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Beastie Boys – To The 5 Boroughs

Sept ans d’attente.. Les Beastie Boys ont toujours pris leur temps, mais à ce point là… 23 ans après leurs début en tant que groupe punk hardcore, les trentenaires new-yorkais reviennent à notre (bon) souvenir avec un album ouvertement hip-hop. Assez loin des expérimentations variées des excellents Hello Nasty et Ill Communication, voire de la foilie géniale de Paul’s Boutique, To The 5 Boroughs (d’après les 5 quartiers de NY : Bronx, Manhattan, Staten Island, Brooklyn et Queens) est, c’est vrai, un album de rap. Mais ce ne doit pas du tout être considéré comme une mauvaise chose : à une époque où le hip-hop, autrefois une discipline avant-gardiste, est devenue une merde infâme, sans doute le pire genre musical actuel, un tel album est nécessaire.

TT5B est phénoménal : les textes sont ciselés (et très politiques), les flows étourdissants, et les beats et samples de Mix Master Mike sont somptueux. L’album est en fait un antidote total au rap actuel : pas de lyrics sexistes et racistes, pas de pétasses aux chœurs, pas de longueurs inutiles (2″30 par morceau, en moyenne), pas d’interlude prétentieux, bref, à l’écoute de TT5B on se demande comme des types comme Eminem, 50 Cent ou Usher peuvent encore seulement oser entrer en studio. Tous les morceaux sont très bon, mais si on de doit n’en retenir que deux, ce sera , basé sur un superbe sample du Rapper’s Delight de Sugarhill Gang (leçon d’histoire) ou An Open Letter to NYC, au contenu hautement politique, et basé sur un sample de Sonic Reducer, du groupe punk séminal Dead Boys.

Velvet Revolver – Contraband

Voilà un groupe avec une histoire immense derrière lui… Le chanteur, Scott Weiland, ex des Stone Temple Pilots et (futur-)(ex-)héroïnomane notoire voulait relancer sa carrière, et n’a rien trouvé de mieux que les principaux musiciens de Guns N’ Roses. Attention, pas le groupe de minables actuels, mais les membres originaux Duff McKagan (basse), Matt Sorum (batterie) et surtout, le légendaire Slash (guitare), qui n’avait plus été impliqué dans un projet sérieux depuis très longtemps. Pendant qu’Axl Rose fait chier son tout petit monde et rend son banquier et sa maison de disques dingues, VR est resté silencieux, jusqu’à la sortie relativement discrète de cet album.

Alors, effet Audioslave ou pas? STP avec des solos dingues? GNR avec un bon chanteur? Difficile à dire. On ne saurait pas écouter l’album sans se remémorer les moments de gloire des différents membres, certains morceaux (le single Slither, par exemple) sonnent très STP, tandis que d’autres lorgnent vers les Guns (Slash va même jusqu’à recycler l’intro de Sweet Child O’Mine). Ceci dit, si on prend Contraband comme le premier album d’un nouveau groupe, il se révèle assez satisfaisant, avec quelques morceaux assez forts. Le seul risque est de voir ce supergroupe (parce que c’en est un) se spécialiser en reprises, (heureusement en concert, mais pas sur disque : Money de Pink Floyd, Bodies des Pistols, quelques STP et GNR, Negative Creep de Nirvana) vu une relative faiblesse de composition. Ceci dit, Scott Weiland a sans doute trouvé une planche de salut, et retrouver Slash dans un vrai groupe fait quand même du bien. Á écouter quand même, si possible avec un esprit ouvert. On attend quand même mieux la prochaine fois.

Bad Religion – The Empire Strikes First

Les élections américaines approchent, et pour virer l’imposteur, pas mal de groupes US commencent à prendre position. D’abord par la compilation punk Rock Against Bush (et le fameux morceau de NOFX Idiot Son Of An Asshole), ensuite par des albums de groupes engagés, comme le prochain Beastie Boys, et ce Bad Religion. Le groupe a ses détracteurs, qui reprochent au groupe son manque d’évolution, ou sa musique assez mollassonne (trop calme pour certains, trop « violent » pour les fans d’Avril). Ceci dit, il ne se sont jamais vendus, et continuent une carrière éthiquement exemplaire. Donc forcément, cet album n’apporte pas grand chose à la face du monde, juste un punk vrai, éthique, engagé, limite ennuyeux, mais bon si ça peut permettre à virer l’abruti, tant mieux…

!!! – Louden Up Now

Il y a quelques mois, quelques groupes remettaient au goût du jour le post-punk-funk inspiré par Gang of Four ou encore PiL. Radio 4, The Rapture, LCD Soundsystem gravitaient tous autour d’un homme, le producteur James Murphy. Aujourd’hui, après la preuve de l’incapacité totale qu’avaient ces groupes à sortir un album valable (sauf peut-être Radio 4, dont la première moitié de Gotham est décente), tout ce petit monde est oublié, et le genre musical a été repris et popisé par, entre autres, Franz Ferdinand. !!!, quant à eux (à prononcer chk chk chk ou n’importe quelle série de 3 onomatopées identiques, sic), avaient sorti à l’époque un excellent single, Me and Giuliani Down By The School Yard, single maintenant suivi par un album.

Et bien l’album est pas terrible du tout… Peu original, tout à déjà été fait (en mieux) avant (Clash, AC/DC, Gang of Four donc…), et pour insérer une petite touche personnelle, le groupe procède à des changements de rythme déroutants, mais fatigants à la longue. On ajoute à tout ça des cuivres (argh) et des messages politiques basiques, et on arrive à un album très dispensable, qui s’assimile parfois à de la musique de fond pour grande surface. De plus, le single Giuliani n’est même pas repris dans sa version originale. Encore un mauvais groupe de moins.

Supergrass – Supergrass Is 10

Déjà dix ans… Dix ans depuis ce clip montrant trois ados hirsutes faisant les cons sur une plage anglaise, scandant des paroles optimistes… Depuis, Supergrass est moins jeune, mais bien meilleur aussi. Ces dix ans ont fait du groupe l’un des meilleurs du Royaume-Uni, tout au long d’une carrière comprenant quatre albums d’indie pop mélodique, parfois remuante, parfois tendre, mais presque toujours irréprochable. Le groupe a vieilli sans devenir idiot et inutile, et il sont plus que jamais relevants, à l’heure où la relève de la pop anglaise repose entièrement sur les (très) frêles épaules de Pete Doherty. Et c’est sans parler du live, où ils sont absolument excellents.

Cet album, un vrai best of plutôt qu’une compilation de singles fait la part belle aux deux premiers opus (le très bon début I Should Coco, et le fantastique In It For The Money) : Alright bien sûr, mais aussi les classiques Lenny, Caught By The Fuzz, les immenses Sun Hits The Sky et Richard III (mais où est In It For The Money?), le passage vers la maturité avec les magnifiques Moving et Grace, LA pop-song parfaite. On rajoute à tout ça deux inédits de bonne facture, même si plutôt anecdotiques, et on obtient un concentré parfait (21 morceaux) d’un groupe excellent, à qui on souhaite une carrière aussi longue qu’une de leurs idoles, Neil Young. Une des compiles de l’année, sans aucun doute.