Archives de catégorie : Chroniques

The Offspring – Greatest Hits

Après sept albums, le groupe punk californien Offspring passe par la case best of, et ouvre ainsi la saison des compilations. Première remarque, pour un groupe à la carrière longue et remplie, 14 morceaux, c’est assez court. En fait, la compilation insiste surtout sur les singles assez récents, et ignore complètement les deux premiers albums. Après un inédit assez sommaire, arrivent les 3 extraits de Smash, qui a permis à Offspring de se faire connaître : Self Esteem pompe joliment Smells Like Teen Spirit, et Come Out And Play commence ce qui va se révéler être une caractéristique du groupe : les gimmicks. Sur ce morceau, c’est une mélodie de charmeur de serpents, Pretty Fly For A White Guy et Original Prankster jouent la carte hip-hop ironique, alors que Hit That a sans doute été composé partiellement sur Game Boy.

Rien de bien intéressant sur cette compile, mis à part le punk speedé de All I Want et le nu grunge Defy You. Offspring n’est certes pas le meilleur groupe du siècle, mais ils ont définitivement des morceaux meilleurs que ceux-là, il est vraiment dommage d’avoir basé cette compile sur leur passé récent. Á noter en piste cachée, une reprise anecdotique de Next To You de Police.

Jamiroquai – Dynamite


Jason Kay est une des personnalités les plus haïssables du monde musical. Son goût pour la vitesse et le non-respect élémentaire du code de la route, ses apparitions mort bourré dans la presse people, couplé avec un groupe qui a tendance à faire n’importe quoi depuis quelques années ont causé ce mouvement sinon de rejet, au moins d’indifférence.

Depuis des débuts prometteurs, Jamiroquai a sombré dans un univers de musique facile pour auditeurs très peu exigeants, plagiant un peu partout (on a souvent parlé de la flagrante similitude avec Stevie Wonder). Leur 6ème album n’annonçait pas grand chose de positif pour le groupe préféré de Jamie Oliver, même s’ils ont pris plus de temps que d’habitude pour le mettre en boîte (5 ans). Eh bien, finalement, on est un peu surpris. L’élément le plus insupportable du groupe (la voix de Jay Kay) est modifiée, comme s’il avait décidé de varier un peu (quoique Protools est sans doute le principal responsable).

Le premier single Feels Just Like It Should fait donc penser à Deeper Underground, qui était sans doute leur dernier single valable. La basse est variée et dominatrice, ce qui n’était plus le cas depuis le départ de Stuart Zender (après Travelling Without Moving). Les morceaux plus dansants font un peu moins pute qu’avant, même s’ils sont toujours bien trop longs. Le groupe ose même des guitares fuzz dans Black Devil Car, un probable futur single. Sinon, à part quelques petites choses ingénieuses (une flûte, qui remplace le didgeridoo d’antan), on est très vite lassé.

Même si Dynamite est leur meilleur album depuis Travelling Without Moving, on est pas vraiment convaincu par un groupe qui n’existe que pour payer les grosses bagnoles de Jay, et accessoirement pour faire danser sur de la mauvaise musique.

Billy Corgan – TheFutureEmbrace

Cinq ans après la dissolution des Smashing Pumpkins, deux ans après le très moyen (pour être indulgent) Zwan, Billy Corgan sort son tout premier album solo, qui n’évite pas les clichés. Ceux de l’album solo (paroles introspectives, faiblesses des instruments différents de ceux joués habituellement, artiste nu en pochette et couverture) et ceux de Corgan lui-même (sa voix, même si elle semble parfois se transformer en Bee Gee, les licences orthographiques – Pretty Pretty STAR, thecameraeye, le titre de l’album – et les paroles pitoyables), ce qui fait de cet album un objet difficile à critiquer. D’autant que Corgan a effectué une promo remarquable, appelant publiquement les autres ex-membres des Pumpkins à se reformer.

Malgré tout cela, si on essaie d’écouter TFE plus ou moins objectivement, on trouve une collection assez hétérogène de morceaux vaguement shoegaze (des couches de guitares) et electro (synthés et boîtes à rythmes), avec parfois, quand on a de la chance, une mélodie (comme sur le très bon Mina Loy, miné par des paroles atroces). Billy Corgan invite Robert Smith sur une reprise des … Bee Gees (To Love Somebody), et s’essaie un peu plus loin à la comptine (Sorrow In Blue). Tout cela serait acceptable si le gros de l’album n’était pas fort artificiel, et assez semblable. Pas grand chose ne ressort d’un album qui tend à prouver que Corgan n’a plus grand chose à dire depuis longtemps, sans doute depuis Adore (dont se rapproche parfois TheFutureEmbrace, sans succès).

Même si les fans absolus de Corgan seront convaincus par le « génie absolu » du chauve de Chicago, les autres seront plus que dubitatifs, et le seront encore plus quand les Pumpkins se reformeront (parce que c’est pas avec cet album que Corgan va renflouer son compte en banque). Dommage, mais c’était prévisible.

The Magic Numbers – The Magic Numbers

The Magic Numbers ont réussi a créer un petit hype en Angleterre, grâce à leur single Forever Lost, et son clip d’animation l’accompagnant. Le clip est mignon, la chanson aussi, et l’album… aussi.

Composé de deux duos de frères et sœurs, le groupe se place à contre-courant des musiques actuelles, et s’inspire plutôt des Byrds, de Dylan, ou de Badly Drawn Boy. Ce qui n’est pas une mauvaise chose : leur premier album, éponyme, sonne frais, reposant, et tombe très bien dans cette insupportable chaleur bruxelloise…

Les morceaux sont principalement chantés par Romeo, nounours hirsute à la voix de souris, mais les deux musiciennes viennent aussi ajouter leurs voix agréables, histoire de varier les plaisirs et les rendre encore plus légers. Très doux, limite twee, un peu long quand même (les morceaux se ressemblent un peu trop), cet album reste très sympathique, d’autant plus qu’il n’obéit à aucune contrainte commerciale ou NMEienne. Mais je ne suis pas sûr qu’il se révélera intéressant après plusieurs écoutes, on verra, en attendant, détendons-nous intelligemment.

Nine Black Alps – Everything Is

Non, Nine Black Alps ne sont pas les nouveaux Nirvana, quoi qu’on dise. Mais il est évident que contrairement aux chéries de la nu new wave, ces jeunes mancuniens ont plus été influencés par le Seattle que par Duran Duran et Joy Division. En fait, j’ai du mal de me souvenir de l’arrivée d’un groupe aux guitares aussi puissantes, à la rythmique claquante tout en conservant des sensibilités pop depuis longtemps.

Ash ? Trop juvéniles, et pas assez impliqués. Idlewild ? Avant qu’ils ne deviennent R.E.M.

Malgré le fait qu’on ne peut pas dire que NBA sonne très original (comme on le verra par la suite), il est assez difficile de les situer dans le contexte rock actuel, et c’est sans doute leur plus grosse performance : réussir à produire un album hors de tout zeitgeist.

Shot Down ouvre l’album, et on se laisse de suite emporter par la voix traînant de Sam Forrest, comparable en intention, mais pas en ton, à celle de Kurt Cobain. Cosmopolitan ajoute un sens lyrique piquant, avant que Not Everyone ne défonce les oreilles de quiconque a eu la bonne idée d’écouter Everything Is.

Un des meilleurs singles de 2005, Not Everyone montre une harmonie des deux guitares assez impressionnante pour un groupe débutant, et un refrain assassin. Ce jeu de guitares très au point traverse l’album, dont le superbe Unsatisfied, qui ajoute une bonne dose d’émotion, bien portée vocalement. Le disque est coupé en deux pas une ballade, mais Behind Your Eyes est très jolie et ne sombre pas dans le cliché, surtout que la puissance sonore revient de suite avec l’immense Ironside et leur premier single, Shot Down. Le ton devient plus léger avec Just Friends, et l’album se conclut sur une note un peu moins mémorable, même si le feedback entourant Southern Cross est un symbole évident.

Nine Black Alps ne compte pas révolutionner le monde, et leur chanteur ne sortira sans doute pas avec Kate Moss. La fin de l’album déçoit par rapport aux huit premiers morceaux, mais c’était aussi le cas pour Bloc Party. Ceci dit, ils jouent avec leur cœur, en jouant la musique qu’ils veulent jouer, avec passion, et avec une fameuse dose de talent. Et quand on zappe mollement entre Bravery, Killers, Ordinary Boys et autres losers emmerdants, on se dit que 2005 est maintenant sauvé.