Après une série d’EP, voici le premier album de ce groupe gallois, dont la musique lorgne largement de côté des States. FFAF pratique un emo-core mélodique, à l’instar de Rival Schools, Thursday ou encore les fabuleux Thrice (en un peu moins violent quand même). Ils réussissent à éviter les clichés du genre tout en mettant les points forts en évidence. Il n’y a en fait pas trop à dire sur cet album qui pâtit du défaut de ses qualités, à savoir une certaine homogénéité, qui fait finalement ressembler tous les morceaux de cet album, mais ça c’est aussi un trait emo. Ceci dit, les morceaux sont tous excellents, mélodiques et bien exécutés, musicalement et vocalement. On retiendra quand même les singles Juneau et She Drove Me to Daytime Television, même si rien n’est à jeter. Début prometteur, pour un groupe qui redore le blason emo terni par les pleurnicheries de Dashboard Confessional.
Tous les articles par Denis
Blur @ Ancienne Belgique, Bruxelles, 17/10/03
Sans aucun doute un des événements musicaux de l’année : le retour de Blur dans une salle belge, pour la première fois en 6 ans (et encore, c’était le Brielpoort…). Blur, bien sûr sans le génial guitariste Graham Coxon (qui a quitté le groupe l’an dernier, et qui n’a plus l’intention d’y retourner) mais avec son remplaçant Simon Tong (ex-Verve), un percussionniste, un clavériste et trois choristes. Ce furent donc 9 musiciens qui foulèrent le sol de l’AB après un première partie fabuleuse du jeune groupe de Liverpool The Coral, qui ont joué pendant 45 minutes leur pop psychédélique multi-dimensionnelle à la grande joie d’un public anglais pour une bonne part.
Blur donc, emmené par un Damon Albarn en veston et un toujours aussi cool (même si dorénavant non-fumeur) Alex James ont livré un set d’1h30, tantôt pop (Girls And Boys), tantôt expérimental (Ambulance, On the Way to the Club), tantôt full-on rock (Song 2) qui se composait en majeure partie de singles et de morceaux du dernier et excellent album, Think Tank. Même si l’électronique de cet album ne passait pas trop bien live, le concert fut d’excellente facture, avec des musiciens au sommet de leur forme et un Albarn toujours très juste. Blur 2003 ose même omettre de jouer leurs deux dernier singles… On regrettera quand même le set trop court, Blur a joué 20 minutes de moins que d’habitude, à cause d’un concert se donnant à 22h30 dans le Club. Résultat, on a été privés des « surprises » de la tournée 2003 Popscene, Blue Jeans et Badhead, tous issus du début de la carrière du groupe. Mais le principal problème est l’absence de Coxon. Tong fait son job, sans fioritures, mais le génie de Graham manque cruellement, surtout sur des morceaux comme Beetlebum et This Is a Low, où le guitariste excellait auparavant. Et au moins, Graham ne laissait pas tomber son onglet en plein morceau…
Ceci dit, mieux vaut Blur sans Graham que pas de Blur du tout, mais on gardera en bouche le goût amer du « et si… ».
Placebo – Sleeping With Ghosts
Suivant une logique marketing aussi implacable que frustrante, Placebo (ou plutôt Virgin) ressort Sleeping With Ghosts avec un cd bonus comprenant 10 reprises.
On ne reparlera pas de la voix de Molko (ni de ses cheveux), on la connaît, mais plutôt d’un album (SWG) dont on n’a pas eu l’occasion de parler en ces colonnes. Sans atteindre le niveau de Without You I’m Nothing, l’album montre Placebo sous un bon jour, avec un accent mis sur les ballades et sur l’électronique (production de Jim Abbiss), même si les guitares sont toujours là (The Bitter End, Plasticine et l’excellent instrumental Bulletproof Cupid). Bon quatrième album, même s’ils ont un peu tendance à stagner.
Les reprises, quant à elles, sont presque toutes connues par les fans du groupe, issues de faces b ou de b.o. ; il n’y que deux inédits. Même si elles sont toutes intéressantes, on retiendra Running Down the Hill (Kate Bush), Jackie (Sinéad O’Connor), Johnny and Mary (Robert Palmer), The Ballad of Melody Nelson (en duo avec Asia Argento) ou encore, eh oui, Daddy Cool (Boney M). Intéressant, oui, mais pas transcendant.
Desert Sessions – Volumes 9 & 10
Les Desert Sessions sont une institution underground qui récoltent enfin l’attention qu’elles méritent suite au succès de Queens of the Stone Age, instigateurs des sessions. Elles consistent en des musiciens de talents, souvent différents, qui se réunissent pendant une semaine au fin fond du désert américain pour écrire, composer, jouer et enregistrer deux faces vinyl. Cette année, outre QOTSA (sans Nick Oliveri, dirait-on), les sessions ont accueilli Jeordie White (Marylin Manson, A Perfect Circle) et PJ Harvey. Il ne faut pas considérer ce projet comme un divertissement, quelques classiques de QOTSA proviennent de ces sessions. Cet album, donc les volumes 9 et 10, est plus varié qu’un album des Queens tout en en conservant la brillance. Les morceaux sont généralement très bons, ont tous une vie en eux, comme l’étrangement poppy I Wanna Make It with Chu (chanté, dirait-on, par Mark Lanegan) le violent Covered in Punk’s Blood, ou le single Crawl Home. Mais c’est la voix dérangée et effrayante de Polly Jean, accompagnée d’une simple guitare de feu de camp pour There Will Never Be a Better Time qui est sans doute le meilleur moment d’un album varié qui mérite toute notre attention. Le seul point négatif est peut être la fluctuation de la qualité vers la fin de l’album, mais cette qualité était peut-être impossible à atteindre durant un album entier. Mais ça, c’est chercher la petite bête dans les cheveux de Josh Homme, ce que je ne me risquerais pas à faire.
The Distillers – Coral Fang
The Distillers sont vite devenus la nouvelle sensation punk, et pas seulement pour leur musique. La chanteuse Brody Dalle était mariée avec Tim Armstrong, leader de Rancid et légende vivante du genre, avant de se faire surprendre par un paparazzo en train d’attraper la mononucléose de Josh Homme (Queens of the Stone Age). Cet acte lui a valu une haine phénoménale du milieu punk (et de Kelly Osbourne), et pas mal de publicité. Coral Fang est leur troisième album, le premier sur une major, et le plus poli. La voix déchirée de Brody (pensez Courtney Love dans 30 ans de cigarettes) est reconnaissable entre mille, et les compos donnent dans le punk old school, plus Rancid que Good Charlotte. Enfin, quoique. Les morceaux sont bien plus sages qu’avant, plus radio, et nettement moins violents. L’album reste d’excellente facture, mais on lui préférera les précédents (The Distillers et surtout Sing Sing Death House). Ceci dit, ça reste du vrai punk sans (trop de) concessions et le meilleur album du genre de l’année avec Indestructible de Rancid, ben tiens. Justement, on ne plaindra pas trop Armstrong, qui se consolerait dans les bras de Pink, pour qui il a coécrit un album.