé) avec une grande majorité de ces albums dedans, mais aussi quelques morceaux d’albums à venir plus tard (Arctic Monkeys, Nine Inch Nails, The Strypes). On se revoit dans un mois, achetez des vinyles et ne regrettez jamais rien.

Queens of the Stone Age – Rated R (Deluxe Edition)

Queens of the Stone Age n’est plus vraiment le même groupe aujourd’hui par rapport à Rated R, leur second album et celui qui les aura lancé dans le mainstream. A l’époque, Josh Homme était toujours connu comme ancien guitariste des légendes stoner Kyuss, et avait sorti un premier album discret mais remarqué. Pour Rated R, il s’est adjoint les services de Nick Oliveri, qui aura aussi servi quelque temps chez Kyuss avant de se faire virer. Leurs concerts étaient épiques, surtout quand Oliveri oubliait ses vêtements, et se servait d’une basse très… basse comme extension d’une virilité qui lui jouera des mauvais tours dans le futur.

Dix ans après, Josh Homme est le seul membre restant dans le groupe. Oliveri se sera fait une nouvelle fois virer, quelques batteurs se seront succédés (dont Dave Grohl) et Queens of The Stone Age, qui aura sorti trois albums depuis, n’est plus finalement que le projet solo de Josh Homme, ce qu’il aura peut-être finalement toujours été. Enfin, il faut aussi mentionner que Homme a multiplié les projets parallèles, comme Eagles of Death Metal, la production du dernier Arctic Monkeys ou plus récemment Them Crooked Vultures, avec Grohl et John Paul Jones.


Rated R
 est un album fantastique, et effectivement extraordinaire. Il réussit à montrer le talent de compositeur et de musicien de Homme par des morceaux toujours excellents, qui ne vont jamais où on les attend, et d’une variété étonnante. Un hilarant critique de l’époque avait parlé de Rated R comme un album de heavy metal « léger », ce qui est aussi ridicule que sémantiquement discutable. Rated R est un album metal, sans doute, mais d’un metal qui n’avait pas encore de prédecesseur, un metal qui n’en fait qu’à sa tête, et qui n’a pas peur d’envoyer des refrains bizarres (Monsters in the Parasol), des mélodies pop (The Lost Art of Keeping a Secret), des harmonies vocales (oui, c’est Mark Lanegan) ou encore le morceau politiquement totalement incorrect Feel Good Hit of the Summer, avec choeurs de Rob Halford – assez metal pour vous?


Alors qu’on s’est peut-être trop concentré sur l’album suivant, Songs for the Deaf, comme album ultime du groupe (choisir, c’est mourir un peu), Rated R est le plus varié, peut-être effectivement le plus léger, mais c’est sans tenir compte de Quick and to the Pointless, ou le vraiment cinglé I Think I Lost My Headache, et ses trois minutes finales à la trompette. Too much, évidemment, mais Rated R est tellement révolutionnaire qu’on peut tout leur passer.


La ressortie remasterise très bien l’album original, lui conférant un son clair et extrêmement précis, et ajoute un second cd de faces B, dont l’excellemment violent Ode to Clarissa et la reprise marrant du You’re So Vain de Carly Simon (les fans de Nine Inch Nails doivent connaître) et un concert du Reading Festival, où un Josh Homme probablement pas à jeun préface les quatre premiers morceaux par « This is a song for you ». Le concert, et le disque se termine avec une version basique du morceau des Desert Sessions « Millionaire », qui ouvrira quelques temps après Songs for the Deaf.


Après avoir parcouru le monde avec sa bande de vautours tordus, Homme a remonté Queens of the Stone Age le temps de quelques concerts en août, et, espérons-le, un nouvel album. Josh Homme et Queens of The Stone Age occupent un très important chapitre dans l’histoire du rock contemporain, chapitre qui continue à s’écrire. Rated R est un des morceaux de choix, et un album immanquable, qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Blip.fm : Better Living Through Chemistry, Feel Good Hit of the Summer
Spotify : Rated R (Deluxe Edition)

Queens Of The Stone Age – Era Vulgaris

Rien ne ressemble moins à un album de Queens Of The Stone Age que leur album suivant, et Era Vulgaris ne dément pas la tendance. Alors que le lineup continue à changer – Josh Homme est le seul présent depuis le début – la musique évolue, prend des tours étonnants, et parfois, rappelle même le groupe précédent de Homme, Kyuss. C’est clairement leur album le plus varié, et leur moins « rock » (si rock = guitares qui font du bruit).

On le remarque dès le début, avec le psycho-bizarre Turning On The Screw, qui voit Josh varier sa façon de chanter, est-ce que Mark Lanegan lui a donné quelques cours? Sick Sick Sick reprend les choses en main, avec un riff définitivement stoner et destructeur, mais toujours un certain sentiment de nouveauté : Julian Casablancas, des Strokes, vient prêter sa voix (et son Casio) à un excellent morceau, comme le groupe égrène à longueur d’années. Les deux morceaux suivants complètent la première impression, le groupe est partout, dans tous les genres ou styles.

À chaque fois que le groupe surprend, il revient en territoire plus familier, avec ce Misfit Love graisseux, où Josh décide de chanter « comme d’habitude », si on veut. Mais le tout semble toujours assez léger, finalement plus proche d’Eagles Of Death Metal que de Songs For The Deaf, comme le confirme Make It With Chu, ressorti des Desert Sessions mais malheureusement réenregistré sans PJ Harvey.

Puis, bam, 3s and 7s arrive, et une intro pompée avec classe sur Smells Like Teen Spirit alors que Suture Up Your Future confirme le caractère prog de l’album, oui, prog. M’en vais réecouter Kyuss, moi… L’album se clôture sur l’assez cinglé Run Pig Run, alors que la plus gros défaut de l’album ne se fera connaître qu’après. En effet, selon les régions, l’album comprend différentes bonus tracks, dont deux auraient largement trouvé leur place sur l’album : The Fun Machine Took A Shit And Died, qui aurait pu carrément être le meilleur ici, et Era Vulgaris, collaboration excellente avec… Trent Reznor. Qui a eu l’idée de virer les morceaux de l’album, aucune idée.

Plus varié, moins rentre-dedans, voire carrément étrange, Era Vulgaris est un nouvel excellent album d’un excellent groupe, qui continue à défier et rédéfinir les limites du rock, et avec un brio rarement égalé. Malheureusement, on comparera toujours les albums à Songs For The Deaf, ce qui sera sans doute toujours ingrat et injuste.

Queens of the Stone Age – Songs for the Deaf (2002)

qotsaAucun album metal n’a dépassé la barre fixée par Songs for the Deaf, il y a déjà cinq ans. C’est aussi simple que ça. L’album arrive au niveau de la pure perfection, et restera pour toujours dans les annales du rock.

Comment y est-il arrivé? D’abord, grâce à ses membres : ex-Kyuss Josh Homme, figure majeure du stoner rock; Nick Oliveri, déséquilibré notoire, et ex-Dwarves et Kyuss; Mark Lanegan, ex-Screaming Trees et voix d’outre-tombe; enfin, en guest drummer, un certain Dave Grohl.
Avoir un tel line-up sur papier, c’est chouette, mais cela ne suffit pas, regardez Audioslave. Dès les premières secondes, les doutes s’estompent. Nick Oliveri, bassiste et exhibitionniste, offre ici sa gorge à contribution, pour un des morceaux les plus violents du groupe, avant que l’imparable single No One Knows déferle, avec ses solos (guitare et basse), ses différentes parties et son futur comme frustration majeure dans Guitar Hero.

Le niveau ne descendra jamais. First It Giveth est une leçon de riffs, tandis que A Song For The Dead montre Dave Grohl en démonstration, qui nous force à nous demander pourquoi il a arrêté la batterie full time : Songs For The Deaf est son meilleur album, aussi incroyable que cela peut sembler.

Les morceaux plus radio-friendly (Go With The Flow, Another Love Song) se lacent parfaitement avec d’autres, plus difficiles d’accès mais tout aussi mémorables (The Sky Is Falling, God Is In The Radio). De plus, Mark Lanegan nous gratifie de quelques exemples de sa voix phénoménale, offrant encore plus de variation à un album déjà très complet.

Songs For The Deaf doit s’écouter très fort, et très souvent. C’est un modèle, un des meilleurs albums de tous les temps. C’est le record du 100m de Florence Griffith-Joyner, qui tient toujours après 20 ans. Dans les deux cas, on ne sait pas ce qu’ils ont consommé durant leur exploit, mais ça marche super bien.