Voilà, comme annoncé en fin du top albums 2014, j’ai enfin décidé de fermer ce blog. Les raisons sont simples, d’abord, j’ai simplement moins de temps et surtout de motivation, mais aussi, depuis que j’ai lancé le blog (septembre 2003), beaucoup d’aspects du monde musical ont changé. Je ne vais pas écrire un pavé là dessus, mais maintenant que l’accès à la musique est tellement facile, il ne sert plus à rien d’écrire dessus, ou de convaincre quelqu’un qu’un album est bon ou mauvais. Un stream, et c’est fait.
De toute façon, les articles postés ici étaient tellement peu nombreux depuis deux ou trois ans que la différence ne se fera probablement pas ressentir, j’écrirai peut-être, dans pile un an, une liste de mes albums préférés de 2015.
En attendant, je continuerai à mettre à jour régulièrement mes pages Tumblr, Twitter et Facebook avec des vidéos, des streams, du Spotify ou que sais-je encore, et si l’envie venait à me prendre de recommencer à écrire des chroniques, je vous le ferai savoir 🙂
Encore une fois (mais une dernière) merci à tous ceux qui sont passés ici, par hasard, par habitude, depuis le début ou avant hier, cela m’a toujours fait plaisir.
A bientôt!
* edit 10/8/2015 : j’ai remis ce post au-dessus, afin que l’article (postérieur) sur Blur ne soit pas le premier que l’on voie ici. Jusqu’à nouvel ordre, Music Box est toujours fermé.
Seize ans. C’est l’écart entre 13, qui était jusqu’il y a peu considéré comme le dernier album de Blur au complet et The Magic Whip, qui sortira ce 27 avril. Et cela fait un peu moins de seize ans que je l’espérais. L’annonce de ce nouvel an lunaire m’a en tout cas donné envie d’écrire, parce que j’ai une relation proche avec la musique de Blur, qui m’a accompagné pendant une grande partie de ma vie et ce n’est, apparemment, pas encore terminé.
Voici treize morceaux de Blur, choisis de manière totalement subjective et hautement personnelle, ce qui explique le nombre aléatoire malgré la coïncidence, et le fait que peu de morceaux du début de leur carrière sont représentés.
Sing (1991). Le plus vieux morceau de la liste, extrait du premier album Leisure mais surtout 5 ans plus tard de la BO du film Trainspotting, autre monument de la culture UK des années 90. Même si Coldplay a revendiqué l’influence du morceau pour leur propre Lost, il a bien vieilli et faisait partie de leur setlist de 2012, en ouverture de rappel.
Popscene (1992). Premier single de ce qui devait être leur second album, le morceau fut mal reçu par la critique (et le public), probablement à cause du paysage musical qui était alors centré sur Seattle. L’histoire a heureusement arrangé les affaires, et Popscene est devenu depuis un des morceaux hors album de légende.
Colin Zeal (1993). Déjà proche de l’implosion, Blur modifia son approche avec Modern Life Is Rubbish, pierre angulaire de la Britpop. L’écriture plus conventionnelle prouve définitivement le talent de raconteur de Damon Albarn et montre que le guitariste Graham Coxon a vraiment quelque chose en plus. Voir aussi Blue Jeans, un morceau magnifique et précurseur de leurs ballades somptueuses.
This Is a Low (1994). Alors oui, Parklife fait partie de la trilogie qui définit la Britpop (avec Definitely Maybe et Different Class). Mais peut-être étrangement, c’est aussi l’album qui m’a fait (provisoirement) basculer du côté des lads de Manchester. L’anglitude de certains morceaux me semblait sans doute too much, et encore maintenant, Phil Daniels et ses pigeons ne me font ni chaud ni froid. L’album comptait cependant son lot de perles, et la plus brillante était certainement This Is A Low : dès le solo de guitare, Graham Coxon devenait un de mes deux guitaristes préférés de tous les temps.
He Thought of Cars (1995). Moment clé non seulement dans la carrière de Blur mais de toute la musique pop-rock UK, Country House s’est retrouvé dans une bataille commerciale face à Roll With It d’Oasis. Blur gagna cette bataille, mais (What’s The Story) Morning Glory procura aux frères Gallagher une réputation mondiale qui dépassa celle de Blur. Mais ce fut le début de la fin pour Oasis, alors que Blur allait rebondir quelques fois encore. Ironiquement, Roll With It et Country House étaient peut-être leurs plus mauvais singles jusque là : il faut aller plus loin au sein de The Great Escape pour trouver du très bon comme le pathétique He Thought of Cars. Mais plus qu’un bon album, The Great Escape marque une étape très importante dans l’évolution du groupe : la Britpop est finie, mais Blur va renaître. On notera aussi The Universal, peut-être le sommet de leurs ballades coruscantes, après End of a Century ou To The End.
Song 2 (1997). Popscene n’a pas marché parce que pas assez grunge, The Great Escape était trop british. Voici la réponse, un album à contre-courant de tout ce qu’ils avaient fait précédemment, où Pavement remplace Madness et où Graham Coxon devient leur Thurston Moore. On ne le savait pas alors, mais on n’avait d’ailleurs encore rien vu… Chaque morceau de l’album est particulier, apporte autant de questions que de réponses, et renvoie Oasis au rang de gentils fans de John Lennon. Mais c’est Song 2 qui retourna le monde entier : 18 ans après, on peut toujours l’entendre dans des arènes de hockey sur glace US. Who’d have thought?
You’re So Great (1997). Peut-être le moment le plus étrange d’un étrange album, You’re So Great n’est pas un morceau de Blur. Seul Graham Coxon s’y trouve, maltraitant quelques guitares et chantant d’une voix absolument pas assurée. Les influences sont clairement US indie, il y a du Robert Pollard dans la lo-fi absurde du morceau. Mais les sentiments sont poignants et offrent un contre-poids aux costumes revêtis pendant toutes ces années par Damon Albarn. You’re So Great lança la carrière solo de Coxon, qui sortit son premier album l’année suivante ; il en est actuellement à huit, tous hautement recommandables. Et il augmenta l’assurance de son auteur au sein de Blur, comme on le verra lors de l’album suivant.
Tender (1999). Comme si Blur ne constituait pas un choc stylistique assez important, 13 allait tout remettre à plat et incorporer des éléments de rock psyché, d’industriel, et de musique expérimentale au sens large. Bugman comprend un solo d’aspirateur, et la majorité des morceaux se terminent par un coda instrumental servant de pont vers la piste suivante. Naturellement, le premier single n’est rien de tout cela. Tender est un morceau doux, aux influences gospel et avec un refrain d’une douloureuse simplicité chanté par Coxon. Car 13, derrière les bruits bizarres et les influences inattendues est un album d’une infinie tristesse. Lourdement inspiré par la séparation d’Albarn et Justine Frischmann, il comprend peu d’éléments de lumière et le final No Distance Left To Run est horriblement sincère.
Caramel (1999). Lors de la tournée qui a suivi 13, Caramel était le seul morceau non joué par Blur, car trop complexe à mettre en place. Ce fut la grande surprise de 2012 : lorsque Damon Albarn approcha son petit orgue et commença le morceau, des coeurs s’arrétèrent de battre pendant une fraction de seconde. La version studio est plus riche et précise, mais tout aussi émouvante.
Music Is My Radar (2000) : La fin d’une époque. On ne le savait pas encore à l’époque, mais tout est maintenant plus clair. 13 allait être le dernier album de Blur, du moins jusque 2015. EMI/Parlophone a mis sur pied un best of très mal foutu, mais qui a le grand mérite d’y inclure ce morceau, aux paroles incompréhensibles et aux influences encore différentes. La face B, Black Book, est du même acabit que Tender, et était une magnifique épitaphe.
Une longue parenthèse allait pouvoir s’ouvrir. Damon Albarn allait quitter son costume étroit de leader de Blur pour faire, oh, un peu de tout. Des bandes originales de film, mais surtout plein de groupes et de projets : The Good the Bad and The Queen, un superbe album solo (Everyday Robots) et évidemment Gorillaz, qui lui ouvrit les portes du succès aux USA. Graham Coxon se concentra sur sa carrière solo, et quitta Blur pendant les sessions d’enregistrement de leur album suivant, Think Tank.
Que les choses soient claires : pour moi, Think Tank est un bon album, mais ce n’est pas un album de Blur. Les influences electro et ethniques sont bienvenues, mais elles ne viennent que de Damon Albarn, qui a d’ailleurs franchi une ligne de mauvais goût en laissant Fatboy Slim produire quelques morceaux assez mauvais. Good Song, Ambulance, Out of Time sont de chouettes morceaux, et Battery in Your Leg comprend un bout de Coxon, mais ce n’est pas vraiment Blur. Blur était fini.
Si l’on devait accoler une caractéristique aux années 2000, ce serait peut-être la rétromanie chère à Simon Reynolds. Tous les groupes des 80s/90s se voient offrir une somme d’argent invraisemblable pour quelques concerts, et beaucoup acceptent, diminuant généralement leur impact voire rendant leur existence carrément ridicule (bonjour, Black Francis). Blur, n’ayant jamais rien fait comme tout le monde, tente de prendre le meilleur des deux mondes, avec quelques concerts à partir de 2009, pour la nostalgie surtout.
Fool’s Day (2010). Doit-on considérer le morceau comme le premier jour de leur nouvelle vie? Probablement. Pour commémorer le Record Store Day (à l’époque, c’était encore bien), Blur au complet enregistra un nouveau morceau, le premier en dix ans. Il n’avait l’air de rien, mais l’histoire racontée par Albarn et la guitare circulaire de Coxon sonnaient immanquablement Blur. (Comme il n’est pas sur Spotify, je me permets de coller la “vidéo”).
Under the Westway (2012). Les choses devinrent un peu plus sérieuses : une tournée mondiale (bien que relativement limitée) culminant à Hyde Park, un extraordinaire boxset plein à craquer de raretés et un single deux titres, dont Under the Westway, dont le ton anglocentrique rappelle Fool’s Day mais aussi les merveilleuses ballades d’antan.
Go Out (2015). Depuis mi-février, tout a changé. Les rumeurs n’en sont plus, Blur va sortir un vrai nouvel album, The Magic Whip : 12 morceaux produits par Stephen Street, avec Graham Coxon. Je dois l’écrire pour le croire, pardonnez-moi. Go Out est immanquablement Blur, parce qu’il sonne comme Blur, avec une histoire contée par Albarn (comme à l’époque de Great Escape, étrangement), une section rythmique menée par la “lead bass” d’Alex James et la guitare qui va partout en même temps de Graham Coxon. Mais le morceau est aussi immanquablement Blur parce qu’il ne sonne comme aucun morceau de Blur à ce jour. Welcome back, etc etc.
Playlist Spotify avec tous ces morceaux sauf Fool’s Day, n’hésitez pas à écouter tout le reste, sauf le premier best of : Midlife est préférable, à choisir.
Et on se retrouve le 27 avril.
NB. Le retour de Blur m’a donné envie d’écrire ceci. Music Box est toujours en hiatus de durée indéfinie, potentiellement illimitée. Mais qui sait, si vous appréciez et en voulez plus…
Pas besoin d’introduction, voici la liste de mes albums préférés de l’année. Comme toujours, pas la peine de chercher l’explication du « classement », relativement aléatoire, surtout vers le bas de la liste. Il y a certainement encore des oublis, n’hésitez pas à me le faire savoir 🙂 Ma shortlist faisait 82 albums, je l’ai réduite à 80 plutôt que l’étendre à 100.
1 Against Me! – Transgender Dysphoria Blues
2 White Lung – Deep Fantasy
3 Perfect Pussy – Say Yes to Love
4 La Dispute – Rooms of the House
5 Sharon Van Etten – Are We There
6 Cloud Nothings – Here And Nowhere Else
7 J Mascis – Tied to a Star
8 Bass Drum of Death – Rip This
9 Ex-Hex – Rips
10 The Hotelier – Home, Like Noplace Is There
11 Ty Segall – Manipulator
12 Chumped – Teenage Retirement
13 TV On The Radio – Seeds
14 St. Vincent – St. Vincent
15 Allo Darlin’ – We All Come From The Same Place
16 Iceage – Plowing Through the Fields of Love
17 Real Estate – Atlas
18 The New Pornographers – Brill Bruisers
19 Alain Johannes – Fragments and Wholes Volume 1
20 Death From Above 1979 – The Physical World
21 Manic Street Preachers – Futurology
22 Damon Albarn – Everyday Robots
23 Ariel Pink – Pom Pom
24 Shellac – Dude Incredible
25 The Raveonettes – Pe’ahi
26 Merchandise – At The End
27 First Aid Kit – Stay Gold
28 Jack White – Lazaretto
29 2:54 – The Other I
30 Damien Rice – My Favourite Faded Fantasy
31 Karen O – Crush Songs
32 Weezer – Everything Will Be Alright In The End
33 The Rentals – Lost in Alphaville
34 Bob Mould – Beauty and Ruin
35 Thurston Moore – The Best Day
36 Aphex Twin – Syro
37 Bored Nothing – Some Songs
38 The World is A Beautiful Place and I Am No Longer Afraid To Die – Between Bodies
39 Thee Oh Sees – Drop
40 EMA – Future’s Void
41 Goat – Commune
42 The Men – Tomorrow’s Hits
43 Cheatahs – Cheatahs
44 Paws – Youth Culture Forever
45 Crosses – Crosses
46 Earthless and Heavy Blanket – In a Dutch Haze
47 Johnny Foreigner – You Can Do Better
48 Parquet Courts – Sunbathing Animal
49 Parkay Quarts – Content Nausea
50 Lower – Seek Warmer Climes
51 Tweens – Tweens
52 Off! – Wasted Dreams
53 Plague Vendor – Free to Eat
54 Priests – Bodies and Control and Money and Power
55 Girlpool – Girlpool
56 Morrissey – World Peace Is None Of Your Business
57 Lykke Li – I Never Learn
58 Mogwai – Rave Tapes
59 Alt-J – This Is All Yours
60 Hold Steady – Teeth Dreams
61 Blood Red Shoes – Blood Red Shoes
62 The Wytches – Annabel Dream Reader
63 The Lawrence Arms – Metropole
64 Jonah Matranga – Me and You Are Two
65 Lana Del Rey – Ultraviolence
66 The Orwells – Disgraceland
67 Trash Talk – No Peace
68 Swans – To Be Kind
69 Smashing Pumpkins – Momuments To An Elegy
70 The History of Apple Pie – Feel Something
71 Fucked Up – Glass Boys
72 Odonis Odonis – Hard Boiled Soft Boiled
73 Bombay Bicycle Club – So Long, See You Tomorrow
74 Presidents of the United States of America – Kudos to You
75 Temples – Sun Structures
76 Interpol – El Pintor
77 Maximo Park – Too Much Information
78 Warpaint – Warpaint
79 Stephen Malkmus and the Jicks – Wig Out at Jagbags
80 Foo Fighters – Sonic Highways
Voilà, c’est terminé pour cette année, et aussi pour Music Box. Plus de onze ans après, force est de constater que le site a perdu son éventuelle utilité, et moi la motivation nécessaire. Je continuerai sans doute à créer des playlists Spotify avec les nouveautés, voire des tops annuels, mais le peu que je fais actuellement, c’est fini. Ceci dit, je mettrai toujours à jour mes pages Facebook, Twitter et Tumblr (voir la colonne de droite) avec l’actu qui m’intéresse, et si j’ai envie de recommencer à écrire des bonnes vieilles chroniques comme avant, je trouverai où le faire 🙂
Merci de m’avoir suivi au long de ces années durant lesquelles tout aura changé dans le milieu (Facebook, Soundcloud, Spotify, tout ça n’existait évidemment pas) et d’avoir bien compris qu’on n’a vraiment besoin de personne pour déterminer si un album est bien ou pas : il suffit de l’écouter.
Cette fois je bats des records, même pour moi, et je n’en suis pas fier. Mais bon, quand je me suis rendu compte que je serais encore plus en retard que d’habitude pour octobre, je me suis dit que j’allais mettre novembre avec. Et comme rien grand chose de nouveau ne sort en décembre… Voici donc le dernier (et très chargé) trimestre 2014, le prochain article, ce sera le top de l’année.
Un album du mois (parce qu’il fallait bien en piocher un) et le reste en ordre alphabétique + compiles et playlist Spotify à la fin.
Bass Drum of Death – Rip This. Je ne connais pas personnellement John Barrett, tambour de la mort en chef, mais je me demande s’il en veut à Royal Blood de lui avoir dérobé le trophée officieux de nouvelle sensation rock de l’année. Je n’ai rien contre le duo de Brighton, mais Bass Drum, c’est carrément autre chose, amplis sur 11, riff qui défonce tout et rythmique impitoyable. C’est surtout le gros pas en avant depuis le précédent album qui est impressionnant de maîtrise et de musicalité, comme un Cloud Nothings qui prend la voie la plus rapide entre les points A et B. Énorme.
Allo Darlin’ – We All Come From The Same Place. Leur précédent album Europe avait été un de mes préférés de cette année-là, et son successeur prend le même chemin, toujours grâce à une superbe voix, des mélodies douces-amères et une utilisation régulière mais parcimonieuse de l’ukulélé. Le groupe se permet même quelques sorties de leur zone de confort, comme le duo (avec le guitariste) Bright Eyes et son solo de guitare rock garage. Un peu plus abrasif donc, mais toujours superbe et adorable.
Bored Nothing – Some Songs. On pourra difficilement reprocher à quelqu’un d’avoir exactement la même voix qu’une autre personne (sauf Scott Stapp). Donc on ne dira rien sur Fergus Miller, qui vient de Melbourne, qui aime enregistrer des morceaux lo-fi probablement dans sa chambre, et qui sonne exactement comme Elliott Smith. Les morceaux eux-mêmes y ressemblent parfois, mais pas seulement : les synthés de l’intro de We Lied font quasi new wave alors que d’autres morceaux plus charnus peuvent faire penser à un autre artiste aux débuts solo lo-fi et un nom en Nothing… Fergus Miller a le droit d’avoir son propre nom, ceci dit : sa musique parle d’elle-même.
Chumped – Teenage Retirement. Pop-punk énergique terriblement fun, comme un Johnny Foreigner plus direct et rapide. Les influences semblent évidentes, mais l’album est tellement bon (de bout en bout!) qu’on s’en fiche complètement.
Détroit – La Cigale. L’album live à chaque tournée, tradition française à laquelle ne coupe pas Détroit, à savoir Bertrand Cantat, Pascal Humbert et une série de musiciens de tournée. La setlist reprend presque tout l’album ainsi que des greatest hits de Noir Désir, mais ne parvient pas, du moins sur disque, à captiver ni même à émouvoir. Cantat fait beaucoup d’efforts, notamment en allongeant certains morceaux, mais cela dessert plutôt l’album, qui manque très étrangement d’intensité.
Ex-Hex – Rips. C’est le nouveau projet de Mary Timony, qui avait déjà donné ce nom à un album solo. Ici, elle continue ce qu’elle faisait chez les regrettés Wild Flag, à savoir du punk rock poppy et mélodique, avec des acrobaties guitaristiques bien senties. On appréciera beaucoup les harmonies girl band (How You Got That Girl), et même si l’album n’est pas très varié, ce qu’il fait est excellent.
Foo Fighters – Sonic Highways. La critique fut rude pour le dernier album des FF, qui ont certainement visé beaucoup plus haut que leur talent. L’album est peut-être bien leur moins bon, se traînant systématiquement en longueur sans raison valable, et pâtissant de paroles tellement littéralement inspirées de l’expérience vécue par Dave Grohl (8 morceaux partiellement écrits et enregistrés dans 8 studios différents) qu’elles en sont ridicules. Mais la série TV est passionnante si l’histoire du rock vous intéresse, ce qui est probablement le cas.
Girlpool – Girlpool. Quinze minutes de pop-punk féministe détonnant et explosif.
Iceage – Plowing Through the Fields of Love. Toujours aussi mystérieux et captivants, les (plus aussi) jeunes danois augmentent leur palette sonore mais les nouveaux instruments prennent une couleur malsaine et inquiétante, ce qui est exactement l’impression que l’on a du frontman Elias Bender Ronnenfelt, 2/3 rock star auto-destructrice, 1/3 Pete Doherty.
Alain Johannes – Fragments and Wholes Vol 1. Multi-instrumentaliste au CV équivalent à l’ego la bonne volonté de Dave Grohl, Johannes nous présente son second album (qui sera apparemment bientôt suivi d’un second volume) plus varié que Spark, mais tout aussi excellent. On comprend aisément l’influence énorme qu’il aura eu (et a toujours) sur, par exemple, Queens of the Stone Age : penser le contraire serait une hérésie. Les morceaux sont directs, sans perdre de temps sur des arrangements artificiels (oui, je pense encore à Sonic Highways), et quand il rappelle le génie maudit d’Elliott Smith (Pebble Tears), on fond.
Mark Lanegan Band – Phantom Radio. Après avoir surtout aidé les autres (Soulsavers, Isobel Campbell, Queens of the Stone Age), Lanegan pense plutôt à lui ses dernières années : Phantom Radio est son troisième album en trois ans. Et même s’il ne fera pas beaucoup pour confirmer sa légende, il reste éminemment écoutable, grâce à la voix de Dark Mark, forcément, mais aussi à la multi-instrumentation d’Alain Johannes, qui joue de 23 instruments différents sur l’album, si Wikipedia dit vrai. Mais j’ai quand même préféré son album à lui.
Johnny Marr – Playland. Il est lancé, Johnny, à peine un an après son premier (enfin, plus ou moins) album solo, voici déjà un second. Et bien que l’intention est louable et que Johnny me semble toujours sympathique, Playland est juste un album compétent, avec quelques bons morceaux mais rien de bien transcendant, la faute notamment à une voix trop passe-partout.
Mogwai – Music Industry 3 Fitness Industry 1. Comme de coutume avec les Ecossais, un EP suit la sortie d’un album, cette fois l’excellent Rave Tapes. L’EP est un paquet surprise de remixes, de morceaux sans doute pas assez intéressants pour se retrouver sur l’album et de Teenage Exorcists, morceau totalement atypique avec chanteur et refrains limites pop. Mais ce qui est dingue, c’est que même si c’est le truc le plus pop jamais fait par Mogwai, c’est excellent.
Thurston Moore – The Best Day. Toujours pas de nouvelles concernant un éventuel retour de Sonic Youth, mais ce ne semble pas concerner Thurston Moore, même si c’est sa vie privée qui mit un terme (momentané?) au groupe alternatif le plus important de tous les temps (selon l’orthodoxie). Après Chelsea Light Moving, c’est maintenant un album solo relativement direct que sort Moore. Enfin, par direct, je veux dire que les morceaux semblent avoir des couplets et des refrains, c’est juste qu’ils ont des sortes de solo de guitare dissonants et infinis, seul le bien nommé Detonation ne semble pas s’éterniser. L’appréciation de l’album dépendra donc fort logiquement de celle que l’auditeur a de Thurston lui-même.
Ariel Pink – Pom Pom. Je me suis lancé dans l’écoute de cet album avec un esprit certes ouvert, mais quand même influencé par les conneries qu’Ariel Pink peut raconter en interview. Mais il faut bien avouer qu’il connaît son chemin autour d’un morceau, et son talent de composition et d’arrangement est proche du génie. Génie cinglé, qui devrait la fermer plus souvent qu’à son tour, et écouter les gens qui lui ont sans doute dit que son album est 30 bonnes minutes trop long, mais génie quand même. Un peu comme Kanye…
Rancid – Honor Is All We Know. Oui, on sait exactement ce qu’on va avoir, mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. S’ouvrant par la déclaration d’intention Back Where I Belong, le huitième album de Rancid est un album de ska/punk classique, c’est tout, c’est un peu limité mais c’est bien quand même.
Damien Rice – My Favourite Faded Fantasy. Huit ans après le magnifique 9, le triste troubadour irlandais revient avec un album, disons, magnifique et triste. Toujours au fil du rasoir, sa voix tient à peine sur une instrumentation aux multiples textures, même si le style de production de Rick Rubin menace parfois de tout écraser et y arrive d’ailleurs à certains moments, malheureusement. Les morceaux sont étonnamment longs : quatre morceaux (sur huit) font plus de six minutes et deux dépassent les huit, mais Rick et Damien arrivent à mettre tellement de passion (et d‘instruments divers et variés) qu’on ne peut pas s’ennuyer, si l’on a un coeur, du moins. Damien Rice a réussi à démontrer que la vie était absurde et l’amour toujours douloureux. Une fois de plus.
Savages et Bo Ningen – Words To The Blind. Elles ne se la jouent pas faciles, les 4 Savages. Après un premier album encensé (fort justement) par la critique, elles appuyent leur côté arty avec cette collaboration avec les expérimentalistes japonais Bo Ningen. Les 37 minutes commencent par des poèmes murmurés en japonais et français, et progressivement la tension augmente, pendant que les musiciens semblent jouer sept morceaux différents en même temps. Et c’est après une bonne dizaine de minutes hésitantes que le chaos s’installe, dirigé de main de maître par Fay Milton à la batterie. Le morceau ne se calmera jamais vraiment, Jehnny Beth arrivera un peu à chanter vers la fin. Etrangement pour un project censé être intense, on n’est jamais vraiment captivé, ni dérangé par une expérience free-form assez classique, finalement.
The Smashing Pumpkins – Monuments to an Elegy. Corgan raconte toujours autant de conneries en interview, est encore bien facile à gérer (il ne reste maintenant plus que Jeff Schroeder avec lui, la batterie a été prise en charge sur l’album par Tommy Lee) mais il semble avoir compris qu’il devait faire plus simple musicalement. Monuments est ainsi l’album de Corgan le plus facile à écouter depuis bien longtemps, neuf morceaux dépassant rarement les 4 minutes et, sauf exceptions, basés sur une structure classique guitare/section rythmique. Maintenant, il est probable que Corgan retournera à ses passions prog-rock sur son prochain album, prévu en 2015, mais en attendant, il fait mieux que rappeler les gloires passées.
2:54 – The Other I. Évolution plutôt que révolution pour les deux soeurs Thurlow, version real life de déesses goth sortant tout droit de The Wicked and The Divine. Moins dark wave et plus à l’aise, les compos sont toujours poignantes et intimes, avec de jolies lignes de guitare et une batterie très sèche. Point positif important, il est consistant de bout en bout et conçu comme un vrai album, avec deux faces et tout et tout.
TV On The Radio – Seeds. TVOTR est probablement maintenant le plus gros vrai groupe indé du monde, depuis que The National remplit l’O2 de Londres et qu’Arcade Fire est… ce qu’Arcade Fire est maintenant. Mais c’est mérité, même si on pourra les qualifier de groupe de producteurs (le CV de Dave Sitek va bientôt rivaliser celui de Pharrell), TVOTR a probablement réalisé le meilleur album indé-post-pop-machin de l’année, avec carrément de la disto guitare comme on faisait avant, et un Lazerray qui va faire découvrir les Ramones à quelques barbus aux grosses lunettes. Careful You est un des meilleurs morceaux de 2014.
U2 – Songs of Innocence. On va tenter de passer outre la grandiose stupidité de la distribution de l’album pour se concentrer sur le contenu. Mais ce n’est pas gagné : la pub Apple le single The Miracle (of Joey Ramone) est l’antithèse exacte de ce que Joey représente toujours, et la collection de ballades qui suit est aussi passionnante qu’un album de Coldplay sans les éventuels moments de brillance momentanée. On peut difficilement reprocher à un groupe approchant les 40 ans d’existence de manquer d’inspiration, ou à Bono d’avoir perdu une bonne partie d’émotion dans sa voix. Mais on peut par contre reprocher à U2 leur volonté têtue de nous imposer le contraire, contre tout évidence.
Weezer – Everything Will Be Alright In The End. Ce que Weezer a du se taper à chaque sortie d’album depuis plus de dix ans est terriblement injuste : la barre était placée tellement haute par l’album bleu et Pinkerton que même de bons disques comme Maladroit ou l’album vert ont été injustement démolis. Bon, évidemment, la suite était moins glorieuse, mais à part l’infâme Raditude, chaque Weezer avait quelques morceaux sympas dessus. Rien de tout cela ici : on a peut-être bien vraiment (vraiment) le meilleur Weezer depuis Pinkerton. Pas qu’il soit parfait, aussi amusant soit-il, Back to the Shack est irritant, par exemple. Mais je n’y croyais pas : non seulement Weezer sort un album excellent, mais le morceau co-écrit par Justin Hawkins est tout à faire appréciable.
The World Is A Beautiful Place And I’m No Longer Afraid To Die – Between Bodies. Le nouvel album est une collaboration avec l’artiste spoken world Christopher Zizzamia, les rendant encore plus proches de Touché Amoré (en nettement moins violent) ou La Dispute (en moins poignant). Il me semble, mais ce n’est que mon avis, qu’ils ont un peu perdu de leur puissance en chemin, le long de ces 28 minutes liées thématiquement.
Compiles et ressorties
David Bowie – Nothing Has Changed. Quelques mois après son retour très réussi, Bowie sort sa compilation la plus complète, ou plutôt ses compilations : trois versions différentes avec tracklist et pochettes variées. On s’intéressera à la version la plus longue, sur trois CD. Le premier commence par l’inédit Sue, revisite les meilleurs moments de The Next Day et choisit soigneusement les perles des quinze dernières années de l’artiste, notamment ses collaborations avec les Pet Shop Boys (Hallo Spaceboy) ou Nine Inch Nails (I’m Afraid of Americans) tout en incluant des extraits de son album « perdu » Toy. Le second disque s’attaque à sa période de gros succès commercial (Let’s Dance, China Girl, Under Pressure, « Heroes ») alors que le troisième tape dans le mille à chaque fois, avec des morceaux fondateurs comme The Jean Genie, Moonage Daydream, Life on Mars?, Space Oddity ou encore Changes). Faisant son boulot jusqu’au bout, il comprend aussi des vieux machins comme In the Heat of the Morning (repris par The Last Shadow Puppets, ils fichent quoi, eux?) ou son premier single Liza Jane, crédité à Davie Jones and the King Bees. Un résumé efficace mais pas sans failles (il est où, Suffragette City?) de quelqu’un qui est probablement le plus important artiste solo de l’histoire du rock.
dEUS – Selected Songs 1994-2014. Autre compile saisonnière, voici trente morceaux extraits de tous les albums de dEUS tant singles que deep cuts. Comme toujours, on pourra pinailler sur l’absence de certains morceaux (Put the Freaks Up Front, Sister Dew pour ne parler que de The Ideal Crash) mais comme intro à un groupe complexe et en flux constant depuis vingt ans, il y a bien pire.
Fugazi – First Demo. Une page d’histoire redécouverte chez Dischord Records et un rappel plein d’espoir : Fugazi n’a jamais annoncé sa séparation.
Manic Street Preachers – The Holy Bible 20. Money money money, mais c’est toujours bien chouette d’avoir toutes les faces B au même endroit, de profiter de morceaux live de l’époque et de maintenant, ainsi que d’avoir un remaster de la version originale et du fameux mix US de Tom Lord-Alge, qui a les préférences du groupe. Mais évidemment, l’album en lui-même est un des tout grands chefs d’oeuvre du vingtième siècle.
Pixies – Doolittle 25. Money money money, mais c’est toujours bien chouette d’avoir toutes les faces B au même endroit, de profiter des Peel Sessions (dont certains inédits) et de découvrir une partie du processus créatif avec des démos parfois assez différentes du résultat final. Mais évidemment, l’album en lui-même est un des tout grands chefs d’oeuvre du vingtième siècle.
Soundgarden – Echo of Miles : Scattered Tracks Across the Path. Depuis les premières mentions de la sortie d’une compile de raretés de Soundgarden, ils se sont reformés, sont partis en tournée, ont sorti un best of, un album studio et ont ressorti leur album phare Superunknown. Maintenant elle peut enfin sortir, et l’attente valait la peine : trois cd remplis de faces B, de reprises et de bizarreries diverses et variées, dont des vraies nouveautés.
Il y avait aussi des albums pour Neil Young et Pink Floyd, mais un manque de temps (et d’envie, surtout) m’a empêché de les écouter. Neil Young fait encore plus ou moins tout et son contraire : après A Letter Home enregistré avec des moyens des années 40, Storytone sort en version orchestrale et solo acoustique. Quant à Pink Floyd (The Endless River) ils ne m’ont jamais trop intéressé, même quand Roger était encore là, même quand Syd était encore là, finalement. Alors, maintenant… Dites-moi quand même si j’ai tort.
(oui, j’ai oublié Parquet Courts/Parkay Quarts).
Playlist Spotify avec extraits de ces albums + d’albums à venir (Sleater-Kinney!), on se revoit dans quelques jours pour mon top 2015 (quand 2014 sera fini, on ne sait jamais.)
Nouveau mois, nouveau retard accumulé, on ne traîne pas et on plonge dans les sorties du mois de septembre, en commençant par mon album du mois ou plutôt mes deux albums…
Aphex Twin – Syro. Retour impressionnant pour Richard D James avec un album étrangement accessible mais très complet : pas une seconde n’est perdue, pas une mesure n’aura été réfléchie. Je ne peux pas prétendre avoir totalement écouté ni compris Syro, tant chaque écoute ajoutera une couche de complexité à un album dense, mais pourtant plus facilement accessible que Drukqs, par exemple. Le dernier morceau de l’album, piano et bruits d’oiseaux, est une merveille contemplative totalement organique.
Death From Above 1979 – The Physical World. La première vie du duo basse/batterie canadien fut courte mais terriblement intense. Aucune idée de la durée de leur seconde vie, mais une chose est sûre après une seule écoute de The Physical World : DFA79 est tout aussi vital en 14 qu’en 04. En fait, l’album est probablement meilleur : conscients que l’effet de surprise ne se reproduira pas, Grainger et Keeler n’ont rien perdu en énergie, mais y ont ajouté recherche mélodique poussée (voix, refrains) et inventivité multipliée (quelques plans assez cinglés, comme le riff de Gemini ou l’intro du morceau-titre). On ne peut qu’espérer qu’ils ne vont pas se consumer aussi rapidement que lors de leur précédent passage parmi nous…
et la suite…
Alt-J – This Is All Yours. Le passage obligé et difficile du second album a été bien négocié par Alt-J, qui avait de toute façon bien compliqué sa pop-folk bizarre dès le début. Ils ont donc gagné le droit de simplifier un peu les structures tout en gardant leurs caractéristiques, comme les multiples harmonies vocales et une production à mi-chemin entre l’électro et le rock traditionnel. Leur succès m’étonne quand même, mais c’est assez mérité.
Andy Cairns – Fuck You Johnny Camo. Second album solo pour le vocaliste/guitariste de Therapy? Andy Cairns, en édition limitée et uniquement dispo sur leur site. En fait, il s’agit d’un album l’accompagnant en tournée et consistant de morceaux de Therapy? arrangés en solo acoustique, et une poignée de nouveaux morceaux.
Julian Casablancas and the Voidz – Tyranny. Alors que l’extraordinaire intérêt provoqué par les Strokes voici maintenant trop longtemps s’est transformé en vague curiosité polie, Julian tente de se réinventer après un premier album solo très synthés 80s et tout autant polarisant. Tyranny est une brave tentative, certes, mais il est aussi virtuellement inécoutable. Interminable, souffrant d’une production incompréhensible (sa voix est souvent déformée et toujours enfouie dans un mix infâme), il passe tellement rapidement d’une idée à une autre que les morceaux ne ressemblent pas à grand chose. Il y a pourtant un excellent album là-dedans : les bonnes idées fourmillent mais n’ont jamais le temps de se développer.
Goat – Commune. L’onde de choc du premier album est maintenant passée, et c’est carrément sur Sub Pop que se retrouvent les suédois à l’histoire (fictive?) fascinante. Structures bizarres, rythmes tribaux, effusions de guitares jouées par un Jimi Hendrix chamanique, c’est toujours intéressant mais sans doute moins percutant que dans le passé, nouvelle familiarité oblige.
The History of Apple Pie – Feel Something. Piège du second album difficilement abordé par le combo pop-shoegaze qui livre un disque « comme le premier mais moins bien », ce qui le rend donc malheureusement inutile bien que non dénué de qualités.
Interpol – El Pintor. Le mythe du « retour en forme » entoure le quatrième album d’Interpol et leur premier en tant que trio. Interpol a définitivement gagné le droit de retrouver ses racines, après quelques tentatives peu fructueuses d’extension musicale. Mais malheureusement, il est impossible d’égaler Turn on the Bright Lights même pour ceux qui l’ont créé. Courageuse tentative, cependant : les meilleurs morceaux de l’album (Ancient Ways, Tidal Wave, All the Rage Back Home) se laissent écouter sans problème.
Karen O – Crush Songs. Premier album solo pour Karen des Yeah Yeah Yeahs (et de The Moon Song). En fait, il s’agit d’une collection de démos très lofi enregistrés au cours des années, et dont le sujet est rendu très explicite par le titre. Très court, l’album ne laisse jamais le temps aux idées brillantes de Karen de s’exprimer correctement, ce qui est finalement le principe des premières démos de morceaux dont on ne connaîtra jamais ce qu’elles auraient pu donner au final. On conservera donc un album forcément très intime, parfois magnifiquement poignant (Rapt) mais par définition peu accompli. La notion de « premier album solo » doit donc être prise avec des pincettes.
Shellac – Dude Incredible. Il ne faut même pas essayer de trouver Shellac sur Spotify : Steve Albini va venir chez vous, se moquer de votre collection de disques et puis crever les pneus de votre voiture. Achetez donc Dude Incredible et vous pourrez écouter un album de Shellac 100% dégraissé, avec des morceaux très carrés et straight to the point. On pourrait peut-être y trouver une allusion à Game of Thrones, un riff de ZZ Top et une version ralentie de Osama Bin Laden de Against Me, mais une fois de plus, Steve Albini me fait peur.
The Vines – Wicked Nature. Craig Nicholls sait écrire de chouettes mélodies, mais quelqu’un aurait vraiment du lui dire qu’un double album de vingt-deux morceaux n’était pas une bonne idée du tout, surtout qu’il n’y a que deux types de chansons ici : le truc fuzzy quiet-loud à la Nirvana et la ballade psyché-champis. Mais comme l’album est moins pénible que le Casablancas, il fallait que j’en parle.
Thom Yorke – Tomorrow’s Modern Boxes. Comme pour In Rainbows, on parlera plus de la forme que du fond : le second album solo de Thom Yorke est sorti via téléchargement bittorrent payant, ouvrant peut-être la voie à d’autres initiatives novatrices. Quant à la musique, elle ne surprend pas : c’est bien Thom Yorke et ses jouets électro, dans un mode encore plus poussé que précédemment. Ceux qui regrettent pourront trouver un peu de Pyramid Song dans Guess Again, et reconnaître que la voix réverbérée fait toujours son petit effet, sinon, c’est synthétique, calme et introspectif.
The Smashing Pumpkins – Adore. Billy Corgan continue l’autoglorification de son passé, avec une ressortie spectaculaire d’Adore, l’album le plus controversé du groupe (qui n’en était d’ailleurs plus vraiment un, s’il l’a seulement jamais été). Quand il est sorti, c’était un peu comme Kid A quelques années plus tard. Un switch musical quasi total vu comme une sorte de suicide commercial. Mais là où Kid A a reboosté Radiohead, Adore a retrospectivement enterré les Pumpkins. Mais ce n’est pas la faute de l’album : courageux, terriblement travaillé et parfois somptueux, Adore mérite l’attention et la récompensera maintes fois. Fidèle à son habitude, Corgan ne lésine pas sur les bonus : l’album remasterisé est présent en stéréo et mono, on retrouvera aussi trois disques remplis de démos et d’inédits ainsi qu’un album live. Tout cela n’est évidemment pas essentiel, mais Adore l’est bien : un album d’une rare beauté d’un artiste à jamais mal compris.
Oasis – (What’s the Story) Morning Glory? Autre album a connaître les joies de la ressortie, Morning Glory est le sommet commercial absolu d’Oasis. On pourra débattre sans fin sur la question de quel album est le meilleur (Definitely Maybe, pour moi) mais Morning Glory est un monument. Noel Gallagher pille sans honte le patrimoine commun de la musique britannique, mais en sort un album qui y prendra aisément place. Il possède la marque des grands disques : ses meilleurs morceaux sont cachés loin des singles maintes fois entendus. Hey Now mais surtout Morning Glory représentent le sommet du groupe et surtout d’un Liam qui n’aura jamais été capable de retrouver cette rage Johnny Rottenesque. L’édition spéciale n’apporte rien à l’album lui-même, mais a le grand mérite de compiler toutes les faces B, qui sont souvent d’un niveau stratosphérique. Il est impossible de parler de cette période du groupe en oubliant Rockin’ Chair, Talk Tonight, Acquiesce ou The Masterplan, et on a également la surprise (la seule) de découvrir un mix alternatif de Champagne Supernova qui sonne totalement… beatlesque. Le troisième disque reprend quelques démos et morceaux lives pour faire bonne figure, mais les deux premiers sont absolument obligatoires.
Queen – Live at the Rainbow 74. On a beaucoup parlé des inédits avec Michael Jackson qui sortiront officiellement dans quelques semaines, mais en attendant, Queen nous propose une tranche d’histoire, avec un double album enregistré à Londres en 74 (pendant deux concerts à huit mois d’intervalle) soit avant Bohemian Rhapsody, et même avant Sheer Heart Attack : Killer Queen n’apparaît qu’en version embryonnaire. La setlist est donc bien différente des lives classiques à la Wembley 86 et c’est une bonne chose : aucun hit ici, mais du hard rock à tendance déjà grandiose et marquée par les effusions spectaculaires de Brian May et Freddie Mercury.
Des extraits de tout ça et bien plus encore dans la playlist Spotify, et on se retrouve dans un mois, si possible un peu plus tôt…