The Raconteurs, c’est un groupe formé par le singer-songwriter Brendan Benson, la section rythmique des Greenhornes et Jack White qui a ici le droit de porter des chaussettes bleues et ne pas être le frère du batteur. Le premier album était court mais explosif, et a même permis à White de scorer un autre hit, avec Steady As She Goes.
Etonnamment (ou pas?), The Raconteurs version 2008 n’est pas trop éloigné du boulot principal de White : riffs incisifs, guitare psychopathique, batterie souvent limitée, et hululements déchaînés. Salute Your Solution aurait pu se retrouver tel quel sur Icky Thump. Mais avec une basse, et même si je ne reprocherai jamais à Jack et Meg de ne pas en avoir, autant ici, ça fait du bien. Excellent morceau, même si les voix de Benson sont souvent au second plan : Jack est clairement un natural-born leader et retrouve la place qu’il n’avait pas osé prendre au début.
On sera peut-être moins heureux de retrouver quelques obsessions de Jack White, comme le piano music hall, les mariachis et les éléments de musique traditionnelle celtique. Conquest, c’était fantastique, mais en one shot ç’eût été encore mieux. Ceci dit, les balades tiennent bien la route, justement grâce à Benson, qui apporte une voix un peu moins mélodramatique. Il y a de l’Elliott Smith là-dessous. L’assez kitsch Many Shades Of Black porte la marque de Brendan Benson, et apporte un contrepoids intéressant aux compositions dominées par White, comme le très brut et jouissif Five On The Five qui suit. (une basse c’est quand même bien, je dis ça je dis rien mais bon)
Consolers Of The Lonely est suffisamment varié pour ne jamais ennuyer, malgré qu’il soit plus long que le précédent. Alliant qualité d’écriture et grains de folie, les Raconteurs valent plus que la somme de leurs parts, ce qui est tout à fait exceptionnel. L’album reste passionnant jusqu’au bout, avec le progblues (si!) Rich Kid Blues ou le terrible final Carolina Drama et son histoire tragique d’amours compliquées et de bouteille de lait tueuse.
On concluera de la même manière que pour chaque album de Jack White. Un talent fou, un excellent compositeur et un exceptionnel guitariste, capable de se fondre dans un groupe sans en plomber la raison d’être (on se rappelle de Tin Machine?). On pourra toujours regretter que ce second album se rapproche plus des Stripes que du premier Raconteurs, mais personne ne pourrait vraiment penser que c’est un réel défaut. Et puis, de manière tout à fait personnelle et subjective, j’adore le ton de la guitare de White, sa sonorité crasseuse propre qui est peut-être ma préférée depuis J Mascis.