C’est assez difficile à croire quand on y pense, mais The Invisible Invasion est déja le quatrième album de The Coral, qui semble devoir vivre éternellement avec le souvenir de leur hit Dreaming of You. Ce qui n’est jamais facile, évidemment : leur troisième album, Nightfreaks and The Sons of Becker, comprenait son lot d’excellent morceaux (comme l’hypnotique Grey Harpoon) mais pas assez de cohérence. Le groupe a donc pris plus de temps, et engagé une partie de Portishead pour produire un album important, qui va (ou pas) sortir le groupe de cette image de one-hit wonder psyché.
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Oasis – Don’t Believe The Truth
Bien malgré eux, Oasis m’aura donné une bonne occasion de me marrer, en lisant le double article (interview + critique) bourré d’erreurs signé par Bernard Dobbeleer dans Télémoustique. On ne lui demande pas de tout savoir, mais juste de pouvoir taper www.google.com sur son ordinateur. Heureusement, tous les journalistes de ce magazine ne sont pas aussi pathétiques, et le niveau général reste au dessus de l’inénarrable Yves Hobin du Ciné-Télé Revue, mais quand même, c’est difficilement acceptable.
Ceci dit, voici donc le retour de l’ex-plus gros groupe du monde, qui n’aura jamais été aussi troublé : nouveau départ dans le groupe (le batteur Alan White, présent depuis le second album), et sessions d’enregistrement problématiques (les sessions avec Death In Vegas se sont mal passées, et tout est reparti de zéro). Don’t Believe The Truth a été enfanté dans la douleur, et si on ajoute le fait que les trois derniers albums n’étaient pas fort terribles, on était en droit de craindre le début de la fin pour le (désormais) quatuor mancunien.
Surprise relative, DBTT est sans trop de doute le meilleur album d’Oasis depuis (What’s The Story) Morning Glory?, sorti il y a déjà dix ans. Il débute avec ce qui est carrément un de leurs meilleurs morceaux tout court, Turn Up The Sun, hymne puissant et vibrant, emmené par un Liam plus en forme que jamais. Bizarrement, Noel reprend le chant avec Mucky Fingers, très Stones 70s, tout comme Lyla qui dérobe peu subtilement Street Fighting Man. Contrairement à ce que ce grand comique de Bernard Dobbeleer a écrit, Liam Gallagher écrit déjà depuis deux albums (comme les autres membres, d’ailleurs), avec des résultats assez mitigés. Même chose ici : Love Like A Bomb sonne beaucoup trop comme un certain groupe de Liverpool (l’intro est celle de You’ve Got To Hide Your Love Away) alors que Guess God Thinks I’m Abel est peut-être sa meilleure composition. Ailleurs, Noel « emprunte » Golden Brown pour Part Of The Queue, et, pour la première fois, échange des couplets avec son frère pour un prochain single évident et futur roi des mariages, Let There Be Love. Ceci dit, tout cela reste assez classique, et même si le groupe s’écarte un peu de ses sentiers habituels, on aurait pu espérer un peu plus d’originalité (on ne sait jamais…)
At The Drive-In – This Station Is Non-Operational
At The Drive-In avait rassemblé un groupe de fans assez assidus, tout au long de leur courte carrière (trois albums, dont le dernier, Relationship of Command, avait particulièrement attiré l’attention). Ces mêmes fans se sont retrouvés assez perplexes, lorsque le groupe a annoncé un hiatus, suivi d’une séparation pure et simple : deux membres partirent former le groupe post-punk Sparta, deux autres l’inclassable Mars Volta. This Station Is Non-Operational, annoncé comme anthologie, reprend une sélection des albums, des faces B, sessions live et reprises.
L’intérêt de cette compilation est de l’écouter maintenant, après deux albums des deux groupes, et surtout le statut actuel de Mars Volta, adulé par les uns et ridiculisés par d’autres (il suffit de voir les mails d’insultes reçues quand j’ai eu le malheur de ne pas aimer Frances The Mute) : finalement, on mixe les aspects punk de Sparta aux expériences post-everything de Mars Volta, et on retrouve ATD-I, plus proche de Fugazi mais reprenant Pink Floyd (Take Up Thy Stethoscope And Walk). Les morceaux durent généralement moins de trois heures, ne sont pas en latin et les paroles sont même parfois compréhensibles, même si l’opacité des thèmes était déjà de rigueur. On comprend assez vite les dissentions internes, ATD-I sonne parfois comme un monstre à deux têtes, un groupe schizo qui ne savait pas trop où aller, entre straight-on hardcore de One-Armed Scissor et le très dérangé Napoleon Solo, entre une reprise des Smiths (assez décevante) et Metronome Arthritis.
Audioslave – Out Of Exile
Second album pour le groupe issu des cendres de Rage Against The Machine (pour rappel, les 3 musiciens de RATM + Chris Cornell, Soundgarden), et pas de grand changement sylistique : Out of Exile est un album de rock « adulte » (sans que ce soit péjoratif, on ne parle pas de Dave Matthews) : riffs à la Led Zeppelin, solides mais parfois répétitifs, section rythmique irréprochable, compos très (trop?) classiques, et la voix rugueuse de Cornell, qui pêche parfois par excès de crooning.
La comparaison avec les anciens groupes est inévitable mais peu concluante :on sent du Soundgarden çà et là (le superbe Doesn’t Remind Me, dont les paroles en énumération font penser au Wishlist de Pearl Jam), et les solos de Tom Morello réfèrent à RATM, sinon Audioslave confirme qu’ils veulent simplement faire de la musique, loin des tourbillons qu’ils ont connu auparavant (l’histoire trouble de RATM et de son leader Zack de la Rocha, l’atmosphère grunge pesante de l’époque Soundgarden).
Gorillaz – Demon Days
Gorillaz était la success story un peu surprenante de l’année 2002. Projet tant graphique que musical, l’association du graphiste Jamie Hewlett, du chanteur de Blur Damon Albarn et du maître hiphop Dan The Automator avait accouché d’un excellent album, et qui s’est très bien vendu, emmené par l’irrésistible single Clint Eastwood. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Graham Coxon a quitté Blur (Albarn vient d’ailleurs d’annoncer que Blur ne recommencerait qu’au retour de Coxon, ce qui semble peu probable), et Dan a été remplacé, à la production, par Danger Mouse, l’homme derrière le fameux Grey Album, pièce maîtresse de l’illegal art.
Le second album de Gorillaz sort donc, précédé par une campagne de promotion plus subtile et discrète que la précédente, ce qui lui convient très bien. Autant de dire tout de suite, il n’y a que peu de poins communs entre les deux albums. La où Gorillaz était exhubérant, optimiste, entraînant, Demon Days est … différent. On ne parle quand même pas de face obscure des quatre toons, mais presque : exit les beats hiphops, et enter une production plus nuancée, assez electro et surtout innovante, Albarn et Danger Mouse n’ayant écarté aucune piste lors de la création de l’album. En parlant d’Albarn, Demon Days pourrait presque être considéré comme un album solo : sans la production musclée de l’Automate, la voix de plus en plus éraillée de Damon fait mouche à tous les coups, et rappelle le dernier Blur (Think Tank), voire son projet ethnique (Mali Music), en rajoutant une production très subtile. Choisir un morceau est assez difficile, tant chaque morceau regorge de trouvailles sonores, plus attachantes que techniques, d’ailleurs. Ceci dit, tout ne fonctionne pas si bien, mais l’album est long, un tantinet répétitif et quelques morceaux seraient sans doute mieux placés sur une face B.
Au niveau des guests, ils servent l’album en soi, sans vouloir tirer la couveture à eux : Shaun Ryder, De La Soul, Ike Turner, le même choeur d’enfants que sur Tender (Blur, 13) ou Dennis Hopper sur un spoken word d’anthologie (Fire Coming Out Of A Monkey’s Ass).