Le meilleur aspect du nouvel album de U2, le treizième, c’est que Bono se tait. L’opportunisme hypocrite légendaire de l’ami personnel de Blair et supporter implicite de George W. Bush a eu l’excellente idée de ne pas prêcher politique sur cet album, le titre n’étant donc pas représentatif. U2 retourne donc à ce qu’ils font de mieux, et à ce niveau-là, How To Dismantle An Atomic Bomb n’est pas mal.
Le single et premier morceau, Vertigo, est tellement infectieux qu’on pardonnerait presque le plagiat de XXX des Supremes, les ballades sont d’un bon niveau, surtout Sometimes You Can’t Make It On Your Own (hommage de Bono à son père disparu, on est loin de Band Aid) et l’album, assez rock dans son ensemble, tient la route. Bien sûr, on ne peut plus vraiment attendre d’album parfait de leur part et Yahweh, par exemple, est un morceau imbuvable. Mais Bono est bon, sa voix éraillée faisant toujours son petit effet ; quant à The Edge, il porte cet album sur ces épaules, ou plutôt sur sa pédale de délai, utilisée et abusée encore plus que de coutume. Enfin, on pourrait aussi regretter que le groupe enfonce des portes ouvertes, et se trouve en terrain conquis : cet album n’apporte rien de nouveau à la carrière de U2 ; mais on peut répliquer que la critique et le public ont assez mal reçu les changements de style du groupe (Zooropa, Pop).