Archives de catégorie : Playlists

Spotify (et avant, Mixpod)

Juin 2013

La saison des festivals bat son plein, c’est pourquoi on n’a pas eu beaucoup de sorties majeures ce mois-ci, et il y en aura encore moins les deux prochains. Ceci dit, c’est le mois qui a été choisi par une myriade de labels indés pour caser des albums plus excellents les uns que les autres : 2013 est déjà une grande année.

Cet article est un peu différent des précédents : vu l’abondance des sorties, le retard accumulé et le fait que la partie déjà écrite me semble mauvaise, j’ai choisi un style plus rapide, avec moins de longues phrases que plus personne ne semble lire de nos jours.

Album du mois : Queens of the Stone Age… Like Clockwork.

Like ClockworkLeur premier en six ans, il a pourtant été reçu de manière mitigée, sans doute parce que certains attendaient beaucoup plus de bourrinage à la Songs for the Dead (album que j’aime beaucoup, ceci dit). Certains (les mêmes?) se sont aussi sentis floués par les special guests qu’on entend/distingue à peine (Grohl, Reznor, Lanegan, etc). Tout ce monde là est totalement passé à côté d’un album varié, sans temps mort et d’une grande créativité. Oui, Queens of the Stone Age a toujours été le projet de Josh Homme (comme Nine Inch Nails pour Trent Reznor) et c’est très bien comme ça.

Mentions très spéciales : Surfer BloodPythons. Il aurait peut-être été mon album du mois sans ça. Groupe rock aux influences pop, Surfer Blood nous ramène à une époque insouciante, aux alentours de l’album bleu de Weezer. Mais aussi Smith WesternsSoft Will (psychétastique), These New PuritansFields of Reeds (sans exagérer, le Kid A de 2013), Eleanor FriedbergerPersonal Record (dans mon utopie, elle serait Beyoncé), PalmsPalms (Isis + Chino Moreno, rien à dire de plus), City and ColourThe Hurry and the Harm (c’est beau, triste, mais beau), Camera ObscuraDesire Lines (c’est beau, et moins triste), I Is AnotherI Is Another (dream team emopostmachin entre Ian Love et Jonah Matranga), Sigur RósKveikur (plus musclé que d’habitude, tant mieux) ou encore Boards of CanadaTomorrow’s Harvest (bande originale d’un film irréalisable). Ah, et Electric Soft ParadeIdiots, toujours impeccables.

Ce mois-ci a aussi vu la sortie d’albums de quelques unes de mes découvertes récentes : DeafheavenSunbather (shoegaze metal?), Aye NakoUnleash Yourself (punk féministe), Bass Drum of Death – Bass Drum of Death (lofi garage machin) ou encore HaustNo (punk hxc norvégien).

Et on doit aussi parler de quelques gros trucs sortis en juin, comme Black Sabbath13 (étrangement décent), Kanye WestYeezus (meilleur que Random Access Memories), Miles Kane – Don’t Forget Who You Are (la vie sans Alex Turner semble bien se passer), Beady EyeBE (Dave Sitek ne remplace pas l’absence de bons morceaux), CSSPlanta (idem), Jimmy Eat WorldDamage (passé, peut-être, mais toujours impeccable), Stone GossardMoonlander (guitariste de Pearl Jam avec des morceaux meilleurs que le dernier Pearl Jam), Sons of the Sea – Compass EP (alias Brandon Boyd avec des morceaux meilleurs que le dernier Incubus).

Une fois de plus, désolé pour le caractère « liste » de cet article, mais c’était ça où 90 000 caractères publiés fin 2016. Si j’ai oublié quelque chose, merci de me le faire remarquer en commentaire (Andrew Stockdale c’est volontaire, et Guitar Wolf m’a assez déçu).

Voici l’habituel playlist Spotify (30 morceaux, shuffle mode recommandé) avec une grande majorité de ces albums dedans, mais aussi quelques morceaux d’albums à venir plus tard (Arctic Monkeys, Nine Inch Nails, The Strypes). On se revoit dans un mois, achetez des vinyles et ne regrettez jamais rien.

Mai 2013

Devinez quoi, mon album du mois, c’est pas Daft Punk. Pas que je n’aime pas spécialement Daft Punk, surtout le premier album et leur live, que je trouve excellent dans le genre. Mais je ne n’ai pas grand chose à faire du disco, du funk, de Pharrell Williams post-2006 (environ) et des vieux types qui racontent leur vie sous fond de bande originale de film érotique du vendredi soir. Je reconnais que le pastiche est souvent excellent, on s’y croirait, mais je n’ai aucune envie de m’y croire, je veux y être.

Mikal Cronin - MCIIJ’ai eu du mal à le nommer, mon album du mois. Ce n’est pas Savages. Leur album (Silence Yourself) frôle aussi le pastiche et aurait pu être fait plus ou moins à n’importe quelle année suivant le vingt-troisième anniversaire de Ian Curtis, mais ce n’est pas une mauvaise chose, tant les musiciennes sont excellentes et l’ambiance suffocante. Mais cette impression de supériorité arty est un peu irritante, tout comme les paroles « polarisantes » de Camille « Jehnny Beth » Bertomier. Mais pour un premier album, il est très abouti, mais à l’image de sa pochette : monochrome.

Ce n’est pas Vampire Weekend non plus, même si Modern Vampires of the City est très bon, probablement leur meilleur. Les paroles d’Ezra Koenig sont intelligentes sans enfoncer le clou sur leur intelligence, et la recherche sonore de Rostam Batmanglij ne semble connaître aucune limite. Mais je le trouve inégal, des morceaux extraordinaires (Step, Ya Hey) côtoient l’ordinaire sans beaucoup de relief (Obvious Bicycle est étrangement placé comme premier morceau). Mais personne ne fait ce que Vampire Weekend font, et ils le font encore mieux qu’avant.

Et ce n’est pas The National. Pourtant, Trouble Will Find Me est irréprochable de raffinement musical, avec une voix phénoménale et même parfois un peu d’humour. Mais ses qualités sont aussi son principal défaut : c’est exactement ce qu’on attendait de The National, et après High Violet, il fallait faire mieux, ce qui était probablement impossible.

Non, mon album du mois, c’est Mikal CroninMCII. Fidèle collaborateur de Ty Segall (vous savez, celui qui a placé trois albums dans mon top 30 2013 et qui en a encore au moins deux à venir cette année), Cronin est aussi/surtout un excellent songwriter pop-rock, capable de transformer mélodies et émotions en pépites lo-fi de trois minutes. L’album n’est pas impressionnant en tant que tel, il semble juste tellement facile que c’en est irréel, quasi tous les musiciens de cet article vendraient leur carrière pour écrire comme Cronin. Et même si ce n’est sans doute par le « meilleur » album de ce mois-ci, c’est mon préféré.

En mai, on a aussi eu le premier album de MS MR (Secondhand Rapture), un an après leurs débuts. Je ne sais pas pourquoi Wikipedia les comparent à Lana Del Rey, parce que c’est nettement mieux. La scène post-punk de Copenhague se porte toujours très bien, comme le prouve Vår, offshoot de Lower et Iceage, notamment. Dans No One Dances Like My Brothers, Vår troque la violence claustrophobique de ces derniers contre des synthés atmosphériques, des percussions militaires et la voix d’un jeune Robert Smith. Fascinant. La carrière de Primal Scream est faite de hauts et de bas, personne ne pourra le démentir. Malgré quelques longueurs et une pochette invraisemblable, More Light tombe dans la bonne catégorie, c’est même une excellente surprise de la part d’un groupe dont on n’attendait pas grand chose. Et qu’est-ce qu’on attend d’un nouvel album de The Fall, alors? Même si le lineup est stable depuis quelques années, il souffle le chaud (Your Future Our Clutter) et le froid (Ersatz GB). Ici aussi, bingo, parce que Re-Mit est tout à fait recommandable.

Déception par contre pour Alice in Chains. The Devil Put Dinosaurs Here est le second album depuis que William DuVall a remplacé vocalement Jerry Cantrell, ce dernier ayant endossé le rôle de Layne Staley (j’insiste) mais il semble nettement en deçà de Black Gives Way To Blue, la faute aux tempos trop similaires et aux morceaux beaucoup trop unidimensionnels. C’est loin d’être un mauvais album, mais le problème, c’est qu’il ne sert à rien. L’influence d’Alice in Chains est évidente chez Kylesa, mais leur sixième album est nettement plus ambitieux, varié et intéressant. Ultraviolet part un peu dans tous les sens, mais quand on a tellement d’idées, il est difficile de se contenir. Si je l’avais écouté une semaine de plus, il aurait peut-être été mon album du mois.

Beaucoup d’idées chez la famille DuPree d’Eisley et leur quatrième album, Currents. Inattendu et étonnant, l’album fait la part belle aux changements de rythmes et arrangements ambitieux (ce qui ne veut pas nécessairement dire chiants). C’est aussi un album qui s’enrichit au fur et à mesure des écoutes, une très belle réalisation. Il nous reste encore à parler de Public Service Broadcasting, dont le mix d’instrumentation live (pas mal de banjo), d’électro et de samples de vieux films d’information publique me font penser à The Avalanches (dont l’unique album a maintenant presque treize ans) via Kraftwerk (Inform – Educate – Entertain). On a aussi, comme tous les mois, un album de Mark Lanegan, cette fois avec le multi-instrumentiste anglais Duke Garwood (Black Pudding). Si vous écouteriez le ténébreux Mark lire le bottin (et qui ne le ferait pas?), c’est pour vous. Et puis, le cas Fauve. Wu Lyf à la française, hype prétentieux sans substance ou collectif révolutionnaire émouvant et existentiel. J’avoue, je ne me suis pas encore décidé (dois-je nécessairement l’être?), mais leur EP Blizzard ne peut pas laisser indifférent. Ne parlez juste pas de « slam ».

Beaucoup de choses à venir en juin, notamment le retour de Queens of the Stone Age et une impressionnante série de sorties indés très attendues (Splashh, Deap Vally, Surfer Blood, Smith Westerns, Black Sabbath *rires*). Et même s’il a décidé de signer chez Columbia, qui sait quand Trent Reznor va nous balancer le nouveau Nine Inch Nails?

Playlist Spotify mai 2013 juste ci-dessous, à dans un mois! (et n’oubliez pas le Tumblr)

Avril 2013

Le plus gros mois de l’année en terme de sorties jusqu’à présent. Il y en avait tellement (même sans compter le Record Store Day) que j’en ai fort probablement oublié, merci de me le signaler en commentaire!

Voici une sélection très subjective, n’hésitez pas de me dire ce que j’ai oublié. Je commence avec mon trio d’albums préférés de ce mois d’avril 2013.

The Thermals - Desperate GroundThe Thermals – Desperate Ground. Après deux albums s’éloignant de la lo-fi inventive des débuts, le sixième album des Thermals est peut-être leur meilleur. Intense, court, sans relâche, il se base sur une imagerie guerrière étonnante pour livrer une demi-heure de punk lo-fi parfaite, jouée à toute allure, comme si la vie du power trio en dépendait. Pour paraphraser Banksy, ils ne réinventent pas la roue mais la détruisent en mille morceaux.

J’ai aussi énormément apprécié My Shame is True d’Alkaline Trio, qui sera sans doute l’album que j’aurai le plus écouté cette année (oui, je le sais déjà). Fidèle à une ancienne et fantastique tradition, les meilleurs morceaux du groupe se trouvent sur un EP, Broken Wing, sorti en marge de l’album mais constituant ses 4 bonus tracks en édition digitale. Leur meilleur album en dix ans (voire plus), il a aussi le bon goût de laisser s’exprimer plus que de coutume le bassiste et second compositeur/chanteur Dan Andriano.

Pour terminer le podium, je placerai (de justesse) Milk Music, dont l’album très attendu m’avait initialement déçu, mais plusieurs écoutes m’ont permis de l’apprécier à sa juste valeur. Piochant un peu plus dans le rock classique (version Neil Young) que l’extraordinaire EP Beyond Living, Cruising Your Illusion (titre de l’année, au fait) reste bien ancré dans un passé où Dinosaur Jr n’a jamais quitté SST et où Nirvana a splitté après Bleach.

Derrière tout ça, on en aura eu, des sorties en avril. Des albums, des EP, des anciens trucs aussi. Voire des nouveaux anciens trucs, comme Found de Rival Schools, alias le légendaire second album du groupe, jamais sorti pour cause de séparation, mais qui circulait sur les internets. Walter Schreifels, qui est de nouveau sans Ian Love (comme à l’époque de Found, mais on vous reparle de Ian Love très bientôt) a décidé de mixer tout ça correctement et de sortir un 3e/2e album pour Rival Schools, alors qu’il est toujours occupé avec Gorilla Biscuits et Quicksand. On aura eu, comme toujours, des reissues avec bonus, comme l’unique album de The Postal Service (Give Up) enrichi de deux nouveaux morceaux ou celui de Mad Season (Above) où Mark Lanegan est venu poser sa voix sur trois chutes de studio. Christopher Owens nous a déjà livré une nouvelle version, totalement acoustique, de son joli Lysandre alors qu’Art Brut n’a pas attendu la période classique pour envoyer un sympathique best of, forcément appelé Top of the Pops.

En ce qui concernent les vraies nouveautés, avril était aussi le mois des retours, souvent foirés. Une tentative de raviver les démons (et l’inspiration) du passé n’a pas vraiment réussi aux Yeah Yeah Yeahs (Mosquito), alors que la maturité (et l’exclusion de deux membres fondateurs) n’a pas été très tendre avec Paramore. L’album du même nom est parfois brillant mais beaucoup trop long et ambitieux pour être réussi. Bonus points en ukulélé, par contre. Mais tout cela est déjà mieux que le retour navrant et très surévalué de Fall Out Boy, dont l’exubérant Save Rock and Roll (featuring Courtney Love et Elton John, quand même) a atteint des sommets de vulgarité musicale. Phoenix tape aussi pas mal dans le genre, avec une production puissante et peu subtile. Heureusement, quelque part derrière les presets « Foire du Trône », Bankrupt comprend quelques moments de brillance et de chouettes popsongs. Puis, les paroles jouent la carte d’une certaine autodérision (Drakkar Noir). Deux autres vétérans proposaient aussi un nouvel album. Vanishing Point, le neuvième Mudhoney renoue avec une certaine simplicité mais n’arrive pas à convaincre (sans que cela soit son but, de toute façon) alors que The Terror, le treizième Flaming Lips est encore plus étrange et tordu qu’on ne pouvait imaginer de la part d’un groupe qui est littéralement capable de tout.

Cependant, le titre d’album le plus étrange et tordu du mois revient à The Knife, leur premier en sept ans. Empruntant une structure éclatée (96 minutes, un drone de 20 minutes en plein milieu), Shaking the Habitual porte bien son titre et fourmille d’idées souvent déconcertantes et toujours originales. Mais ce n’est pas une écoute facile du tout, avec peu de points de repère, notamment vocaux. Toujours en indé, j’ai apprécié le premier album de Bleached (Ride Your Heart), deux soeurs qui font de l’indie rock immédiat, catchy, charmant, lo-fi, intemporel et juste chouette. Si les nouvelles chéries du NME Haim arrivent à faire aussi bien, je serais bien surpris. Less is more aussi pour Bored Nothing (il commence à avoir autant de groupe en nothing qu’il y en avait en bear voici quelques années) qui est aussi un projet solo (Fergus Miller, Melbourne) et qui est aussi axé lo-fi sérieusement slacker. L’art étant de réussir à donner l’impression de ne rien foutre tout en sortant des mélodies de génie. Miller n’est pas encore Malkmus mais il se rapproche de Baldi. Ou de Kurt Vile, qui est nettement moins concis : les morceaux de Wakin on a Pretty Daze sont longs, psyché et se perdent souvent en chemin. Vile pourrait être un songwriter nettement plus connu, il se contente d’être excellent.

Merchandise passe la vitesse supérieure, avec leur premier album disponible via un label indé (et gratuitement directement chez eux). Totale Nite ne fait pas de compromis pour autant, 5 morceaux longs et inventifs, qui partent parfois dans tous les sens. Le mystère reste entier. Fantastique titre pour Marnie Stern (The Chronicles of Marnia), dont la musique commence à devenir vaguement accessible, même si sa tendance à sauter d’une idée à l’autre presque aussi vite que ses mains sur le manche de sa guitare reste très désarçonnante. Je dois aussi parler de Dead Confederate (In the Marrow), à qui je n’avais pas vraiment accordé d’attention auparavant, à tort. On parle d’eux comme un mélange entre Nirvana et My Morning Jacket, la réalité est heureusement plus complexe mais tout aussi intéressante. Enfin, de l’autre côté de l’océan Atlantique, on retrouve les oubliés Neils Children, qui ont un peu délaissé leurs guitares pour un son plus synthétique (Dimly Lit), l’ex-guitariste de The Coral Bill Ryder-Jones (A Bad Wind Blows in My Heart) pour un second album solo guitare-piano très touchant.

J’en ai certainement oublié. Guided By Voices et Iggy and The Stooges n’étaient pas encore sortis au moment d’écrire ces lignes, donc j’en parlerai le mois prochain si nécessaire (oui, je respecte les dates de sortie). Par contre, je n’ai pas parlé de Tyler, the Creator à dessein, son album m’a bien emmerdé. Si celui d’Earl Sweatshirt ne remonte pas le niveau,je pense qu’on pourra définitivement enterrer Odd Future, à l’exception évidente de Frank Ocean. N’hésitez pas à me dire ce que j’ai oublié ou faire n’importe quel type de commentaire.

(edit : Thee Oh Sees Floating Coffin. Excellent aussi, trop de musique en avril. Et j’essaie seulement de comprendre Charli XCX)

Voici le playlist Spotify du mois avec des extraits de chacun de ces albums (ou presque) ainsi que quelques autres petites choses. (Beatallica!) Le playlist n’est pas arrangé du tout, donc shuffle mode fortement recommandé.

On se retrouve fin mai, en attendant, n’oubliez pas le Tumblr et ses mises à jour quotidiennes!

Mars 2013

Même si l’hiver n’en finit pas, le printemps des sorties commence, et avec lui une kyrielle de nouveaux albums avant l’arrivée des festivals d’été. Le mois de mars a vu quelques sorties majeures mais aussi des découvertes (ou redécouvertes) personnelles.

Waxahatchee - Cerulean SaltWaxahatchee, par exemple. Elle (Katie Crutchfield) a sorti son second album début du mois, à mi-chemin entre folk lo-fi et fuzz punkoïde, avec le son de basse de Kim Deal, une voix fantastique et une production sèche qui pourrait passer pour Steve Albini. Bien écrit, varié, Cerulean Salt est une belle découverte, et mon album du mois.

Mars a aussi vu le retour de quelques vieilles gloires plus ou moins avérées. D’abord, évidemment, David Bowie, dont l’annonce de l’album (The Next Day) fut la grosse surprise de ce début d’année. Mais l’autre surprise, c’est la qualité de l’album lui-même. Bowie n’était pas obligé de sortir un album, mais il a fait en sorte qu’il soit bon, étonnamment musclé et digne de sa légende. Puis, il fallait aussi assumer une telle pochette, c’est chose faite. Même si le sport à la mode en ce moment est de raconter un peu partout que l’album est mauvais, histoire de s’attirer un peu d’attention. Retour également pour Depeche Mode, avec un Delta Machine décent mais qui n’apporte pas grand chose, comme si ceux qui furent pionniers autrefois se contentent dorénavant de suivre. Par contre, on peut être surpris par le Bloodsports de Suede, qui prouve que des groupes qui se reforment initialement pour l’argent la nostalgie peuvent aussi toujours créer du nouveau et bon matériel. Finir par quatre ballades consécutives n’était peut-être pas une bonne idée, mais bon, on chicane.

Contrairement à ce que j’avais écrit à l’époque d’Angles, les Strokes existent toujours et sortent leur cinquième album, Comedown Machine. Il faut dire que ce n’était pas gagné, compte tenu du temps de gestation et du résultat médiocre de l’album précédent. Ce dernier n’est pas sans faille, loin s’en faut, mais il sonne comme celui d’un vrai groupe, même s’il est un peu bizarre quand même. On n’aura jamais de second Is This It, le groupe le sait et agit en conséquence. Pour Black Rebel Motorcycle Club, qui a connu le succès en même temps, c’est un peu différent. Specter at the Feast est trop dépendant de leur catalogue et réputation pour être vraiment considéré comme autre chose qu’un album de plus.

Mars a également vu les sorties d’albums de Trent Reznor et Dave Grohl, indépendamment de leur rôles principaux et habituels. Reznor a enfin lancé l’album de How to Destroy Angels (Welcome Oblivion), groupe qu’il forme depuis 2010 avec la chanteuse Mariqueen Maandig, son comparse de BO Atticus Ross et l’artiste visuel Rob Sheridan. Pour mieux apprécier l’importance que Reznor accorde à ce projet, pensez à ceci : il a choisi la semaine de la sortie de l’album pour annoncer le retour de Nine Inch Nails, en pause depuis 2009. Dave Grohl, quant à lui, s’est donné les moyens de réaliser deux rêves en un : un film sur l’histoire du studio californien Sound City et un album de nouveaux morceaux reprenant une liste all star d’artistes ayant enregistré là bas. Malheureusement, la révérence de Grohl envers certains artistes sérieusement AOR empêchent l’album de décoller, malgré des efforts louables de la part de Paul McCartney (Cut Me Some Slack, alias Helter Skelter part II) ou l’hypnotique Mantra, oeuvre de la dream team Grohl / Homme / Reznor.

Comme je vous disais, pas mal de gros trucs, et comme souvent, pas nécessairement les meilleurs. Niveau indie, on a tout ceci, ce mois-ci. D’abord, encore un nouvel album de The Men (New Moon), leur quatrième en quatre ans. Et ils continuent encore et encore une certaine évolution vers une musique plus « classique », tout en restant intense et excellente, peut-être juste un peu moins focalisée. Mais les fans de la première heure pourraient ne pas trop apprécier un virage qu’on pourrait stupidement qualifier de plus commercial. J’avais un peu oublié Devendra Banhart et j’avais sans doute tort : relativement éloigné du freestyle hippie d’il y a quelques années, Mala est un chouette album réfléchi, mélodique, personnel et tout de même un peu débridé. On connaissait Daughter et sa sad-cold-folk-quelque chose comme ça depuis 2010, et le premier album If You Leave (forcément chez 4AD) ne déçoit pas, ou du moins ne change pas d’orientation. Pas très varié, mais pour ce que c’est, c’est très bon.

En montant les amplis et la pédale fuzz, on retrouve Purling Hiss (Water on Mars), qui empoche provisoirement le titre de dévots de Dinosaur Jr. de l’année ; Suuns, dont Images du Futur serait un excellent album s’il n’avait déjà pas été enregistré par Clinic ; Wavves qui s’éloigne de plus en plus du surf rock pour aller faire coucou du côté de Seattle ou encore Golden Grrrls, trio indie-rock énergique, mélodique et catchy de Glasgow (Golden Grrrls). Enfin, après Palma Violets, c’est maintenant Peace qui fait la couverture de NME. Leur album, In Love, n’est pas mauvais du tout, mais je ne suis pas certain qu’il s’agit d’un plagiat, d’un pastiche ou simplement d’un hommage du rock anglais entre, disons, The Stone Roses et Definitely Maybe.

Le mois d’avril sera très chargé en sorties, on en reparle sur le Tumblr et ici dans un mois. En attendant, voici le traditionnel playlist Spotify du mois de mars!

Février 2013

Février a commencé avec une énorme surprise : m b v, l’album de My Bloody Valentine, le premier en vingt-deux ans, n’est plus un rêve, une chimère, un vague projet sans cesse repoussé. On pouvait l’écouter (et depuis quelques jours, le toucher), il existe vraiment. Ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il est vraiment très bon, totalement hors du temps, comme son génie géniteur Kevin Shields. J’ai rédigé une chronique pour Shoot Me Again, et il est facilement mon album du mois. Il est suivi de près par Iceage, gang danois de sales gosses qui poussent l’esprit punk très loin, avec une attitude authentique alliée à une manne d’influences très variées qui ont donné un second album (You’re Nothing) intense, sans compromis et d’une puissance rare.

mbv

On aura eu moins de « grosses » sorties qu’en janvier mais plutôt quelques extraits et streams d’albums importants à venir (Strokes, Phoenix, Bowie, How to Destroy Angels notamment). Cependant, quelques sorties sont à signaler. Côté UK, Foals aimerait probablement suivre la trajectoire de Biffy Clyro : commencer par un succès critique avant de conquérir les foules. Holy Fire est clairement leur album le plus accessible, mais manque de punch et reste sans doute trop cérébral. Malgré mes efforts et tout le respect que j’ai pour le groupe de Yannis Philippakis, je n’ai jamais pu vraiment aimer Foals.

Johnny Marr et Palma Violets sortaient leur premier album. Pour Johnny Marr (The Messenger), évidemment, ce n’est pas loin de l’abus de langage, il faudrait probablement un mois pour faire la liste des artistes et groupes avec qui Marr a joué. Evidemment anachronique, son album est très bon, même si assez anecdotique. Sa voix juste mais sans grande personnalité nous rappelle pourquoi il a toujours préféré être un peu (et brillamment) en retrait. Pas de carrière à la Smiths, ni même à la Bromheads Jacket pour Palma Violets. Leur début (180) est aussi bordélique que prévu, mais très inégal (= trois bons morceaux, beaucoup de remplissage). Une fois de plus, le NME aurait du la fermer plutôt que de foutre une pression insoutenable sur ces pauvres gars qui méritent de grandir tranquillement.

Heureusement, Veronica Falls (Waiting for Something To Happen) redore le blason de l’indie UK avec un chouette album qui arrive à faire au moins aussi bien que leur excellent premier tout en conservant leur son et leur fraîcheur. De l’autre côté de l’Atlantique, on monte le son avec Pissed Jeans, toujours sans compromis mais de plus en plus précis et dynamique (Honeys), The Bronx qui revient enfin au punk/hardcore intense après leur sympathique parenthèse mariachi (The Bronx IV) ou Screaming Females qui fait suite à l’excellent Ugly de 2012 avec un EP de sept titres (Chalk Tape) plutôt expérimentaux (et cinglés) et qui les voit évoluer comme jamais auparavant. Darwin Deez et Eels ont aussi sorti leurs nouveaux opus, qui ne m’auront pas spécialement marqué.

Shields et Marr ne sont pas les seuls vétérans de retour en ce début d’année. Nick Cave et ses Bad Seeds ont mis de côté les incendiaires Grinderman pour un magnifique Push the Sky Away aérien et limpide, Thom Yorke (Atoms for Peace) a rassemblé Godrich, Refosco, Waronker et Flea pour un Amok suite logique de The Eraser alors que Thurston Moore a réussi un petit exploit avec son nouveau groupe depuis la fin (définitive?) de Sonic Youth : Chelsea Light Moving le voit reprendre sa Fender Jaguar et ses pédales pourries puis son album le plus noisy depuis un sacré bout de temps. Une dernière mention à Fat Goth (Stud), sorte de garage punk math metal plus sérieux que leurs titres de morceaux ne le font penser. C’est sorti en janvier, mais l’auteur de comics Kieron Gillen me l’a fait découvrir récemment, et je pourrais peut-être en reparler bientôt.

(Presque) tout cela est en écoute dans le playlist Spotify, ainsi que quelques extraits d’albums sortant bientôt (et Pulp – After You parce que j’ai oublié la fois passée). N’hésitez pas à me dire en commentaire si j’ai oublié un album ou l’autre, et rendez-vous sur le Tumblr pour des mises à jour quotidiennes.