Archives de catégorie : Chroniques

Kings of Leon @ Ancienne Belgique, Bruxelles, 21/11/03

Alors hype ou pas ? La première belge de Kings of Leon a été accueillie plus froidement que celle des Strokes il y a deux ans, en tout cas. Mais cela n’a pas d’importance. Jeune groupe issue du Deep South US, les trois frangins Followill (et un cousin) participent à cette soi-disant révolution rock, même si KOL rajoute pas mal d’influences locales, country ou blues, à la CCR. Dès le début du concert, une chose frappe : ce groupe est bon, très bon. La section rythmique est excellente et le lead guitariste maîtrise très bien les canons des licks blues-rock. Les morceaux ne suivent pas tous, mais le groupe est jeune, et s’il continue à se développer, pourrait devenir excellent. Leur album Youth and Young Manhood comptera parmi les meilleurs de 2003, mais ils sont encore meilleurs sur scène, ce qui est rare, surtout en tenant compte de leur relatif manque d’expérience. Ils ont tout pour réussir, technique, talent, style et attitude, même un peu trop d’ailleurs. En effet, le concert a failli dégénérer lorsque le chanteur a cru apercevoir une caméra dans le public (qui était en fait un GSM). Après intervention de leurs roadies pour trouver l’objet, deux membres du groupe d’ont rien trouvé de mieux que de cracher dans leur public, puis de proposer à un spectateur mécontent de régler tout cela dehors, avant de quitter la scène après 40 minutes de concert. On mettra tout cela sur le compte de leur manque d’expérience, mais il vaudra mieux que cela ne se représente plus. Dommage quand même.

The Beatles – Let It Be … Naked

Un nouvel album des Beatles ? Oui et non. En fait, il faut savoir que l’album Let It Be, chronologiquement le dernier du groupe, a toujours été controversé. Il est tout d’abord considéré comme un de leurs moins bons albums, même si le groupe lui-même n’est pas montré du doigt. Á l’époque, la maison de disques n’était pas satisfaite du ton de l’album, trop garage, trop naturel à leur goût. Ils ont donc engagé le célèbre producteur Phil Spector pour remixer l’album, sans l’avis du Fab Four. En a résulté un album plein d’imperfections, donc la majeure est certainement l’orchestration invraisemblablement pompeuse de Spector. 33 ans après, les bandes originales ont été restaurées, et l’album peut être écouté (plus ou moins) comme il aurait du l’être. Sans participer à la polémique (d’aucuns ont qualifié cet acte de révisionnisme, ni plus ni moins), il faut reconnaître que l’album est meilleur. Les différences sont de quatre types : on a enlevé trois morceaux faibles, rajouté la face B Don’t Let Me Down, réarrangé le tracklist (l’album commence par un dévastateur Get Back) et enfin viré la surproduction de Spector, ce qui améliore grandement certains morceaux, dont The Long and Winding Road. Les points faibles ont été gommés, et on se trouve face à un album plus que valable, qui est certes loin derrière les meilleurs productions du groupe, mais qui reste un must, surtout dans cette époque de revival rock garage. Ceci dit, avec ou sans Spector, Let It Be (la chanson) reste toujours ennuyeuse et monotone. Á (re)découvrir sans trop de préjugés, même si le vrai dernier album en tant que tel reste Abbey Road.

Blink-182 – Blink-182

On annonçait un nouveau groupe (d’où le titre de l’album), et une grosse surprise. Blink a souvent été critiqué pour ses thèmes enfantins voire vulgaires, mais il faut bien reconnaître que les deux derniers albums étaient catchy et assez intéressants. Ce qui a permis de classer Blink du côté de Green Day plutôt que de Good Charlotte, même si des morceaux comme Blew Job (« It would be nice to have a blow job » X 8) ou Family Reunion (« Shit piss fuck cunt cocksucker motherfucker tits fart turd and twat » X 4) ne plaident pas trop en leur faveur… Mais Blink a évolué, les preuves les plus flagrantes sontl’excellent Stay Together for the Kids (sur Take Off your Pants and Jacket) et surtout le projet parallèle de deux membres du groupe, le fabuleux Box Car Racer.

En conséquence, ce nouvel album est plus mature, plus intelligent, et forcément moins facile. On regrettera peut-être le punkpop d’avant, mais les compos sont plus ambitieuses. Blink manque un peu d’expérience dans ce domaine, ce qui fait que l’album n’est pas entièrement réussi, mais un bon 2/3 de l’album est excellent, et c’est déjà pas mal. La grosse surprise est la présence de Robert Smith (The Cure) sur All of This, un des meilleurs morceaux du cd. Enfin, Blink utilise de manière optimale une de leur particularités, à savoir la présence de deux chanteurs, qui se partagent la tâche de manière équitable, ce qui ajoute un peu de variété.

Conclusion, un très bon album, même si il ressemble à un premier album d’un nouveau groupe. Un futur moins commercial mais plus satisfaisant artistiquement s’ouvre au groupe, espérons qu’il continue dans cette voie.

OST – Kill Bill Volume One

Un grand film se doit d’avoir sa grande BO. Et c’est sans surprise que le nouveau Tarantino en possède une, de grande BO. Le réalisateur a toujours apporté le plus grand soin à l’accompagnement musical de ses films, et une fois de plus, il touche la perfection. La musique originale a été composée par RZA, ingénieur sonore du légendaire Wu-Tang Clan et déjà auteur de la bande originale du Ghost Dog de Jim Jarmusch.

L’album en question ici reprend surtout des morceaux non originaux (on peut attendre la sortie éventuelle d’un vrai « score »), souvent très peu connus, mais qui, dans le contexte du film sont hyper efficaces. Bien sûr, il vaut mieux avoir vu le film pour pouvoir associer les pistes aux scènes et profiter un maximum de l’expérience, la BO n’est pas vraiment du type easy listening, et ne fonctionne sans doute pas très bien hors contexte. Ceci dit, les morceaux sont tellement bien choisi que chaque spectateur du film reconnaîtra sans peine les morceaux, dont la chanson d’intro, le terrible Bang Bang de Sonny Bono, chanté par Nancy Sinatra ; le thème inquiétant (Twisted Nerve) de la légende des films d’horreur Bernard Hermann et siffloté par Daryl Hannah ; ou encore le gimmick sonore du film, Ironside de Quincy Jones. Mais presque tout l’album est composé de trouvailles sonores, et accompagné d’extraits de dialogue et d’effets sonores. Comme bémols, un rap inutile, et d’ailleurs non présent dans le film ; ainsi que le fait que tous les morceaux ne sont pas présents, du à la limité d’espace sur le disque. Un autre version sortira peut-être (vous pouvez toujours télécharger ces morceaux sur http://www.killbill2.net/music.php). Absolument indispensable pour ceux qui ont aimé le film, et nettement moins pour les autres…

Kinesis – Handshakes for Bullets

Kinesis est un de ces groupes qui ne connaîtra jamais qu’un succès limité en Europe, même si l’exception Muse pourrait leur donner un peu d’espoir. Jeune groupe plein d’énergie, Kinesis allie la rage déchaînée de Nirvana et les lignes de basse de Nick Oliveri (QOTSA, Mondo Generator) avec un engagement politique descendant en ligne droite des Manic Street Preachers. Manics dont l’influence est aussi musicale (les cordes de Civilised Fury, très Design for Life), mais ils apportent surtout un ingrédient qui manque cruellement à la majorité des jeunes groupes, la vraie attitude. Pour un premier album, Handshakes for Bullets est très mature, précis tout en étant efficace. Et perfectible, ce qui est bon signe pour la suite. Même si pas mal d’influences sont détectables, Kinesis parvient à trouver un son propre, dû au ton du chanteur, reconnaissable sans être détestable, mais aussi à leur musique, d’un mélange étonnamment parfait de mélodie et d’agression. Parfois un peu cliché, mais ça tient de bout en bout. Un très bon groupe, qui comme tant d’autres (Manics, Idlewild, Supergrass…) n’aura que très peu d’impact en Belgique, mais tant que notre pays n’aura pas de médias valables, rien ne changera. Un des débuts de l’année, sans aucun doute.