Tous les articles par Denis

Sonic Youth – Sonic Nurse

Les albums de Sonic Youth tombent toujours d’une manière assez régulière, partagés entre les disques plus expérimentaux, et ceux, comme celui-ci, plus accessibles (même si c’est beaucoup dire). On retrouve donc les brutistes new-yorkais, comme toujours avec plaisir, surtout à l’écoute du premier morceau, Pattern Recognition (titre du dernier William Gibson, comme quoi on ne se refait pas), excellent de bout en bout, superbement chanté par Kim Gordon, entre autres, et qui possède même une sorte de refrain. La suite est aussi très intéressante, avec comme d’habitude une alternance vocale salvatrice, et des murs de white noise toujours bien contrôlés, et précédés d’un sens mélodique irréprochable. La suite, malheureusement, ne tient pas toute ses promesses, en abandonnant justement ce qui faisait la force des premiers morceaux pour sombrer dans un obscurantisme ennuyeux et répétitif, un peu comme si le groupe voulait saborder sa propre identité mélodique au profit de sa réputation de groupe lo-fi abscons. Ce qui est très dommage, car des morceaux comme Unmade Bed, The Dripping Dream et Arthur Brown & Mariah Carey (sic) valent la peine d’être réentendus. Malgré tout, Sonic Nurse reste un très bon album, mené par des guitares fabuleuses, même si un refrain et une mélodie ne devrait pas être considérés comme inutiles.

The Datsuns – Outta Sight / Outta Mind

Le fameux mouvement protorock, appelé New Rock Revolution par le NME arrive à un moment intéressant de son histoire : tous les groupes qui y ont été associés ont sorti leur deuxième album, on peut donc voir si le premier n’était pas un coup dans l’eau, et si ces groupes peuvent durer. The Strokes et BRMC ont confirmés sans vraiment améliorer, The Vines se sont lamentablement plantés, The Von Bondies et The Datsuns, quant à eux, ont réalisés un deuxième album fabuleux. On a déjà parlé du Von Bondies, et le Datsuns ne déçoit pas. Autant rock Led Zep (l’album est d’ailleurs produit par John Paul Jones) que Pawn Shoppe Heart était rock garage, OS/OM est un concentré de riffs fabuleux, de morceaux carrément parfaits et d’une voix qui a énormément progressé depuis le début. Même si certains morceaux ne montrent pas trop de progression entre les deux albums, la majorité prouvent une capacité d’évolution insoupçonnable dans le chef des 4 kiwis. Blacken My Thumb est candidat au titre de single de l’année, et le groupe a même réussi à écrire un morceau plein d’émotion, What I’ve Lost. Impressionnant.

Everlast – White Trash Beautiful

Everlast sera toujours connu comme l’ex-leader du groupe de rap House of Pain, une des premières productions de DJ Muggs (Cypress Hill). Mais l’événement majeur de la vie d’Erik Schrody reste son accident cardiaque, qui l’a forcé à subir une opération à cœur ouvert. Everlast en est sorti transformé, et a entamé une seconde carrière, plus marquée par des influences country et folk. On se souvent ainsi de son excellent premier album, Whitey Ford Sings The Blues (1999) porté par le superbe What It’s Like. White Trash Beautiful est son troisième opus, et reste dans la même veine, mixant beaucoup de blues-folk avec un peu de rythmes hip-hop. Everlast est le maître incontesté de ce genre musical, et les résultats sont généralement brillants. Malheureusement, on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression que l’artiste s’est enfermé dans un carcan, et qu’en sortir n’est pas chose aisée. Les morceaux sont donc assez semblables, limite monotones, et en plus très déprimants. Á apprécier à petites doses, mais la seule existence de cet album, et d’Everlast lui-même force le respect.

Morrissey – You Are The Quarry

Après Morissette, Morrissey… Sept ans d’absence, et voilà le retour de Morrissey, qui inspire en égale mesure la dévotion presque divine et l’indifférence la plus totale. Après quelques albums solo de qualité très variable, l’Anglais relocalisé à L.A. crée l’événement avec You Are The Quarry, qui non seulement était très attendu mais de plus n’est pas mal du tout.

On y retrouve les marques de fabrique du songwriter, à savoir sa voir inimitable de crooner engagé, et sa verve socio-politique qui ne s’est certainement pas amenuisée au fil des ans. En témoigne la piste d’ouverture, America Is Not The World et le single Irish Blood, English Heart, qui réfute les vieilles accusations de nationalisme qui planaient au dessus de ses épaules. Bien sûr, on peut se moquer des paroles (« You know where you can put your hamburgers », de la part d’un végétalien qui a quand même écrit Meat Is Murder ; ou des titres toujours aussi prétentieux – The World Is Full Of Crashing Bores, I Have Forgiven Jesus). Musicalement, les morceaux sont assez calmes même si les guitares dominent certains titres, comme le superbe First Of The Gang To Die et surtout Irish Blood, English Heart, qui reprend à Idlewild plus que ce qu’Idlewild a emprunté aux Smiths. Un des meilleurs singles de 2004 ; un bon album aussi, parfois un peu ennuyeux, mais en substance intéressant, et dont les meilleurs moments sont carrément brillants.

Alanis Morissette – So-Called Chaos

Ancienne mégastar, la Canadienne Alanis Morissette a connu un immense succès lors de la sortie de son premier album, l’excellent Jagged Little Pill, et sa batterie de singles (You Oughtta Know, Ironic entre autres). Ensuite, les deux albums suivants ont déçu, et les attitudes d’Alanis n’ont pas trop aidé à sa rédemption. On n’attendait donc pas grand chose de cet album, surtout que le paysage musical a bien changé, la trône d’Alanis étant occupé par Avril Lavigne, qui va justement sortir son second album. Eh bien, l’album n’est pas mal du tout, en fait.

Dès le premier morceau, Eight Easy Steps, Alanis donne le ton. Un morceau bien rock, qui écrabouille tout ce que l’autre Canadienne a fait, et pourra faire. La suite alterne entre morceaux plus calmes, et aux influences diverses (tablas et cordes indiennes, parfois), pour bizarrement finir par le single Everything. Le tout soutenu par une voix qu’on avait presque oubliée, à tort. Maintenant, So-Called Chaos n’est pas un album fantastique, mais compte tenu des circonstances, on ne peut qu’être ravi par ce come back-intéressant.