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Super Furry Animals – Songbook Vol. 1

Je parlais il y a quelques jours de groupes indie géniaux mais tout à fait méconnus par ici, voici un excellent exemple. Un chiffre : sur les 21 morceaux de ce best of, 17 ont atteint le Top 40 anglais. Pas vraiment au sommet, mais la régularité impressionne. Un mot revient à l’esprit en écoutant ce disque : folie. Aucun morceau ne ressemble à un autre, et on arrête très vite de compter les influences au risque de devenir encore plus dingue que le groupe. Il suffit d’écouter les 3 premiers. Something 4 the Weekend est un comedown d’ecstasy musical, It’s Not The End Of The World une ballade magistrale qui n’et pas sans rappeller The Universal ou End Of A Century (Blur) et Northern Lites est une folk song galloise jouée par un orchestre des Caraïbes. Ou le contraire.

Le reste de l’album déçoit rarement, du rock ‘n roll de Do Or Die à l’electronica de Slowlife, sans oublier le célèbre The Man Don’t Give A Fuck. On peut juste regretter qu’on y retrouve qu’un seul morceau de leur meilleur album, le très gallois Mwng (mais Songbook ne reprend que des singles), mais les amoureux de ce charmant langage pourront retrouver le tout premier single de SFA en clôture.

Vraiment très très bon, mais carrément barré, Songbook exige deux oreilles attentives, mais pourrait provoquer une déprime quand à la vraie qualité de l’indie belge, qui ne saurait vraiment pas être comparée. Et tant pis pour les chauvins.

Allez, une petite note pour finir, leur premier EP s’appelle Llanfairpwllgwyngyllgoger-ychwyndrobwllantysil-iogogogochynygofod (in space). Et ça veut même dire quelque chose.

Fatboy Slim – Palookaville

Encore un qui ne sait pas tenir ses promesses… Quelques années après avoir annoncé sa retraite, Norman Cook, alias Fatboy Slim revient nous dire que la techno de papa, c’est fini. Même s’il y croit encore. Palookaville est un assemblage de clichés : faux scratches, voix souls répétant la même phrase sans arrêt (comme dans plus ou moins tous ses hits), guest vocals, guitares samplées… Paraît que cet album comprend plus de vrais instruments, faut il encore en faire de bons morceaux. Le single Slash Dot Dash est insupportable, la collaboration avec Damon Albarn aurait été recalée sur Think Tank, et quand le meilleur est encore une reprise « pour rire » de The Joker (Steve Miller Band) avec Bootsy Collins, on a tout compris. Mauvais, et inutile.

Biffy Clyro – Infinity Land

Il est assez difficile de prévoir le succès commercial des groupes de type indie. Pourquoi Oasis a fonctionné là où Idlewild est toujours un secret bien gardé, pourquoi un groupe comme Muse cartonne, tout n’est pas qu’une question de marketing ou de talent. Biffy Clyro, et leurs fans et collègues le savent, est incroyable. Leur premier album était étrange, mêlant habilement indie et emocore, le second a été intégralement enregistré en un jour, et ce dernier voit le groupe écossais atteindre le sommet de leur art. Le premier morceau, Glitter And Trauma, résume tout. Commençant par deux minutes technoïdes qui cèdent progressivement la place à des riffs extremo, des voix torturées et douces en alternance, une mélodie pleine de détours et des paroles bien barrées (« You are! The human! Probe! You are the human probe! »). La suite de l’album ne déçoit pas, Biffy excelle en la composition et l’exécution des morceaux rock, pop, indie, emo, acoustiques, mélodiques et souvent tout cela à la fois, et Infinity Land comprend plus de trouvailles que la majorité des groupes ont en vingt ans de carrière. Des comparaisons? La bizarrerie d’un autre secret bien gardé, Super Furry Animals (à suivre dans ces pages), la dynamique quiet/loud de Pixies, et une grosse dose d’originalité.

Littéralement extraordinaire, Biffy Clyro est à découvrir, chérir et espérer que le grand public ne s’en empare pas et ne le transforme pas en machine à tourner à l’âme égarée (Muse, ces derniers mois…). Infinity Land ne fait que pousser la formule au maximum, au point qu’on peut se demander comment le groupe va évoluer et réussi à faire mieux. Et un groupe qui écrit des morceaux titrés There’s No Such Thing As A Jaggy Snake et Toys, Toys, Toys, Choke, Choke ne saurait pas être foncièrement mauvais.

Cradle of Filth – Nymphetamine

De loin le groupe de métal extrême le plus connu dans le monde. Cradle of Filth sort son second album sur une major. On les a qualifiés de vendus, de traîtres, de faux black metalleux, et on avait peut-être pas tort…

Malgré toute l’imagerie très commerciale tournant autour du groupe, il faut reconnaître que dans le genre, Cradle of Filth possède quelques morceaux assez valables. Malheureusement, l’impression qui se dégage de cet album est justement celle qu’on pouvait craindre. Cradle est devenu mou. Bon, c’est peut-être exagéré à l’écoute de morceaux death metal old school comme Gilded Cunt, mais le groupe prend un virage nettement plus commercial et mainstream, comme le confirme Nymphetamine Overdrive, carrément passable à la radio ou la semi-ballade Gabrielle. Á d’autres moments, on se croirait parfois dans un bête album metal, comparables aux clips qui passent dans l’Ultra Metal de MCM, et les intermèdes de musique classique pompeuses, les claviers cheesy et les hurlements achèvent d’enfoncer le clou. Le facteur choc n’étant plus vraiment musical, Dani et ses joyeux drilles se sont probablement sentis obligés de choquer autrement, en hurlant plusieurs fois cunt dans un refrain et en créant une autre gamme de T-shirts censurés (après Jesus Is A Cunt, voici You Gilded Cunt, ça change). Trahison pour les fans, et album sans intérêt pour les autres : les Américains l’achèteront peut-être…

Blues Explosion – Damage

Rassurez-vous, Jon Spencer est toujours là, il a juste raccourci le nom du combo pour le faire sonner comme un vrai groupe. Pourtant, Blues Explosion n’a jamais sonné aussi peu live et naturel. Toujours enclin aux expérimentations variées, Spencer a fait appel à divers producteurs pas vraiment liés au monde du rock garage : DJ Shadow, Dan The Automator, ,t plus de Steve Albini) et à quelques collaborateurs originaux comme Chuck D ou Martina Topley-Bird. Résultat : c’est bien entendu toujours du rock ‘n roll, à tendances bluesy (Rattling) et garage (Burn It Off), mais parfois bien expérimental : la batterie de Damage est énorme, et pas mal d’effets impressionnants parcourent l’album (Fed Up And Low Down), comme si le groupe avait voulu se démarquer de cette stupide comparaison avec les White Stripes. On s’écarte donc du modèle habituel de l’album garage joué entièrement live, mais le résultat est tout à fait satisfaisant, surtout que la voix et le personnage très habité de Jon Spencer ne déçoit pas. Et comme d’habitude, précipitez-vous pour voir Blues Explosion live, leur nom n’est certainement pas usurpé. Incontournable.