Archives de catégorie : Music Box

Chroniques d’albums contemporains

The Strokes – Angles

Il aura fallu six ans et une certaine somme de conflits internes et d’egotrips en tout genre pour que les Strokes se décident enfin à sortir enfin leur quatrième album, soit plus de temps que pour leurs trois premiers réunis. Pourtant, l’attente n’était pas vraiment insoutenable : les membres du groupe avaient plus ou moins tous sortis leur album solo/projet parallèle et aucun n’aura déchaîné les passions, que ce soit le carré Nickel Eye au suranné Little Joy, en passant par l’assez mauvais essai de Julian Casablancas. Seul Albert Hammond Jr. s’en était bien tiré avec deux albums certes peu originaux mais solides. Donc, Angles arrive dans une relative indifférence, seuls semblent intriguer l’hideuse pochette et les anecdotes des interminables sessions d’enregistrement. Tout était donc réuni pour qu’Angles soit une petite surprise, un album du type « ah, ben on ne les attendait plus, ceux-là ».

Angles commence bien. Machu Picchu (?) commence avec un rythme reggae (bizarrement, ça marche) avant que Casablancas n’invoque le bon côté des années 80 (il avait épuisé le mauvais sur Phrazes for the Young, j’imagine), tout en chantant, comme au bon vieux temps, dans un vieux téléphone en bakélite noir. Les guitares passent de ludiques à gentiment énervées, et nous rappellent comme l’interaction Hammond/Valensi est un des élements qui ont fait de Is This It un album qui a défini la décennie passée. Casablancas n’a pas spécialement appris à chanter, mais y met (enfin) tout son coeur, et s’énerve même un peu à la fin. Même quand il parle de Lady Gaga (« wearing a jacket made of meat »), on y croit. Surtout que le morceau suivant, Under Cover of Darkness, a beau être un Strokes-by-numbers, c’est le meilleur depuis Room on Fire. Everybody’s singing the same song for ten years, mais il y avait encore une place pour les cinq de NY, finalement. Et ça fait du bien, tout comme Two Kinds of Happiness, où Casablancas semble toujours s’en foutre, et ne même pas essayer de faire des phrases complètes et compréhensibles. On connaît son obsession pour les trucs un peu kitsch des eighties (la dernière fois que je l’ai vu, il avait une mèche blonde et un pantalon moulant en cuir rouge, quand même), mais généralement, le groupe arrive à retourner cet aspect en leur faveur. Oui, You’re So Right est assez synthétique, oui, Fab Moretti y a été (vraiment) remplacé par une boîte à rythmes, mais cela reste un excellent morceau même si assez étrange, avec ses effets vocaux et la guitare de Street Spirit (Fade Out) enregistrée dans une piscine. Games pourrait se retrouver sur la BO de Back to the Future, mais ailleurs, Taken for a Fool croise Elvis Costello avec Blondie : quand on vous parlait du bon côté des eighties. La fin de l’album continue dans la même veine hit and miss, mais quand ça marche, c’est l’excellent Gratisfaction, qui sonne comme Thin Lizzy (si) ou Life is Simple in the Moonlight, qui rappelle en quatre minutes que les Strokes ne sont pas (encore?) finis.

Angles est un album étrange. Après une si longue absence, leur retour est discret, pas vraiment satisfaisant mais loin d’être mauvais non plus, notamment si on tient en compte l’énorme élargissement de leurs influences et de leurs qualités de musiciens. L’album est inégal, parfois brillant, parfois juste oubliable. Malheureusement, vu la mauvaise ambiance qui entoure le groupe, il me semble probable qu’on ne retrouvera plus jamais la force créatrice qui fut la leur voici déjà une décennie. Espérons alors qu’ils auront la décence de jeter l’éponge plutôt que de continuer coûte que coûte. Ou alors, encore mieux : ils peuvent simplement me prouver que j’ai tort.

Spotify : The Strokes – Angles

Foo Fighters – Wasting Light

Et le Grammy de meilleure promotion de l’année va aux… Foo Fighters! Parce que franchement, il fallait le faire. On commence, typiquement, avec Dave Grohl qui raconte que ce sera l’album le plus heavy de l’histoire du groupe, et on ne demande qu’à le croire, surtout qu’avec le retour de Pat Smear, les FF comptent dorénavant trois guitaristes. Ensuite, on apprend que l’album sera enregistré dans son garage, en analogique, par Butch Vig, et que Krist Novoselic et Bob Mould viendront donner un coup de main. Puis vient le moment des shows secrets, annoncés le jour même sur Twitter, où le groupe joue l’album (encore sans nom) intégralement, histoire de pousser (mais pas trop) aux fuites sur Youtube. Au même moment est diffusée une vidéo pour l’effectivement très heavy White Limo, qui voit le groupe en full mode déconne se faire conduire (en limousine blanche, forcément) par Lemmy. Enfin, ils leakent eux-même l’album sur leur page Soundcloud (il y est d’ailleurs toujours dispo), et on peut effectivement se rendre compte que oui, c’est l’album le plus heavy du groupe jusque maintenant. Et ce pouvoir du marketing leur offre un numéro un partout dans le monde, avec un album qui est donc écoutable légalement et gratuitement. L’incitant à l’achat? Rien de moins qu’un morceau de la bande magnétique originale sur lequel a été enregistré l’album.

L’album, donc, Wasting Light. Pas une guitare acoustique, disait le batteur de Tenacious D. Effectivement. Le premier morceau, Bridge Burning, est une démonstration de force. Une guitare, puis deux, puis trois, puis une attaque de batterie surpuissante, et Dave Grohl qui hurle pour la première fois du disque. Bam dans les dents. Oh, évidemment, ce sont les Foo Fighters, et le reste du morceau (et de l’album) restera mélodique, mais on a déjà l’impression que le quintet est totalement libéré. Des riffs dans tous les sens, des fills de batterie qui prouvent s’il le fallait encore que Taylor Hawkins n’est pas juste un batteur de figuration, et surtout la construction du morceau qui semble enchaîner pré-refrains, refrains, post-refrains, bref, Dave a mis le paquet.

La suite est du même acabit : même si presque chaque morceau offre ses moments de répit (ces passages typiquement FF où Grohl, le groupe, et le public reprennent leur respration avant que tout explose, encore), l’album file à très grande vitesse, puissant, rapide, mais toujours facile d’accès. Dave Grohl continue la tradition de rendre une musique relativement heavy accessible au plus grand nombre, comme son ancien chanteur l’avait fait il y a presque vingt ans. Mais dire que Wasting Light, c’est juste des morceaux heavy bourrés de riffs et de vieux solos serait une insulte au talent réel d’auteur de Grohl : Dear Rosemary, Arlandria, Walk ou encore le stupéfiant I Should Have Known comptent parmi les meilleurs morceaux composés par un type qui a quand même écrit Everlong. Et même si Dear Rosemary ressemble parfois un peu trop à Steady As She Goes des Raconteurs, ça reste un très grand morceau, vraiment.

Wasting Light n’est pas un album parfait. Dave Grohl est très généreux, et sa bonne volonté le force parfois à en faire un peu trop. Comme, justement, les trois refrains différents par morceau, une dynamique quiet/loud/very loud/encore plus loud ou un niveau de testostérone que le jeune Eddie Vedder n’aurait pas renié. Butch Vig a peut-être aussi surmixé sa voix, mais c’est un avis personnel. D’ailleurs, garage ou pas, Vig a quand même emballé le tout dans une production expansive qui fait nettement plus Wembley Stadium que CBGB.

L’album offre relativement peu de variété : outre les brûlots rock comme Bridge Burning ou le single Rope, on a aussi des compos un peu plus pop comme These Days, Miss the Misery (avec des whoohoo très Bon Jovi, il ne manque plus que l’effet à la Sambora déjà entendu sur Generator) ou Walk qui commencerait presque comme Kings of ColdMuse, des morceaux plus sombres (I Should Have Known) ou totalement débridés (White Limo, donc), le template reste identique (ah, cette guitare rythmique…). Mais quand les morceaux sont si bien écrits, quand les musiciens frôlent l’excellence, pourquoi changer?

Wasting Light est un album concept, en somme, et le concept était de réaliser le meilleur album de rock ‘n roll possible en 2011. Probablement anachronique, certainement futile, mais absolument réussi, Wasting Light est non seulement le meilleur album d’un groupe pas assez pris au sérieux, mais aussi la place assurée de Dave Grohl au Panthéon des compositeurs contemporains. Surtout, Wasting Light est fun, agréable, et appréciable. Pas d’artiste torturé et incompris, pas de complexité à deux balles pour décrocher un BNM chez Pitchfork, pas de poses mystérieuses pour être rebloggé sur Tumblr. It’s only rock ‘n roll and you should like it.

Spotify : Wasting Light et Wasting Light deluxe edition (avec un remix de Rope par Deadmau5 et l’inédit Better Off). Et tant qu’on y est, ma playlist Foo Fighters.

Et si vous n’avez pas (encore?) Spotify, le groupe a le bon goût de nous laisser le stream Soundcloud jusqu’à nouvel ordre.

Radiohead – The King of Limbs

En 2007, la sortie de In Rainbows avait lancé l’ère des méthodes dites alternatives de vente de musique, ouvrant la voie à Bandcamp et Topspin. Cette fois, The King of Limbs aura popularisé la chronique-twitter : tout le monde ayant reçu l’album en même temps, on s’est pressé pour savoir qui allait être le premier à écrire une bafouille sur « le nouveau Radiohead ». On ne saura jamais si le groupe s’en est amusé, mais force est de constater la futilité d’un tel exercice lorsqu’on parle de l’album le moins immédiat de la carrière du groupe, et qui continue à dévoiler certains secrets après plusieurs dizaines d’écoutes.

L’album, bien qu’étonnamment court (huit morceaux, trente-sept minutes) semble séparé en deux parties. La première, obscure et extrêmement manipulée, ressemble nettement plus à ce que fait Thom Yorke en solo qu’aux successives versions de Radiohead, y compris celle de Kid A. Bloom commence avec un piano rappelant Philip Glass, mais trafiqué par le traitement sonore du groupe et de Nigel Godrich. On ne pige évidemment rien à ce que Yorke raconte, mais le tout tient, comme toujours, sur les programmations de batterie audacieuses de Phil Selway et la basse proéminente de Colin Greenwood. Oh, et il n’y a pas de guitare?

C’est d’ailleurs, comme à chaque fois, le premier élément qui ressort de l’écoute initiale « du nouveau Radiohead ». In Rainbows était un album à guitares, The King of Limbs, non. Cependant, après quelques écoutes, on se rend compte que, contrairement à ce qu’on pensait au départ, des guitares, on en a à presque chaque morceau, elles font juste partie du paysage sonore. Par exemple, elles forment la base de Morning Mr Magpie, vieux morceau totalement remis à neuf. Ironiquement, Yorke s’interroge sur le vol de sa mélodie, et implore qu’on lui rende au plus vite : un peu de métatexte pour ceux qui aiment trop lire entre les lignes. Quelque part, bien cachée, se trouve une vraie chanson, c’est juste que Radiohead n’a pas envie (?) de la livrer.

The King of Limbs aime se dévoiler progressivement, et se révèle souvent assez frustrant : que serait devenu Little By Little et son intro imaginative (Morricone via OK Computer) si Radiohead avait eu envie d’en faire quelque chose vaguement user-friendly? Mais on garde un certain espoir, on a un vrai refrain, après tout. Evidemment, c’était trop simple, et Feral est peut-être le morceau le plus étrange de tous les albums de Radiohead (et on a des adversaires de valeur). Effets fantômatiques sur la voix coupée/collée de Yorke, programmation de batterie hoquetante, trucs bizarres et variés un peu partout, et pas l’ombre d’une mélodie accrocheuse. Nigel Godrich est vraiment le sixième membre du groupe, son mixage est ici l’élément le plus important, surtout si on écoute le morceau au casque : on en aurait presque peur.

J’évoquais plus haut la séparation de l’album en deux parties : effectivement, la seconde est un peu plus, disons, accessible. Lotus Flower est peut-être plus célèbre grâce à la vidéo d’un Thom Yorke danseur étoile hyperactif que grâce au morceau lui-même, mais c’est un tort : la mélodie (oui!) monte crescendo, s’enroulant autour d’une basse hypnotique et poussant Yorke dans ses retranchements les plus aigus. Simple et efficace, il prouve que Radiohead aime les extrêmes. Surtout que Codex se la joue encore plus dépouillé, avec un piano pour accompagner une ballade apocalyptique. Evidemment, après quelques minutes, les choses se compliquent, mais le morceau conserve une change émotionnelle bienvenue dans un album qui reste quand même fort synthétique. Les chants d’oiseau (!) créent l’enchaînement avec Giving Up the Ghost, sorte de chanson de feu de camp post-cataclysmique, avec une voix de fond qui répète, pendant tout le morceau, un effrayant « Don’t hurt me ». On n’oserait pas. Probablement le morceau le plus bipolaire de TKOL, il aurait pu être un hit, il restera un étrange oxymore.

Enfin, Separator conclut (« Wake me up, wake me up ») un album court mais très intense avec une terrible intro basse/batterie et une guitare ensolellée inattendue après deux minutes trente. Dire qu’il requiert plusieurs écoutes dépasse la vérité, The King of Limbs ne se laisse pas apprivoiser facilement. Est-ce une bonne chose? Est-il trop complexe, gratuitement obscur? Est-ce que Radiohead se la joue « artiste » parce qu’ils ne sont plus foutus d’écrire un Karma Police? Est-ce qu’ils sont simplement là où ils veulent être, sans accorder aucune autre importance aux avis, positifs et négatifs? Est-ce leur pire album depuis Pablo Honey? Toutes ces questions resteront sans réponse : The King of Limbs est un de ces rares albums qui doit être (ré)écouté pour être apprécié. Même si l’appréciation peut être négative, elle a besoin d’arguments. Et Radiohead ne nous laissera jamais à court d’arguments.

 

R.E.M. – Collapse Into Now

Retour en forme, renaissance, etc etc. Dès qu’un groupe d’un certain âge (trente ans, quand même) se rappelle à notre souvenir, on ressort toujours les mêmes métaphores ou allusions sorties de scribes en manque d’inspiration. En parlant d’inspiration, est-ce que R.E.M. en a jamais manqué? Sans doute, au début des années 2000, par exemple. Mais Accelerate, sorti en 2008, était ce retour en grâce, sous la forme d’un album à 200 à l’heure, dont l’énergie palliait sans problème à un certain manque de variété. On attendait donc, une fois de plus, le quinzième album du trio d’Athens avec un mélange de curiosité et, peut-être d’excitation. Force est de constater que même si R.E.M. ne livrera probablement plus de chefs d’oeuvre, Collapse Into Now est de très bonne facture, et peut facilement prendre place dans la première partie de leur discographie.

Tout R.E.M. est là : les guitares parfois crunchy, parfois simplement mélodiques, la voix chaude et incomparable de Michael Stipe, et même la mandoline, qui vient refaire un tour sur la classique mais émouvante ballade Oh My Heart. Oui, une ballade, celles qui manquaient parfois à AccelerateCollapse Into Now est plus varié, alternant donc de brûlots rock (Discoverer et All The Best qui entament l’album), de passages mid-tempo plutôt introspectifs (Überlin, It Happened Today qui bénéficie des choeurs très Into the Wild d’Eddie Vedder) et de morceaux tendres et/ou poignants (Oh My Heart donc, ou l’introspectif Blue, où Patti Smith vient reprendre le rôle qu’elle tenait sur E-Bow The Letter).

Chiche en remplissage, Collapse Into Now ne s’écroule (désolé) jamais : les morceaux plus anecdotiques ont toujours quelque chose de remarquable, comme la brievété de That Someone Is You, le refrain classique du premier single Mine Smell Like Honey (mais de quoi parle-t-il?) ou le primitivisme bienvenu d’Alligator Aviator Autopilot Antimatter, sur lequel Peaches apporte un peu de bordel bienvenu. Les esprits chagrins diront que les morceaux sont peut-être trop moyens pour que l’album connaisse une chute de niveau. On ne les écoutera pas plus que ça. De plus, l’excellente séquence de l’album fait qu’on ne s’embête jamais. Enfin, Blue, comme évoqué plus haut, conclut très brillamment un album relativement simple et immédiat par cinq minutes sombres, durant lesquelles Stipe parle et inquiète, Smith chante sur un (oui, un) Cendrillon qui a perdu ses chaussures, avant que Mike Mills reprenne le thème du premier morceau de l’album, Discoverer, histoire de boucler la boucle.

Alors, non, Collapse Into Now ne sera pas le meilleur album de 2011, ni le plus aventureux. Mais R.E.M., en refusant d’être mauvais, continue sa troisième (au moins) renaissance, et reste un des groupes dont on ne veut jamais qu’il se sépare, un de ces groupes pour qui il y aura toujours une place. Cette place est n’est peut-être aussi importante qu’en 1984, 1991 ou 1996, mais elle est toujours là, et y restera. Dans ces temps troublés, cela fait le plus grand bien.

Spotify : R.E.M. – Collapse Into Now (avec deux morceaux live en bonus)

 

Alex Turner – Submarine EP

Alex Turner sera peut-être un jour considéré comme l’égal de Morrissey. Mais là où Morrissey a eu besoin de Johnny Marr (et plus tard d’autres compositeurs), Turner nse la joue seul, et montre l’étendue de son invraisemblable talent tout au long de ces dix-neuf minutes et cinq morceaux (et une courte intro). En effet, cet EP, qui reprend les morceaux originaux du film de Richard Ayoade Submarine, a été entièrement enregistré par Turner, qui, à l’exception de la seconde guitare sur deux morceaux (joué par l’ex-Coral Bill Ryder-Jones), a joué du piano, des guitares électrique et acoustique, des claviers, de la basse et de la batterie, tout cela sans jamais tomber dans l’égotrip des albums solo.

Car justement, Submarine apporte un contrepoint musical à l’angularité frénétique d’Arctic Monkeys et à la grandiloquence de son autre excellent projet The Last Shadow Puppets. Turner fait ici dans le dépouillement, avec des morceaux majoritairement acoustiques et sans aucune salve (post-)punkoïde. Si l’on devait trouver un point de comparaison, on prendrait plutôt certaines faces B des singes, comme The Bakery ou Despair in the Departure Lounge, mais avec quelques années d’expérience en composition de plus. Alex Turner n’a pas grand chose à envier à ses ainés : les morceaux sont complets, parfaits en soi et parfois carrément intemporels : It’s Hard to Get Around the Wind rappelle Lennon, Drake et Dylan sans jamais passer par la case pâle imitation, vous voyez de qui je parle.

Turner apporte donc son regard sur des saynètes de vie courante, qui doivent probablement être encore plus parlantes après vision du film. Mais comment ne pas sourire tout en louant ses qualités de lyriciste quand on entend des couplets comme « It’s like you’re trying to get to heaven in a hurry / And the queue was shorter than you thought it would be / And the doorman says, « you need to get a wristband » ou « I etched the face of a stopwatch / On the back of a raindrop / And did a swap for the sand in an hourglass. » Puis, qui d’autre est capable d’utiliser le mot « paraselene », qui?

Musicalement, la guitare acoustique domine, mais les deux derniers morceaux apportent un peu plus, comme une ligne de basse limitée mais bondissante et une guitare qui, elle, sonne assez Arctic Monkeys. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Piledriver Waltz, pourtant peut-être le « moins bon » morceau ici (pour cause d’un refrain un peu moins bon, peut-être, mais c’est vraiment chercher loin) se retrouve sur le prochain album du quatuor de Sheffield, mais évidemment dans une autre version. La voix de Turner est forcément plus posée que d’habitude, ronronnant dans un air faussement désinvolte, mais sans insister sur ce qui est clairement pas son principal atout.

Ce n’est donc pas avec ces morceaux que mon obsession dithyrambique pour Arctic Monkeys s’arrêtera. Je ne suis probablement pas objectif, et je n’ai de toute façon jamais prétendu l’être, mais je pense qu’ils ont vraiment effectué un parcours parfait jusqu’à présent (enfin, sauf le batteur qui joue pour Puff Daddy, mais bon). C’est surtout Turner qui impressionne, avec trois albums avec Arctic Monkeys, le Last Shadow Puppets qui reste mémorable, et maintenant ceci. Encore quelques mois de patience pour Suck it And See, et s’ils arrivent encore à en faire un excellent album, alors, ils n’auront que peu d’égaux dans l’histoire du rock ‘n roll, surpassant des « légendes » qui n’auront tenu que deux ou trois albums.

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Mise à jour 4 mai : dorénavant disponible sur Spotify.