Tous les articles par Denis

Red Hot Chili Peppers – Greatest Hits

Presque 20 ans d’existence : quand on connaît les embûches rencontrées par le groupe depuis 1983, on ne peut qu’être admiratif. Ils ont tout connu : trois batteurs, quatre guitaristes, une mort par overdose et quelques chaussettes bien placées. En 2003, les Red Hot Chili Peppers sont une institution, ni plus ni moins. Alors, groupe sur le déclin ou toujours performant ? En tout cas, ces 20 ans de carrière sont fêtés par une compilation peut-être douteuse, comme on va le voir.

Tout d’abord, il est important de signaler qu’il s’agit d’un Greatest Hits, et non d’un best of. On peut ainsi comprendre que les 3 premiers albums ne sont pas représentés dans cette compile, et que le quatrième, Mother’s Milk, par le seul Higher Ground. L’époque du premier guitariste, Hillel Slovak, n’est donc pas représentée du tout, et c’est quand même dommage. Après Mother’s Milk, la bombe Blood Sugar Sex Magikpropulsa les Red Hot en tête de la galaxie MTV (quand cela n’était pas encore péjoratif…) grâce aux emblématqiues Under The Bridge et Give It Away. John Frusciante, à peine 18 ans à l’époque de MM, s’imposa comme un des guitaristes les plus prometteurs. Mais sa santé physique et mentale le firent quitter le groupe. Son remplaçant, le pin-up Dave Navarro, n’a pas convaincu, et Frusciante revint après le décevant One Hot Minute. Ensuite, les Red Hot sortirent deux albums magistraux, d’une finesse incroyable. Californication et By The Way sont les meilleurs albums du groupe, quoi qu’en disent les adeptes de la théorie du sell-out. Seulement, la moitié des morceaux de cette compile proviennent de ces albums, ce qui semble un peu disproportionné (et un de leurs meilleurs singles, Can’t Stop, a même été omis). L’album n’a donc pas trop d’intérêt pour ceux qui possèdent déjà les deux derniers albums, et je leur conseille d’aller se procurer les autres en vitesse, pour voir l’évolution d’un des meilleurs groupes actuels. Les deux inédits sont assez bons, surtout Fortune Faded, éclaboussé par la classe de Frusciante. Car il faut constater que les Red Hot d’aujourd’hui, c’est John Frusciante. Émotion, technique, il sait tout faire. Il est peut-être le meilleur guitariste aujourd’hui, si pas de tous les temps. Même si le reste du groupe est très bon, c’est Frusciante qui transcende, qui transforme des bons morceaux sans plus en petits chefs d’œuvres. Que ceux ni ne me croient pas retournent aux deux derniers albums. Ce qui n’empêche que cette compile est assez mal fagotée, et passablement inutile. Mais il n’y a rien à jeter dedans. Allez comprendre…

Korn – Take a Look in the Mirror

Déjà le sixième album pour Korn, groupe souvent considéré comme l’inventeur du nu-metal. Quoiqu’il en soit, le premier album avait crée une onde de choc phénoménale, grâce à son mix d’agressivité metal, de grooves hip-hop et de voix torturées. Korn est ensuite passé par un énorme succès commercial avant de descendre en flamme avec le dernier cd, Untouchables, un des plus gros flops récents. Le nouvel album, pour la première fois autoproduit, est bien meilleur que les deux précédents. Korn récupère l’agression et la violence des deux premiers albums (la pochette rappelle d’ailleurs Life is Peachy), tout en profitant des énormes progrès vocaux du chanteur Jonathan Davis, qui délivre une des meilleures performances vocales métal depuis longtemps et prouve qu’il appartient bien à la classe des grands. Mais si TALITM récupère les hurlements du premier album, les progrès musicaux ne sont pas si évidents. L’accent est mis sur la puissance plutôt que sur la versatilité, et même si cet aspect est parfaitement réussi, une impression de répétition peut parfois apparaître au fur et à mesure de l’écoute du cd. De plus, les paroles de Davis peuvent irriter à la longue, mais on sait à quel point le chanteur est introverti dans son œuvre. Enfin, et c’est un autre trademark de Korn, l’album contient quelques morceaux de remplissage, dont un inutile rap de Nas. Par ailleurs, une excellente reprise live du One de Metallica est reprise en bonus. Un très bon album, peut-être le meilleur album metal de l’année, mais il faudra encore attendre pour que le groupe sorte son chef d’œuvre. Ils sont sur la bonne voie. Et la cornemuse est de retour.

Kings of Leon @ Ancienne Belgique, Bruxelles, 21/11/03

Alors hype ou pas ? La première belge de Kings of Leon a été accueillie plus froidement que celle des Strokes il y a deux ans, en tout cas. Mais cela n’a pas d’importance. Jeune groupe issue du Deep South US, les trois frangins Followill (et un cousin) participent à cette soi-disant révolution rock, même si KOL rajoute pas mal d’influences locales, country ou blues, à la CCR. Dès le début du concert, une chose frappe : ce groupe est bon, très bon. La section rythmique est excellente et le lead guitariste maîtrise très bien les canons des licks blues-rock. Les morceaux ne suivent pas tous, mais le groupe est jeune, et s’il continue à se développer, pourrait devenir excellent. Leur album Youth and Young Manhood comptera parmi les meilleurs de 2003, mais ils sont encore meilleurs sur scène, ce qui est rare, surtout en tenant compte de leur relatif manque d’expérience. Ils ont tout pour réussir, technique, talent, style et attitude, même un peu trop d’ailleurs. En effet, le concert a failli dégénérer lorsque le chanteur a cru apercevoir une caméra dans le public (qui était en fait un GSM). Après intervention de leurs roadies pour trouver l’objet, deux membres du groupe d’ont rien trouvé de mieux que de cracher dans leur public, puis de proposer à un spectateur mécontent de régler tout cela dehors, avant de quitter la scène après 40 minutes de concert. On mettra tout cela sur le compte de leur manque d’expérience, mais il vaudra mieux que cela ne se représente plus. Dommage quand même.

The Beatles – Let It Be … Naked

Un nouvel album des Beatles ? Oui et non. En fait, il faut savoir que l’album Let It Be, chronologiquement le dernier du groupe, a toujours été controversé. Il est tout d’abord considéré comme un de leurs moins bons albums, même si le groupe lui-même n’est pas montré du doigt. Á l’époque, la maison de disques n’était pas satisfaite du ton de l’album, trop garage, trop naturel à leur goût. Ils ont donc engagé le célèbre producteur Phil Spector pour remixer l’album, sans l’avis du Fab Four. En a résulté un album plein d’imperfections, donc la majeure est certainement l’orchestration invraisemblablement pompeuse de Spector. 33 ans après, les bandes originales ont été restaurées, et l’album peut être écouté (plus ou moins) comme il aurait du l’être. Sans participer à la polémique (d’aucuns ont qualifié cet acte de révisionnisme, ni plus ni moins), il faut reconnaître que l’album est meilleur. Les différences sont de quatre types : on a enlevé trois morceaux faibles, rajouté la face B Don’t Let Me Down, réarrangé le tracklist (l’album commence par un dévastateur Get Back) et enfin viré la surproduction de Spector, ce qui améliore grandement certains morceaux, dont The Long and Winding Road. Les points faibles ont été gommés, et on se trouve face à un album plus que valable, qui est certes loin derrière les meilleurs productions du groupe, mais qui reste un must, surtout dans cette époque de revival rock garage. Ceci dit, avec ou sans Spector, Let It Be (la chanson) reste toujours ennuyeuse et monotone. Á (re)découvrir sans trop de préjugés, même si le vrai dernier album en tant que tel reste Abbey Road.

Blink-182 – Blink-182

On annonçait un nouveau groupe (d’où le titre de l’album), et une grosse surprise. Blink a souvent été critiqué pour ses thèmes enfantins voire vulgaires, mais il faut bien reconnaître que les deux derniers albums étaient catchy et assez intéressants. Ce qui a permis de classer Blink du côté de Green Day plutôt que de Good Charlotte, même si des morceaux comme Blew Job (« It would be nice to have a blow job » X 8) ou Family Reunion (« Shit piss fuck cunt cocksucker motherfucker tits fart turd and twat » X 4) ne plaident pas trop en leur faveur… Mais Blink a évolué, les preuves les plus flagrantes sontl’excellent Stay Together for the Kids (sur Take Off your Pants and Jacket) et surtout le projet parallèle de deux membres du groupe, le fabuleux Box Car Racer.

En conséquence, ce nouvel album est plus mature, plus intelligent, et forcément moins facile. On regrettera peut-être le punkpop d’avant, mais les compos sont plus ambitieuses. Blink manque un peu d’expérience dans ce domaine, ce qui fait que l’album n’est pas entièrement réussi, mais un bon 2/3 de l’album est excellent, et c’est déjà pas mal. La grosse surprise est la présence de Robert Smith (The Cure) sur All of This, un des meilleurs morceaux du cd. Enfin, Blink utilise de manière optimale une de leur particularités, à savoir la présence de deux chanteurs, qui se partagent la tâche de manière équitable, ce qui ajoute un peu de variété.

Conclusion, un très bon album, même si il ressemble à un premier album d’un nouveau groupe. Un futur moins commercial mais plus satisfaisant artistiquement s’ouvre au groupe, espérons qu’il continue dans cette voie.