John Frusciante – Curtains

Les six travaux de John Frusciante arrivent à leur fin, avec la sortie de Curtains, sixième disque sorti en six mois par le guitariste des Red Hot Chili Peppers. Et une fois de plus, cet album pose une grande question : quand va-t-il se décider à les plaquer? Curtains marque une nouvelle orientation, cette fois plus acoustique. Le flot de créativité de Frusciante fait que certains morceaux se sont pas vraiment indispensables, ceci dit, on retrouve quelques perles, comme The Past Recedes, ou Anne et son solo psychédélique à tomber.

C’est aussi l’album solo de Frusciante qui incorpore le plus les idées mélodiques retrouvées chez les Red Hot (pas difficile de voir qui a écrit Scar Tissue, ou Road Trippin’), et où il assume de plus en plus sa voix (qui fait parfois penser à Ozzy Osbourne, aussi bizarre que ça puisse paraître).

Maintenant, si Frusciante avait sorti un double album avec les meilleurs morceaux de ces 6 albums, ça aurait été encore autre chose. Très bel effort, ceci dit, tant en qualité qu’en quantité.

The Others – The Others

The Others. Rien à voir, à première vue avec le film d’Amenabar, il faut plutôt le lire comme synonyme d’outsiders. Parce que comparé à ces joyeux drilles londoniens, les Libertines feraient presque groupe bourgeois. On passera le background très working class des membres du groupe (allez, juste une anecdote, la mère du chanteur Dominic Masters dealait du crack, et en parlant de crack, le Man Who Would Be King des Libertines est justement ce Dominic Masters) pour se concentrer sur la musique, qui est… tout aussi working class.

Ce qui n’est évidemment pas un reproche, vu que The Others suit la lignée tracée par The Clash ou encore Oasis, tous deux à leurs débuts. Le premier morceau donne le ton : I don’t wanna be a lackey in a job / That doesn’t pay, délivré avec la hargne d’un nouveau Johnny Rotten, sur un accompagnement très garage, au sens propre. Les musiciens ne sont définitivement pas maîtres de leurs instruments, mais quand on fait preuve d’une telle volonté, on s’en fout. Les paroles suivent le même schéma, rien n’est très recherché, mais avec This Is For The Poor, Dominic Masters signe un manifeste.

On retrouve d’autres influences anglaises évidentes (parfois plus Clash que ça Levi’s l’achète), mais parfois aussi américaines (le bassiste rêve encore de Kim Deal sur In The Background), mais en somme The Others (groupe et album) est éminemment anglais, comme le prouve un morceau à la gloire du club de foot working class Queen’s Park Rangers (aussi le club de Pete Doherty, bien tiens).

L’inconvénient, c’est que ce schéma est assez réduit. L’album sera un vrai manifeste, une leçon de vie pour pas mal de monde, qui se retrouvera dans la vie de Masters, comme d’autres dans celle du duo Doherty/Barât, mais au-delà de ce cercle restreint, rien dans cet album n’a pas été fait avant, et sans doute mieux. Mais les musiciens qui croient vraiment en ce qu’ils font, qui le font avec leurs couilles sont tellement rares qu’il est impossible de ne pas saluer The Others.

Chemical Brothers – Push The Button

Les Chemical Brothers, on ne les attendait plus vraiment. Leur quatrième album (Come With Us, 2002) était leur moins bon, et le best of qui le suivit ne laissait rien augurer de bon. Et bien, force est de constater que les faux frères ont encore plus d’un tour dans leur sac, avec un album de très bonne facture, qui n’arrive peut-être pas au niveau de leurs meilleurs moments, mais qui réussit certainement à leur rendre un nom, surtout à une époque où leurs ex-concurrents, The Prodigy et Fatboy Slim se sont bien plantés avec leurs récentes sorties.

On connaît le single Galvanize, qui allie le big beat classique du duo avec des influences orientales, le tout rappé pas Q-Tip avec sa classe habituelle. Les morceaux « chantés » ont la part belle en ce début d’album : The Boxer est une autre de leurs morceaux mancuniens, avec de nouveau Tim Burgess, alors que l’excellent Believe est assuré par Kele Okereke, leader des formidables Bloc Party. Ensuite, l’album devient plus laid-back, avec des morceaux vaguement ambient psychédélique à la manière de ce que les Brothers nous ont habitués, via leurs collaborations avec Beth Orton, par exemple. Come Inside, par contre, est porté par une slap bass qui semble sortie des gesticulations de Flea, et Left Right est un étonnant pamphlet politique hip hop.

On retrouve quand même un ou deux fillers (les guitares inversées de Marvo Ging), avent que l’album se termine sur l’étonnant Surface To Air, qui semble s’inspirer très fort du riff de Hard To Explain (The Strokes) mais qui est un autre long morceau psyché-épique typique du groupe.

Rien de révolutionnaire donc, mais à une époque ou tous les groupes légendaires de musique électronique contemporaine ont soit splitté (Orbital) soit déçu (Prodigy) ou tombé on ne sait où (Underworld), Push The Button est rassurant.

Feeder – Pushing The Senses

Keane est trop gentil pour vous, et Lostprophets trop hard? Tant pis pour vous, mais voilà votre groupe préféré. Chansons pré-formatées, musiciens compétents mais sans âme, compositions stéréotypiques, tout est là, même les touches d’électro probablement ajoutées pour faire semblant d’évoluer. Tous les morceaux se ressemblent (ou presque) avec un tempo mi-lent, parfois un peu plus rock (Pushing The Senses). Heureusement, il n’y a que 10 morceaux, et l’ennui extraodinaire qui se dégage de cet album se finit assez vite. Et dire que leur batteur s’est suicidé…

1/10 (pour le dernier morceau, un peu plus intéressant).

…And You Will know Us By The Trail of Dead – Worlds Apart

Attention, controverse en vue. Les très furieux Texans d’…AYWKUBTTOD, auteurs de trois albums incendiaires et absolument remarquables (un album-titre, Madonna et Source Tags and Codes) reviennent au premier plan avec cet album, Worlds Apart, qui ne ressemble quasi à rien de ce que le groupe à fait auparavant. Alors, Kid A, ou plantage total. Eh bien, je ne suis pas très optimiste… Ca commence bien, ceci dit. L’intro, suivi de Will You Smile Again For Me, même si un peu trop emo, est de bonne facture, mais la suite… Pompeux, prétentieux, limite auto-parodique, il est très difficile de comprendre pourquoi le groupe à décidé de le faire. Un morceau jazz/musichall, un autre de musique progressive russe, des tonnes de pistes vocales superposées, et un single étonnamment pop (aux paroles accidentellement auto-parodiques). Le tout fait penser, au mieux, à Queen, au pire, aux plus mauvais groupes de prog rock. Le tout se finit très bizarrement, et malgré quelques bons moments (Caterwaul), on ne demande qu’une seule chose : le retour d’un groupe exceptionnel, et l’espoir que Worlds Apart ne soit qu’un incident de parcours.

This is my music box, this is my home. Since 2003.