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Auf der Maur – Auf der Maur

Timing intéressant, quoique probablement purement accidentel : après Courtney, c’est l’ex-bassiste d’Hole (et des Smashing Pumpkins, pendant un album) qui sort son premier album solo.

Le style ici est très différent, plus viscéral, et moins n’importe quoi. Tout d’abord, là où Courtney invite Linda Perry et Bernie Taupin à l’écriture, Melissa fait venir Jeordie ‘Twiggy Ramirez’ White, Kyuss reformé (Josh Homme, Nick Oliveri, Brant Bjork), Mark Lanegan ou l’ex-Hole Eric Erlandson. Forcément, musicalement, ça en jette… En fait cet album est quasi l’anti-Courtney.

Assez proche des meilleurs Pumpkins (y en a pas eu beaucoup, c’est vrai…), ou encore de Tool, Auf der Maur est en plus habité de la personnalité de Melissa, assez mystico-sensuel, on va dire (« Beast of Honor » : I’m a taste test / At the beast fest / Got your crest / On my breast ; « Taste You » : I’m gonna taste you / I’ve got a big mouth). L’album est vraiment très bon, Followed The Waves aurait pu être le meilleur morceau d’A Perfect Circle, tandis que I Need I Want I Will sortirait presque des Desert Sessions. En parlant des Desert Sessions, la seule comparaison vaguement valable serait PJ Harvey, seule artiste dont l’intensité (et la bizarrerie totale) est comparable à Melissa.

Á écouter, et pas seulement en jouant à D&D.


8/10

Courtney Love – America’s Sweetheart

Courtney, Courtney, Courtney… Juste une fille sans talent qui a eu plus de chance que les autres, ou une déesse punk dans la lignée de Sid? Ou peut-être un peu des deux… Courtney Love, on aime ou on déteste. Comme Yoko, on l’a accusée de tous les maux, jusqu’à imaginer qu’elle aurait organisé, d’une manière ou d’une autre, la mort de Kurt Cobain. Résultat, même si les talents multiples de Courtney sont assez difficiles à ignorer, certaines personnes continueront à la discréditer de toute façon. Love a quand même réussi dans deux domaines, la musique bien sûr (trois albums pour Hole) et le ciné (elle était splendide dansThe People Vs. Larry Flint et Man On The Moon).

Sort maintenant son premier disque solo, après le split de Hole (dont la bassiste, Melissa Auf der Maur, vient aussi de sortir un album) et l’avortement de son projet punk (avec Kat Bjelland, ex-Babes In Toyland). On a souvent douté du talent de songwriter de Courtney : la rumeur que Cobain a écrit certains de ces morceaux ajouté au fait que son ex, Billy Corgan, a coécrit pas mal de Celebrity Skin (le 3ème Hole) a aidé à créer cette situation, et America’s Sweetheart ne fera pas taire les mauvaises langues. En effet, l’album a été coécrit avec quelques personnalités assez douteuses, telles Linda Perry (ex 4 Non-Blondes et créatrice de Pink), et Bernie Taupin, qui a composé la carrière d’Elton John. Bref, c’était mal parti. Jusqu’à ce qu’on entende le premier extrait, la rage punkoïde de Mono. Ok, ça ressemblait un peu à la plage titulaire de CS, mais bon, Courtney était de retour. Elle chante toujours aussi mal, mais elle pense ce qu’elle dit, c’est déjà ça.

L’album est assez hit-and-miss, produit un peu n’importe comment, avec des morceaux assez mal agencés, mais ce joyeux foutoir correspond pas mal au personnage. Pas mal de guitares tranchantes (dont une apparition de Brody Distillers) et une voix de plus en plus rauque : l’album est moins poli que CS. Reste quand même les gros clichés habituels, qui n’ont pas évolué depuis Doll Parts ; et des morceaux quand même fort adult-oriented rock. Déception quand même, mais bouffée d’air frais : Courtney’s back.

Thrice + Vaux @ Ancienne Belgique, Bruxelles, 12 février 2004

Suite à un album absolument phénoménal (The Artist In The Ambulance), Thrice revient en Belgique pour un premier concert en salle, après une apparition très humide au dernier Pukkelpop. C’était le groupe assez peu connu Vaux (6 membres, dont 3 guitares!) qui était chargé d’ouvrir la soirée, et ils ont largement rempli leur mission avec une performance très énergique, même si un brin désordonnée. Leur premier album sort en mars et sera attendu dans ces colonnes. Ils ont terminé leur prestation par une reprise électroemo de Myxomatosis, de Radiohead.

Thrice, quand à eux, étaient attendu comme le messie par une grande partie du public (sold out depuis deux mois, d’ailleurs), très typé emo, d’ailleurs. Et eux non plus, ils n’ont pas déçu. Le concert était court (une petite heure), mais il n’aurait sans doute pas pu durer plus longtemps vu l’implication totale des 4 musiciens, dotés d’une énergie exceptionnelle (le chanteur avait parfois la voix coupée, le guitariste reprenant ses lignes à ces moments). Malgré cela, la composante mélodique qu’on retrouve dans les trois albums de Thrice (tous représentés ce soir) n’a pas été gâchée par le volume sonore inouï. Extremo, emocore, Thrice ne colle vraiment à aucune étiquette, et ils ont prouvé ce soir qu’ils pouvaient défendre un album superbe par un concert excellent.

Franz Ferdinand – Franz Ferdinand

Et voilà la nouvelle coqueluche du NME… Étiquette ô combien difficile à porter, et fatale à pas mal de groupes se révélant très moyens (Hives, Vines), oubliés (Campag Velocet) ou carrément inexistants (Terris??). Cette fois, comme The Strokes ou Kings of Leon, FF (d’après l’archiduc autrichien dont l’assassinat provoqua la Première Guerre Mondiale) est soutenu par un album vraiment excellent. Le cd éponyme s’inscrit certes dans la mouvance postpunkfunkdansant, mais fait preuve d’un réel talent d’écriture, de composition, et d’ambiance. Emmené par une voix très new wave et une atmosphère parfois assez libertine (Jacqueline, The Dark of the Matinee, Michael), FF sera un des meilleurs débuts de 2004, voire un des meilleurs albums tout court, et le single Take Me Out est tellement épidémique qu’on pense exterminer toutes les poules de Glasgow pour éviter la propagation…. Reste à voir le groupe sur scène, début mars au Bota (et au Pukkel?), mais sur disque, rien (de mal) à dire.

Probot – Probot

Depuis le temps qu’on l’attendait… Trois ans que Dave Grohl nous parle d’un projet metal, sans plus de précisions. Et voilà enfin l’album, et force est de constater qu’il est très impressionnant, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les compositions, très metal old school (trash, melodic, heavy…) sont d’excellente facture et prouvent que Dave n’est pas qu’un songwriter de rock poli à la Foo Fighters ; ensuite, la liste des chanteurs est impressionnante par leur qualité et leur réputation, plus que par leur notoriété (entre autres, les chanteurs de Venom, Cathedral, Mercyful Fate, Voivod, Corrosion of Conformity, mais aussi Max Cavalera et Lemmy, qu’on ne présente plus), enfin, le fait que tous les instruments (tous!) sont joués par le seul Dave Grohl (sauf quelques solos, dont un effectué par un revenant, Kim Thayil de Soundgarden) prouve l’immense talent de se dernier (et explique la longue durée de gestation de l’album).

Sans doute encore meilleur que celui de Iommi sorti il y a quelques années, ce cd est fantastique, mais uniquement pour les connaisseurs de ce genre de musique, aux antipodes du néo-metal.