Moby – Hotel

Rappelez-vous, il y a très longtemps… La musique électronique était encore anonyme, jusqu’à ce qu’un lutin chauve new-yorkais change tout ça, établissant au passage le record du morceau le plus rapide du monde (le fameux Go). Ensuite, il a carrément eu les couilles de virer les machines pour sortir un album quasi industriel, avant de sortir encore plus d’albums électro, parfois hard, parfois ambient. Et ensuite…

Ensuite vint Play. Constuit autour de samples et de voix invitées, l’album marquait un sérieux pas en arrière au niveau créatif, mais Moby eut une idée. Il a carrément utilisé TOUS les morceaux dans des pubs et bandes originales de film, ce qui a conduit l’album a se vendre à 35 milliards d’exemplaires au moins. Moby devint une mégastar, et le pire exemple de prostitution artistique. L’album suivant, 18 était en majeure partie Play volume 2, et suivit le même chemin d’exploitation de le précédent. Il s’est vendu moins bien, mais quand même en grandes quantités. Bref, même quand Eminem se fiche de lui, on ne penserait même pas à le défendre.

Hotel tente à première vue de changer tout ça. D’abord, l’album est presque entièrement chanté par Moby, ensuite, il ne comprend aucun sample. Le résultat? Triste. Fatigant. Pénible. Moby ne chante pas mal, mais les compos sont bien trop bancales pour fonctionner. Tout est sous-quelque chose. Sous-Bowie, sous-ambient, sous-ballade, sous-pamphlet politique, et sous-reprise (l’horrible Temptation, « hommage » léthargique à New Order).

La meilleure chose qui puisse arriver est que cet album ne se vende pas, pour que Moby revienne à ce qu’il faisait de mieux, s’il veut toujours le faire. Mais comme Hotel sera utilisé pour vendre des voitures, du savon, des machines à laver et un ou deux films pourris, ce ne sera pas le cas. Tant pis.

Mogwai – Government Commissions (BBC Sessions 1996-2003)

On ne présente plus les Écossais de Mogwai, maîtres absolus du post-rock habité, qui sortent leur premier album live, composé de sessions radio BBC enregistrées tout au long de leur carrière (non terminée), de 1996 à 2003. Mogwai s’est surtout taillé une réputation par leur terribles variations sonores, certains passages calmes et aériens se transformant sans préavis en maelstrom bruyant et carrément effrayant, quiconque a vu le groupe en concert s’en souvient à vie. Ceci dit, les dernières années du groupe se sont révélées plus calmes, leurs morceaux n’ayant plus vraiment cette violence qui est maintenant beaucoup plus contenue. Même si Goverment Commissions (titre évidemment ironique, pour ces républicains convaincus) reprend des morceaux de l’ensemble de leur carrière, force est de constater que les morceaux calmes sont privilégiés, comme si le groupe voulait se distancier de leur glorieux passé. Une exception notable est la version de Like Herod, nichée en plein milieu, et bande originale de l’apocalypse, merveille de retenue et de violence.

GC n’est pas vraiment un best of de Mogwai, certains morceaux clés manquant à l’appel (My Father My King, notamment), de même, les versions albums sont parfois étrangement supérieures (CODY). Governement Commissions reste quand même un album de qualité, à réserver à un public averti.

Doves – Some Cities

Troisième album pour les Mancuniens, qui bénéficient d’un certains succès outre-Manche, et d’une bonne réputation critique. Mais après deux albums, on attend toujours leur breakthrough, l’album qui les propulsera au niveau des Coldplay ou Keane. Á l’écoute de Some Cities, on se dit que finalement, ce n’est sans doute pas leur but. Contrairement aux deux groupes cités, Doves est assez varié. Black and White Town est un très chouette single, avec un clavier qui fait étrangement penser à It’s Not Unusual.

La suite de l’album continue dans une veine indie relativement commerciale (c’est pas Starsailor non plus, rassurez-vous), parfois mâtinés de rythmes plus dance, sans doute réminiscents de leur passé en tant que Sub Sub. Durant la première moitié de l’album, on ne s’ennuie pas, entre ambiances psyché et chouettes ballades. Après, ça devient un peu répétitif, tombant justement en territoire Coldplay.

On peut avoir quelques doutes sur la capacité du groupe de pouvoir garder un rythme soutenu sur tout un album, ce qui est d’ailleurs assez dommage, car les bons morceaux sont souvent vraiment bons. La prochaine fois, peut-être…

The Presidents of The United States of America – Love Everybody

L’album étant sorti aux USA depuis 2004, voici mon article de l’époque (15 août)

Pour la troisième fois de suite, le groupe sort un album lors d’une année d’élections présidentielles US… Mais c’est sans doute une coïncidence, car la reformation du groupe n’était probablement pas calculée. Le groupe de Seattle a connu un joli succès lors de la fin du grunge, avec quelques morceaux délicieux comme Lump ou Peaches, joués sur une guitare à trois cordes, une basse à deux et une batterie sans corde (authentique). Malheureusement, il succombèrent au syndrome du deuxième album, et se séparèrent vite avant de se reformer pour un album très discret, Freaked Out and Small. Nouveau split, et troisième comeback, cette fois bien plus réussi.

Love Everybody est, contre toute attente, un très bon album. Court, incisif, avec des mélodies à tuer Rivers Cuomo, des paroles stupides, varié et bien joué, que demander de mieux? De la distortion psyché de la chanson-titre à la ballade bizarre qui clôture l’album, il n’y a pas grand chose à jeter, au moins 10 morceaux forts. Bien sûr, ce n’est pas fort original et on sent l’influence de groupes comme Weezer (la mélodie), Pixies (la rythmique), AC/DC (le riff de 5500 Miles) voire les groupes de surf des 50s (l’instru Surf’s Up). Come back salutaire donc, et très grosse surprise.

Tori Amos – The Beekeeper

Nouvel album pour la poétesse américaine Tori Amos, qui suit son ambitieux travelogue Scarlet’s Walk. Malheureusement, une chose saute aux yeux : Tori semble avoir perdu son originalité, voire pire, sa personnalité. Á quelques exceptions près (Hoochie Woman, The Power of Orange Knickers en duo avec Damien Rice), les 19 morceaux semblent aseptisés, tant musicalement (on est tellement proche du commercial léger qu’il ne serait même pas hors de propos qu’elle soit nominée pour un Grammy) que lyriquement (les paroles sont moins engagées que d’habitude, seul Toast, qui adresse la mort de son frère, entre dans un territoire plus intime, plus Tori). Pire, la division de l’album en « jardins » formant un tout, « the garden of original sinsuality » fait naviguer The Beekeeper dans les eaux troubles des albums-concepts prétentieux.

Les fans de Tori seront donc sans doute assez déçus, par contre des amateurs de musique calme, douce et agréable pourraient être conquis. Mais qu’ils ne s’avisent pas de voir que qu’elle a fait avant…

This is my music box, this is my home. Since 2003.