Curieuse histoire que celle de Verve. Split après deux albums et peu de succès commercial, puis retour percutant en 1997 (avec l’inoubliable Bittersweet Symphony), et de nouveau un split l’année suivante. Les musiciens ont pu former d’autres groupes, rejoindre des formations existantes (Blur, pour Simon Tong) ou se lancer en solo (Richard Ashcroft, avec un succès mitigé), mais sans jamais atteindre ce niveau. On peut donc se souvenir de Verve (ou The Verve, pour leur troisième album) grâce à cette compilation assez complète, s’attardant autant sur leur début de carrière (This Is Music, Slide Away, le splendide History) que leurs années des succès (Bittersweet Symphony, The Drugs Don’t Work), en y ajoutant deux inédits assez bons issus des sessions d’Urban Hymns, leur dernier album.
Archives de catégorie : Chroniques
Eminem – Encore
Fidèle à lui-même (et à son compte en banque), le roi de l’opportunisme sort son quatrième album, quelques mois à peine après celui de son groupe D-12. Et pour continuer dans l’opportunisme cynique, Eminem en profite pour attaquer de cibles faciles (Michael Jackson et George W. Bush) dans ses deux premiers clips. D’ailleurs, c’est peut-être un peu tard de sortir un album partiellement anti-Bush deux semaines après les élections, mais soit. Si l’album était encore bon, on passerait l’éponge, mais il est clair, très clair, et indiscutable qu’Encore est le moins bon album d’Eminem. On avait l’habitude de ses singles-jingles stupides comme premier extrait d’album (My Name Is, The Real Slim Shady…), mais cette fois Just Lose It est irritant et fatigant. Les morceaux « sérieux » qui sortiront comme prochains singles ne relèvent pas trop le niveau, et on est de toute façon très vite lassés par les gags scato-puérils qui parsèment l’album, et les règlements de compte entre rappeurs…
Kings of Leon – Aha Shake Heartbreak
Il ne manquait plus que Kings of Leon pour terminer la série des deuxièmes albums de groupes New Rock Revolution (copyright NME), et ils le font en beauté. Contrairement à presque tous leurs prédécesseurs, le groupe ne copie pas (en moins bien) leur début, mais sort un vrai nouvel album. Différent, complémentaire, mais certainement pas moins bon. Youth and Young Manhood était l’album de quatre gamins (3 frères, leur cousin) qui découvraient le monde, eux qui n’étaient jamais sortis de leur bourgade ultra-religieuse du Deep South US (un peu comme leur président, donc), celui-ci les voit hurler leurs découvertes au reste du monde. Sorties, concerts, drogues, filles, MST (si si), Aha Shake Heartbreak est une sorte de dépucelage à grande échelle, mais particulièrement extatique.
A Perfect Circle – eMOTIVE
« Supergroupe » centré autour de Billy Howerdel et Maynard James Keenan, et comprenant des membres des Smashing Pumpkins, Tool, Zwan et The Vandals, A Perfect Circle vient de sortir ce qui va être considéré comme un des pires albums de l’année.
Leur premier album, Mer de Noms, était très bon, même s’il servait plus de passe-temps en attendant le nouveau Tool. Le second était passable, et maintenant le groupé décide de sortir un troisième à la va-vite, pour deux raisons probables. Premièrement, ils se sont rendu compte (un peu tard, mais pas aussi tard qu’Eminem) qui fallait faire de la propagande anti-Bush ; ensuite, c’est leur dernier album pour Virgin, avec qui ils sont en conflit ouvert. On se retrouve donc avec un nouvel album comprenant zéro nouveau morceau, mais un remix, un « inédit » (en fait sortant des sessions Tapeworm de Trent Reznor) et dix reprises de morceaux politisés (venant de John Lennon, d’Elvis Costello, de Joni Mitchell, de Marvin Gaye ou encore de Black Flag).
Manic Street Preachers – Lifeblood
On aura toujours quelque chose à dire sur les Manic Street Preachers. On connaît leur histoire très troublée, leurs différentes périodes (hard rock-industriel-stadium rock-n’importe quoi), et on ne pourra jamais leur reprocher de se remettre en question. Leur dernier album studio, Know Your Enemy était leur moins bon, et ils ont décidé de le faire suivre par ceci, décrit par le parolier-bassiste Nicky Wire comme de la pop élégiaque.
En pratique, on trouve des morceaux très eighties, avec des basses Motown, des claviers omniprésents qui font parfois penser à U2 ou Simple Minds, on espère que ce n’était pas le but. Les points forts du groupe (guitare rageuse, critique socio-politique, voix puissante) sont presque toujours absents, et remplacés dans des morceaux plus introvertis, mais non dénués de bons moments. La mélodie de Glasnost (dont le titre prouve que non, on ne se refait pas), le superbe I Live To Fall Asleep, la basse de Always/Never, le bon single The Love Of Richard Nixon et quand même quelques grands moments de guitare de James Dean Bradfield. Mais bon, on croirait parfois entendre UB40 (l’intro du mauvais Emily), et les paroles de Nicky Wire ratent souvent leur cible (« collapsing like the Twin Towers… »). L’album se clôture sur un poignant hommage à Richey Edwards, membre du groupe disparu (vraiment disparu, on a complètement perdu sa trace) il y a plus de dix ans.