Archives de catégorie : Chroniques

Rock Werchter 2004 – Day 2

Deuxième jour de Werchter, premier vaguement valable (Pink? Sean Paul?), et occasion intéressante de voir quelques bons groupes, ce qui devient rarissime dans un festival qui a perdu toute crédibilité depuis déjà quelques années. Deux scènes seulement, ce qui est très cheap aujourd’hui, et 60000 personnes qui ont répondu à l’appel de ClearChannel et de l’organisateur Herman Schueremans. La journée commence par un très pénible Lostprophets, mais l’événement principal est un orage inouï qui envoie tout le monde aux abris. On ressortira pour finir Lostprophets donc, groupe gallois aux tendances Incukorn qui vendrait père et mère pour être américain et qui finit avec leurs deux bons morceaux, Shinobi Vs Dragon Ninja et Burn Burn. La reprise des Strokes était très dispensable, ceci dit. (5)

Ensuite, perte de temps avec Modest Mouse, vaguement valable sur album mais inutile sur scène. (4)

Un peu mieux avec Black Rebel Motorcycle Club, habillés comme d’habitude en fan club de Cure, et qui ont commencé leur set avec tous leurs singles. Résultat, la deuxième partie du set ressemblait à une longue impro qui n’aurait jamais du sortir de leur garage. (5)

Ensuite, triomphe total des Dropkick Murphys, qui ont presque battu Metallica au nombre de tee-shirts. Dommage que leur musique soit pourrie. (3).

Beaucoup mieux, forcément, avec The Von Bondies, 40 minutes de rock ‘n roll énergique, séminal et authentique, emmené par le single C’Mon C’Mon (seul morceau connu par un public toujours sans trop de discernement) et terminé par une reprise des Compulsive Gamblers chantée par le phénoménal batteur Don Blum. (9)

On ressort de la Pyramid Marquee pour The Darkness, qui se met une partie du public à dos en refusant de parler en flamand. Bonne prestation quand même, sans trop de surprise, mais bon, compte tenu de l’opposition, c’était pas mal. (7)

Changement de cap, avec les délicieuses Sugababes. Girl band peut-être, mais avec vrai backing band, voix qui sonnent justes, excellentes compos, et pas (trop) de reprises (de reprises telles quelles en tout cas). De plus, il fallait se taper les connards grossiers du public, ce qui est tout à leur honneur. Prestation satisfaisante donc, même si on ne doit comparer que ce qui est comparable. Et superbes costumes. (6)

La surprise du festival, la voici. On avait quitté Korn il y a deux ans, sur les rotules, à l’issue d’un concert pas fantastique à Bercy. Et bien, les voilà de retour en forme olympique, avec un Jon Davis qui n’a jamais été aussi énergique. Leur set était carrément parfait, et arrivait même à surprendre avec un très bonne reprise (avec solo de guitare!) d’Another Brick In The Wall Part II. On regrettera l’absence de Dead Bodies Everywhere, pourtant présent sur le setlist, et surtout les errances sonores scandaleuses qui ont causé des grosses coupures de son pendant les deux derniers morceaux, mais l’organisation de TW n’est plus à une connerie près (9).

La journée se finit avec les vieillards de Metallica, qui n’ont toujours rien changé à leur jeu de scène, à savoir des morceaux totalement identiques aux versions studio, solos inclus. De plus, 1h45 de concert (avec feux d’artifice) alors qu’on nous avait promis 2h45, c’est cheap. Heureusement, c’est toujours Metallica. Fallait juste éviter l’infâme Nothing Else Matters. Un split serait bienvenu, tant qu’il est encore temps… (6)

Razorlight – Up All Night

Johnny Borrell. Personnage incontournable de la scène indie londonienne, ex-Libertine (et sujet de leur morceau The Boy Looked At Johnny), grande gueule notoire (il a déclaré au NME que ses compos « pissent sur Bob Dylan »), et leader de Razorlight, groupe mi-anglais, mi-suédois, mais entièrement dévoué au culte de leur compositeur, chanteur et porte-drapeau, Borrell donc. Forcément, après tout ça, on est en droit d’attendre le meilleur album de tous les temps, et ce n’est évidemment pas le cas. Ceci dit, Up All Night est l’occasion d’investiguer les raisons du culte voué à Borrell, si raisons il y a. Comme premier album, il faut bien reconnaître que Razorlight ne s’est pas trop mal débrouillé. La majorité des morceaux sont assez catchy, et l’album est assez varié, entre morceaux assez rock (Leave Me Alone, Up All Night) et d’autres plus soft, sans jamais tomber dans la ballade sirupeuse (Golden Touch). Maintenant, pour chaque fan du groupe, on trouvera un hater. La voix de Borrell, sans être désagréable, est parsemée de tics qui devront être corrigés, de même, chaque morceau est une mine d’influence : le premier morceau, par exemple, commence par des accords de piano à la Bacharach, avant de pomper Nirvana et puis continue comme un extrait du Is This It des Strokes, avec qui la filiation est évidente. Les morceaux, très simples (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi) sont trop longs, et racontent des petites histoires qui auraient pu être originales si The Libertines n’existaient pas.

Premier album assez valable, mais il faudra retoucher pas mal de choses pour devenir le groupe incontournable rêvé par Johnny Borrell. Ceci dit, il pourraient devenir un très gros groupe dans le futur.

Motörhead – Inferno

The loudest band in the world… Motörhead, autant le dire d’emblée, est un phénomène. Les groupes capables de sortir un tel album après plus de 25 ans de carrière sont rares, si pas carrément inexistants. Et pourtant, ils pourraient se contenter de compter sur leur gloire passée (Ace of Spades, sans doute un des morceaux rock les plus compilés, avec Stairway to Heaven et Smoke in the Water), et sortir best of après best of… Ces 5 dernières années, le groupe du mythique Ian « Lemmy » Kilmister a sorti 3 très bons albums (We Are Motörhead, Hammered et Inferno), un dvd/cd live (Boneshaker) et un boxset récapitulatif (Stone Dead Forever), entrecoupé de longues tournées : le groupe ne se repose jamais.

Bien sûr, Inferno n’apporte pas vraiment d’innovations : il montre Motörhead en train de faire ce qu’il font le mieux (les mauvaises langues diront qu’il s’agit de la seule chose qu’ils savent faire…), à savoir du pur rock n’ roll, un peu punk, un peu garage, un peu métal, mais très bruyant, et surtout, significatif : ces 3 mecs de 50 balais croient plus au rock qu’une dizaine de Vines ou Datsuns 40 bonnes minutes de speed garage donc, porté par la basse et la voix hyper reconnaissables de Lemmy, une batterie assourdissante et des riffs violents. On retrouve en outre une autre légende, Steve Vai, qui fournit deux solos époustouflants. Et comme souvent chez Motörhead, on retrouve un morceau un peu différent, cette fois-ci une chanson country-harmonica tout à fait dispensable.

Superbe album donc, encore plus compte tenu du contexte. On pardonnerait presque à Lemmy sa collection de souvenirs nazis. Presque.

Beastie Boys – To The 5 Boroughs

Sept ans d’attente.. Les Beastie Boys ont toujours pris leur temps, mais à ce point là… 23 ans après leurs début en tant que groupe punk hardcore, les trentenaires new-yorkais reviennent à notre (bon) souvenir avec un album ouvertement hip-hop. Assez loin des expérimentations variées des excellents Hello Nasty et Ill Communication, voire de la foilie géniale de Paul’s Boutique, To The 5 Boroughs (d’après les 5 quartiers de NY : Bronx, Manhattan, Staten Island, Brooklyn et Queens) est, c’est vrai, un album de rap. Mais ce ne doit pas du tout être considéré comme une mauvaise chose : à une époque où le hip-hop, autrefois une discipline avant-gardiste, est devenue une merde infâme, sans doute le pire genre musical actuel, un tel album est nécessaire.

TT5B est phénoménal : les textes sont ciselés (et très politiques), les flows étourdissants, et les beats et samples de Mix Master Mike sont somptueux. L’album est en fait un antidote total au rap actuel : pas de lyrics sexistes et racistes, pas de pétasses aux chœurs, pas de longueurs inutiles (2″30 par morceau, en moyenne), pas d’interlude prétentieux, bref, à l’écoute de TT5B on se demande comme des types comme Eminem, 50 Cent ou Usher peuvent encore seulement oser entrer en studio. Tous les morceaux sont très bon, mais si on de doit n’en retenir que deux, ce sera , basé sur un superbe sample du Rapper’s Delight de Sugarhill Gang (leçon d’histoire) ou An Open Letter to NYC, au contenu hautement politique, et basé sur un sample de Sonic Reducer, du groupe punk séminal Dead Boys.

Velvet Revolver – Contraband

Voilà un groupe avec une histoire immense derrière lui… Le chanteur, Scott Weiland, ex des Stone Temple Pilots et (futur-)(ex-)héroïnomane notoire voulait relancer sa carrière, et n’a rien trouvé de mieux que les principaux musiciens de Guns N’ Roses. Attention, pas le groupe de minables actuels, mais les membres originaux Duff McKagan (basse), Matt Sorum (batterie) et surtout, le légendaire Slash (guitare), qui n’avait plus été impliqué dans un projet sérieux depuis très longtemps. Pendant qu’Axl Rose fait chier son tout petit monde et rend son banquier et sa maison de disques dingues, VR est resté silencieux, jusqu’à la sortie relativement discrète de cet album.

Alors, effet Audioslave ou pas? STP avec des solos dingues? GNR avec un bon chanteur? Difficile à dire. On ne saurait pas écouter l’album sans se remémorer les moments de gloire des différents membres, certains morceaux (le single Slither, par exemple) sonnent très STP, tandis que d’autres lorgnent vers les Guns (Slash va même jusqu’à recycler l’intro de Sweet Child O’Mine). Ceci dit, si on prend Contraband comme le premier album d’un nouveau groupe, il se révèle assez satisfaisant, avec quelques morceaux assez forts. Le seul risque est de voir ce supergroupe (parce que c’en est un) se spécialiser en reprises, (heureusement en concert, mais pas sur disque : Money de Pink Floyd, Bodies des Pistols, quelques STP et GNR, Negative Creep de Nirvana) vu une relative faiblesse de composition. Ceci dit, Scott Weiland a sans doute trouvé une planche de salut, et retrouver Slash dans un vrai groupe fait quand même du bien. Á écouter quand même, si possible avec un esprit ouvert. On attend quand même mieux la prochaine fois.